Sur ce site, il y a peu, Matthieu Ricard explicitait la notion de responsabilité universelle prônée par le Dalaï-lama . Je voudrais y revenir.
Cette expression est étourdissante a priori. Certains pourraient tout à trac en conclure que l’on serait responsable de tout, à tout moment. Cela, évidemment, est de nature à dissoudre notre sens des responsabilités et à nous décourager de tout engagement particulier. Bref, ce principe trop étendu de responsabilité tuerait l’exigence qui la sous-tend. Je comprends cette vision réactive et quelque peu fataliste.
Cependant, j’invite tout initié à méditer sur l’interdépendance de toutes les réalités dont nous avons connaissance. A procéder à cet examen à différentes échelles, à ancrer cette perception dans ses propres circonstances de vie, en faisant effort pour en discerner des causes et des conséquences au-delà de ce que, dans l’enchaînement de ses pensées et de ses expériences communes, il veut bien s’avouer au jour le jour. Et, alors, vont se tisser des effets, des influences, des séries complexes de causes qui atténuent grandement aussi bien les déterminations uniques qu’on entrevoit que le jeu incertain du hasard dans ce que l’on observe.
La vie est un immense réseau de phénomènes prompts à manifester des turbulences.
Une haute conscience, en y apportant de la lucidité, souhaite aussi y propager une lumière de paix. Son principe d’action est la non-violence, seule à même de dissiper, en responsabilité, les peurs, les possessions, les illusions qui subissent autant qu’elles répandent, en sourdine comme avec éclat, la mort et le désespoir.
Il ne s’agit pas, dans mon esprit, de prôner le non-agir mais d’aider à la survenance d’événements harmonieux et prometteurs, qui amorcent des cycles vertueux dans les relations que les hommes entretiennent entre eux et avec le monde qui les entourent et dont ils sont plus que jamais partie prenante dans l’économie globale qu’ils ont engendrée et dans les rapports souvent forcés qu’ils se sont imposés entre leurs cultures.