mar 28 octobre 2025 - 08:10

1905–2025 : la laïcité, mémoire vive et avenir commun

Frères, Sœurs, amies et amis de la liberté intérieure,
il y a cent vingt ans, la République traça une ligne claire pour que chacun avance sans crainte sur le chemin de sa conscience. La loi du 9 décembre 1905 n’a pas fermé des portes, elle en a ouvert.

Elle n’a pas arraché la foi des cœurs, elle l’a délivrée de la tutelle des pouvoirs. Depuis, la vie commune respire mieux quand l’État se tient à égale distance des croyances et quand les croyants comme les non-croyants se reconnaissent d’abord citoyens.

Cette respiration tient à trois exigences qui ne se résument pas à des slogans.

La liberté, d’abord, qui protège la conscience autant que le culte et laisse à chacun le loisir de croire, de douter ou de se taire.

La neutralité publique, ensuite, par laquelle l’autorité ne subventionne ni ne dirige les cultes, n’entre pas dans les querelles théologiques et sert chaque usager avec la même égale attention.

Enfin, le pluralisme, non comme simple tolérance mais comme reconnaissance mature qu’aucune vérité spirituelle ne peut être adoubée par l’État. Ces principes ne dressent pas des murs, ils dessinent l’espace où la rencontre devient possible.

Notre histoire a mis du temps à trouver cette juste mesure. De la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui consacre la liberté d’opinion « même religieuse », au Concordat de 1801 qui tenta un compromis, des grandes lois scolaires des années 1880 qui ouvrirent l’école à tous jusqu’à la séparation de 1905, puis à l’inscription de la laïcité dans les textes constitutionnels en 1946 et au rappel, en 2004, d’un cadre apaisé pour l’école publique, chaque étape a cherché l’équilibre entre l’élan spirituel des personnes et la paix civile. Cet héritage n’est pas un musée : il vit dans la manière d’enseigner sans catéchiser, d’administrer sans préférence, de débattre sans humilier.

Car la laïcité n’est pas une posture d’hostilité.

C’est un climat, une manière d’habiter la cité. Elle protège le secret de l’âme et elle apaise la rencontre. Elle rend possible le dialogue parce qu’elle interdit la contrainte ; elle relève les consciences parce qu’elle refuse les hiérarchies de vérité imposées par la force.

L’article 1er de notre Constitution rappelle que la France est « indivisible, laïque, démocratique et sociale »

Le Préambule de 1946 et la Déclaration de 1789 disent que la liberté de conscience n’est pas un privilège mais un droit naturel. Ce n’est pas un vernis juridique : c’est l’ossature d’une société qui ne demande à personne de renier ce qu’il est pour appartenir à la communauté politique.

On affirme parfois que la laïcité divise. C’est l’inverse lorsqu’on la comprend.

Elle ne réclame pas qu’on renonce à ses convictions ; elle exige qu’on reconnaisse à l’autre la même profondeur de conscience que l’on réclame pour soi. Elle ne gomme pas les différences ; elle apprend à les accueillir sans les transformer en frontières.

C’est notre laïcité à la française : non pas indifférence molle, mais neutralité active de l’État ; non pas nivellement, mais universalisme hospitalier ; non pas crispation, mais art de la mesure. Elle n’oppose pas le spirituel au politique : elle maintient chacun à sa juste place pour que tous puissent respirer.

À l’heure où les passions s’enflamment vite et où l’invective remplace trop souvent l’argument, il nous revient de la défendre autant que de la célébrer. Défendre, non par la raideur mais par la clarté ; non contre des personnes, mais contre les confusions. À l’école, cela signifie un cadre serein où l’on apprend à penser par soi-même. Dans les services publics, une impartialité tangible qui se voit et se ressent. Dans l’espace civique et numérique, une parole ferme contre les haines, patiente dans l’explication, rigoureuse dans le droit. Partout, la même délicatesse : écouter sans juger, contredire sans mépriser, tenir la loi sans humilier.

Pour ce 120e anniversaire, 450.fm n’invite pas seulement à se souvenir : nous appelons à faire vivre et à défendre la laïcité, non comme un mot d’ordre mais comme une politesse de l’esprit et un art de la rencontre. Qu’elle inspire nos choix, qu’elle adoucisse nos désaccords, qu’elle rende à la conversation française son goût de la mesure et sa promesse d’humanité. C’est ainsi que la mémoire deviendra avenir, et que l’idéal de 1905 demeurera notre bien commun.

Fraternellement
La rédaction

1 COMMENTAIRE

  1. La laïcité me fait aussi penser à la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité
    Car plusieurs grandes obédiences maçonniques françaises inscrivent explicitement notre devise dans leur constitution ou dans leurs textes fondateurs.
    Je pense notamment au Grand Orient de France qui mentionne dans ses textes fondamentaux que sa devise est bien « Liberté, Égalité, Fraternité », laquelle se confond volontairement avec celle de la République française. Cette devise est officiellement inscrite dans ses statuts et sa communication institutionnelle.
    Mais aussi à la Grande Loge de France qui affiche également cette devise, qu’elle considère explicitement comme identique à celle de la République : « La devise de la Grande Loge de France se confond avec celle de la République Française : Liberté – Egalité – Fraternité. »
    Sans oublier la Grande Loge Féminine de France qui a aussi fait sienne la devise de la République « Liberté, Égalité, Fraternité », tant dans ses valeurs fondamentales que dans ses textes de présentation et ses communications officielles.
    Et la Fédération française de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit Humain
    rappelle que la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » éclaire les valeurs, la démarche et la Déclaration de principe de l’Ordre du Droit Humain. Elle figure dans la présentation de la Fédération française et dans ses écrits publics.
    Mais avec ces 4 obédiences majeures, il n’est pas rare que de nombreuses loges ou fédérations locales de différentes obédiences affichent également cette devise comme pierre angulaire de leur engagement républicain et maçonnique.
    Toutes, NON !
    Effectivement, la Grande Loge Nationale Française, une fois de plus, se fait remarquer en ne citant pas la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » dans son règlement général ni dans ses principes fondateurs, mettant l’accent sur la régularité maçonnique internationale, la reconnaissance par la Grande Loge Unie d’Angleterre et une fidélité à la tradition d’inspiration anglo-saxonne, sans assimilation explicite aux valeurs républicaines nationales, ce qui la distingue nettement du GODF, GLDF, GLFF ou du Droit Humain… No comment !

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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