Au cœur de l’Europe, la Suisse déploie depuis près de trois siècles un paysage maçonnique à la fois discret et foisonnant. Terre de neutralité et de dialogue, elle a su accueillir, dans ses vallées et ses cités, une véritable mosaïque d’obédiences et de rites, où se reflètent les idéaux des Lumières tout autant que les échos des grandes crises politiques du continent.
Des premières loges du XVIIIe siècle aux initiatives contemporaines, la Franc-Maçonnerie helvétique incarne une tradition vivante, résiliente et plurielle, oscillant entre régularité et libéralisme, introspection symbolique et ouverture humaniste.

C’est cette odyssée, où l’équerre trace des chemins de raison et le compas des cercles de fraternité, que nous vous invitons à parcourir avant de poursuivre notre itinéraire initiatique vers d’autres horizons européens.
Née en 1736, la Franc-Maçonnerie suisse s’est rapidement imposée comme un pilier de la sociabilité initiatique en Europe, portant en elle la diversité des traditions, des rites et des philosophies. Elle a traversé des périodes de prospérité, de crises et de renouveau, marquées notamment par les initiatives antimaçonniques de 1937 et de 2015. Aujourd’hui encore, en 2025, le paysage maçonnique helvétique se distingue par sa richesse et sa pluralité : des obédiences masculines, féminines, mixtes, libérales ou régulières y coexistent, pratiquant une variété de rites et de sensibilités.

Cet article vous propose d’explorer en profondeur cette histoire singulière, ses orientations philosophiques, ses effectifs*, ses rites et les défis politiques auxquels elle a été confrontée, à travers les principales obédiences suisses : la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA), la Fédération Suisse du Droit Humain, la Grande Loge Féminine de Suisse (GLFS), la Grande Loge Mixte de Suisse (GLMS), la Grande Loge Symbolique Helvétique (GLSH), le Grand Orient de Suisse (GOS), Lithos – Confédération de Loges, et la Ligue Universelle des Francs-Maçons (LUF).
Une histoire maçonnique ancrée dans le siècle des Lumières
La Franc-Maçonnerie suisse émerge en 1736 avec l’apparition des premières loges, marquant le début d’une tradition qui s’enracine dans les idéaux des Lumières. En 1740, la loge « La Concorde » est fondée à Zurich, suivie en 1743 par « Les Trois Étoiles Flamboyantes » à Neuchâtel, remplacée en 1791 par « La Bonne Harmonie ». En 1744, une loge s’ouvre à Bâle. Ces premières loges, souvent influencées par les obédiences anglaises, s’organisent progressivement. En 1745, une interdiction des autorités genevoises tente de limiter ces sociétés secrètes, mais elle reste sans effet durable.

En 1769, une dizaine de loges forment la Grande Loge de Genève, bientôt rejointe par d’autres ateliers, bien que certains demeurent sous l’égide de la Grande Loge de Londres. En 1779, le Grand Prieuré d’Helvétie se constitue comme une puissance maçonnique indépendante, marquant une étape vers l’autonomie. Cependant, la Révolution française entraîne deux interruptions majeures : de 1792 à 1802, puis de 1813 à 1815, malgré une reprise temporaire sous l’influence des loges militaires napoléoniennes.
En 1822, la Grande Loge Nationale de Berne et le Grand Prieuré d’Helvétie fusionnent pour former la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) en 1842, tandis que les hauts grades rectifiés restent sous l’autorité du Grand Prieuré. En 1873, le Suprême Conseil de Suisse est créé pour les hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Le Convent international de Lausanne de 1875 consacre le Grand Architecte de l’Univers comme symbole fondamental du REAA, fixant ses 33 degrés.

Au XXe siècle, la Franc-Maçonnerie suisse s’organise autour de trois structures principales : la GLSA pour les loges symboliques, le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie pour les hauts grades rectifiés, et le Suprême Conseil pour le REAA. L’apparition de loges mixtes et féminines marque une diversification notable : en 1895, une première loge du Droit Humain s’ouvre à Zurich, suivie par la création de la Fédération Suisse du Droit Humain en 1963. En 1964, une loge féminine liée à la Grande Loge Féminine de France voit le jour, aboutissant à la fondation de la Grande Loge Féminine de Suisse (GLFS) en 1976.
Les Obédiences maçonniques suisses : une mosaïque de traditions

1. Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) : le pilier de la régularité
Histoire et genèse : Fondée en 1844, la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) est l’obédience maçonnique la plus ancienne et la plus importante de Suisse, regroupant environ 3 500 membres dans 84 loges en 2025. Reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA), elle incarne la Franc-Maçonnerie « régulière », exclusivement masculine, et travaille à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers. Sa création résulte de la fusion de la Grande Loge Nationale et du Grand Prieuré d’Helvétie, marquant une volonté d’unifier la maçonnerie symbolique sous une bannière commune. Historiquement liée au Parti radical, la GLSA a joué un rôle dans la formation de l’État fédéral suisse
Philosophie et orientation : La GLSA se distingue par son attachement aux Anciens Devoirs et à une spiritualité non dogmatique. Bien qu’elle exige une croyance en un Être Suprême, elle prône la liberté de conscience, respectant toutes les convictions sincères. Ses loges, réparties en 48 francophones, 28 germanophones, 5 italophones et 4 anglophones, pratiquent principalement le REAA, mais aussi le Rite Français (RF), le Rite d’Émulation (RE), le Rite de Schroeder (RS) et le Rite Écossais Rectifié (RER). La GLSA promeut une démarche initiatique axée sur l’amélioration personnelle et la fraternité, tout en s’abstenant de discussions politiques ou religieuses en loge.

Effectifs et dynamiques : En 2015, la GLSA comptait environ 4 000 membres dans 85 loges. En 2025, les effectifs se stabilisent autour de 3 500, reflétant une légère baisse due à une concurrence croissante des obédiences libérales et à une diminution du nombre de membres par loge, influencée par des penseurs comme Carl Gustav Jung ou René Guénon, qui ont enrichi la réflexion symbolique. La GLSA reste dynamique grâce à ses initiatives d’ouverture, comme les journées portes ouvertes depuis 2009 et la publication de la revue Alpina et de Masonica par le Groupe de Recherche Alpina (GRA).
Défis Politiques : La GLSA a été confrontée à l’initiative Fonjallaz de 1937, visant à interdire les sociétés secrètes, rejetée par le peuple suisse. En 2015, une tentative de l’UDC valaisanne d’obliger les élus à déclarer leur appartenance maçonnique a échoué, renforçant la discrétion prônée par l’obédience. Sa reconnaissance par la GLUA l’a parfois conduite à rompre avec des obédiences libérales, comme en 1950 avec l’Association Maçonnique Internationale (AMI), qu’elle avait fondée en 1921 pour rapprocher les courants réguliers et libéraux.

2. Fédération Suisse du Droit Humain : l’étendard de la mixité
Histoire et genèse : Fondée en 1963, la Fédération Suisse du Droit Humain, rattachée à l’Ordre Maçonnique Mixte International, tire ses origines d’une loge créée à Zurich en 1895. Première obédience mixte en Suisse, elle promeut l’égalité entre hommes et femmes, avec environ 320 membres en 1987 et une légère croissance depuis. Présente à Lausanne, Genève, Vallorbe, Montreux, Soleure et au Tessin, elle incarne une maçonnerie adogmatique et internationale.
Philosophie et orientation : Le Droit Humain pratique le REAA, offrant un chemin initiatique progressif jusqu’au 33e degré. Ses loges travaillent soit à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, soit au Progrès de l’Humanité, reflétant une approche humaniste et universaliste. Membre du CLIPSAS depuis 1961, il favorise la liberté de conscience et s’engage dans des réflexions sur la laïcité et les droits humains, tout en cultivant des liens fraternels avec d’autres obédiences libérales.

Effectifs et dynamiques : Avec environ 320 membres en 1987, le Droit Humain maintient une taille modeste mais stable, estimée à environ 350 membres en 2025. Son attractivité repose sur sa mixité et son rayonnement international, bien que la concurrence avec des obédiences comme Lithos puisse limiter sa croissance.
Défis politiques : Comme la GLSA, le Droit Humain a été visé par l’initiative Fonjallaz et les tentatives de 2015, auxquelles il s’est opposé en défendant la discrétion maçonnique. Son engagement humaniste le rend sensible aux débats sociétaux, mais il évite les prises de position politiques directes.

3. Grande Loge Féminine de Suisse (GLFS) : la voix des Sœurs
Histoire et genèse
Constituée en 1976 à partir d’une loge fondée en 1964 à Genève sous l’égide de la Grande Loge Féminine de France, la GLFS regroupe environ 400 membres dans 18 loges en 2017, travaillant en français, allemand et italien. Elle répond au besoin d’un espace maçonnique exclusivement féminin, incarnant une quête initiatique spécifique.

Philosophie et orientation : La GLFS propose une démarche initiatique axée sur le perfectionnement moral, intellectuel et spirituel, avec un accent sur l’émancipation culturelle et spirituelle des femmes. Ses loges pratiquent principalement le REAA, mais intègrent également d’autres rites comme le Rite Français. Elle entretient un dialogue harmonieux avec la GLSA pour des travaux non rituels, renforçant la complémentarité entre maçonneries masculine et féminine.
Effectifs et dynamiques : De 300 membres en 1987, la GLFS atteint environ 400 en 2017, un chiffre probablement stable en 2025. Sa croissance modérée reflète son positionnement spécifique, bien que la concurrence avec les obédiences mixtes puisse freiner son expansion.
Défis politiques : La GLFS, comme d’autres obédiences, a été touchée par les initiatives anti-maçonniques de 1937 et 2015. Sa discrétion et son focus sur l’initiation féminine la protègent partiellement des controverses politiques, mais elle reste vigilante face aux pressions publiques.
4. Grande Loge Mixte de Suisse (GLMS) : l’harmonie de la diversité
Histoire et genèse : Fondée en 1999, la Grande Loge Mixte de Suisse (GLMS) regroupe environ 145 membres dans 8 ateliers en 2014, répartis dans les trois régions linguistiques de la Suisse. Elle incarne une maçonnerie adogmatique et mixte, accueillant hommes et femmes dans une démarche égalitaire.

Philosophie et orientation
La GLMS pratique divers rites, dont le REAA et le Rite Français, dans un esprit de liberté de conscience et de tolérance. Ses loges explorent des thématiques philosophiques et sociétales, favorisant un équilibre entre travail initiatique et engagement humaniste. Membre du CLIPSAS, elle s’inscrit dans une tradition libérale et progressiste.
Effectifs et dynamiques : Avec 145 membres en 2014, la GLMS reste une obédience de taille modeste, probablement autour de 150–200 membres en 2025. Son attractivité repose sur sa flexibilité et son inclusivité, bien qu’elle concurrence des obédiences comme Lithos et le Droit Humain.
Défis politiques : Comme ses homologues libérales, la GLMS s’oppose aux initiatives antimaçonniques, défendant la discrétion et la liberté individuelle. Son caractère mixte la rend sensible aux débats sur l’égalité, mais elle évite les engagements politiques explicites.
5. Grande Loge Symbolique Helvétique (GLSH) : L’Héritage Égyptien
Histoire et genèse : La Grande Loge Symbolique Helvétique (GLSH), membre du CLIPSAS depuis 1992, regroupe des loges masculines, féminines et mixtes en Suisse et en France, pratiquant exclusivement le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm. Fondée dans la seconde moitié du XXe siècle, elle se distingue par son attachement aux traditions ésotériques égyptiennes.

Philosophie et orientation : La GLSH se consacre à une maçonnerie initiatique et spirituelle, puisant dans les symboles et rituels du Rite de Memphis-Misraïm. Ses loges explorent des thématiques ésotériques, privilégiant une approche mystique et symbolique. Son caractère adogmatique attire des membres en quête de spiritualité non conventionnelle.
Effectifs et dynamiques : Avec quelques dizaines de membres en 2017, la GLSH reste une obédience de niche, probablement autour de 50–100 membres en 2025. Sa spécificité rituelle limite son expansion, mais elle conserve une audience fidèle parmi les amateurs de maçonnerie égyptienne.
Défis politiques : La GLSH, en raison de sa petite taille, est moins exposée aux initiatives anti-maçonniques, mais elle partage les préoccupations des obédiences libérales face aux pressions publiques.

6. Grand Orient de Suisse (GOS) : la voix de la liberté
Histoire et genèse : Créé en 1959 par des loges francophones issues de la GLSA, le Grand Orient de Suisse (GOS) adopte une approche libérale et adogmatique, proche du Grand Orient de France. En 1967, il prend le nom de Grande Loge de Suisse, avant de revenir à GOS en 1995. En 1987, il fédère 14 loges, un nombre probablement proche de 18–20 en 2025.
Philosophie et orientation : Le GOS pratique divers rites, dont le Rite Français Moderne et le REAA, dans un esprit de liberté de conscience. Ses loges, majoritairement masculines mais ouvertes aux visiteurs mixtes, explorent des questions philosophiques et sociétales, s’inscrivant dans une tradition progressiste. Membre du CLIPSAS, il promeut la tolérance et l’humanisme
Effectifs et dynamiques : Avec environ 200–300 membres en 2025, le GOS reste une obédience modeste mais influente dans la maçonnerie libérale. Son attractivité repose sur son rejet des dogmes et son ouverture aux débats contemporains.[](https://loge-evolution.ch/)
Défis politiques :Le GOS s’oppose fermement aux initiatives anti-maçonniques, défendant la discrétion et la liberté de pensée. Sa proximité avec le Grand Orient de France le rend sensible aux critiques des obédiences régulières.

7. Lithos – Confédération de Loges : l’innovation transnationale
Histoire et genèse :Fondée en 2006 en Belgique, Lithos – Confédération de Loges s’étend à la Suisse avec des loges mixtes comme « L’Amitié » (Genève, 2008), « Septentrion » (Penthalaz, 2012) et « Humanisme et Lumières » (Genève, 2015). Membre du CLIPSAS depuis 2011, elle fédère une trentaine de loges en Belgique, Suisse et Allemagne.
Philosophie et orientation : Lithos adopte une approche adogmatique, pratiquant principalement le Rite Français Moderne. Ses loges, masculines, féminines ou mixtes, sont autonomes dans leur composition et leurs travaux, favorisant une maçonnerie humaniste axée sur les droits humains et les enjeux sociétaux.
Effectifs et dynamiques : Avec environ 100–150 membres en Suisse en 2025, Lithos reste une obédience émergente, attirant des membres par sa flexibilité et son caractère transnational. Sa croissance est limitée par sa relative jeunesse.
Défis politiques : Lithos partage les préoccupations des obédiences libérales face aux initiatives anti-maçonniques, mais son rayonnement international la protège partiellement des pressions locales.

8. Ligue Universelle des Francs-Maçons (LUF) : la plateforme interobédientielle
Histoire et genèse
Fondée en 1905, la Ligue Universelle des Francs-Maçons (LUF) n’est pas une obédience traditionnelle, mais une association sans but lucratif regroupant des maçons actifs de diverses obédiences, agissant à titre individuel. Présente en Suisse et dans d’autres pays, elle vise à renforcer les liens fraternels sans restriction obédientielles.
Philosophie et orientation : La LUF n’initie pas de membres et ne pratique pas de rites, mais sert de plateforme d’échange inter-obédientielle, promouvant les droits humains et la fraternité universelle. Elle s’inscrit dans une démarche humaniste et inclusive, sans distinction de sexe, race ou croyance.
Effectifs et dynamiques : La LUF ne publie pas d’effectifs précis, mais son influence reste limitée en Suisse, avec quelques dizaines de membres actifs en 2025. Son rôle est complémentaire, renforçant la coopération entre obédiences.
Défis politiques : En tant que plateforme non initiatique, la LUF est peu affectée par les initiatives antimaçonniques, mais elle soutient les obédiences dans leur défense de la discrétion.

Les Rites Maçonniques en Suisse
La Suisse se distingue par la diversité de ses rites, reflétant la pluralité de ses obédiences. Le REAA domine, notamment au sein de la GLSA, du Droit Humain et de la GLMS, avec ses 33 degrés et son symbolisme riche. Le Rite Français, pratiqué par Lithos, le GOS et certaines loges de la GLSA, privilégie une approche rationaliste et humaniste. Le Rite d’Émulation, influencé par la tradition anglaise, est présent dans la GLSA, tandis que le Rite de Schroeder et le Rite Écossais Rectifié offrent des approches plus spirituelles. Le Rite de Memphis-Misraïm, exclusif à la GLSH, se distingue par son ésotérisme égyptien. Cette variété reflète la capacité de la Franc-Maçonnerie suisse à intégrer des traditions multiples

Les défis politiques : entre discrétion et pressions externes
La Franc-Maçonnerie suisse a affronté deux initiatives antimaçonniques majeures. En 1937, l’initiative Fonjallaz, portée par des courants fascistes, visait à interdire les sociétés secrètes, mais fut largement rejetée par le peuple. En 2015, l’UDC valaisanne, soutenue par le PDC, a tenté d’imposer une déclaration obligatoire de l’appartenance maçonnique pour les élus, une mesure jugée illégale par la Cour Européenne des Droits de l’Homme en 2007. Cette proposition échoue de justesse, renforçant la défense de la discrétion par les obédiences. Ces événements soulignent la tension entre la discrétion maçonnique et les pressions publiques, particulièrement dans un contexte où la maçonnerie suscite encore méfiance et fantasmes.

La Suisse offre une Franc-Maçonnerie plurielle et résiliente
En 2025, la Franc-Maçonnerie suisse, avec environ 5000 membres, incarne une mosaïque de traditions et de visions. La GLSA, avec sa régularité et ses 3500 membres, domine le paysage, tandis que les obédiences libérales comme le Droit Humain, la GLFS, la GLMS, la GLSH, le GOS et Lithos offrent des alternatives inclusives et adogmatiques. La LUF, bien que non initiatique, complète ce tableau en favorisant l’unité. Malgré les défis politiques, la Franc-Maçonnerie suisse reste un espace de réflexion, de fraternité et de progrès, fidèle à ses racines tout en s’adaptant aux aspirations contemporaines. Comme l’équerre et le compas, elle unit rigueur et ouverture, traçant un chemin vers un monde plus juste et éclairé
Le Groupe de Recherche Alpina : un phare de la recherche maçonnique en Suisse et au-delà…

Histoire et genèse : Fondé en 1985 à Berne, le Groupe de Recherche Alpina (GRA) est une association suisse indépendante qui réunit des Maîtres Francs-Maçons passionnés par l’approfondissement des dimensions historiques, symboliques, philosophiques, littéraires, artistiques et prospectives de la Franc-Maçonnerie. Reconnu officiellement par la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) en 2002, le GRA s’est imposé comme un acteur clé de la recherche maçonnique, non seulement en Suisse, mais aussi à l’échelle internationale. Avec environ 500 membres, dont une trentaine de membres actifs engagés dans des recherches autonomes, le GRA se distingue par son caractère trilingue (français, allemand, italien) et son siège administratif à Lausanne, avec des contacts à Bienne et Orbe.

Le GRA n’est pas une loge au sens classique, mais une plateforme de réflexion et d’échange qui s’adresse aux Maîtres Maçons de diverses obédiences, principalement affiliés à la GLSA, tout en maintenant des liens étroits avec des groupes de recherche maçonnique à travers le monde, comme la Loge Quatuor Coronati en Allemagne ou la Respectable Loge n°1000 Jean Scot Érigène de la Grande Loge de France, avec qui le GRA a des accords. Son autonomie lui permet de transcender les frontières obédientielles, favorisant une approche universaliste de la recherche maçonnique.
Philosophie et orientation : Le GRA a pour vocation d’enrichir la compréhension de la Franc-Maçonnerie à travers une recherche rigoureuse, s’inspirant des standards académiques. Il explore des thématiques variées, allant de l’histoire des rituels et du symbolisme (comme l’étude du « Vrai Catéchisme des Frères Francs-Maçons » ou des travaux sur le Rite Écossais Ancien et Accepté) à des sujets prospectifs, tels que l’adaptation de la maçonnerie aux enjeux sociétaux contemporains.

Masonica, sa revue semestrielle
Publiée depuis 1985 et avec plus de 45 numéros parus, Masonica est un pilier de son activité. Elle propose des articles approfondis, souvent rédigés par des experts comme Michel Jaccard, ancien président du GRA, sur des sujets aussi divers que le guénonisme, les influences de Carl Gustav Jung, ou les liens entre la maçonnerie et les arts (par exemple, le tarot ou les poèmes de Goethe). La revue est diffusée à environ 400 membres correspondants et loges de recherche en Europe, renforçant l’influence du GRA à l’international.
Le GRA produit également des documents clés pour la GLSA, tels que les catéchismes des grades d’Apprenti, Compagnon et Maître, ainsi que le Guide du Franc-Maçon (publié en deux tomes en 2017 et 2018, en français et allemand). Ces publications, disponibles à la vente, codifient les pratiques rituelles tout en offrant des réflexions philosophiques accessibles aux maçons.
Activités et rayonnement : Le GRA se distingue par ses initiatives dynamiques :Conférences : Le GRA organise des conférences en Suisse et à l’étranger, comme le cycle international de Michel Jaccard en 2015, qui l’a conduit en Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Tasmanie, Singapour et Hong Kong. Ces interventions, souvent publiées (par exemple, Continental Freemasonry, ANZMRC, 2015), témoignent de l’ambition du GRA de rapprocher les maçons à travers le monde.
Publications : Fondée en 1991 par le Groupe de Recherche Alpina (GRA) la revue Masonica est née de la volonté de proposer un espace de publication rigoureux et ouvert, consacré à la recherche maçonnique. Des travaux publiés en français, allemand et italien. Outre Masonica, le GRA diffuse L’Œil du GRA, une newsletter informant les membres des activités maçonniques internationales. Il contribue également à des revues comme Alpina et propose des études ad hoc sur mandat de la GLSA.
Effectifs et dynamiques : Avec environ 500 membres, dont une trentaine de chercheurs actifs, le GRA reste une structure élitiste mais ouverte, accueillant des membres correspondants via une inscription simple. Sa croissance est stable, portée par l’intérêt croissant pour la recherche maçonnique, bien que son audience reste spécialisée en raison de son focus académique. En 2025, le GRA continue d’attirer des maçons en quête de rigueur intellectuelle, tout en s’adaptant aux défis numériques, comme la mise à jour régulière de son site web pour inclure des ressources en anglais et des articles téléchargeables.

Défis et perspectives en 2025
Le GRA, conscient de la nécessité pour la Franc-Maçonnerie de se réinventer, met l’accent sur une recherche prospective. Il souligne que l’étude historique seule ne suffit pas à garantir la pérennité de la maçonnerie face aux défis contemporains, tels que la baisse des effectifs dans certaines obédiences ou la montée des discours antimaçonniques, comme ceux observés en Suisse en 1937 et 2015. Le GRA encourage ainsi des travaux en anthropologie, sociologie, spiritualité et maçonnologie, visant à rendre la maçonnerie attractive pour les nouvelles générations
Après avoir franchi les cols suisses et respiré l’air pur des vallées helvétiques, je vous donne rendez-vous le 28 juillet pour une nouvelle étape de notre itinéraire initiatique. La semaine prochaine, nos pas nous mèneront vers l’Italie, ce carrefour d’histoire et de lumière, où se croisent les ombres des cités antiques, les secrets des loges des Lumières et les échos des renaissances spirituelles. Ne manquez pas ce voyage au cœur d’une terre qui, depuis Rome jusqu’à Florence, de Venise à Naples, a toujours su conjuguer la quête de la beauté et la soif de vérité…

*Pour mémoire, les effectifs post-2015 sont estimés d’après les informations transmises par nos correspondants(es) helvétiques.
Illustrations : Wikimedia Commons
