sam 25 janvier 2025 - 14:01

La fidélité au serment : Pilier de la tradition maçonnique

La fidélité au serment est le fondement essentiel de l’engagement maçonnique, un acte sacré qui relie l’initié à la Tradition et à ses Frères et Sœurs dans une quête commune de vérité et de lumière. Elle transcende la simple promesse pour devenir une alliance vivante avec le Grand Architecte de l’Univers, exigeant vigilance, sincérité et dépassement de soi. Enracinée dans la symbolique ancestrale du Métier, elle invite chaque maçon à incarner pleinement les valeurs de l’Ordre par ses pensées, ses paroles et ses actes.

Étymologie et signification

Main sur la Bible lors du serment

Pour saisir la portée spirituelle de la fidélité et du serment en Franc-Maçonnerie, il est essentiel de revenir à l’étymologie de ces termes, porteurs de significations profondes.
Fidélité vient du latin fidelitas, dérivé de fides, qui signifie « foi », « confiance » ou « loyauté ». Elle exprime un attachement profond et indéfectible à une promesse, une idée ou une personne. La fidélité dépasse l’obéissance mécanique : elle est un engagement moral et spirituel, une communion avec une cause transcendante.

Serment provient du latin sacramentum, qui renvoie à un engagement sacré. Ce terme évoque une promesse solennelle faite en présence d’une entité supérieure, qu’il s’agisse de Dieu, de l’Ordre ou de principes universels. Le serment, par son caractère sacré, établit un lien indissoluble entre le profane et le sacré.

Ensemble, ces deux notions constituent les piliers sur lesquels repose la Maçonnerie : une fidélité qui engage l’initié à vivre selon les principes supérieurs, et un serment qui scelle son appartenance à la Tradition.

Le serment dans la tradition du métier

Dans la Franc-Maçonnerie opérative, le serment a toujours occupé une place centrale. Dès les premiers documents maçonniques, comme le manuscrit Regius du XIVᵉ siècle, le serment apparaît comme un acte fondamental. Il représente l’entrée dans une alliance sacrée, conditionnant l’accès aux secrets du Métier et aux enseignements de la confrérie.
Le Manuscrit d’Édimbourg (1696), texte rituel de transition entre maçonnerie opérative et spéculative, souligne l’importance du serment. Ce document, le plus ancien de caractère rituel, décrit un candidat agenouillé prêtant serment sur la Bible, associant cet acte à la transmission des mots sacrés des premiers degrés. Dans ce contexte, le serment est bien plus qu’une formalité : il est un acte de consécration, marquant l’entrée dans une communauté unie par des principes supérieurs.

Fidélité : une alliance sacrée

La fidélité, en Maçonnerie, est une vertu qui transcende les relations humaines pour s’étendre aux principes et aux idéaux. Dès le 1er degré, cette fidélité prend plusieurs dimensions :

• Fidélité à l’Ordre : Respect des constitutions du Rite, des Règlements Généraux et des principes fondamentaux qui structurent la Maçonnerie.
• Fidélité au serment : Un engagement sacré qui unit l’initié à la Tradition, au Grand Architecte de l’Univers, et à ses Frères et Sœurs.
• Fidélité à soi-même : L’initié est appelé à vivre en cohérence avec ses principes, à aligner ses actions sur les idéaux maçonniques.

La fidélité n’est pas une simple obéissance ; elle exige un engagement volontaire, un éveil de la conscience, et une quête continue de transformation intérieure.

Le Serment : portée spirituelle et historique

Main sur la bible. Serment
Main sur la bible. Serment

Le serment, par sa nature sacrée, lie l’initié au Volume de la Loi Sacrée et au Grand Architecte de l’Univers, qui agissent comme garants de sa validité. Cet engagement revêt une dimension spirituelle unique, car :

Il unit le profane et le sacré : En prêtant serment, l’initié passe du monde profane à celui de l’initiation, établissant une connexion avec le divin.
Il fonde l’identité maçonnique : Dans la Maçonnerie opérative, le serment était la preuve nécessaire et suffisante de la qualité de Maçon. Aujourd’hui encore, il constitue le cœur de la cérémonie initiatique.

Il donne un sens à la fidélité : Sans référence au Grand Architecte de l’Univers et au Volume de la Loi Sacrée, le serment perd sa dimension transcendantale et devient une simple promesse.


Les déviations : menaces pour l’unité de l’ordre

L’histoire de la Maçonnerie montre que l’affaiblissement du sens traditionnel du serment engendre des dérives. Lorsque le serment est vidé de sa substance spirituelle, il laisse place à :

• Une prolifération de règlements et de contrôles, souvent pesants et profanes.
• Une dilution des principes fondamentaux, où la quête initiatique est remplacée par des considérations individualistes.

La fidélité au serment, dans sa forme traditionnelle, est donc essentielle pour préserver la cohérence de l’Ordre et la profondeur de la démarche initiatique.

Fidélité et liberté : une relation paradoxale

En Maçonnerie, la fidélité n’est pas une contrainte, mais une voie vers la véritable liberté. Cette liberté se manifeste dans l’alignement entre les actions de l’initié et les principes supérieurs auxquels il a prêté serment. Comme le montre la Tradition du Métier :

• La règle et les outils sont des guides qui structurent l’œuvre de l’architecte.
• La fidélité à ces guides libère la créativité et permet d’atteindre la perfection dans l’action.

Lien sacré et quête spirituelle

La fidélité au serment est bien plus qu’une simple loyauté ou une obligation formelle. Elle constitue le cœur vivant de l’engagement maçonnique, une promesse solennelle qui transcende le temps et l’individu. Ce serment, prêté en toute liberté devant le Volume de la Loi Sacrée et sous l’égide du Grand Architecte de l’Univers, devient un lien sacré entre l’initié, la Tradition et l’Ordre.

Être fidèle à son serment, c’est s’imposer une vigilance constante sur son propre cheminement. C’est accepter que la quête spirituelle ne soit jamais achevée et que chaque étape franchie exige de nouvelles responsabilités. Cette fidélité appelle à une introspection permanente, à une sincérité dans l’action, et à une recherche continue de l’équilibre entre le devoir envers soi-même, ses Frères et Sœurs, et l’Ordre universel.

Dans le cadre de la Maçonnerie, la fidélité au serment n’est pas un fardeau, mais une source d’inspiration et de libération. Elle lie l’initié à des valeurs intemporelles et l’élève au-delà des contingences profanes. Le serment devient alors le socle d’une vie initiatique, où chaque pensée, parole et action doivent refléter les idéaux de la Maçonnerie : justice, vérité, fraternité et lumière.

Comme le souligne la sagesse initiatique : « L’homme fidèle à son serment n’appartient pas seulement à lui-même. Il est une pierre vivante dans l’édifice universel. »
Ainsi, la fidélité au serment est une invitation à dépasser les frontières du soi, à s’inscrire dans une quête collective, et à honorer, par son comportement, l’essence même de l’Ordre maçonnique. Elle est à la fois un engagement spirituel et une voie de réalisation, reliant l’initié au mystère sacré du Grand Architecte de l’Univers.

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Olivier de Lespinats
Olivier de Lespinats
Olivier de Lespinats est né en 1961 au sein d’une vieille famille de la noblesse poitevine. Famille dont ses ancêtres ont été Francs-Maçons dès 1738, au sein de la loge « l’Intimité » à l’Orient de Niort. Après des études supérieures d’ingénieur et d’officier, il est devenu expert en ingénierie financière publique, chargé de Travaux Pratiques universitaire et directeur de nombreuses sociétés de conseils et de services auprès du secteur public en France et à l’International. Initié en 1991 à la GLNF au sein de la Respectable Loge « La Clé de Voûte » à l’Orient de Coulommiers, il deviendra en 2000 Vénérable Maître de la Respectable Loge « Saint-Fursy » à l’Orient de Lagny. Désireux de rejoindre une obédience mixte, il démissionnera de la GLNF en 2011 pour rejoindre la GLCS dans un premier temps avec la création d’une loge à Nantes, puis en 2017 la Grande Loge Mixte Nationale avec la création d’une loge à Saintes en 2023. En 2019, à la demande du Passé Grand Maître et du Conseil Fédéral, il deviendra le 4ème Grand Maître de la GLMN pour un mandat de 3 ans. Parallèlement à son parcours en loges bleues, il poursuivra l’enseignement maçonnique pour atteindre le 33ème degré du REAA et celui de CBCS au RER. Reconnu pour son expertise en symbolique ésotérique, il a créé en mars 2020 au sein de la GLMN une newsletter « l’Epi de blé » présentant de nombreuses planches sur la tradition de l’art royal et la vie de l’obédience. En parallèle, il vient d’acquérir et poursuivra, sous une forme moderne, l’ancienne revue « Le Symbolisme ».

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