sam 27 juillet 2024 - 02:07

De l’anonymat à l’orgueil : évolution des signatures d’artistes au Moyen Âge (Par Laurent Ridel)

Du site de Laurent Ridel decoder-eglises-chateaux.fr

On le répète un peu trop : au Moyen Âge, les artistes ne signaient pas leurs œuvres. Pourtant, une observation minutieuse révèle que certaines façades, sculptures, et peintures d’églises portent discrètement la marque de leurs créateurs. Certes, ces signatures restent extrêmement rares, surtout en dehors de l’Italie.Depuis des années que je visite des églises, je n’ai repéré qu’une poignée de signatures en France. Par exemple, Gislebertus signe le tympan de la cathédrale d’Autun.
Vous le voyez ? Non ? Laissez-moi zoomer. 
Cependant, ce Gislebertus pourrait tout aussi bien être le nom du commanditaire plutôt que celui du sculpteur.Sinon, voici un exemple indiscutable : Clément, peintre verrier, inscrit son nom sur un vitrail de la cathédrale de Rouen. 
Reconnaissez qu’il faut avoir de bons yeux. Le nom, en latin, figure sur la banderole (phylactère). On distingue les premières lettres CL (pour Clemens). Pour être honnête, ce sont souvent des livres qui m’ont mis sur la piste de ces inscriptions.L’anonymat demeure la norme dans l’art médiéval, du moins jusqu’au XIVe siècle. Pourquoi cette rareté, vous demandez-vous ? On évoque généralement l’humilité des artistes, cherchant à ne pas se glorifier d’un talent qu’ils attribuaient à Dieu. L’historien de l’art Valentino Pace conteste cette idée avec une comparaison frappante : au Moyen Âge, « la signature n’était pas nécessaire, et donc son absence était normale.

Se demander pourquoi un artiste de l’époque romane ne signe pas revient à se demander pourquoi il n’y avait pas de signalisation routière au Moyen Âge ». En d’autres termes, nous projetons nos préoccupations modernes sur une époque qui en avait de bien différentes.Les signatures médiévales ne ressemblent en rien à celles que vous griffonnez au bas de vos chèques (si vous en utilisez encore).

Les artistes se contentaient souvent de formules succinctes telles que « untel m’a fait » ou « untel a fait ceci », toujours en latin. Mais, si vous suivez mes explorations, vous savez que j’aime dénicher ce qui sort de l’ordinaire. Dans le domaine des signatures, nous sommes bien servis.Commençons par les signatures immodestes. Ainsi, sur la chaire du baptistère de Pise en Italie, on lit : « en l’an 1260, Nicola Pisano sculpta ce noble ouvrage. Puisse une main aussi douée être appréciée comme elle le mérite ». Toujours en Italie, pays beaucoup plus riche en signatures que la France, le sculpteur Niccolò laisse son humilité au vestiaire.

Sur le portail d’une abbatiale, montrant un zodiaque (début XIIe siècle), il se présente comme fin connaisseur de l’astrologie et un intellectuel à la langue raffinée et élégante. Certains artistes, lettrés, avaient une conscience aiguë de leur valeur.Dans cette catégorie des orgueilleux, on pourrait inclure Jan Van Eyck et sa signature au milieu de son chef-d’œuvre, Les Époux Arnolfini. 
Jan van Eyck, Les Epoux Arnolfini (1434), huile sur panneau, National Gallery, Londres
On peut lire au-dessus du miroir en belles lettres calligraphiées : Johannes de Eyck fuit hic (« Jan Van Eyck fut ici »). Tandis que certains historiens de l’art scrutent les coins des tableaux à la recherche de signatures dissimulées, Van Eyck semble avoir voulu leur faciliter la tâche. Il signale sa présence et signe son œuvre d’un geste audacieux. Van Eyck était-il trop fier de son travail ? L’historien Jean-Pierre Caillet nous invite à changer notre perspective : cette signature peu discrète fut peut-être encouragée par les époux commanditaires, désireux de vanter l’artiste prestigieux qu’ils avaient engagé, le peintre du duc de Bourgogne !Certains artistes choisissent de se représenter eux-mêmes dans leurs œuvres. C’est la signature par l’image. Gerlachus, un peintre verrier, s’est peint fièrement au bas d’un vitrail roman du prieuré augustin d’Arnstein (Allemagne). 
Son attitude, tenant un pinceau levé, fait écho à la scène voisine où Moïse brandit un bâton. Ce rapprochement démontre que l’humilité ne valait pas pour tous les artistes médiévaux. Un exemple plus connu est celui du labyrinthe de la cathédrale d’Amiens : au centre figurent les effigies des trois architectes, en plus de l’évêque. 
Terminons cette galerie de signatures insolites par des exemples trompeurs. Le peintre Giotto a signé deux peintures sur bois, mais selon l’historien d’art Valentino Pace, ces œuvres doivent beaucoup à son atelier plutôt qu’à lui personnellement. Comme d’autres artistes très demandés, Giotto déléguait une partie du travail à ses aides, n’apposant que sa signature finale. Pour les commanditaires, cette signature du grand maître était un gage d’authenticité. N’oublions pas : les œuvres médiévales étaient souvent le fruit d’un effort collectif.
Conseils pour les guides : bien finir sa visite
« Si tu veux une prestation marquante, soigne ton début et soigne ta fin », conseille Benjamin Vauris, expert en prise de parole. En tant que guide professionnel ou amateur, ce conseil vous est particulièrement destiné.Deux moments clés ne s’improvisent pas :Le début. C’est l’instant où votre groupe est le plus attentif, et où se joue toute votre prestation grâce au pouvoir de la première impression. Ces premières minutes déterminent si vos visiteurs passeront un moment agréable. C’est intimidant d’être jugé si rapidement, mais c’est ainsi que fonctionne notre cerveau.La fin. « Merci de m’avoir suivi. Bonne fin de visite. » C’est ainsi que certains guides prennent congé de leurs visiteurs. Travaillez votre conclusion pour éviter que votre fin se termine en eau de boudin. Lors de ma dernière visite de « ma » chère cathédrale de Lisieux, j’ai tâtonné. J’ai d’abord suggéré de prolonger la visite avec d’autres sites locaux, conduisant le public vers l’action. C’était honnête, mais banal. Lors de ma seconde visite, j’ai évoqué le programme de restauration prévu, laissant entrevoir une cathédrale encore plus belle à leur retour. Conclusion positive, mais vague.Alors, comment aurais-je dû conclure cette visite ? Des réponses sont dans ma formation « Devenir un guide fascinant ». J’y partage plusieurs voies pour terminer sur une très bonne note. L’une d’elles consiste à rebondir sur un moment fort de la visite. Par exemple, au cours du cheminement, j’ai montré les traces d’un puits dans la cathédrale, un élément rare dans les églises. Seulement une trentaine de lieux de culte en possèdent. J’ai d’ailleurs écrit et expliqué ce curieux phénomène dans un article
Donc, j’aurais pu conclure en souhaitant aux visiteurs une bonne chasse aux puits lors de leurs prochaines visites d’églises. Cette conclusion aurait été plus amusante et originale, suscitant quelques sourires et de l’enthousiasme. Vous pouvez encore mieux conclure. Dans ma formation, je vous donne deux idées premium pour vos fins de visite. Je vous accompagne également à chaque étape : trouver des sujets captivants, briser la glace, créer du suspense, maîtriser l’art de la narration… Ces conseils vous seront utiles non seulement lors de vos visites, mais aussi dans toute situation face à un public. Vous deviendrez plus intéressant à écouter ou à lire. Vos visiteurs, auditeurs ou lecteurs vous remercieront pour ces moments agréables. Profitez de ma formation à moitié prix jusqu’à ce soir, dimanche 19 mars, minuit. Ne tardez pas !Pour ceux qui ont déjà acheté la formation les années précédentes, la mise à jour réalisée il y a deux mois est automatiquement incluse. Tous les documents ont été retravaillés pour une expérience encore meilleure.

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