sam 12 octobre 2024 - 18:10

La mort, un tabou ?

L’Amor – L’Âme hors

La franc-maçonnerie est délibérément anthropomorphiste . Elle naîtrait aujourd’hui, sous une autre forme bien sûr, qu’elle ne se concentrerait sans doute plus sur une adhésion à une spiritualité de symboles affichés et bien fichus mais limités dans cet anthropomorphisme. Car elle ne pourrait plus ignorer les découvertes de l’éthologie : L’humain montre, il est vrai, une surpopulation d’humanimaux (Daniel Béresniak) considérable. Même si la dénatalité apparait aujourd’hui dans plusieurs pays, non comme une décision mais comme une évolution naturelle. Au-delà des bonnes raisons classiques : politiques, économiques, sociales… Avec les risques de plus en plus élevés et visibles d’écraser la biodiversité.

Dans cette perspective, les « lois » de la nature vont, sans doute, se manifester, quelles que soient les piteuses explications des experts et autres rationalistes d’envergure soumise.

Qu’en disons-nous dans nos rites et notre philosophie ?? Pas grand-chose ! Sinon une manière de dénégation du grand départ : c’est le message du relèvement du cadavre d’Hiram, à la cérémonie d’élévation au degré de maîtrise. Le candidat, sous le rôle de l’architecte, est réputé assassiné et allongé mort sur le sol. Mais, ce « mais » est fondamental, il est relevé et étreint. C’est l’Amor qui l’emporte sur la pourriture du cadavre, la Mort ! Bien sûr des milliers de lignes ont glosé sur cet élément du rituel. Aves la fameuse phrase sentencieuse : « Hiram renait dans ses disciples » Pourquoi pas ? C’est rassurant ! Restons plus simples ; laissons à chacun-e le droit de ressentir sa lecture inconsciente ; ce fatras de représentations de l’ « Âme hors » du corps. A chacun-e de trembler ou de jouir de ses représentations de l’au-delà qui fourmillent dans ses méandres apeurés de désirs et de peurs tout emmêlés ! Après tout, comme l’énonce avec sagesse, Madame Michu : « A chacun sa vérité ».

La franc-maçonnerie a retenu une des lectures les plus apaisantes que l’humain ait trouvé pour le grand départ. Il se déroule dans l’effusion la plus tendre : le candidat est relevé et étreint. L’Amor est plus puissant que la Mort. Mais oui ! Croyance épuisée par les religions.

 Le message est original, créatif mais surtout apaisant pour les Frères et les Sœurs : un-e initié-e ne meurt pas dans les méandres couloirs des trouilles angoissantes de notre inconscient qui vient à notre secours. Oui, le rite nous laisse admettre que l’âme est évanouie : » L’Âme hors ». Jeu de neurones effrayés, vite apaisé par la résonance si apaisante de « L’Amor ». A preuve, l’étreinte du candidat relevé, dans le racontar apaisant de la reprise de la vie.

 Bien sûr je ne m’aventurerai pas dans les multiples interprétations possibles du symbole du relèvement d’Hiram mort. A chacun ses circonvolutions apaisantes ! Juste à noter qu’une fois encore, notre belle Maçonnerie a su saisir les envies et, ici, fuites, inconscientes, qui nous gouvernent. Sous l’affabulation de la volonté que tant d’entre nous prisent dans le désir hurlant de trouver la paix, devant l’horreur éventuelle, enfouie en eux.

Bravo, les francs-maçons : grâce, une nouvelle fois, à nos champs symboliques, nos peurs sont affrontées mais l’espoir de les noyer dans nos méandres neuronaux, nous ouvre le grand portail du « rassurement ». Après tout, la souffrance serait-elle si libératrice ? Je préfère nettement la paix dans mon âme et mon esprit, comme le chantent, sans sourciller nos champs spirituels. Dans l’apaisement de nos troubles au bénéfice de nos fraternités proclamées !

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour,
    Sujet éminemment passionnant et fondamental en FM, puisqu’à tout le moins, nous savons que c’est “ici et maintenant” que nous devons agir, ne serait-ce qu’en travaillant à polir notre pierre. Puis lors de l’élévation, il conviendra de choisir la nature de notre troisième pas…On n’en dira pas plus. Le ou la maçon(ne) est d’ailleurs interpelé par la mort dès le cabinet de réflexion ou chambre de préparation (selon les rites)…il vient en quelque sorte “apprivoiser” la mort, en y songeant précisément…peut-être réellement pour une des premières fois de sa vie…C’est ici qu’il peut saisir la notion de la tripartition de l’Etre : “corps, âme, esprit” et déterminer ce qui en lui peut “changer pour demeurer” au-delà de son enveloppe charnelle… C’est ainsi qu’il étaye sa conviction spirituelle dans le cadre de ses recherches. Oui, passionnant sujet dont on pourrait parler des heures…

    Pour ce qui est de la société, “La mort, un tabou ?” le titre de l’article me semble tout a approprié.
    Bien plus que la sexualité, l’argent, etc…la mort est tabou. Quid de l’intégration préservée de nos anciens dans la société occidentale. Là où ceux-ci ont une place centrale par exemple, dans les peuples africains, incarnant la sagesse que l’on vient consulté sous l’arbre à palabres, nous les ressentons ici et dans la plupart des familles, comme un poids lorsque la vieillesse arrive dont la solution est de les mettre en Hepad…jusqu’à leur décès.
    Notre société “évoluée” leur confère comme seul et réel horizon l’oubli…en douceur (ou pas toujours d’ailleurs selon les établissements “spécialisées”…même quand on a l’argent semble-t-il).
    Bref, dans cette société occidentale vieillissante, qui refuse de voir le problème de la mort – appartenant pourtant au cycle de la vie – puisqu’on peut considérer en quelque sorte, que la vie et la mort ne font qu’Un.
    Un doute ? Levons la tête et regardons ensemble la nature autour de nous ou plus simplement encore, la voûte étoilée, l’Univers tout entier ne nous le rappelle-t-il pas ?
    Là, aussi, il y aurait tant à dire et à débattre, sans doute à notre plus grand avantage plutôt que d’attendre des conditions extrêmes (la courbe inversée du déclin de la natalité face à une population vieillissante) qui nous y contraindrons dans un futur relativement proche…

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Jacques Fontaine
Jacques Fontaine
Jacques Fontaine est né au Grand Orient de France en 1969.Il se consacre à diffuser, par ses conférences, par un séminaire, l’Atelier des Trois Maillets et par une trentaine d’ouvrages, une Franc-maçonnerie de style français qui devient de plus en plus, chaque jour, « une spiritualité pour agir ». Il s’appuie sur les récentes découvertes en psychologie pour caractériser la voie maçonnique et pour proposer les moyens concrets de sa mise en œuvre. Son message : "Salut à toi ! Tu pourrais bien prendre du plaisir à lire ces Cahiers maçonniques. Et aussi connaître quelques surprises. Notre quête, notre engagement seraient donc un voyage ? Et nous, qui portons le sac à dos, des bagagistes ? Mais il faut des bagagistes pour porter le trésor. Quel est-il ? Ici, je t’engage à aller plus loin, vers cette fabuleuse richesse. J’ai cette audace et cette admiration car je suis un ancien maintenant. Je me présente : c’est en 1969 que je fus initié dans la loge La Bonne Foi, à Saint Germain en Laye, au Rite Français. Je travaille aussi au Rite Opératif de Salomon. J’ai beaucoup voyagé et peu à peu me suis forgé une conviction : nous, Maçons latins, sommes en train d’accoucher d’une Voie maçonnique superbe : une spiritualité pour agir. Annoncée dès le début du XXème siècle. Elle est en train de se déployer et nous en sommes les acteurs plus ou moins conscients mais riches de loyauté.

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