lun 06 mai 2024 - 00:05

A propos de la vengeance et du pardon

Le récent décès de l’avocat Robert Badinter, qui a fait de l’abolition de la peine de mort, le combat de sa vie, remet en lumière la question de la sanction pénale ordonnant ainsi depuis 1981 le maintien en vie du condamné, bien qu’ayant commis le crime de supprimer celle d’un citoyen. En tant que francs-maçons et franc-maçonnes nous sommes interpellés par cette abolition dans le cadre fictionnel de la fameuse légende d’Hiram, socle philosophique de notre mouvement. Au sens où le serviteur du roi Salomon, qui dans un réflexe de vengeance, poignarde à mort l’assassin de son architecte, et se trouve précisément gracié par le roi. La clémence exceptionnelle de celui-ci, longtemps hésitant, s’explique par le dévouement particulier de son serviteur zélé, mais contrevenant à l’interdiction de faire justice soi-même.

Certes, pour continuer un instant de filer la métaphore, la mort d’Hiram, talentueux architecte, est une perte immense pour le royaume, prétexte à même d’atténuer le geste vengeur du serviteur en cause. De plus, la caution royale ne peut que lui donner un sentiment de toute puissance, voire d’y trouver une sorte de permission divine. Mais s’arrête là notre rôle d’avocat du diable dans cette fiction : S’il a des circonstances atténuantes, il est évident que ce majordome à la disposition du roi Salomon – incapable de se maîtriser – ne devait pas se substituer à la loi !

La vengeance instinctive

Humains préhistoriques dans la grotte près du feu

Revenons au réel, et malheureusement à l’actualité mortifère, partout dans le monde, en ce début du XXIème siècle :

Si la vengeance (du latin vindicare, délivrer, punir) peut apparaître légitime dans certains cas, elle n’est pas légale exercée individuellement, dans une société civilisée, régie par des règles et, justement des lois ! Avec de surcroît l’usage spontané de la violence, cette vengeance apparaît comme un réflexe quasi-animal de défense (et non une réflexion !) sous forme de riposte à l’acte délictueux commis ! En termes de réplique, la vengeance « instinctive » pourrait presque apparaître comme normale !

 Au vrai, parce que nous sommes précisément des animaux sociaux, doués de raisonnement (à défaut souvent de raison !) il y a dans ce processus une idée complexe…d’égalité : Il s’agit de faire endurer à l’agresseur ce qu’il nous a fait endurer ! Et ainsi, imagination aidant, de transformer l’état d’infériorité dans lequel on s’est senti, en état de supériorité ! L’automobiliste qui vient d’être victime d’une dangereuse « queue de poisson » sur l’autoroute rattrape l’auteur du délit et lui fait subir à son tour la même « queue de poisson », en le frôlant encore plus près et en freinant brusquement devant lui. Il sera lui-même rattrapé à nouveau par le premier, pour continuer le « jeu » et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’un des automobilistes sorte de l’autoroute… La vengeance serait, dit-on, « libératrice ». C’est oublier ici l’accident grave possible !

 Or, les grandes tragédies antiques et modernes montrent que la mort infligée pour se venger de la perte d’un être cher, n’atténue pas le chagrin des meurtriers vengeurs (Eschyle, Roméo et Juliette, Hamlet). Non seulement, la vengeance fait entrer dans un cycle infernal (vengeances de vengeances = guerres de guerres) mais elle peut entraîner un sentiment de culpabilité. Se venger directement, c’est en effet adopter la même attitude que l’attaquant et ainsi s’abaisser à son niveau, ce qui ne donne pas au final, une bonne image de soi !

Tout autre est de nos jours, l’attitude exemplaire de l’avocat Serge Klarsfeld – dont le père a été déporté à Auschwitz-Birkenau – qui, avec son épouse, poursuit inlassablement les anciens nazis, coupables de crimes de guerre, et a réussi à en faire traduire un bon nombre devant les tribunaux internationaux. La vengeance du couple consiste en l’occurrence à défendre une cause juste, sans d’aucune manière, faire justice lui-même. C’est précisément la justice des pays concernés qui, en punissant ces criminels, offre un dédommagement moral aux familles des victimes. Il ne leur rendra certes pas la vie, mais cette forme de réparation est honorable et digne.

La loi du Talion

La justice, en tant que préoccupation humaine, est une vieille histoire. Dès que l’homme a organisé la cité, il a éprouvé le besoin d’organiser et de codifier aussi la vie en société, donc, par le biais d’un intermédiaire officiel du peuple, de valoriser les actes profitables à chacun et de punir ceux qui lui nuisent. Ainsi sont nés les tribunaux, lieux où officiaient les tribuns (pourfendeurs ou défenseurs des causes, au grand talent oratoire, s’exprimant depuis une tribune) et où cette justice est toujours rendue. Depuis les années 1100, les tribuns ont changé de nom en France, pour – avec souvent la même vibrante fonction orale – s’appeler « avocats » (du latin advocatus, voix).

Qui dit tribunal, dit lois. Celles-ci ont eu dès leur institution, le but d’éviter que chacun édicte les siennes, et partant, fasse justice soi-même ! Nous devons à Hammurabi, sixième roi de la première dynastie de Babylone, le code qui porte son nom, et établi vers 1730 avant notre ère. Ce n’est pas un petit livret mais bien un imposant registre de lois – en quelque sorte l’un des ancêtres du code civil – qui comporte plus de 200 jurisprudences. Une bonne partie traite des différentes formes de crimes et délits, ainsi que des peines et punitions encourues.

Ce code a été dénommé « la loi du Talion » (du latin talis, tel, pareil) qui a lui-même inspiré la législation hébraïque (Lévitique, XXIV 17-23) ayant donné lieu à l’expression célèbre et très significative : œil pour œil, dent pour dent. De fait, ce « Talion » vise un certain bon sens : il veut éviter à la fois la vengeance individuelle (style « vendetta » corse) et le recours à un tiers « non accrédité » à même de statuer selon son appréciation subjective. On pourrait ainsi résumer le principe de ce code comportant une liste de délits (les plus courants dans la vie quotidienne) par la formule : tel délit, telle peine. Ou même, telle maladie, tel remède !

Platon en vante l’application dans l’un de ses textes, à propos du parricide : « La justice a recours à la loi en cause, pour qui a commis ce forfait. Il s’agit de subir à son tour le forfait même qu’il a commis. A-t-on fait périr son père, un jour viendra où soi-même on devra se résigner à subir par violence un sort identique de la part de ses enfants. Est-ce sa mère que l’on a tuée ? Il est fatal qu’on quitte alors la vie ultérieurement sous les coups de ceux que l’on a engendrés. Il n’y a point d’autre purification efficace pour le sang commun que l’on a contaminé… ».

On ne peut mieux illustrer cette loi du Talion ! A noter qu’elle veut manifestement lutter contre la violence individuelle. Elle a certainement inspiré la loi qui définit la « légitime défense », laquelle prend en compte les moyens employés pour se préserver. Etre attaqué à mains nues ne justifie pas forcément que l’agressé crible de balles de révolver son agresseur ! Mais il est bien difficile d’établir ce qui est permis ou interdit en termes de riposte, selon les circonstances même de l’attaque. Et son vécu par les intéressés !

Comme vient de nous le montrer la réflexion de Platon, le principal effet de la loi du Talion, lorsqu’il y a meurtre, porte sur la mort infligée et sa réciprocité sous forme de condamnation du tueur. Tu as tué, tu dois être tué !

Ce qui a, en son temps, provoqué la raillerie de Victor Hugo :

« Que dit la loi ? Tu ne tueras pas ! Comment le dit-elle ? En tuant !

Et, plus tard, cette remarque profonde d’Albert Camus :

 – « Mais qu’est-ce donc que l’exécution capitale, sinon le plus prémédité des meurtres auquel aucun forfait de criminel, si calculé soit-il, ne peut être comparé ?! ».

La force du droit

 En vérité, la loi du Talion ne considère que le dommage établi, en proposant de rendre coup pour coup au fauteur – peine de mort ou préjudice matériel, par exemples – mais ignore sa responsabilité. Elle en reste ainsi au principe « d’égalité de traitement » sans envisager de réparation. Selon le Talion, si après une altercation avec mon voisin, je crève les pneus de sa voiture, il peut estimer qu’il a un légitime un « droit de retour » en crevant les pneus de la mienne. Mais je ne suis pas tenu de payer ses frais de remise en état et, bien entendu, inversement. Et nous sommes partis dans la spirale de la vengeance. Donc de la haine sans fin ! Ainsi se perpétuent les guerres, nous le savons.

A notre époque et en Occident, la justice va plus loin que la notion de vengeance. Le droit, ou plutôt la force du droit, prime sur le sentiment. Il s’agit certes de punir le coupable, mais encore de le condamner à indemniser sa victime. Il convient aussi de lui faire prendre conscience de la nocivité de son acte : en ce sens, il peut être astreint à suivre un stage de « réinsertion sociale ». Ainsi celui qui a « tagué » des wagons de chemin de fer ou de métro peut être condamné à une peine de prison assortie de « cours de civisme », qui plus est à une forte amende et parallèlement au nettoyage desdits wagons. De la même manière, un conducteur, pris pour excès de vitesse, devra, – outre le paiement sa contravention et une perte de points sur son permis de conduire – s’il veut les récupérer, suivre des cours de code de la route, pour « mise à jour » de ses connaissances en la matière.

Reste le châtiment à infliger lorsqu’il y a suppression de la vie d’autrui par un criminel. La peine de mort a donc été abolie en France en 1981 mais plus de 50% des français voudraient qu’elle soit rétablie aujourd’hui. Ce désir de rétablissement est pour sûr une réponse émotionnelle, à la montée de la violence et notamment aux récents attentats sur le territoire, depuis le début 2015. C’est un réflexe de défense, disent les sociologues : Il est naturel que les partisans de la peine de mort pensent à leur famille en donnant cette opinion spontanée. Elle se transformerait en opposition à ladite peine de mort, lorsqu’il y a réflexion à posteriori, affirment les mêmes sociologues.

En vérité, il apparaît que la société des Hommes, bien que parvenue à un haut degré sur l’échelle de la civilisation, a encore des barreaux à grimper, en termes de connaissances et de perfectibilité ! Elle ne peut notamment prétendre, au stade actuel de l’homo sapiens, à aucune vérité en matière de vie et de mort. La science, sa science, ne lui a pas encore dit vraiment ce que sont la vie et la mort ! Certes, l’homme et la femme – s’ils savent peu de choses encore sur le début de l’humanité – donnent tout de même cette vie mystérieuse à d’autres êtres humains, et c’est en soi, merveilleux, ô combien précieux et respectable.

Mais, justement parce que la vie est sacrée, ont-ils le droit de la supprimer ? Oui, répondent évidemment, sans vergogne, les criminels ! Oui, répondent aussi fermement les partisans de la loi du Talion contre ces mêmes criminels !

La réponse de la justice

Ici intervient la justice, institution créée par la raison des hommes, afin d’éviter la vengeance sauvage. Mais pour sa part, elle ne propose, en France, dans l’état actuel des choses, que la prison à vie comme peine de substitution à la peine de mort. Une peine de prison pour le criminel qui, avec le jeu des remises de peine pour…bonne conduite, est souvent réduite. De la sorte, répondent les citoyens sceptiques, le criminel se retrouve dehors après une vingtaine d’années d’enfermement… prêt à recommencer d’autres crimes (les faits, malheureusement, en témoignent)!

La justice répond que ce criminel n’est plus la même personne, qu’il a évolué, qu’il s’est cultivé, qu’il a payé sa dette à la société. Et qu’il a droit à une deuxième chance. La victime, elle, n’a pas eu droit à une deuxième vie. Contradictions et paradoxes de la condition humaine !

L’homme est un animal social mais aussi croyant en un mystère qui le dépasse, voire en une ou des forces supérieures. Mieux que le besoin de croire, il a le désir de croire. Il a ainsi besoin de récits pour vivre. Précisément, parce qu’il ignore son origine, son début dans l’univers, il a inventé des dieux créateurs, puis un dieu, à travers les trois religions, dites « du Livre ». C’est à dire trois Livres : l’ancien et le nouveau Testament, deux livres qui constituent la Bible (du latin ecclésiastique biblia, livres sacrés et du grec biblia, livres) et le troisième, le Coran (du mot arabe al qur’an, la lecture par excellence). Les trois Livres évoquent la loi du Talion : le Judaïsme et l’Islam pour l’approuver sous conditions, et le Christianisme pour s’y opposer. Jésus en parle en ces célèbres termes :

« Tu as entendu le Talion : œil pour œil et dent pour dent. Moi je te recommande plutôt de ne pas contredire celui qui te cherche querelle. Ne rend ni les insultes ni les coups. S’il te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi la joue gauche. S’il veut te prendre ta tunique, donne-lui aussi ton manteau. S’il désire tes sandales, offre-lui avec ta ceinture. S’il te force à marcher mille pas, propose-lui d’en faire deux mille ensemble pour le connaître. Donne à qui te sollicite. Ne tourne ni le regard, ni le dos à personne ».

Une bonne façon de ne pas entrer dans le cycle de la revanche…mais qu’il est, bien entendu difficile d’appliquer à la lettre. Une belle métaphore aussi : Rendre le bien pour le mal. L’homme étant ce qu’il est, il n’est pas certain que la morale christique soit ici comprise d’emblée. Mais la persévérance est le secret de tous les triomphes !

Pardonner, est-ce possible ?

La fiction vient de nous donner sa version : le serviteur de Salomon, ivre de colère, n’a pas su se maîtriser à la vue du meurtrier d’Hiram, et l’a poignardé sauvagement. Le roi, qui veut punir son subordonné de cette inconséquence en ordonnant sa mise à mort, se laisse finalement convaincre par les Maîtres de sa cour, et il lui laisse, – de justesse si ce n’est de justice ! – la vie sauve. En accordant ainsi son pardon, le roi rompt le cycle de vengeance.

Qu’est-ce que « pardonner » veut dire ? Lorsque je demande « pardon » en passant devant quelqu’un, davantage même qu’une excuse, je lui témoigne d’abord mon respect. Ce mot « pardon » – comme bonjour, bonsoir, au revoir, merci – est l’une des clés de l’ouverture à l’autre. Malheureusement, des paroles – nous l’avons dit dans d’autres articles – qui se perdent aujourd’hui. Paroles perdues, qu’il nous faut retrouver, pour retrouver aussi la convivialité, le bien être du « vivre ensemble ».

Le verbe « pardonner » contient lui aussi, avant tout, cette reconnaissance de l’autre, cette déférence pour la « personne humaine », que je suis moi-même, avant de juger ses actes. Puis, vient ce jugement, et la décision, non pas d’absoudre le délit commis, non pas de l’oublier, non pas de l’effacer, car c’est impossible, mais de prendre de la hauteur, pour mieux appréhender la situation. Précisément, par ma réflexion, ma bonne volonté, par ma générosité, par don de ma raison, j’offre, je donne à cet autre un « supplément d’humanité » ! Il s’agit en quelque sorte, de séparer l’événement et la personne. Tu vaux mieux que tes actes, dit le philosophe Paul Ricoeur, pour définir son pardon à un offenseur.

Pardonner. Est-il vraiment possible de faire cet effort, car il s’agit bien d’un effort, considérable même parfois ? Est-ce vraiment possible de changer de logique, qui plus est devant l’abomination : c’est-à-dire de passer d’une furieuse envie instinctive, naturelle, de rendre le coup reçu, à une sage décision apprise, culturelle de s’abstenir ? Il est clair que si l’homme, par son éducation, sa volonté, son raisonnement, n’avait pas cette possibilité de dominer ses instincts, de ne pas répondre au mal par le mal, nous ne connaîtrions pas un moment de paix sur terre, la guerre appelant la guerre, nous le répétons ici.

Au vrai, l’exercice du pardon se pratique au quotidien ! Sans même parfois que l’offenseur ne le sache. Vous ne protestez pas lorsque votre voisin de palier prend l’ascenseur devant vous sans vous attendre ; vous restez impassible lorsqu’au restaurant, le garçon renverse de la sauce sur votre manche sans s’en apercevoir ; vous vous résignez lorsque dans le métro, un goujat passe devant vous et s’assoit à la place que vous convoitiez. Parce que vous ne voulez pas faire d’histoires, parce que, de fait, ce sont ici, les « petites choses de la vie » !

Mais en revanche, vous vous énervez en rentrant chez vous un soir quand vous constatez qu’une fuite d’eau provenant de l’étage supérieur a dévasté le plafond de votre salle à manger ! Vous êtes d’autant plus en colère maintenant que le locataire concerné est de mauvaise foi, devient agressif, insultant et menaçant de surcroît, et ne veut pas signer le constat amiable de ce dégât des eaux. Ainsi s’installe en vous un ressentiment légitime : non seulement votre appartement est endommagé, mais vous craignez de ne pas être remboursé par votre assurance. Et vous attendez les excuses du responsable, qui ne viendront sans doute jamais ! Une envie de « casser la figure » à ce malotru vous traverse !

En dehors du fait que maintenant, vous ne saluez plus cette personne, un sentiment mêlé d’injustice et de révolte vous taraude. Jusqu’au moment où, après échange avec votre conjoint, vous vous apercevez que vous pouvez modifier la situation en « faisant la part des choses ». Vous ne changerez pas la mentalité du fauteur, parce qu’on ne change pas les autres. Mais vous pouvez changer votre regard sur le problème…dont la solution est en vous, en toute liberté. C’est vous qui éprouvez un malaise, sans doute pas l’autre ! Il s’agit donc de stopper cette rumination alimentée par la rancœur qui gaspille votre énergie vitale. Et d’investir celle-ci dans des occupations enrichissantes, voire « déstressant », telle le yoga ! Ne plus en vouloir à quelqu’un, c’est une forme de pardon. Pardonner, c’est cesser de haïr !

Nous le constatons, la notion de pardon « évolue » sur une échelle d’appréciation. Selon la faute commise et qui nous porte préjudice, de l’impolitesse de l’un à la maladresse de l’autre, du plafond abimé à la menace physique reçue. Autant de mauvaises manières et de dégâts subis qui provoquent au final nos émotions et sentiments : De l’agacement à la colère, de l’exaspération à l’envie d’en venir aux mains ! Autant de troubles de l’humeur qui ne conduisent pas vraiment à l’idée de pardon ! C’est précisément leur domination qui en ouvre le chemin et fait sans doute du pardon, une précieuse vertu !

Au-delà de l’impardonnable ?

Comme l’intolérable est la limite de la tolérance, le pardonnable est toutefois limité par l’impardonnable. C’est la civilité, le sens de l’autre, la reconnaissance de soi dans cet autre, et pour tout dire une forme d’amour fraternel qui nourrissent le pardon. Comment pardonner, dès lors, aux criminels qui ont ensanglanté le XXème siècle ?! Entre autres abominations, trois génocides, arménien, juif, rwandais, trois horreurs épouvantables. Et, décidément parce qu’une cruauté reptilienne habite toujours le cerveau humain, comment pardonner cette tuerie du 7 octobre dernier en Israël ? Autant de crimes atroces qui ont été commis soit disant par des monstres – qualificatifs qui les mettraient à part de notre espèce !- mais ces monstres en question sont bel et bien des êtres humains, qui appartiennent à notre société humaine, qu’ils avilissent !! Ils ont ainsi commis des meurtres épouvantables, en reniant leur propre condition. Pour le plaisir pervers de commettre le mal, de faire souffrir et de tuer leurs semblables. C’est difficilement pensable, tellement horrible, et pourtant une triste réalité, impossible à mettre en mots exacts !

Comment pardonner l’incompréhensible ?! Comment aborder humainement ce qui, précisément dépasse l’entendement humain ? Après les génocides précités, les effroyables évènements actuels, tant au Proche-Orient qu’en Europe de l’Est laissent penser que nous entrons dans un nouveau cycle d’affrontements sanglants : Il ne s’agit même plus de « pardon » – un mot en rapport avec la bonté qui disparaît du vocabulaire – devant des crimes permanents contre l’humanité, que l’on ne peut même pas punir en retour ?! Autant de faits odieux, autant de questions qui restent en suspens dans notre petit cerveau d’homo sapiens, qui comprend seulement qu’il n’a pas terminé son évolution.

La preuve est devant nos yeux au quotidien, notamment par écrans interposés : Atterrés, nous constatons que l’homme est capable du pire. Dans ces conditions, les fictions des rites maçonniques peuvent paraître bien dérisoires ! Néanmoins, elles nous rappellent d’une part que la vengeance après les méfaits commis nous expose toutefois à des représailles « en boucle » et d’autre part que le pardon, a ses limites. Partant, nous saisissons l’intérêt d’un Art Royal qui doit nous pousser toujours plus loin, « à la parole échangée », au débat productif, au fil de ses degrés. Pour appuyer nos réflexions et nous soutenir, ce qui n’est pas négligeable, en ce temps guerrier revenu !

Nous l’avons dit précédemment. Ce n’est pas le tablier qui fait le tailleur de pierre ni l’armure qui constitue le Chevalier. Les degrés de l’échelle initiatique du rite ne doivent pas être considérés dans un cadre hiérarchique et compétitif. Leur fonction est de contribuer, plus que jamais aujourd’hui, à une élévation individuelle et collective de la pensée, pour parfaire l’Homme, fini sans être …achevé !

C’est à dire, ce qui lui reste encore à réaliser en termes civilisationnels : EDUQUER, cette créature que nous sommes, à augmenter, certes, à la fois par les avancées scientifiques, mais aussi de la raison. Pour parvenir vraiment au perfectionnement de soi et à l’acceptation de l’autre, notre semblable ! Je suis parce tu es, tu es parce que je suis !

1 COMMENTAIRE

  1. Le Roi Salomon dans son infinie sagesse, que lui a accordé le Dieu tout puissant, punit cruellement les assassins d’Hiram.
    Même si la dissuasion par l’exemple ne suffit pas toujours la mise définitive à l’écart du meurtrier empêche la
    récidive. Le procès doit décider si le meurtrier peut vraiment justifier d’une clémence qui ne doit rien avoir d’automatique.

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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