De notre confrère allemand katholisches.info – Par le Père Paolo M. Siano*
De 1940 à 1944/45, le comte Bino Bellomo di San Cosimano (1904–?) fut agent (avec le grade de lieutenant, puis de capitaine) du Service de renseignement militaire (SIM) . Il s’agissait du service de renseignement militaire italien, subordonné à l’état-major général de l’armée royale, qui existait de 1925 à 1945. En tant qu’agent du SIM, Bellomo était également un employé de Giuseppe Cambareni (1901-1972), alias « Entity était un espion ». Après le 8 septembre 1943, Cambareni se rangea ouvertement du côté du maréchal Badoglio et travailla comme espion anglo-américain et antifasciste, restant toujours fidèle à son « credo » d’ésotérique, franc-maçon et rosicrucien. 1
J’ai écrit quatre articles sur Cambareni, le « Magicien des généraux ».
Pendant la guerre, le capitaine Bino Bellomo était membre du groupe maçonnique avec lequel Cambareni fonda l’ Union Démocratique ( 1944). Cambareni s’est distancié des services secrets britanniques (qui cherchaient le maintien de la monarchie savoyarde en Italie) et a préféré travailler pour les services secrets américains OSS (précurseur de la CIA) pour promouvoir une république italienne centriste à la fois profasciste et était ouvert aux communistes. 2
À partir de 1940, Bellomo, alors lieutenant, travailla dans le département SIM pour évaluer les informations collectées et, à partir de 1942, comme capitaine dans le département de contre-espionnage SIM. En mars 1942, Bellomo est transféré à Rome pour diriger le « Premier Département de Recherche Économique et Industrielle » puis le « Complexe X ». Bellomo est également chargé de dresser le journal SIM de ses activités. 3 Le SIM comptait trois départements : espionnage, contre-espionnage et évaluation de l’information. 4
Après la guerre, Bellomo enseigne l’économie politique à l’Université de Bologne. 5
En décembre 1975, le professeur Bino Bellomo di San Cosimano, aujourd’hui à la retraite, confia au journaliste Marcello Coppetti (1926-2003), expert de Giuseppe Cambareni et des deux services de renseignements militaires italiens SIM (1925-1945) et SIFAR, dans une ancienne villa à Bologne (1949-1966) une interview.
Dans un livre de 1978, le franc-maçon bolognais Eugenio Bonvicini ( Grand Orient d’Italie et 33e degré du Rite écossais ancien et accepté ) définit Bino Bellomo comme un « prêtre catholique » 6 . Dans certains écrits de Bellomo, il a signé Probo Bino Bellomo et est appelé P. Bino Bellomo… Peut-être que Bonvicini a mal compris le « P » comme l’initiale du mot « Père ».
1. La franc-maçonnerie mondiale selon Bino Bellomo (1960)
En 1960, l’éditeur milanais Ciarrocca publie le livre « La Massoneria Universale dalle origini ai nostri giorni » ( « La franc-maçonnerie mondiale des origines à nos jours ») de Bino Bellomo. Je présente divers extraits du livre de Bellomo et les organise en thèmes spécifiques qui me semblent importants. Bellomo commence par une longue préface, « Franc-maçonnerie et catholicisme romain » ( pp . 11-48), dans laquelle il soutient que l’Église et la franc-maçonnerie n’ont plus besoin d’être ennemies puisqu’il n’y a vraiment aucune raison théologique ou doctrinale d’incompatibilité entre elles. … En fait, tant dans cette introduction que dans d’autres passages, Bellomo précise, voire admet, le contraire : parmi les francs-maçons du 33e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté (AASR), ou Franc-maçonnerie « blanche », il y a une « franc-maçonnerie palladienne » qui vénère Lucifer ou Satan et est donc hostile à l’Église… Mais allons-y pas à pas. Les passages en italique que je citerai sont tirés du texte.
1.1 Objectifs et méthodes de la franc-maçonnerie
Bellomo déclare que la franc-maçonnerie mondiale cherche à créer une religion inspirée du rationalisme et du naturalisme à travers diverses dénominations et rites maçonniques. La franc-maçonnerie aspire à une « fraternité » de tous les peuples (voir p. 11) et a « un programme qui s’applique dans le monde entier » (p. 11).
La franc-maçonnerie se présente comme politiquement et religieusement neutre et respecte toutes les religions. Mais ce n’est qu’au seuil de la « franc-maçonnerie blanche » que les adeptes apprennent que la franc-maçonnerie veut s’ériger en rempart contre le pouvoir politique autocratique ainsi que contre le catholicisme romain (voir p. 12).
À propos du travail maçonnique dans la société, Bellomo écrit : « La franc-maçonnerie s’intéresse avant tout aux personnes libres de préjugés et, surtout, d’idées religieuses, qui ont une forte intelligence personnelle, mais qui sont prêtes à s’engager pour la cause en toutes circonstances, abandonner la dépendance de l’ordre. Ce sont ceux que la franc-maçonnerie cherche à envoyer à ses plus hauts niveaux de direction après un examen des plus approfondis . Pour eux, la franc-maçonnerie, à travers ses nombreuses connexions , fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu’ils obtiennent, si possible, des postes clés dans l’administration publique et dans les grands complexes économiques et culturels. « C’est pourquoi il y a toujours eu un effort pour pénétrer particulièrement la haute finance, le journalisme, les grandes maisons d’édition, l’armée, la justice, l’enseignement public, en particulier les universités » ( p . 13).
1.2 L’Église contre la franc-maçonnerie (XVIIIe siècle) : uniquement pour des « raisons politiques » ?
Comme le font habituellement les francs-maçons, Bellomo veut nous faire croire que les premières condamnations du Saint-Siège contre la franc-maçonnerie (pape Clément XII en 1738 ; pape Benoît de la morale… Bellomo affirme que la franc-maçonnerie à cette époque n’avait pas encore une attitude hostile envers la Religion catholique, il existait même des loges qui portaient le nom de noms de saints… Mais Bellomo sait très bien que la franc-maçonnerie des Lumières du XVIIIe siècle incarnait (voir pp. 16-19) !
En effet, la bulle anti-maçonnique In eminenti ( 1738 ) du pape Clément XII la dénonce: quelques erreurs dans les croyances et coutumes de la secte maçonnique, dont le serment maçonnique à la Bible sous menace de mort si le serment était violé ou équivalait à un parjure, ainsi que le climat d’indifférence religieuse dans les loges…
Il est étrange qu’une personne cultivée comme le comte Bellomo, formé à l’analyse de l’information et au contre-espionnage, n’ait pas découvert ces éléments.…
1.3 Église et franc-maçonnerie : lutte politique entre le XIXe et le début du XXe siècle
Sur la Franc-Maçonnerie à la fin du XIXème siècle, dirigée par Léon XIII. a été condamné comme porteur du naturalisme philosophique, de l’indifférentisme religieux et du paganisme moral, Bellomo écrit : « Ce n’était plus la franc-maçonnerie du passé, animée par une profonde passion civique, par l’amour de la science et de la vérité : elle a commencé à se désintégrer. , du moins en Italie, en raison de frictions internes et d’un personnalisme de plus en plus vif, de sorte qu’il y aurait bientôt de fortes divisions maçonniques (qui perdurent encore aujourd’hui) » (p. 42).
Bellomo veut donc nous faire croire que la franc-maçonnerie du 18ème siècle était meilleure que la franc-maçonnerie du 19ème siècle parce qu’elle était animée par l’amour de la science et de la vérité… Mais Bellomo lui-même admet que la franc-maçonnerie du 18ème siècle était celle des Lumières ! En fait, l’ancien agent secret Bino Bellomo argumente comme un franc-maçon.
Bellomo cite ensuite également l’encyclique Custodes fidei de Léon XIII. (8 décembre 1892), dénonçant les activités anticléricales et anticatholiques de la franc-maçonnerie. Bellomo insiste à tort sur des raisons politiques comme cause du différend entre la franc-maçonnerie et l’Église : « Comme nous pouvons le constater, la dernière encyclique contre la franc-maçonnerie documente également la cause du différend, qui est politique et non théologique. Cela concerne les problèmes terrestres, la portée et les activités du Saint-Siège, plutôt que sa parole de foi. Comme les libéraux, les francs-maçons exigeaient une séparation claire du pouvoir religieux et politique, c’est-à-dire l’indépendance de l’État par rapport à l’Église. […] Ce n’était donc pas un problème théologique et transcendantal auquel la franc-maçonnerie et le Vatican étaient confrontés et opposés dans le passé. La rencontre et le combat sont nés, au moins principalement, de problèmes d’ordre politique. Ceci est surtout documenté par les encycliques qui traitent du sujet » (pp. 44-45).
Ce que l’ancien agent secret (peut-être franc-maçon) Bellomo écrit ci-dessus est faux : en réalité, la racine du différend entre la franc-maçonnerie et l’Église est avant tout théologique et doctrinale. Étrangement (une tromperie délibérée ?) Bellomo semble ignorer les raisons doctrinales de l’opposition entre l’Église et la Franc-maçonnerie, raisons qu’il cite lui-même dans son livre…
Bellomo parle de l’anticléricalisme du Grand Maître du Grand Orient d’Italie (GOI ) Adriano Lemmi (1822-1906). Bellomo cite un article de la « Rivista Massonica » (en fait Rivista della Massoneria Italiana) de 1893, p. 118, dans lequel Lemmi expose les objectifs de sa franc-maçonnerie : attaquer le Vatican, séparer le pouvoir religieux du pouvoir laïc et détruire les congrégations et de reprendre les institutions éducatives et éducatives. Dans la même revue maçonnique de 1897, page 242, Lemmi explique la nécessité de recruter des éléments viables pour la franc-maçonnerie parmi les officiers de l’armée, et explique également que la présence maçonnique dans l’armée serait un rempart contre le cléricalisme italien ; les prêtres pourraient conduire les enfants, mais la franc-maçonnerie saurait conduire les jeunes à travers l’armée. 7
Bellomo rapporte que la franc-maçonnerie italienne (le Grand Orient) a été critiquée en interne au début du XXe siècle : divers francs-maçons (qui formeront plus tard l’obédience sur la « Piazza del Gesù », du nom de l’emplacement de leur siège romain) l’accusèrent de se figer dans un anticléricalisme stérile. Bellomo accuse Lemmi d’avoir provoqué la crise au sein de la franc-maçonnerie italienne (voir p. 260f). Bellomo vient-il également de la direction de la « Piazza del Gesù » ?
1.4 La franc-maçonnerie entre guerre, espionnage et après-guerre
Concernant les activités maçonniques avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, Bellomo explique que la franc-maçonnerie s’est infiltrée dans les principaux États d’Italie et d’Allemagne dans le but de renverser les dictatures fascistes et nationales-socialistes. 8 Bellomo rapporte ici qu’en 1938 « les Rose-Croix américains » envoyèrent en Europe un de leurs hauts dignitaires, un homme jeune, entreprenant et ouvert d’esprit qui parvint à infiltrer les hauts cercles militaires en Italie et fut même un ami du maréchal Pietro Badoglio. Prendre le pouvoir en 1943 dans cette partie de l’Italie où le régime fasciste pouvait être éliminé. Cet espion d’origine italienne originaire de Calabre (Bellomo ne mentionne pas son nom, mais il s’agit de Giuseppe Cambareni), envoyé d’outre-mer, utilise également des pratiques magiques et spiritualistes et se fait passer pour la réincarnation de Cagliostro (voir p. 256).
À propos des activités maçonniques pendant le fascisme, Bellomo écrit : « La franc-maçonnerie, qui a été envahie par le fascisme en 1925, a encaissé le coup, s’est cachée intelligemment et , à travers des fils secrets mais puissants, a contribué dans une large mesure aux événements qui ont à leur tour conduit à « La destruction du fascisme, qui s’était inconsciemment précipité sur la pente de l’orgueil, de l’arrogance, du despotisme et des erreurs incurables et de plus en plus graves » (p. 266).
Bellomo explique que la franc-maçonnerie a très bien infiltré les structures du pouvoir de l’Italie fasciste : « Elle s’est infiltrée dans les cercles judiciaires, dans les cabinets des ministères, dans la haute finance et, surtout, dans ces corps très sensibles comme l’ état-major et l’ état-major. des forces armées a » (p. 267).
Au lendemain des événements de guerre de 1943, la franc-maçonnerie apparaît à nouveau fragmentée en différents groupes, reflétant dans une certaine mesure la fragmentation du territoire, même s’il existe des contacts entre différents groupes maçonniques. En voici quelques-uns : le Grand Orient d’Italie – Palazzo Giustiniani (GOI) ; la Grande Loge de Raoul Vittorio Palermi 33°, successeur de Saverio Fera 33° ( Serenissima Gran Loggia Nazionale Italiana di Piazza del Gesù) ; le groupe appelé Franc-maçonnerie unie et un autre appelé Régence . Sont séparés de la Franc-Maçonnerie du Grand Maître Palermi : 1) le groupe Avezzana ; 2) le groupe Via della Mercede ; 3) le groupe De Franchis ; 4) le groupe du Grand Maître Prof. Labriola, qui a également présidé une formation politique appelée Unione Democratica (Union Démocratique), qui a fonctionné entre 1940 et 1943 pour accélérer le renversement du fascisme. Après 1949, les « familles » des francs-maçons REAA De Franchis, Terzani et Avezzana se réunissent (voir p. 267f).
L’un des cofondateurs ou premiers membres de « l’Union Démocratique » fondée par Giuseppe Cambareni était le capitaine de l’époque, Bino Bellomo. Il n’y a aucune preuve, mais Bellomo était probablement lui-même franc-maçon.
1.5 Sympathie pour la franc-maçonnerie de la « Piazza del Gesù »
Bellomo explique qu’en 1908, il y a eu une scission au sein du Grand Orient italien parce qu’il était fortement anticlérical. Frère Saverio Fera, franc-maçon du Grand Orient et du 33ème degré du Rite Écossais Ancien et Accepté (AASR, Haut Degré Franc-Maçonnerie), a fondé un deuxième Conseil Suprême (au sein duquel sont réunis les Francs-maçons du 33ème degré de l’REAA) , qui est organisé par l’ Association Mondiale des Conseils Suprêmes du Rite Écossais Ancien et Accepté . Bellomo dit que l’anticléricalisme maçonnique a amené la Franc-maçonnerie italienne (GOI) elle-même à détruire sa structure rituelle et à être de moins en moins initiatique… On pourrait dire que Bellomo regardait avec sympathie ou du moins avec intérêt la Franc-maçonnerie de Fera, connue sous ce nom. de la « Piazza del Gesù » (voir pp. 233-237). Dans la période d’après-guerre, dit Bellomo, la franc-maçonnerie de la Piazza del Gesù, sous la direction du Grand Maître Raoul Vittorio Palermi, « a clairement surmonté tous les préjugés anticatholiques, anticléricaux et anti-Vatican » (p. 237). Bellomo explique que Palermi est mort franc-maçon et doté des sacrements (cf. p. 237)… La franc-maçonnerie de la Piazza del Gesù, selon Bellomo, a été accusée par le Grand Orient de se vendre au Vatican… Bellomo représente la franc-maçonnerie de Fera- Palermi se présente comme pro-catholique, spiritualiste et anticommuniste, et – comme le souligne Bellomo – cette franc-maçonnerie (de Palermi) est un mouvement qui ne doit pas être sous-estimé par les autres francs-maçons, de sorte que les jésuites – toujours selon Bellomo – espérer que cette franc-maçonnerie agisse au grand jour et puisse alors être une force aux côtés de l’Église contre les dangers du matérialisme et du communisme mondial (voir p. 238f)…
Avec le déjà célèbre ami franc-maçon Don Rosario Esposito (1921-2007), prêtre de la Fraternité Saint-Pierre. Paul, Bino Bellomo appelle également à la réconciliation et à la coopération entre la franc-maçonnerie et l’Église « pour le progrès social et l’unité des citoyens » (cf. p. 239f) : un tel souhait est-il l’expression de la naïveté ou d’une conscience maçonnique ?
1.6 Église et franc-maçonnerie : de la lutte à la paix et à la coopération (1960 et suivantes) ?
À son époque (après la Seconde Guerre mondiale), Bellomo affirme que les tensions et les conflits entre l’Église et la franc-maçonnerie n’ont plus aucune base d’existence, car, selon Bellomo : « L’Église ne prétend plus avoir un gouvernement laïc, le gouvernement catholique les partis règnent de manière laïque, le monde est divisé entre forces spirituelles et matérialistes (voir p. 45f). Bellomo affirme que les forces spiritualistes sont dirigées par l’Église catholique et que la franc-maçonnerie est également l’un des champions de la réalité spirituelle… En bref, Bellomo estime que le moment est venu de surmonter définitivement le vieil antagonisme entre la franc-maçonnerie et l’Église. … La franc-maçonnerie devrait examiner ses conceptions et ses préjugés, renoncer aux traditions rituelles qui n’ont plus aucun droit d’exister, aux initiations obscures, etc. (voir p. 46). Bellomo fait spécifiquement référence à la franc-maçonnerie italienne, divisée en différents groupes. Dans les pays anglo-saxons, en revanche, la franc-maçonnerie n’a aucun point de contact avec l’Église et – selon Bellomo – « travaille vers le même objectif », à savoir la « volonté d’unir le monde », « et l’unification du monde ». les intérêts pratiques et le mode de vie signifient « avant tout l’union des forces spirituelles, de la volonté morale et des idéaux qui doivent être cultivés dans le climat d’une civilisation chrétienne millénaire » (p. 47). Un discours digne d’un franc-maçon !
Bellomo affirme ensuite que 70 ans après la dernière excommunication anti-maçonnique du Pape (Bellomo fait référence au genre Humanum de 1884 et/ou à Custodes fidei de 1892), l’Église a changé d’attitude : elle n’insiste plus sur les anciens schémas. Contre la Franc-maçonnerie, l’Église s’adapte au nouveau cours de l’histoire, et la Franc-maçonnerie semble aussi s’adapter aux nouvelles exigences de l’histoire, notamment au vu des dangers qui menacent toutes les religions (voir p. 47)…
Bellomo espère de bonnes relations entre la franc-maçonnerie et l’Église pour sauver la civilisation et l’humanité des dangers communs des guerres et du matérialisme : « Les conditions d’une meilleure compréhension mutuelle sont donc présentes. Des conditions qui dépassent les événements politiques insignifiants du moment. L’immanence idéale face au danger commun imminent doit unir fatalement tous les peuples et toutes les confessions dans un effort commun pour le salut de la civilisation d’abord, puis pour un avenir meilleur pour la race humaine » ( p. 47f).
Comme c’est étrange. Dans tout ce que Bellomo écrit dans ce livre sur la Franc-Maçonnerie, en particulier sur les hauts degrés, la Franc-Maçonnerie « blanche », au sein de laquelle se trouverait aussi la Franc-Maçonnerie « Palladienne », le désir d’une coopération conciliante entre l’Église et la Franc-Maçonnerie est contradictoire, utopique, illusoire. Et un signe révélateur d’une sympathie au moins sournoise et d’une alliance de Bellomo avec la franc-maçonnerie ou, de manière encore plus réaliste, de l’affiliation de Bellomo avec la franc-maçonnerie.
En faisant également référence à la convocation du Concile Vatican II par le pape Jean XXIII. Soutient, Bellomo (1960) tente de souligner que la franc-maçonnerie ne représente plus aujourd’hui un danger pour l’Église, mais que le danger vient uniquement du matérialisme, c’est pourquoi l’Église et la franc-maçonnerie devraient former un front commun contre elle… Bellomo explique que la franc-maçonnerie affirme également l’existence de l’esprit – même si elle se berce de suggestions trompeuses, à savoir l’occulte (voir p. 241)…
Bellomo affirme ensuite : Si un accord sur le plan religieux entre l’Église et la franc-maçonnerie est impossible, il pourrait en revanche être réalisable et fructueux sur le plan social… Et pourtant Bellomo lui-même indique clairement que les sphères supérieures des francs-maçons détestent le catholicisme, d’où la proposition d’une telle alliance avec la franc-maçonnerie semble pour le moins naïve, voire carrément mystifiante et trompeuse. N’oublions pas que Bellomo est un ancien officier du renseignement militaire, peut-être franc-maçon, ou du moins avec des sympathies maçonniques comme Giuseppe Cambareni…
Bellomo écrit : « Si donc, sur le plan religieux, l’entente entre la franc-maçonnerie et l’Église est impossible (ce qui est évident, puisque l’Église catholique, par définition, a la primauté absolue de la vérité divine et ne peut évidemment pas la céder ou la partager avec autres), il existe certes des possibilités de coexistence et même d’unité sur le plan politique et social, à condition bien sûr que la franc-maçonnerie renonce au préalable au « secret » qui la rend suspecte et opaque. Après ce renoncement, ils ont de nombreuses raisons de vivre et de s’épanouir. Entraide, charité, culture, diffusion des idées universalistes. Dans ce dernier domaine, la Franc-maçonnerie peut en effet s’appuyer sur de bonnes traditions . Aujourd’hui, on parle avec désinvolture des « États-Unis d’Europe », mais il ne faut pas oublier que les francs-maçons ont été parmi les principaux partisans de cette fédération continentale au siècle dernier (ER 227). Et au siècle présent, ajoutons-nous, l’un des dirigeants les plus célèbres de la démocratie chrétienne, Alcide de Gasperi, était un partisan sincère et actif d’une telle union ; et avec lui de nombreux autres hommes importants, de haute culture et de foi religieuse, qui occupent aujourd’hui des postes importants dans la vie politique » ( p. 242f).
[L’ouvrage cité par Bellomo comme ER 227 est le livre de Don Rosario Esposito, « La Massoneria e l’Italia dal 1800 ai nostri giorni », Rome 1956 (cf. Bellomo, op. cit., p. 337)].
(La suite suit.)
* Le Père Paolo Maria Siano appartient à l’Ordre des Franciscains de l’Immaculée (FFI) . Le docteur en historien de l’Église est considéré comme l’un des meilleurs experts catholiques en matière de franc-maçonnerie, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages de référence et de nombreux essais. A travers ses publications, il apporte la preuve que la franc-maçonnerie, depuis le début jusqu’à aujourd’hui, contenait des éléments ésotériques et gnostiques, qui justifient son incompatibilité avec la doctrine de l’Église.
Traduction : Giuseppe Nardi
Image : MiL
1 Cf. Gianni Ferraro : Enciclopedia dello spionaggio nella Seconda guerra mondiale (Encyclopédie de l’espionnage pendant la Seconde Guerre mondiale), Sandro Teti Editore, Roma 2010, art. Cambaréni Giuseppe, p.122 (121-123)
2 Cf. Ferraro, op. cit., p. 122
3 Cf. ibid., Bellomo Bino, p. 75
4 ibid., article SIM, p. 633
5 Cf. Mario Isnenghi : Le guerre degli Italiani : parole, immagini e ricordi 1848-1945 (Les guerres des Italiens : Mots, images et souvenirs 1848-1945), Arnaldo Mondadori Editore, (Milan) 1999, p. 285
6 E. Bonvicini : L’esoterismo massonico (L’ésotérisme maçonnique), dans l’anthologie : La Libera Muratoria (Franc-maçonnerie), édité par Claudio Castellacci, préface de Giordano Gamberini, SugarCo Edizioni, Milan 1978, pp. 205-206 (203- 243)
7 Cf. Bellomo, op. cit., p. 259
8 Cf. Bellomo, ibid., p. 256.
Belllomo écrit…”L’Eglise catholique ,par définition, a la primauté absolue de la vérité divine….”Tout est dit.
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