jeu 09 mai 2024 - 05:05

Mettez-vous au carré : dans la Franc-Maçonnerie et dans la vie c’est le groupe qui compte !

De notre confrère expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

J’ai eu de la chance! Au début des années 90, j’ai signé mon premier serment. J’avais 19 ans et les membres de ma Loge étaient alors âgés de 45 à 85 ans. Les moins de 50 ans étaient tous ou presque tous des apprentis et ceux de plus de 80 ans étaient des piliers de la reconstruction éthico-morale du Sud d’après-guerre et de la franc-maçonnerie du Sud.

Mon père, également frère maçon, avait frappé à la porte du temple bien auparavant.

C’était justement ma chance : avoir une véritable foule de personnages parmi lesquels je pouvais puiser des notions jamais trouvées dans aucun rituel, livre ou document historique.

L’histoire se déroulait à l’intérieur du Temple ; les Rituels prennent vie au 1er coup de chemise ; des souvenirs indélébiles qui m’ont façonné et ont fait de moi un franc-maçon !

Lorsque je suis entré, mon attention et ma curiosité ont été définitivement captées et stimulées.

Ma maison, déjà pleine de livres, s’enrichissait au-delà de toute croyance de textes maçonniques et ésotériques et de tout ce que, par soif de connaissance, je pouvais et voulais lire et que je consultais auparavant à loisir et en secret.

Ce qui m’a surtout frappé, c’est une phrase, une manière de dire, qui, à l’époque, était souvent répétée dans Tempio, dans les discours des Frères, dans les dessins d’architecture : « Se mettre à l’équerre ».

J’étais trop jeune et trop notionnel à l’époque ; Même si j’étais attentif et préparé, je n’ai pas pu donner une véritable explication à cette expression si chère aux anciens Maîtres.

Petit à petit, beaucoup de choses ont changé – les temps, les manières et les Frères ; des morceaux de l’histoire maçonnique sont passés à l’Orient éternel.

Certains Frères ont publié de nombreux livres, réécrit les rituels, les réadaptant au contemporain, comme cela s’est également produit pour la ritualité du Temple, avant la fondation des Loges virtuelles.

Mais j’ai, de temps en temps, pensé à cette expression, qui est peut-être de moins en moins utilisée aujourd’hui, mais que je retrouve et j’ai toujours trouvée partout où il y a un groupe de francs-maçons.

Chaque Frère doit se rappeler qu’il représente l’Institution, qu’il l’affiche et qu’il l’emporte partout avec lui, en faisant siennes des valeurs telles que le sentiment d’appartenance et l’esprit communautaire.

La Franc-Maçonnerie permet d’exercer l’importance et la beauté de la notion de travail en équipe et pour l’équipe, donc pour la Loge.

Dans un certain sens, cela oblige à faire un travail sur soi, ce qui crée toujours une relation avec quelque chose qu’un Frère a fait avant lui et qu’un autre fera après lui.

Le Maître, en plus de travailler individuellement pour lui-même, met ses compétences, ses connaissances et ses talents à la disposition de l’ensemble de l’Atelier et, ce faisant, améliore le contexte dont il fait partie.

Ce geste en apparence simple ne la dévalorise pas, bien au contraire, il contribue à accroître la qualité de l’ensemble de la Loge. Et cela vaut également pour ceux qui ont des notes inférieures, pour ceux qui travaillent « en coulisses ».

Si vous vous sentez fondamentaliste, ce cercle vertueux dont bénéficie la Loge s’active.

Aucun homme n’est une île à part entière, chaque homme est un morceau du continent, une partie de tout.
John Donné

Le concept de « Se mettre au carré » dans la Franc-maçonnerie s’exprime de multiples manières. Un Frère demanda de l’aide et un autre accourut ; la Loge adopte une attitude rigoureuse et attentive, serviable et à l’écoute.

Tout le monde, et j’insiste tout le monde, se lève, ne serait-ce que métaphoriquement, et se met en ordre : il amène la main tendue horizontalement à hauteur de la gorge, le pouce carré à hauteur de la jugulaire droite et les autres doigts joints, le coude droit à la hauteur de la gorge à hauteur d’épaule, bras gauche pendant, main gauche tendue, pouce carré, talons joints, pieds carrés à 90°.
Placez-vous en carré pour souligner le sentiment d’appartenance à la Loge, à l’Obéissance, à la Franc-Maçonnerie ; ce besoin qui pousse l’homme à faire partie de groupes qui partagent des objectifs, des intérêts, des passions et qui le conduit à frapper à la porte du Temple.

L’appartenance à la Franc-Maçonnerie devient un moteur important pour avancer vers un objectif commun, un ciment qui parvient à maintenir ensemble de nombreuses individualités, parfois très différentes les unes des autres.

C’est ce que recouvre le concept de « Se mettre en carré » : un sentiment d’appartenance à une Loge, permettant aux Frères de donner plus de sens à la vie.

La connaissance mutuelle et les relations émotionnelles qui se développent favorisent la naissance d’une série d’émotions et de sentiments en constante évolution ; l’interaction entre les Frères, la conscience de faire partie d’une même Chaîne d’union, la possibilité donnée d’interagir les uns avec les autres, la conscience d’avoir un rôle précis au sein du Temple, qui aide à établir les comportements individuels, mais ayant un fil conducteur clair : savoir ce qu’il faut faire, où aller, quoi dire et quand le dire, permet à chaque Frère de se mettre sur la même longueur d’onde.

Un fil invisible mais ferme que chaque Frère sent être en lui.

1 COMMENTAIRE

  1. Y A-T-IL UNE DIFFÉRENCE ENTRE LA POSTURE APPELÉE « À L’ORDRE » ET LE « SIGNE DE L’APPRENTI » ?
    Il devrait y en avoir une, certainement, puisque les mots sont différents.
    On dit que la mise à l’ordre est une attitude, une posture, qui permet de séparer symboliquement les deux parties du corps, le sec et l’humide, la lumière et l’inférieur. La noble portion, qui contient la tête, siège de la raison et des affects, des facultés intellectuelles et spirituelles, celle qui doit travailler, doit être protégée, par la conscience de la posture, des influx des zones corporelles, sièges de l’affectivité et des passions (plexus solaire et parties génitales) vouées à l’accomplissement des fonctions charnelles de la nature.
    C’est la main sous la gorge qui importe et qui est signifiante. Le bras peut être à l’horizontale, il ne signifie rien de particulier dans la mise à l’ordre. On devrait pouvoir donc poser le bras contre le buste et s’éviter un exercice d’étirement inutile. Et la main s’ouvre naturellement en équerre, se positionnant comme le dit le rituel du RÉAA : le larynx entre le pouce et l’index. Le bras gauche doit toujours rester immobile, le long du corps pour indiquer la verticalité.
    .
    Pour sauvegarder l’unicité et l’homogénéité de la Loge, nous devrions choisir, et je propose, a minima, ce que recommandait Jules Boucher (La Symbolique maçonnique, ou l’art royal remis en lumière et restitué selon les règles de la symbolique ésotérique et traditionnelle, Dervy, 1992): « Se mettre à l’ordre, c’est placer la main droite à plat sous la gorge, les quatre doigts serrés, et le pouce écarté formant l’équerre. La main gauche reste pendante». Le bras relevé en angle droit ou reposant le long du buste étant défini par les usages de chaque atelier. Nous faisons tous ce geste pour nous mettre à raisonner ensemble, avec notre esprit, pour parler le même langage, pas pour faire un concours de posture ou pour se mortifier
    Donc la mise à l’ordre ne rappelle pas le serment ? Mais alors quand est-ce que l’on rappelle que l’on se souvient du serment ?
    Lorsqu’est fait le signe d’apprenti ! C’est à ce moment-là que le coude doit être impérativement levé pour tracer l’horizontale de gauche à droite avec la main avant de la faire glisser le long du corps pour tracer la perpendiculaire. Ce geste est considéré comme un signe pénal, car c’est lui seul qui rappelle le serment. LE SIGNE COMPLÈTE LA POSTURE À L’ORDRE PAR D’AUTRES SIGNIFICATIONS. Le signe d’ordre se fait uniquement debout, lors d’une prise de parole ou lors du déroulement du rituel, jamais en position assise. Il se fait au moment où se quitte la mise à l’ordre, soit pour faire une batterie, soit pour se rasseoir, soit quand le fm a fini de parler.
    C’est en glissant la main le long de la gorge, de gauche à droite, qu’est rappelée, par métaphore, la promesse faite au cours de la cérémonie d’initiation : « je préférerais avoir la gorge tranchée plutôt que de manquer à mon serment ».
    Le bras qui retombe fait partie intégrante du signe pour tracer une horizontale suivie d’une verticale sans laquelle l’équerre ne serait pas apparente.
    .
    Ce signe est considéré également comme un signe de reconnaissance pour saluer un autre franc-maçon même en dehors du temple. C’est pourquoi, en entrant en salle humide, il est courant de voir des frères et sœurs le faire.

    En résumé : il y a deux composantes successives, de significations différentes mais indissociables. Debout et à l’ordre, c’est une posture immobile qui fait référence explicitement à l’équerre qui apparaît avec la main. Le signe d’apprenti, quant à lui, est une gestuelle en deux temps qui fait référence 1°) de façon statique, soit au niveau avec le bras droit horizontal, soit au fil à plomb avec le bras gauche vertical ; 2°) dans le mouvement avec le tracé de l’horizontale puis de la verticale de l’équerre.
    L’équerre ! Pourquoi cette importance ?
    L’évidence est que l’équerre invite à la droiture ; elle est reconnue comme symbole de bonnes mœurs. Se mettre à l’ordre puis faire le signe est l’incarnation même de l’équerre.
    L’équerre, construite par une ligne horizontale et une ligne verticale, c’est l’union des complémentaires. Elle représente l’action de l’homme sur la matière comme sur lui-même. Le maniement de l’équerre permet d’approfondir les concepts de droiture, d’équité et d’équilibre.
    L’utilisation mentale de l’équerre permet de donner aux mots leur sens propre, afin qu’ils expriment des idées précises suivant des raisonnements droits. Grâce à l’équerre, le travail des maçons pourra faire bénéficier, à la pierre qu’il est, d’une juxtaposition parfaite sans laquelle la construction du temple serait impossible pour un vivre-ensemble harmonieux.
    L’équerre est un moyen d’établir des figures géométriques d’une parfaite rectitude, elle est une indication pour la vie de l’adepte ; il se doit d’être d’une droiture sans faille. S’il n’a pas pour ses propres actions cette implacable exigence, il n’obtiendra rien de durable au point de vue moral et moins encore au point de vue initiatique. Le franc-maçon doit réserver son indulgence pour les fautes et les défauts de son prochain, pas pour lui.
    Alors, si l’équerre est le fondement symbolique de notre être, la base de contact de notre corps avec le monde devrait être aussi une équerre, et les pieds devraient l’attester aussi en étant à l’équerre, en réalisant alors à leur point de contact un point initial et initiant de mise en forme de l’être en unité, le fm commence à rassembler ce qui est épars en lui.
    Alors, c’est une sorte de garde à vous ? Sûrement pas. Aucun geste en tenue n’est fait pour obéir bêtement car il devrait être fait avec conscience. En loge, on oublie un peu son ego pour parler le langage du groupe, mais ce n’est sûrement pas un abandon de nos facultés de raison, c’est au contraire l’éveil de celle-ci.
    Si tu as le sentiment de te mortifier, mon frère, ma sœur, quand tu prends la posture, interroge-toi sur le sens d’une telle mortification et ajuste ta posture pour que ton geste soit juste, en accord avec son sens, qui n’est sûrement pas de se faire du mal, mais qui est une exigence de conscience de ce que tu fais. Et si on te fait la leçon sur les degrés de l’angle de ton bras ou la verticalité de ton coude à l’ordre, reprends en pensée les significations que tu veux lui donner en les exprimant par cette gestuelle.

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