mar 07 mai 2024 - 05:05

Notions d’ALCHIMIE pour se rapprocher d’une voie de la Connaissance

Voici un article pour occuper un temps certain votre lecture avec 16 vidéos et de nombreux audios et textes référencés accessibles par leurs liens (en bleu).

« Car il connaît la conduite que je mène: s’il me jetait au creuset, j’en sortirais pur comme l’or» (Job. 23-10)

L’alchimie

ALCHIMIE, ce mot pourrait provenir de l’égyptien ancien «Kemet» qui désigne la Terre Noire, en référence à la couleur du limon déposé chaque année par la crue du Nil. En hébreu «Chimie» se dit «Kimia» (כִּימִיָה) et peut se lire comme «Ki mi Yah» («Car cela vient de Dieu»). Viendrait aussi de l’arabe al-kīmiyā, Chimie de Dieu, [kīmiyā signifiant mélange] ou encore Terre Noire Divine évoquant l’Égypte. Mais on pense que plus vraisemblablement du grec, kumen, «verser sur le feu» ou de kumos, le suc qui s’élève dans la plante. Platon en dira dans son Timée (22b) que «la  terre noire d’Égypte détenait une sagesse antérieure et supérieure à celle des Grecs».

Le terme apparaît dans le vocabulaire français au XIVe siècle, par le latin médiéval alchymia. Les mots alchimie et chimie sont restés synonymes jusqu’à l’éclosion de la chimie moderne au XVIIIe siècle.

Et dictum verbum dimissum ignoratur nisi sit doctor vel philosophus in hac parte  (et l’on ne peut connaître ladite parole délaissée [la parole perdue], à moins qu’on ne soit docteur ou philosophe en cette partie de la philosophie [l’achimie]). L’Alchimie, comme le dit René Alleau, ressemble à une science physico-chimique, mais elle est aussi, et surtout, une mystique expérimentale, un art initiatique à force d’efforts. Sa nature, est à la fois matérielle et spirituelle. Le but de l’alchimie est ce qui a plus de pureté et selon la définition de Martino Rulando : Alchimia eft impuri feparatio a fuftantia puriore  (l’alchimie c’est la séparation de ce qui impur de ce qui est plus pur).

L’alchimie, qui est sans doute née en Chine, puis s’est répandue jusqu’en Grèce, où elle fut illustrée notamment par le philosophe Démocrite, lequel l’introduisit en Égypte, est indépendante de toute religion et ses principes ne se rattachent pas au gnosticisme. Le concept fondamental de l’alchimie dérive de la doctrine aristotélicienne selon laquelle toute chose tend à atteindre la perfection. On considérait que tout métal était moins « parfait» que l’or. Il était donc raisonnable de supposer que l’or était constitué à partir des autres métaux enfouis profondément sous terre, et qu’avec suffisamment de dextérité et d’assiduité un artisan pourrait reproduire cette synthèse dans son atelier. Les efforts dans ce sens étaient tout d’abord empiriques et pratiques. Cet Art ancien, surtout pratiqué au Moyen Âge, fut donc axé principalement sur la découverte d’une Substance qui transformerait les métaux les plus communs en or  (en fait le même métal mais dans sept états différents à savoir : plomb, étain, fer mercure, cuivre, argent, or), et sur la découverte de moyens permettant de prolonger la vie des hommes. En effet, un autre objectif classique de l’alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie, via un élixir de longue vie.

«L’alchimie est une sorte de philosophie : une sorte de pensée qui mène à une façon de comprendre» (Marcel Duchamp).

L’Alchimie est la Science de la Vie, de la Vie dans les trois règnes, elle a pour but de séparer le principe actif de la matière inerte. Elle étudie les causes et principes, la loi Universelle et éternelle de l’Évolution qui change insensiblement le plomb en or, et perfectionne l’Homme malgré lui.

Pernety dit : «c’est l’art de travailler avec la nature sur les corps pour les perfectionner.»

L’alchimie est considérée comme une discipline qui recouvre un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation des métaux ou d’autres composants tirés des règnes vivants. Les métaux sont vivants, ils croissent, fleurissent, s’épurent et deviennent de l’or.

Depuis, l’alchimie, sans abandonner son domaine d’action matérialiste, n’a cessé de s’affirmer comme une voie de réalisation de l’être, fondée sur l’enseignement de la philosophie gnostique qui doit guider les adeptes sur le chemin de l’amour et de la sagesse.

L’alchimie se définit comme reposant sur le principe de la permutation des formes par la lumière, le feu ou encore l’Esprit. Connaître ce feu et savoir le capter constitue le secret, jalousement gardé, de ceux qui se qualifient de disciples d’Hermès, par référence au fondateur mythique de cette science. Le Grand Œuvre Alchimique comporte (en exceptant la pré-préparation) une première phase : la Préparation, comprenant elle-même deux opérations la mortification et la séparation. Par Mortification il faut entendre l’action de concasser, de broyer et de pulvériser la Materia Prima. Quant à la Séparation c’est proprement la mort de cette Materia Prima puisque nous voyons l’Esprit et l’âme de l’être minéral quitter le corps, c’est à dire en termes Alchimiques : Le Sel et le Mercure séparés du Soufre.

Le soufre, dans le contexte alchimique, est souvent associé à la nature active, masculine et à la chaleur. Il représente le principe actif de la matière, responsable de la transformation et du changement. Le soufre est considéré comme l’âme, l’énergie vitale ou l’essence spirituelle qui anime la matière inerte et lui confère sa capacité à se transformer. C’est le principe qui symbolise le feu intérieur qui permet de purifier et de transmuter la matière. Le mercure, quant à lui, est associé à la nature réceptive, féminine et à la froideur. Il représente le principe passif de la matière, qui détient les potentialités, les propriétés cachées et la structure sous-jacente. Le mercure est considéré comme le corps de la matière, le réceptacle des influences célestes et le liant des éléments.

L’alchimie serait donc une séparation à opérer entre énergie et matière pour atteindre cette « part d’âme » de la materia prima.

En tant que connaissance ésotérique, les textes alchimiques possèdent la particularité d’être codés et énigmatiques.

Il s’agit d’un savoir qui n’est transmis que sous certaines conditions. Les codes employés par les anciens alchimistes étaient destinés à empêcher les profanes d’accéder à leurs connaissances. L’utilisation d’un langage poétique volontairement obscur, chargé d’allégories, de figures rhétoriques, de symboles et de polyphonie, avait pour objet de réserver l’accès aux connaissances à ceux qui auraient les qualités intellectuelles pour déchiffrer les énigmes posées par les auteurs et la sagesse pour ne pas se laisser tromper par les pièges nombreux que ces textes recèlent. La langue des oiseaux, aussi appelée l’argot en est un exemple. Parmi les procédés sur lesquels s’appuie la Langue des Oiseaux, citons entre autre l’utilisation des homonymes, des anagrammes, des inversions, du symbolisme, de l’étymologie, de l’antimétabole, de la kabbale et, surtout, du sens caché et ésotérique des lettres de l’alphabet s’apprenant par une lecture hiéroglyphique de chacune d’elles ; c’est de loin la partie la plus secrète de la langue des Oiseaux.

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La pratique de l’alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde sont parfois accompagnées, à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles. «Pour développer l’intelligence, Dieu a caché dans la nature une infinité de secrets (arcanà) que l’on extrait, comme le feu du silex, et que l’on met en pratique, grâce à toutes sortes de sciences et d’arts.» L’alchimie sert alors essentiellement à établir un dialogue avec l’invisible, avec tous les corps invisibles, y compris celui de notre mère la Terre, et au-delà de la matière, à interroger la mémoire de l’Univers pour en découvrir son schéma de cohérence. L’alchimie s’occupe, en somme, à l’intimité de la matière.

Les alchimistes du Moyen Âge interprètent le mythe d’Héraclès comme la figuration du combat spirituel qui mène à la conquête des pommes d’or du jardin des Hespérides, autrement dit à l’immortalité. C’est la troisième voie animale à côté de la voie minérale et de la voie végétale.

L’alchimie ajoute l’exigence de connaissance à celle de la sagesse. Ora, Lege, lege, lege et relege. Labora, et invenies : « Prie, Lis, lis, lis et relis. Travaille,  et tu trouveras » conseille le Mutus Liber. Cette conception exige, pour parvenir à son but (tu trouveras), l’acquisition préalable d’un savoir (activité d’ordre intellectuel : lege), puis un travail (activité d’ordre moral sur soi et d’ordre pratique au laboratoire : labora), puis une activité d’ordre spirituel (ora), s’adressant à la totalité de l’être, Esprit, Corps, Âme.

Pour Jung, l’alchimie est une pensée spéculative à la recherche d’un équilibre spirituel dont la forme métaphorique est la pierre philosophale. L’alchimie est présentée dans sa véritable nature, comme la réalisation d’une conscience supérieure (du Soi), comme l’Aurore, connaissance et sagesse mettant fin aux ténèbres (de l’inconscience).

La méthode de l’alchimie est holistique c’est-à-dire qu’elle est intégrante en procédant par le tout, et non analytique comme la chimie.

Visionner le très intéressant documentaire de Planète, Le Secret des Alchimistes

Partager les réflexions d’un alchimiste chrétien Stéphane Feye à partir du traité d’alchimie Splendor Solis, où le processus symbolique montre la mort alchimique classique et la renaissance du roi. Les Illustrations comprennent la série bien connue des sept flacons , chacun associé à l’une des planètes.

Il y a deux façons de concevoir le cheminement alchimique : la voie humide ou la voie sèche.

Le procédé par distillation qui utilise la cornue est la voie humide, lente. La plante est calcinée et ses cendres, le sel, sont mélangées avec  la rosée pour purification par distillation ce qui sépare le subtil de l’épais, l’essence de l’huile, deux substances antagonistes qui se combattent, le soufre rouge et le mercure blan, séparés puis réunis, le roi et la reine. Il s’agit de les amener à s’unir, ce sont les «noces alchymiques» qui donne la teinture. Puis celle-ci est reversée sur les cendres, sur le sel, pour reconstituer la matière première purifiée et recommencer initier une nouvelle itération de purification jusqu’à trouver le principe de la plante.

La voie sèche, rapide, qui travaille sur la pierre, l’antimoine, se passe directement dans l’athanor, le creuset, la crux. La pierre se feuillète pour laisser apparaître l’étoile et la pierre philosophale rouge en son cœur.

Voie royale est la voie du milieu où on est à la fois son propre athanor et où, par les expériences de vie, on se trouve purifié (à condition de leur donner sens) pour avancer entre illumination et travail sur soi. La Franc-maçonnerie est donc un art royal.

Point d’alchimie sans les Alchimistes

Le premier nom qui semble représenter un expert en chimie dont les écrits ont été conservés fragmentairement dans des citations ou des copies par des écrivains ultérieurs, est celui de Démocrite. Cette personne est généralement appelée par les écrivains alchimiques Démocrite d’Abdera, le philosophe qui a le premier énoncé une théorie atomique. «Or, le maître en magie de ce Démocrite était, d’après Pline, aussi bien que d’après les alchimistes, le Mède Ostanès». Consulter Les origines de l’alchimie par Marcellin Berthelot.

L’alchimiste qui est sur la voie est en mesure de recueillir le rayonnement cosmique .

Les Rosicruciens du Moyen Âge, comme Robertus de Fluctibus (Robert Fludd), Paracelse, Thomas Vaughan (Eugenius Philalethes), Van Helmont et autres, étaient tous des alchimistes qui cherchaient l’«esprit caché» dans toute matière inorganique. 

Pour les alchimistes, le salut ne doit pas venir de la Divinité, mais de l’esprit même de l’homme qui la pratique. Cependant, de nombreux gnostiques ont pratiqué l’alchimie, entre autres les ismaéliens musulmans, par qui elle s’est répandue en Europe occidentale, via l’Espagne. Pour les alchimistes, les éléments sont à la fois matériels et spirituels. Dans leur état matériel, ils sont grossiers, opaques, épais. Dans leur état spirituel, ils sont subtils, fins, éthérés. En travaillant à purifier la matière brute, l’alchimiste se spiritualise lui-même.

Il ne s’agit plus ainsi, au cœur  même de l’alchimie de transformer du plomb en or, mais de conduire les métamorphoses intérieures par lesquelles, hors de l’abîme de l’inconscient, l’âme peut se détacher du chaos de la masse confuse ou elle se retrouve engluée, et découvrir l’or spirituel qui lui révèle sa vraie nature, cet espace qu’elle devient du déploiement dans l’homme de l’imago dei.

L’alchimiste se présente comme un philosophe. Il prétend connaître, non seulement les métaux, mais aussi les principes de la matière, le lien entre matière et esprit, les lois de transformation, en apportant des réponses aux questions sur la nature humaine. Son ontologie repose sur la notion d’énergie (représentée par le dragon), une énergie dynamique, unique, en métamorphose de laquelle il faut sortir la lumière. Il tire aussi de ses travaux une morale, celle de l’éloge du travail et de la prière : «Prie et travaille (Ora et labora)». Il avance une grande méthode, l’analogie, «Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut» pour signifier que la partie volatile de la matière est de même nature que la fixe; qu’au commencement tout est venu d’une seule et unique matière; et que tout, c’est-à-dire le volatil et le fixe, retourneront à un, et ne feront plus qu’un corps.

Écoutez l’interview de Jacques BREYER dénonçant l’alchimie pittoresque et apportant sa conception de l’alchimie : une transmutation intérieure, ressort des religions accueillant le « christ minéral ». On remarquera sa difficulté à définir ce qu’est une pierre vivante! Cliquez ici.

Sa notion clef est celle d’origine, de retour, de réversion. L’alchimiste veut revenir à la matière première, rétablir les vertus primitives des choses, rendre pure et saine toute créature voire, comme les alchimistes chrétiens, «faire de l’Artifex un Hierourgos, analogue et confrère du célébrant eucharistique», qui fait de l’alchimie «une liturgie et un essai de connaissance de Dieu à partir de ce monde, complémentaire de la théologie, qui voyait le monde d’ici-bas à partir de la Révélation» (Pierre Noize, Le Grand Œuvre, Revue de l’histoire des religions, 1974 pp. 149).

Carl Gustav Jung, père de la psychologie des profondeurs, est connu pour avoir relié les processus de l’alchimie (principes, opérations) à ceux du psychisme : «Le secret de cette philosophie alchimique, et sa clé ignorée pendant des siècles, c’est précisément le fait, l’existence de la fonction transcendante, de la métamorphose de la personnalité, grâce au mélange et à la synthèse de ses facteurs nobles et de ses constituants grossiers, de l’alliage des fonctions différenciées et de celles qui ne le sont pas, en bref, des épousailles, dans l’être, de son conscient et de son inconscient.»

Parmi les alchimistes les plus connus on trouve : Marie la juive (IIIe siècle qui a inventé le bain-marie, un fourneau secret), Avicenne (980-1037), Albert Le Grand (1193-1280), Saint Thomas d’Aquin (1226-1275), Roger Bacon (1214-1294), Raymond Lulle (1235-1313), Arnaud de Villeneuve (1240-1311), Nicolas Flamel (1330-1417), Paracelse (1493-1541), John Dee (1527-1603),  Jacob Boehme (1575-1624), Basile Valentin (supposé 16e siècle), Michel Maïer (1569-1622), Fulcanelli (1841-1923), Claude Frollo de Josias (l’archidiacre de Notre-Dame de Paris), Artephius, Albert le Grand, Synesius, Th. d’Aquin, R. Lulle, Flamel, Rhazes, Geber. De l’autre côté du matras leur répondent Roger Bacon, A. de Villeneuve, Basile Valentin, Van Helmont, Paracelse, Philalethe, Trevisan, Ripley sont considérés comme la panthéon des alchimistes par Julien Champagne ; leurs noms sont représentés en lettres d’or sur le tableau Jeune femme nue dans un matras de verre.

À consulter le remarquable et très documenté site, Alchimie et hermétisme, où vous trouverez des informations sur les alchimistes de toutes les époques.

Et maintenant que vous êtes un tout petit peu plus informés, je vous propose d’écouter Le parcours alchimique avec Françoise BONNARDEL et Gilbert DURAND qui évoque les buts de l’alchimie, transformer l’homme et la nature. En quoi la pensée alchimique s’oppose à la pensée prométhéenne ; sa sotériologie dépasse le point de vue existentialiste. Les caractéristiques et la symbolique des régimes diurnes et nocturnes réconciliés. La notion de médiation (le personnage d’HERMEO) et le rôle d’initiateur de l’alchimiste. Le processus d’individuation. Description précise des phases de transmutation : œuvre au noir, au blanc, au rouge et les liens avec la psychanalyse jungienne. L’importance de la negredo, phase nécessaire du processus salvateur ; ses dangers ; les excès si cette phase est considérée comme fin en soi. Le processus double de spiritualisation, de corporification (1H 06’55”).

À propos de l’Aludel (ou Alutel), c’est le vase de verre (ou de terre) requis pour le grand œuvre Il est souvent confondu avec le matras. Anatole France en parle dans son ouvrage La rôtisserie de la reine Pédauque (p.233) : “il faut que vous sachiez que cet appareil sublimatoire a nom aludel. Il renferme une liqueur, qu’il convient de regarder avec attention, car je vous révèle que cette liqueur n’est autre que le mercure des philosophes. Ne croyez pas qu’elle doive garder toujours cette teinte sombre. Avant qu’il soit peu de temps, elle deviendra blanche et, dans cet état, elle changera les métaux en argent. Puis, par mon art et industrie, elle tournera au rouge et acquerra la vertu de transmuer l’argent en or.” Les Philosophes alchimistes n’entendent pas toujours le terme aludel comme le vase de verre. Souvent ils désignent sous ce nom le vase philosophique qu’il ne faut pas confondre avec le vase dans lequel on renferme la matière.

Sous le drap mortuaire ou sous le tertre, dans l’enfermement de l’obscurité, s’opère la transmutation du compagnon en maître, du mort en réveillé ; par analogie poétique on peut considérer, pour le sens du cérémonial, que là où est assassiné le maître, là est un aludel (voir le conte alchimique de l’initiation au 3ème degré maçonnique paru sur le journal la semaine dernière : MARIH et l’aludel).

Les textes alchimiques

Pour vous faire une idée de la profusion de textes compilés depuis le XVe siècle, rendez-vous sur le site Bibliotica Philosophica Hermetica. Époustouflant !

Le plus ancien et le plus connu : La Table d’émeraude

Ce texte gnostique mystérieux d’alchimie spirituelle fut découvert dans la tombe d’Imhotep vers l’an 700, il disparut puis réapparut à la Renaissance. On dit que le texte contenait les arcanes d’un savoir immense aussi ancien que le monde et qu’il serait dû à Hermès trismégiste. Sa légende veut que ce texte fût trouvé dans le tombeau de ce dernier, gravé avec une pointe en diamant sur une lame d’émeraude et découvert par l’armée d’Alexandre le grand à l’intérieur de la pyramide de Giseh. Enrichi par la philosophie grecque alchimique, ce texte a donné naissance au Codex hermeticus.

Ce texte est composé de 15 tablettes  formées, dit-t-on, d’une substance créée par la transmutation alchimique (les tablettes d’émeraude). Elles sont impérissables, résistantes à tous les éléments et substances. Elles contiennent les mystères rapportés par Toth qui les présente comme les clefs de sa sagesse, la voies de la réalisation d’une alchimie spirituelle : 1- L’histoire de Thoth l’Atlante, 2- La chambre de l’Amenti (lieu de l’initiation), 3- La clef de la sagesse, 4- Le natif de l’Espace, 5- L’habitant de Unal (grand prophète qui aurait créé l’Atlantide),  6- La clé de la Magie, 7- Les sept seigneurs (les chakras), 8- La clef des Mystères, 9- La clé de la libération de l’espace, 10- La clé du temps, 11- La clé de ce qui est en haut et de ce qui est en bas, 12- La loi des causes et des effets et la clef de la prophétie, 13- La clef de la vie et de la mort (cycle des réincarnations), 14- La barrière des ténèbres (obstacles à franchir), 15- Le secret des secrets (ascension dans les 9 mondes de la création).

Leur ancienneté est extraordinaire, remontant à environ 36000 années. L’auteur en serait Thoth, un prêtre-roi d’Atlantide, qui fonda une colonie en Égypte antique après l’engloutissement de la mère patrie. Quand le temps fut venu pour lui de quitter l’Égypte, il érigea la grande pyramide au-dessus de l’entrée des grands Halls d’Amenti, plaça ses disques à l’intérieur, et désigna des gardes pour ses secrets parmi les personnes les plus compétentes.

Pendant les âges postérieurs, l’âme de Thoth est passée dans le corps des hommes de la manière décrite dans les tablettes. En tant que tel, Thot s’est incarné trois fois, et sa dernière incarnation était connue comme Hermès trismégiste, le Trois-Fois-Grand.

Environ 1300 ans avant J.-C., en Égypte (le Khem antique), régnait une grande agitation et beaucoup de délégations de prêtres furent envoyées dans d’autres régions du monde, certains emportant avec eux les Tablettes d’émeraude. Le groupe particulier de prêtres détenant les tablettes a émigré en Amérique du Sud où ils ont trouvé une race en épanouissement, les Mayas, qui se sont rappelés une grande partie de la sagesse antique. Les prêtres sont restés parmi ces derniers. Au Xe siècle, les Mayas avaient complètement agencé le Yucatan, et les tablettes ont été placées sous l’autel d’un des grands temples du Dieu du Soleil.

D’innombrables légendes sont apparues autour de ce texte. La plus fameuse racontait que son auteur mythique l’avait inscrit sur l’émeraude chue du front de Lucifer, le jour de la défaite de l’ange rebelle : ainsi advint-il qu’on l’appelât la Table d’émeraude…

Les études modernes ont attesté sa provenance d’un original égyptien en langue grecque du IVe siècle de notre ère. Il a été traduit du latin par Fulcanelli. On y trouve ainsi présenté le fameux principe de correspondance des hermétistes : «Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; par ces choses se font les miracles d’une seule chose. Et comme toutes les choses sont et proviennent d’un, par la méditation d’un, ainsi toutes les choses sont nées de cette chose unique par adaptation. Le Soleil en est le père, et la Lune la mère. Le vent l’a porté dans son ventre. La terre est sa nourrice et son réceptacle.»

Au début du XVIIe siècle, Bernard Comte de la Marche Trévisanne l’exprimait ainsi : «C’est vraie chose et sans mensonge, et très certaine, que le haut est de la nature du bas, et le montant du descendant. Conjoints les par un chemin et par une disposition. Le Soleil est le Père, et la Lune blanche est la Mère, et le feu est le Gouverneur. Fais le gros subtil, fais le subtil épais, ainsi tu auras la gloire de Dieu» (p.233 : <arbredor.com/ebooks/BibPhilo2.pdf>).

Le Zohar connait bien cette règle. Non seulement il en fait un usage implicite, mais encore il lui donne une expression explicite: Ainsi dans le Zohar (Waera, 25-a) : «Ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas : comme les jours d’en haut sont remplis de la bénédiction de l’Homme (céleste), ainsi les jours d’ici-bas sont remplis de la bénédiction par l’intermédiaire de l’Homme (du Juste).» L’lnde a aussi sa version de la maxime hermétique. Ainsi la Vishva Sara Tantra énonce la formule : – «Ce qui est ici est là. Ce qui n’est pas ici n’est nulle part.»

Ces secrets sont repris dans le Kybalion.

Le Kybalion Étude sur la philosophie hermétique de l’ancienne Égypte et de l’ancienne Grèce par trois initiés. , est un livre publié anonymement en 1908 par un groupe qui se fait appeler Trois Initiés. On peut constater de nombreux rapprochements avec d’autres ouvrages ésotériques ; le Zohar, par exemple, présente des approches assez similaires au niveau de sa conception de la création de l’univers ou de la nature de la divinité. Point de vue que l’on peut aussi retrouver dans les écrits de Maïmonide, philosophe juif du XIIe siècle. Les racines de son nom KBL pourrait rattacher ce livre à la kabbale.

Le Kybalion est basé sur les enseignements des Tablettes d’émeraude, dont la connaissance embrasse les rapports de l’Homme avec la nature. On retrouve ainsi dans ce manuel  les 7 principes hermétiques.

Les sept principes holistiques, développés entre autres  dans le Kybalion, reprennent la sagesse hermétique des table(tte)s d’émeraude.

  • Le principe de mentalisme selon lequel «le Tout est esprit ; l’univers est mental.»
  • Le principe de correspondance implique l’idée qu’il y a «un rapport constant entre les lois et les phénomènes des divers plans de l’être et de la vie» «Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; ce qui est en bas est comme ce qui est en haut», citation de la table d’émeraude écrite par Hermès Trismégiste qui aurait fondé les principes de l’alchimie. Ce principe établit qu’il existe une harmonie, une entente et une correspondance entre ces différents plans d’existence qui se déclinent aux niveaux physique, mental et spirituel.
  • Le principe de vibration affirme que le mouvement se manifeste partout dans l’univers, que rien n’est à l’état de repos, que tout se remue, vibre et tourne en rond. Ce principe explique que «les différences existantes entre les diverses manifestations de la matière, l’énergie, l’âme et même l’esprit, sont la conséquence d’une proportion inégale de vibrations […] ; plus grande est la vibration plus haute est la position sur l’échelle». Ainsi, Le Tout serait a un niveau infini de vibration, pratiquement en repos de même qu’une roue qui tourne avec grande rapidité parait arrêtée. La transmutation mentale est décrite comme étant l’application pratique de ce principe. Transformer un état mental en un autre consiste à changer son niveau de vibration. Certains y arriveront par un effort de volonté, mais le faire de façon délibérée et consciente créera un état plus stable et donc plus souhaitable.
  • Le principe de polarité implique l’idée que tout est double, tout a deux pôles, tout a deux extrêmes. «La thèse et l’antithèse sont identiques en nature, mais différentes en degré.» Tout paradoxe peut être concilié car ce qui semble opposé n’est en fait qu’une autre partie d’une même échelle. Le chaud et le froid n’ont pas de définition absolue et n’existent que l’un par rapport à l’autre. Le froid peut bruler comme le chaud. De même on a vu souvent la haine se changer en amour ou le contraire. Les extrêmes se touchent et se confondent.
  • Le principe de rythme implique l’idée qu’il se manifeste dans toute chose un mouvement mesuré d’allée et venue, un flux et un reflux, un balancement en avant et en arrière, quelque chose de semblable au mouvement du pendule. Le principe du rythme se relie étroitement au principe de polarité. Le rythme se manifeste entre les deux pôles dont le principe de polarité a montré l’existence. Cela ne veut pas dire cependant que le pendule du rythme oscille jusqu’à l’extrémité des pôles ; cela n’arrive que très rarement ; en fait il est difficile dans la majorité des cas d’établir la place des pôles extrêmes.
  • Le principe de cause et d’effet implique le fait qu’il existe une causalité pour tout effet produit et un effet pour toute cause. Il explique que tout arrive conformément à la lo», que jamais rien n’arrive fortuitement, que le hasard n’existe pas. «Le hasard (ou la chance) n’est que le nom donné à la loi méconnue.»
  • Le principe de genre implique que le genre existe en tout ; le masculin et le féminin sont constamment en action. Le mot genre a une signification plus large et plus générale que le mot «sexe». Le sexe est simplement une manifestation du genre dans le plan physique, alors que le principe de genre se manifeste en masculin ou en féminin dans tous les plans du réel.

Le Mutus Liber est l’une des iconographies de référence dans le domaine de l’Alchimie. Il est constitué de 15 planches de dessins évoquant le processus de l’Œuvre, pratiquement sans aucun texte d’où la raison de son titre Mutus Liber, le livre muet. Une seule rédaction, en latin, apparait sur deux pages. Sur la première page (dont la traduction donne : Le livre sans parole, dans lequel est toutefois présenté en figures hiéroglyphiques la totalité de la philosophie hermétique, sacrée pour Dieu miséricordieux et trois fois grand, s’adresse uniquement aux fils de l’art et le nom de son auteur est Altus). Et sur la quinzième page : Prie, Lis, lis, lis et relis. Travaille,  et tu trouveras (Ora, Lege, lege, lege et relege. Labora, et invenies).

Si le Mutus Liber précise le nom de son auteur et de son inventeur (Altus, «savant en haute chimie d’Hermès» et  Jacob Saulat, sieur des Marez), ces affirmations ont rapidement été tenues pour fictives. Louis-Étienne Arcère, historien de La Rochelle, affirme que Jabob Tollé en est l’auteur. Depuis l’article de Jean Flouret, il est établi que l’auteur du Mutus Liber est Isaac Baulot.

Des auteurs disent que le Mutus Liber présente la démarche à suivre pour l’accomplissement du Grand œuvre dont le but est d’obtenir la pierre philosophale.

Lire l’article sur le journal pour suivre les explications du décodage de cet ouvrage par Patrick Burensteinas

Des images illustrent le processus de la fabrication de la pierre philosophale : la rosée est recueillie au printemps, (entre bélier et taureau), descendue du ciel, fruit de l’air, de la lumière des étoiles et du soleil ; c’est une eau qui contient du feu. Cette matière, par assèchement, procure le sel qui fait fondre la matière première en libérant son énergie interne, l’ouvre comme disent les alchimistes, pour la rectifier, le rendre droite, alignée. La hache sur la pierre cubique à pointe représenterait cette fonction du sel de rosée.

Les meilleures explications des 15 gravures sont à comprendre avec le texte de Pierre Dujols, Hypotypose du Mutus liber

L’alchimie et la médecine

Le Vitriolum

Le vitriol est une des drogues les plus utiles de la médecine ; on en tire quantité d’excellents remèdes, il s’appelle en latin vitriolum.

Le premier à évoquer le terme de VITRIOLUM est Paracelse dans Congeries paracelsicae chemiae de transmutationibus metallorum, ex omnibus quae de his ab ipso scripta reperire licuit hactenus. Accessit genealogia mineralium atque metallorum omnium, ejusdem autoris, traduction de Gérardus Dorn, 1581 (p.144). Le médecin Paracelsus, disciple de Hermès Trismegistus (connu sous le nom de «Trismegistus Germanus»), était un personnage clé dans ce contexte. Paracelsus croyait fermement au pouvoir des “arcanes” dans le processus de guérison. Selon lui, ces pouvoirs macrocosmiques cachés pourraient avoir des effets sur l’homme, le microcosme, ayant le pouvoir de changer, de rénover et de restaurer non seulement le corps, mais aussi l’esprit du patient.

L’anagramme de Visita Interiora Terræ, Rectificando Invenies Occultum Lapidem, Veram Medicinam,( (l’usage du V remplaçait le U),que l’on peut traduire par Visite l’Intérieur de la Terre, en rectifiant tu trouveras la pierre cachée, véritable médecine (qui est, bien sûr, la pierre philosophale),

Le vitriol est un minéral composé d’un sel acide et d’une terre sulfureuse ; il y en a quatre espèces, bleu, vert, blanc et rouge. Ce dernier est appelé colcothar naturel, ou chalcitis ; on tient que c’est un vitriol vert calciné par quelque feu souterrain ; il est le plus rare de tous les vitriols.

Quelques-uns des anciens chymistes, qui ont souvent exagéré dans leurs expressions en fait de remèdes, ont cru que ce nom était mystérieux et que chacune de ses lettres, faisait le commencement d’un mot, ce qui enseignerait le lieu où il faut chercher ce sel minéral, à savoir dans les mines qui sont les entrailles de la terre. On trouve ordinairement le vitriol proche des mines de métaux, quelquefois cristallisé naturellement mais, plus souvent, il est mêlé dans des terres et dans des marcassites, d’où il le faut retirer par la lessive, comme on retire le salpêtre.

On extrait du vitriol de certaines pierres nommées mâchefer, ou pierres d’arquebusade qu’on trouve dans les lieux où les potiers vont chercher l’argile. Quelquefois même cette argile ou terre grasse contient un peu de vitriol.

Dans la science minéralogique du XVIIe siècle, le vitriolum veneris représente Vénus. Sous cette forme, Vénus s’empare tellement du fer, qui est Mars, quand elle est en contact avec lui, qu’à la fin elle lui substitue son propre corps, faisant  évanouir celui de Mars. Dans son Dernier testament, Basile Valentin signale les excellentes propriétés et les rares vertus du vitriol  « Le Vitriol est un notable et important minéral auquel nul autre, dans la nature, ne saurait être comparé, et cela parce que le Vitriol se familiarise avec tous les métaux plus que toutes les autres choses…Vitriol, est seul suffisant pour en tirer et faire la bénite pierre, ce que nul autre au monde ne pourrait accomplir seul à son imitation». Plus loin, notre Adepte poursuit « je t’ai confié cette connaissance que l’on peut, de Mars et Vénus, faire un magnifique vitriol dans lequel les trois principes se rencontrent, lesquels servent souvent à l’enfantement et production de notre pierre. »

La réalisation alchimique du Grand Œuvre utilise des noms de divinités installées dans l’univers planétaire. Aussi nommé Lion Vert, Saturnie végétale, Lune, Mercure, Arsenic, Vinaigre très-aigre, Feu secret, Mercure des Philosophes, électre, Lune des Philosophes, Nostoc, Sel des Sages, crachat de Lune, Archée céleste, Beurre de terre, Graisse de rosée, flos coeli, Laiton, Orpiment,…

L’Ormus

Chez les Égyptiens, les pains correspondent à la Pierre de feu ou Mfkzt. Il faut plutôt les mettre en relation avec l’Ormus ou la pierre philosophale, qui transforme la matière vile en Or, donne la santé divine et ouvre l’accès vers l’autre monde…

Dans le livre des morts égyptien, on parle d’une étrange matière, associée à la guérison et même à la vie éternelle, ainsi qu’au monde de l’au-delà. Les incantations qui l’accompagnent, pratiquées uniquement par les Grands prêtres, sont toujours des opérations sur l’esprit et des manipulations Alchimiques faisant allusion au feu. Il faut préciser que cette substance est produite à partir de l’Or et qu’il existe très souvent une association à une mystérieuse matière minérale cristallisée, ayant des propriétés magiques et ressemblant à de la poudre blanche (Appelé aussi Ormus au Moyen âge). Sur les stèles, elle est représentée en offrande à Anubis (Prince du monde des morts), ou aux pharaons, sous forme d’un pain triangulaire (symbole du feu), pour leur assurer une longue vie quasi éternelle…La plus grande différence est que la Pierre philosophale sublime le métal pour produire de l’Or, alors que le Mfkzt est sublimé à partir de l’Or.

L’or que les Anunnaki auraient obtenu de la Terre, nous informent les registres sumériens, a été lové dans les hauteurs de l’atmosphère de leur planète en vue de sceller le trou d’ozone. Mais c’était simplement l’un des buts pour lesquels il était utilisé. Une partie de tout élément suspendu dans la stratosphère est certaine de retomber à la surface de la planète en tant que composante de la pluie. C’était le cas avec Nibiru. La «pluie dorée» de la planète a baigné les herbes, les plantes, l’herbe, les fruits et les cultures et l’or monoatomique dissous a donc été absorbé et retenu chimiquement.

Quand les Anunnaki se nourrissaient de ces fruits et de ces plantes et des animaux charnus qui se nourrissaient de la flore de la planète, ou quand ils (les Anunnaki) prenaient des herbes ou des produits naturels, ils absorbaient automatiquement l’or monoatomique, l’Ormus, qu’ils contenaient. De cette façon, leurs vies ont été prolongées pratiquement infiniment par l’Ormus, qui a des propriétés antivieillissement et est naturellement médicinal à travers chaque maladie. Cette substance serait donc enthéogène.

L’alchimie est un des domaines de l’Hermétisme

Le mot « hermès » (qui veut dire fondement), chez les Grecs, désignait une pierre cubique placée au carrefour des routes sur laquelle pouvait être posée la statue de tout dieu. Il en sortait un sexe en érection vers le haut. Cette pierre servait de « poteau indicateur » !

L’hermétisme est un aspect méconnu de la philosophie. L’hermétisme antique est un corpus doctrinal extrêmement riche et composite, sédimenté entre le IIe siècle avant J.C. et le Ve siècle après J.C., considéré comme une philosophie, une gnose, une mystique, voire une religion sans église. L’hermétisme est la transformation hellénistique du culte ésotérique d’Osiris, le dieu grec Hermès ayant été assimilé au Thot égyptien. Le terme d’hermétisme dérive de Hermès Trismégiste, le Trois fois Grand, dont les Quinze Traités du Corpus Hermeticum furent la pierre de fondation (traduit par Ficin à la Renaissance).

Ces traités couvraient les domaines de l’astrologie, de l’alchimie, de la théosophie et de la théurgie. à la fois Dieu grec, divinité égyptienne (Toth), médiateur entre ciel et terre, se confond avec Hermès Trismégiste (trois-fois-grand).

Parmi les grands maîtres de l’Ancienne Égypte, vécut un homme que les Maîtres considéraient comme le Maître des maîtres. On le connaissait sous le nom d’Hermès Trismégiste ; les auteurs les  plus compétents le considèrent comme contemporain de Moïse voire comme Akhénaton.

Il était le père de la Sagesse Occulte, le fondateur de l’astrologie et de l’alchimie. On lui attribuera un ensemble de textes dont les célèbres Corpus Hermeticum et le codex  alchimique la Table d’émeraude. Cette pensée de la métamorphose, qui cherche à réunir les dualismes dans la dualité, est un dépassement du principe d’identité d’Aristote (une chose est ce qu’elle est).

Les étudiants de la science hermétique dans l’Occident du Moyen-Âge trouvèrent dans la tradition égyptienne, romaine et grecque la base de leurs études et l’écrin de la tradition occulte. Cette tradition avait également transité par les juifs au travers du courant de la Kabbale, mais aussi au travers de l’Islam. L’hermétisme, l’alchimie et l’ésotérisme se rejoignent dans la considération que la réalisation philosophique et spirituelle, passant par des pratiques, engage la totalité de l’être. À côté de la tradition orale ou écrite, il y a transmission à travers ces pratiques de savoirs réservés aux initiés. La pensée hermétique est l’un des facteurs contribuant au mouvement de réforme de la philosophie (naturelle) et de la science (italienne) qui se répandent dans toute l’Europe.

Aux XIXe et XXe siècles également, les textes hermétiques sont restés l’un des facteurs qui ont façonné la pensée occidentale. Au XIXe siècle, de nouvelles sociétés hermétiques se sont formées, revendiquant une origine gréco-égyptienne (hellénistique). L’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée (1887), par exemple, s’est inspiré de la pensée chrétienne-hermétique, de la Franc-maçonnerie et de la magie.

La philosophie de l’hermétisme récupère la part sensible, corporelle de l’être qui n’est pas rejetée comme dans le monisme spiritualiste de Guénon ; «posséder la vérité dans une âme et un corps» écrivait Rimbaud.

Pic de la Mirandole, Marsile Ficin, Jacob Böhme, les alchimistes, les théosophes s’apparentent à cette famille d’esprit.

L’essentiel de la doctrine hermétiste, telle qu’elle se constitua au cours de plusieurs siècles, est contenu dans un traité appelé Poimandrès ou Vision d’Hermès, qui fait partie du recueil Corpus Hermeticum. Ce dernier rassemble des textes rédigés, les uns en grec, les autres en latin. L’hermétisme, qui s’inspire notamment de la Bible juive dite des Septante, influencera à son tour de nombreux chrétiens gnostiques, ainsi que des penseurs soufis persans.

Ludovic Richer évoque l’hermétisme parmi les traditions ésotériques

Françoise Bonardel pose la question L’hermétisme est-il une voie initiatique ? et tente d’y répondre

«Comme l’alchimiste, le franc-maçon est un laboureur du ciel, il y cultive des fruits de lumière.»

Constant Chevillon n’a pas manqué de souligner l’analogie de la démarche maçonnique avec le Grand Œuvre. «Sur le plan matériel, c’est la transmutation des métaux vils en or, en d’autres termes, la découverte de la Pierre philosophale. Sur le plan animique, c’est la recherche d’un équilibre constant des forces vitales, la découverte de la panacée et de l’élixir de longue vie. Sur le plan spirituel, c’est la stabilisation de la conscience dans les hautes sphères intellectuelles, c’est la découverte de l’élixir de vie, ou, plutôt, d’immortalité. Ainsi le maçon est un alchimiste, mais dans ce dernier sens seulement. II ne travaille pas à la transmutation des métaux : son labeur quotidien consiste à perfectionner son humanité, à purifier, à développer sa conscience, pour en faire un feu vivifiant, un feu inextinguible».

La Franc-maçonnerie a intégré, dans l’interprétation des rituels et de ses symboles, des aspects spéculatifs de l’hermétisme, de la gnose et de l’alchimie en tant que savoirs mystériologiques. Dans la Constitution Maçonnique de Roberts, publiée en Angleterre en 1722 (et donc antérieure à celle d’Anderson, mais qui n’est que la codification d’anciens us et coutumes opératifs qui viennent du Moyen Âge, et qui seront développés par la suite dans la Maçonnerie spéculative), il est spécifiquement fait mention d’Hermès, dans la partie intitulée Histoire des Francs-maçons. En effet, il apparaît là dans la généalogie maçonnique sous ce nom, ainsi que sous celui de Grand Hermarmes, fils de Sem et petit-fils de Noé, qui trouva après le déluge les colonnes de pierre déjà citées où se trouvait inscrite la sagesse antédiluvienne (atlantique) et lut (déchiffra) sur l’une d’elles ce qu’il enseignerait plus tard aux hommes. (p. 6/11).

La Franc-maçonnerie considère le processus initiatique comme semblable à celui de l’Œuvre et ne manque pas d’en utiliser la symbolique pour suggérer le cheminement de la progression individuelle, vers un perfectionnement considéré comme la réalisation de la pierre philosophale dont le signe donné à voir est la rose ou le phénix.

L’initiation maçonnique et les symboles alchimiques sont d’une portée universelle. Certains francs-maçons, tels Jean-Marie Ragon ou Oswald Wirth, lient étroitement l’alchimie mystique et la maçonnerie ésotérique. Comme l’écrivait Fulcanelli dans Le Mystère des cathédrales : «Qu’est-ce que l’alchimie pour l’homme, sinon, très véritablement, issus d’un certain état d’âme qui relève de la grâce réelle et efficace, la recherche et l’éveil de la Vie secrètement assoupie sous l’épaisse enveloppe de l’être et la rude écorce des choses. Sur les deux plans universels, où siègent ensemble la matière et l’esprit, le processus est absolu, qui constitue en une permanente purification, jusqu’à la perfection ultime.»

Au point de vue alchimique, les trois premiers grades représentent la préparation de l’œuvre ; les travaux de l’apprenti figurant les travaux matériels, ceux du compagnon représentant la recherche du véritable philosophique et le grade de maître correspondant à la mise dans l’athanor du mercure philosophique et à production de la couleur noire, d’où doivent sortir les couleurs éclatantes. Les processus alchimiques et la mise en œuvre de leurs principes notamment en repérant trois tendances, ouverture et fermeture, exclusion ou tri et participation ou mélange, concentration et diffusion rappellent les processus maçonniques.

On ne peut écarter l’idée que la métaphore de la réalisation de l’œuvre, de la transformation du plomb en or, serait «une imitation de Jésus Christ qui par la passion, la crucifixion, la mise au tombeau, la résurrection, la transfiguration et l’ascension transforma l’homme Jésus en Dieu-Christ» (Marc Halevy, Les 33 marches maçonniques, éditions Oxus, 2019, p.32).

On approfondira avec intérêt la relation entre alchimie et Franc-maçonnerie sur le site Le miroir alchimique.

Nous avons déjà effleuré le sujet de l’alchimie sur le journal 450fm avec l’article Le cabinet de réflexion un athanor alchimique. Mais surtout, le journal 450fm a depuis longtemps fait une place sur ses colonnes à ce thème avec de nombreux articles dont voici quelques liens qui complèteront mon approche.

4 Commentaires

  1. Article très complet, et même trop à mon avis puisqu’il mentionne les tablettes de Thot avec le même sérieux que la Table d’Émeraude.
    C’est ne pas tenir compte du fait (établi) qu’elles ont été rédigées au début du 20ème siècle par le gourou d’une secte…
    Ludovic Richer est lui-même plusieurs fois revenu sur cette vidéo en expliquant l’origine des tablettes et en disant que la valeur de ce texte tenait finalement à de la croyance en ce gourou.

    • Scott, Merci pour cette correction indispensable. Vouloir rassembler ce qui est épars sur un sujet doit se faire avec suffisamment de savoir pour y exercer un esprit critique. Votre réflexion me permet de dire et redire que je ne suis qu’amateur sur les voies de la Connaissance et que mes recherches (mon travail) sont inachevées parce qu’elles ne pourront jamais épuiser les savoirs infinis. Mes partages sont à compléter, amender si besoin, par ceux qui ont parcouru davantage de chemins cognitifs. Leurs commentaires œuvrent utilement à plus de vérité; vérité certes toujours à un horizon inatteignable mais déplacé par l’étendue des champs d’investigation conquis. Merci encore pour votre judicieux apport.

  2. Félicitation pour cet article révélant un travail conséquent de compilation nourrissant, éclairant et passionnant. A lire, lire et relire en prenant le temps de discerner le visible de l’invisible…

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Solange Sudarskis
Solange Sudarskis
Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques. Initiée au Droit Humain en 1977. Auteur de plusieurs livres maçonniques dont le "Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique", prix littéraire de l'Institut Maçonnique de France 2017, catégorie « Essais et Symbolisme ».

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