Jean-François Blondel -Éditions Dervy, 2021, 224 pages, 18 €
Passionné par l’histoire des métiers et des sociétés initiatiques, Jean-François Blondel est engagé depuis longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles. Auteur de très nombreux ouvrages, dont l’Encyclopédie du compagnonnage-histoire, symboles et légendes (Éd. du Rocher, 2000), il retrace, sans son dernier opus, toutes les facettes de Satan, à la fois Antichrist, démon, serpent et dragon, meurtrier et menteur dès le commencement…
Durant le Moyen Âge – du Ve au XVe siècle – pour ce qui est de l’iconographie du diable dans l’architecture romane et celle des cathédrales, véritables livres muets et Bible vivante, puis dans l’architecture gothique – statutaires et vitraux –, nous assistons à une transformation de la représentation du Malin avec cornes, sabots, souvent figuré par des créatures fantastiques. Le lecteur se passionnera aussi pour deux récits légendaires compagnonniques concernant des intentions prêtées au diable afin de faciliter la construction d’un édifice. Employant un langage crypté dont l’auteur n’a malheureusement – ou heureusement ? – pas la clé, il cite hurlement de loup, tombe du compagnon défunt, passage par-dessus celle-ci avec la gilbrette, etc. S’agissant là, bien évidemment, de la légende de maître maçon Pierre Perrat, architecte de la cathédrale de Metz. L’autre légende touche à la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, une des plus vieilles cathédrales d’Europe construite pendant le règne de l’empereur Charlemagne qui y fut inhumé en 814. Jean-François Blondel nous parle des tailleurs de pierres « étrangers » enfants de Salomon, appeler les loups, et de la « Porte des Loups », entrée de ladite cathédrale. Et de nous rapporter l’ancienne « légende des loups » contée par Louis Lachat en 1934.
De la chute d’Adam à celle de l’ange, de la légende de Théophile à celle du ferronnier Biscornet, ainsi qu’à celle des ponts du diable, Jean-François Blondel fait œuvre de vulgarisation. De magnifiques illustrations, en cahier central, nous montrent comment les imagiers d’antan avaient déjà façonné le « Daïmôn ».