ven 13 décembre 2024 - 14:12

La niflette, pâtisserie traditionnelle de la Toussaint, pâtisserie résiliente ?

Ils ou elles ont tous ce mot à la bouche. Résilience qui est la capacité à surmonter les chocs traumatiques et donc voici une définition simple.

À l’origine, la résilience est un terme de physique qui définit la capacité de résistance d’un corps ou d’un matériau à un choc ou à une déformation. Le champ sémantique de la résilience s’est ensuite étendu à d’autres domaines : biologie, psychologie, économie, sociologie, écologie…

Il apparaît surtout au lendemain de la pandémie.

Provins (Île-de-France), la collégiale Saint-Quiriace (XIIe siècle) et la tour César (XIIe siècle) , vues de la galerie haute de la Tour César.

Les niflettes sont une pâtisserie traditionnelle préparée pour la fête de la Toussaint. Leur histoire remonterait au Moyen-Âge. Originaires de la ville de Provins, en Seine-et-Marne en région Île-de-France, elles seraient offertes aux orphelins qui pleuraient devant les tombes de leurs parents en leur disant « Ne flete », qui signifie « Ne pleure pas ». Cette phrase de consolation serait alors à l’origine du nom de la pâtisserie.

Treize à la douzaine ?

La ronde et jaune niflette est-elle symbolique ?

La toute ronde niflette… Le rond est d’abord un symbole d’unité, l’alliance ou encore le yin et le yang étant de très bons exemples. C’est aussi le symbole de l’infini, de la divinité, de l’harmonie, du naturel et de la perfection.

Rappelons-nous quelques éléments du rond.

Dans le rond il est possible de distinguer deux éléments : le point, formant le centre, et la circonférence. Ces deux éléments sont liés, pourtant leur signification diffère. Le centre symbolise le point de départ, c’est-à-dire d’où l’on vient, ou le point d’arriver, et est synonyme de stabilité et d’éternité. À l’inverse, la circonférence d’un cercle évoque le mouvement et le changement.

Finalement, le rond est peut-être une forme très simple mais chargé en significations.

Rond comme un soleil ?

L’astre du jour est tantôt symbole d’éternité, de lumière, de vie, de sagesse, de prospérité, de chaleur, d’espoir, de parenté, d’un avenir radieux, ou encore de jeunesse. Le Soleil est une source d’inspiration infinie, qui prend notamment plusieurs formes au cours d’une même journée en fonction de sa position.

Et la signification de la couleur jaune ?

Chaleureuse et joyeuse, le jaune une couleur stimulante. Elle est synonyme de dynamisme, de tonicité, de vie et de mouvement. Tout comme les rayons du soleil, le jaune apporte chaleur et lumière. La couleur jaune est associée à la joie, à la gaieté et à la fête.

Tout comme l’or ?

Jaune aussi comme de l’or, métal dont la symbolique est historiquement très riche.

L’or symbolise deux grandes idées : la lumière et la perfection d’une part, la richesse spirituelle et le divin d’autre part.

L’or est à appréhender selon les déterminismes culturels : dans l’empire Chinois, l’or a symbolisé avant tout le Soleil, la lumière et la perfection; chez les Grecs, l’or représentait la lumière mais aussi la chaleur et la fertilité; chez les Égyptiens, l’or magnifiait le pharaon; etc…

La symbolique de l’or demeure encore aujourd’hui très importante, il est notamment utilisé dans les sports modernes pour représenter la récompense suprême (la médaille d’or) et célébrer la performance sportive. L’Or est aussi le symbole le plus fort de la richesse matérielle.

La niflette, quésako ?

Il s’agit des tartelettes en pâte feuilletée, garnies de crème pâtissière. Celle-ci est souvent aromatisée à la fleur d’oranger. Et c’est autour de la fête de la Toussaint et les pays Provinois et Nangissien se couvrent de mystérieuses petites tartelettes qui peuvent être dégustées froides ou tièdes.

Les habitants mus par tradition lointaine ,se ruent chez leur boulanger pâtissier pour se fournir dès le mois d’octobre de ces petits gâteaux tout jaune.

Cette fièvre jaune s’apparente à la fièvre de l’or, où trouver la meilleure ?  Avec ou sans fleur d’oranger ?

Chacun y va de son avis et chacun y trouve son compte. Il s’en vend des milliers…

Cette petite pâtisserie car cela en est une, vient du fond des âges, elle se nomme Niflette et serait née à Provins au Moyen Âge. La tradition voudrait que cette gâterie soit donnée à la Toussaint aux orphelins qui pleuraient sur la tombe de leur parents.

Mais l’origine fait débat depuis toujours, car la société archéologique de Provins dans sa feuille du 24 aout de 1850 publiait un article où l’auteur n’était pas convaincu de cette origine étymologique. Il déclarait et encore avec une forte réserve, que ces gâteaux Provinois de la Toussaint rappelaient les repas funéraires des anciens. Pour lui, il était admissible que les enfants qui allaient prier dans les cimetières étaient réconfortés où récompensés par l’achat d’un gâteau nourrissant nommé  « Niflette ».

Pâtisserie consolatrice ou pas, la tradition a perduré jusqu’à maintenant. Il faut bien dire que le commercial a pris le dessus sur le folklore, car au début du XXe siècle les choses en étaient autrement.

Début des années 1930 dans la commune de Nangis, une agitation allait croissante, une douce mélopée se faisait entendre dans la rue des Fontaines ,deux jeunes adolescents munis d’un panier en osier reprenaient en cœur une vieille chanson sortie de la nuit des temps.

Et même en chanson : « En v’ la des petites/En v’ la des grosses/En v’ la des petites niflettes toutes chaudes, c’est mon patron qui les fabrique avec du beurre de sa barrique/Approchez petits et grands/Ç’a brûle la gueule aux grands gourmands/Ç’a brûle les dents des paysans. »

En fonction du régime et de l’air du temps , les chanteurs variaient les couplets et l’assortissaient de leur opinion politique, comme cette variante apparue après la révolution de 1848. « C’est mon maître qui les fabrique pour contenter ses pratiques » remplacé par « C’est mon maître qui les fabrique pour fêter la République ».

Les enfants joyeux sur le pas des portes tiraient le tablier de leur mère, pour quelques centimes même les plus pauvres pouvaient se délecter de ces petits gâteaux faits exclusivement à l’époque par des pâtissiers.

Église Saint-Ayoul, Provins

Chacun se précipitait et repartait avec son butin, les affaires allaient bon train, les vendeurs repartaient à la pâtisserie rechercher des provisions. Ces jeunes garçons embauchés pour l’occasion étaient payés à la vente et ne lésinaient pas sur la chansonnette.

Mon père, noble nonagénaire se rappelle encore cette chanson et nous la fredonne encore quand vient le temps des Niflettes. Le folklore des vendeurs de rue a disparu à jamais…

Édifiés entre le XIe et le XIIIe siècle, les remparts de Provins comportent 22 tours et sont longs de 1200 m

Pour les non Provinois et les non Nangissien, voici la recette :

Temps de préparation : 20 minutes/Temps de cuisson : 15 minutes

Ingrédients (pour 4 personnes) : 2 rouleaux de pâtes feuilletées/25 cl de lait/2 jaunes d’œufs + 1 jaune/70 g de sucre/1 cuillère à soupe de farine

Préparation de la recette : Préchauffez votre four à 180°C (thermostat 6).

Chateau de Nangis, aujourd’hui la mairie

Préparez la crème pâtissière : dans un saladier, battez les 2 jaunes d’œufs avec le sucre. Ajoutez la farine et le lait progressivement.

Versez dans une casserole et faites épaissir à feu doux sans cesser de remuer. Dès que la crème commence à frémir, retirez du feu et laissez refroidir.

Déroulez les pâtes et à l’aide d’un petit verre type liqueur découpez des ronds.

Sur un papier sulfurisé, mettre 2 disques l’un sur l’autre et pressez au centre pour former un creux. Badigeonnez de jaune d’œuf et déposez une cuillère à café de crème pâtissière.

Renouvelez l’opération et enfournez les niflettes pendant environ 15 minutes.

Le carnet de Julie-Julie Andrieu en France, la vidéo de la recette https://www.youtube.com/watch?v=ZIWornPOdVM

À déguster sans modération ?

Source : Arbre de vie-La petite histoire de nos ancêtres

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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