mer 11 décembre 2024 - 13:12

MICHEL ONFRAY : Pourquoi en maçonnerie il n’y aurait pas de salauds ?

Dans son journal en ligne michelonfray.com le philosophe, qui est à notre connaissance profane, s’exprime sans filtre sur la Franc-maçonnerie. Nous vous livrons les premières images de son interview (le reste étant réservé aux abonnés). Comme à l’habitude, ses propos sont directs et empreints de pragmatisme.

Michel Onfray, né le 1er janvier 1959 à Argentan de Gaston Onfray, ouvrier agricole, et d’Hélène, femme de ménage abandonnée bébé puis placée à l’Assistance publique. Il a un frère cadet, Alain, et vit avec sa famille à Chambois, dans le département de l’Orne en Normandie. C’est un philosophe, essayiste et polémiste français. Il est l’auteur de plus de cent quinze ouvrages dont certains ont connu un grand succès, y compris dans les pays non francophones où il est traduit en vingt-huit langues.

À la suite de l’accession de Jean-Marie Le Pen (Front national) au second tour de l’élection présidentielle française de 2002, il quitte sa carrière d’enseignant pour créer l’université populaire de Caen où il délivre pendant seize ans le cours « contre-histoire de la philosophie » qui est retransmis sur la station de radio France Culture.

Il intervient régulièrement à la radio et à la télévision sur des sujets politiques et sociaux. Ses prises de position suscitent de nombreuses controverses.

Université populaire de Caen

Michel Onfray à Fronteiras do Pensamento Santa Catarina 2012

En 2002, Michel Onfray a déjà écrit une vingtaine d’ouvrages traduits dans douze langues. « Ses droits d’auteur conséquents et la mensualité que lui verse Grasset suffisant à ses besoins », il démissionne de l’Éducation nationale pour créer une université populaire. Il en écrit le manifeste, publié par son éditeur en 2004 sous le titre La Communauté philosophique : Manifeste pour l’Université populaire et l’implante à Caen, dans sa région d’origine, où il organise chaque année le séminaire de philosophie hédoniste, qui constitue le corps de son projet de contre-histoire de la philosophie.

Il présente son initiative en se référant aux universités populaires du xixe siècle, où des intellectuels proposaient des cours gratuits aux prolétaires. Il précise vouloir actualiser l’objectif ainsi : « démocratiser la culture au travers d’un accès gratuit au savoir, mais une culture vécue comme un auxiliaire de la construction de soi et non pas comme un énième signe de reconnaissance sociale. »

Michel Onfray est également motivé par l’accession au second tour des élections présidentielles françaises de 2002 de Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national (Rassemblement national depuis juin 2018) dont il combat les idées. Il cite Auguste Blanqui qui, selon lui, s’inquiétait en son temps de la pertinence du principe du suffrage universel pour un peuple illettré. Il fait le parallèle avec la situation présente d’une population qu’il juge entretenue « dans l’obscurantisme par le système économique libéral présenté comme l’horizon indépassable par la droite et la gauche de gouvernement ».

À l’origine, l’université compte un « noyau dur » de cinq fondateurs : Michel Onfray, Séverine Auffret, philosophe et féministe, Gilles Geneviève, ancien instituteur, Gérard Poulouin, agrégé de lettres modernes et enseignant et Raphaël Enthoven, philosophe. Ce dernier quitte l’équipe après quelques années.

L’accès à l’université est libre ; les professeurs sont bénévoles ; il n’y a pas d’examens, pas de présence obligatoire, pas de diplômes. Elle est organisée par l’association loi de 1901 Diogène & Co, qui n’a aucun adhérent. Son bureau est constitué de Micheline Hervieu, ancienne libraire d’Argentan, et de François Doubin, ancien ministre radical de gauche de François Mitterrand et ancien maire d’Argentan. Son budget est d’environ 80 000 euros par an, provenant uniquement de subventions publiques jusqu’au début des années 2010. Le Conseil régional de Basse-Normandie ayant demandé à l’association de disposer de ressources propres, celle-ci a développé les ventes de produits dérivés. Dans un article de la Revue du crieur publié en 2015, le journaliste Nicolas Chevassus-Au-Louis indique que cette instance « ne joue aucun rôle dans le fonctionnement de l’association. De fait, seul Michel Onfray et ce qu’il appelle « sa garde rapprochée » formée de vieux amis normands, dirigent l’université populaire de Caen (en particulier dans le choix, par cooptation, des nouveaux enseignants), hors de toute procédure formalisée. »

Dès la première année, elle accueille 10 000 personnes. Selon Nicolas Chevassus-au-Louis, grâce au succès de son université populaire, Michel Onfray acquiert une « aura de philosophe du peuple ». Il augmente aussi sensiblement ses passages dans les émissions de radio et télévision, passant d’une vingtaine d’apparitions par an au mieux avant 2002, à une apparition minimum par semaine ensuite.

Michel Onfray lance également, en 2006, l’université populaire du goût à Argentan, avec pour objectif initial de proposer une éducation à la gastronomie. Après 2012 et un conflit entre celui-ci et certains de ses collaborateurs, Nicolas Chevassus-au-Louis estime qu’« elle se transforme en une succession d’événements-spectacles, bien éloignés de l’esprit originel ». Elle est délocalisée, en 2013, à Chambois, village natal du philosophe.

En septembre 2018, après avoir appris que France Culture, sous la direction de Sandrine Treiner, cessait la diffusion de ses conférences, Michel Onfray annonce la fin de sa participation à l’université populaire de Caen. Il dénonce, sur sa web TV, des pressions politiques du pouvoir en place et une atteinte à liberté de conscience, de pensée et d’expression. En retour, la direction de la station explique que sa décision est uniquement motivée par le respect des standards de la chaîne et le pluralisme des intervenants et que France Culture est libre de tout pouvoir

4 Commentaires

  1. J’apprécie ces mots.
    Ils démontrent une fois de plus qu’il s’agit d’un personnage intelligent.
    Oui la maçonnerie n’est pas uniforme pour le plus grand malheur de certaines théories, mais à l’image de l’Homme, on y retrouve de de nombreux courants.
    Des courants traditionnels qui se consacrent au symbolisme, des courants libéraux qui s’axent sur la réflexion politique, et depuis peu nous y retrouvons même un courant “woke”..
    Pour dire à quel point la maçonnerie est diverse !

  2. Rappelons aussi que le philosophe Michel Onfray arrête, en 2018, sa participation à l’université populaire (UP) de Caen qu’il a créée en 2002 et déclare « Je ne donnerai pas cours cette année, ni les années qui suivront. Ma participation à l’UP de Caen est donc terminée”, écrit sur son site l’intellectuel dont les conférences avaient lieu dans une salle de 1500 places ».
    Il justifie sa prise de position en invoquant le fait que la directrice de France culture avait, selon lui, mis « fin unilatéralement à la collaboration qui permettait la diffusion de mon cours sur la chaîne qu’elle dirige – avec pour tutelle un ministre nommé par Emmanuel Macron ».

  3. Pourquoi relayer la parole d’Onfray qui n’émet que des lieux communs voire des inepties. Exemple : “dans les campagnes, les Maçons sont des gens simples” ou “il y a des loges de droites et des loges de gauche”.
    Et , de plus, tout individu se définissant comme philosophe se doit de définir les concepts qu’il utilise. Ainsi au-delà du côté raccoleur du mot, qu’est-ce qu’un salaud?
    FRAT.
    JPP

    • Cher ami,
      Simple signifie « Qui agit avec une honnêteté naturelle et une droiture spontanée ». J’y vois là une autre définition du bons sens paysan !

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