ven 19 avril 2024 - 22:04

Le Transgenrisme en franc-maçonnerie se banalise-t-il ?

À l’heure où les obédiences s’apprêteront probablement à fêter dans quelques mois les 300 ans des Constitutions d’Anderson* qui précisent sans ambiguïté que : « Les Personnes admises comme membres d’une Loge doivent être des Hommes bons et loyaux, nés libres, ayant l’Âge de la maturité d’esprit et de la Prudence, ni Serfs ni femmes ni Hommes immoraux ou scandaleux, mais de bonne réputation. », nous fêtons cette semaine les 4 ans de l’annonce de la Grande Loge Unie d’Angleterre à Londres qui permettait aux Frères de changer de sexe.

En effet, la GLUA, héritière directe de la Grande Loge de Londres et de Westminster de 1717, et traditionnellement réservée aux hommes, avait publié à la fin du premier semestre 2018, une nouvelle politique concernant les changements de sexe au sein de ses Loges, qui stipulait :

« Un franc-maçon qui, après son initiation, cesse d’être un homme ne cesse pas d’être un franc-maçon. »

Cette affaire, issue d’une évolution naturelle de la société n’était pas nouvelle. En effet, le Grand Orient de France avait été confronté au même cas en 2009.

Le cas Olivia Chaumont :

Autoportrait d’Olivia Chaumont

Membre de la loge Université maçonnique du Grand Orient de France (GODF) depuis 1992, Olivia Chaumont demande en 2009 que son changement d’identité soit pris en compte. Demande difficilement acceptable pour une obédience exclusivement masculine et qui arrive à un moment où le débat sur la mixité enflamme les passions. Plusieurs vœux qui demandent que les femmes puissent être initiées au sein du GODF, sont repoussés dans les différents convents précédents.

Après une année de discussion, le Conseil de l’ordre du GODF finit néanmoins par entériner le changement de sexe d’Olivia Chaumont. Il diffuse cette décision par un communiqué de presse le 22 janvier 2010. Olivia Chaumont devient ainsi la première femme trans institutionnellement reconnue comme membre du Grand Orient de France. Soulagée que les principes humanistes de l’obédience n’aient pas été malmenés par une possible exclusion, elle réagit cependant publiquement à ce communiqué qu’elle trouve choquant dans sa formulation.

La reconnaissance du nouvel état civil d’Olivia Chaumont a sans aucun doute été un argument de poids dans la transformation, au Grand Orient de France en une obédience qui acceptent que ses Loges deviennent mixtes après vote des membres.

« Il suffit d’une sœur… » titre l’hebdomadaire L’Express en reprenant son expression personnelle. Même si ce ne fut pas de façon spontanée, le GODF est de nouveau, pour elle, en phase avec l’évolution de la société française. Cette nouvelle se répand rapidement au-delà des frontières de l’Hexagone. Particulièrement en Espagne, Turquie et Amérique Latine où la presse s’en fait largement l’écho.

Le convent de 2010, qui se tient à Vichy cette année-là, va proposer la mixité du GODF par le vote d’un vœu qui autorise l’admission des femmes. Élue déléguée de sa loge, Olivia Chaumont est présente à ce convent. C’est la première fois qu’une femme déléguée prend part au convent et y prend la parole. Dans le portrait que le journal Libération fait d’elle on vit ce moment historique où, seule parmi 1 200 délégués hommes, elle prend la parole. En septembre de la même année, devant plus d’une centaine de frères et de sœurs de toutes obédiences, elle est installée vénérable de sa loge. C’est à nouveau une première dans l’histoire contemporaine du Grand Orient. Elle dirige les travaux de la loge pendant trois années, jusqu’en 2013.

Quid à la GLDF ?

5 ans plus tard, c’est au tour de la Grande Loge de France de faire face à des cas de changement de genre. L’Express avec le journaliste François Koch rapportait plusieurs cas en cours à la Grande Loge dont :

  • Un frère du Nord de la France qui avait réalisé une transformation physique via un traitement hormonal mais à l’époque sans changement d’état civil. Ce frère sil souhaitait, se ferait appeler «ma sœur» s’habillerait en femme, y compris en tenue maçonnique, en respectant la traditionnelle tenue noir et blanc.
  • Un autre frère, de Paris, était en cours de transition physique par traitement hormonal depuis un an et demi. Il bénéficiait du soutien fraternel des membres de sa loge pendant cette période psychologiquement très sensible.

Le journaliste avait contacté le Grand Maître de l’époque Philippe Charuel pour faire un état des lieux. Ce dernier avait répondu :

« Ces deux frères n’ayant pas changé d’état civil, ce sont toujours des hommes. Nos loges ont souvent un règlement intérieur qui impose, pour nos tenues rituelles, une chemise blanche, un costume sombre et une cravate ou un nœud papillon. Être efféminé, porter un anneau à l’oreille, ne peut pas être interdit; en revanche, revêtir une robe ou une jupe poserait des difficultés; et un couvreur ne laisserait pas entrer le frère, de la même façon que l’on accepte pas les tenues de plage, les tongs, les shorts ou les survêtements. Naturellement, si un de ces frères changeait d’état civil, il serait invité à rejoindre une obédience mixte ou féminineLa GLDF est une obédience masculine et le restera.»

Pour revenir à aujourd’hui, on trouve sur Facebook un groupe de maçons LGBT de presque 1000 membres.

Par ailleurs, il existe la fraternelle nommée « Les Enfants de Cambacérès »,

Fondée en 1999, « Les Enfants de Cambacérès » est la première fraternelle inter-obédientielle maçonnique homosexuelle au monde. Elle a été créée afin d’offrir un espace de liberté et d’échanges pour les Frères et les Sœurs gays et lesbiennes en France. Liés par un profond sentiment humaniste au cœur de leur engagement maçonnique, ces derniers se sont fixés pour objectif de promouvoir des idées de progrès et de tolérance pour lutter contre toutes les formes d’homophobie présentes dans notre société.

La fraternelle se revendique de la figure tutélaire de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, l’un des principaux rédacteurs du Code Napoléon, devenu notre Code Civil, qui dépénalisa l’homosexualité en France. Lui-même était franc-maçon et ouvertement homosexuel.

Elle s’est dotée d’un bureau de dix membres et d’une charte qui répond aux exigences éthiques voulues par toutes les Obédiences en matière de fonctionnement de ce type de structure interobédientielle.

LGBT, ou LGBTQIA+

Ils sont des sigles utilisés pour qualifier les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles, c’est-à-dire pour désigner des personnes non hétérosexuelles, non cisgenres ou non dyadiques.

Le sigle « LGBT » est ainsi complété avec d’autres lettres ou avec un « + » pour inclure d’autres variantes d’identité de genre, de caractéristiques sexuelles, ou d’orientation sexuelle, comme l’asexualité, la pansexualité ou la bispiritualité. Ces sigles peuvent également être utilisés dans des expressions qui se rattachent à ces personnes (mouvement LGBT et droits LGBT sont des exemples).

Le terme « gay » est parfois utilisé par métonymie pour désigner l’ensemble des personnes dites « LGBT ». D’autres termes et sigles, se voulant plus inclusifs, sont aussi usités : « altersexuel » ou « MOGAI » pour « Marginalized Orientations, Gender identities, And Intersex ».

Description

Drapeau arc-en-ciel.

L’orientation sexuelle définit l’attirance sexuelle ou émotionnelle pour des personnes en fonction de leur sexe : – homosexualité : se dit d’une attirance exclusive envers les personnes de son propre genre (couramment désignées comme « lesbiennes » pour les femmes et « gays » ou « gais » pour les hommes) ;
bisexualité : se dit d’une attirance pour plus d’un genre, pas nécessairement de la même manière, fréquence ou degré ;
pansexualité : se dit d’une attirance potentielle sans distinction de genre ;
asexualité : se dit d’une personne qui ne développe pas ou peu d’attirance sexuelle pour une autre personne.
L’identité de genre est la perception intime et personnelle de genre vécue par une personne, qu’elle corresponde ou non au genre assigné à la naissance :

  • transidentité : se dit d’une personne dont l’identité de genre n’est pas en accord avec le sexe biologique assigné à la naissance.
  • non-binarité : se dit d’une personne « qui ne se reconnaît pas dans le genre qui lui a été assigné à la naissance, mais pas entièrement dans le genre opposé ; qui se situe en dehors des normes du féminin et du masculin » ;
  • bispiritualité : terme générique se référant aux Amérindiens s’identifiant comme ayant à la fois un esprit masculin et un esprit féminin.
  • intersexe : se dit d’une personne née avec des caractéristiques sexuelles (organes génitaux, gonades, taux d’hormones et/ou chromosomes) qui ne correspondent pas aux définitions typiques de « mâle » et « femelle » (Non lié au genre mais au sexe biologique donc.)

Variantes

Le drapeau de la fierté bisexuelle créé par Michael Page en 1998.

Si le sigle LGBT (parfois GLBT8) se veut représentatif des personnes non hétérosexuelles et cisgenres et est le plus utilisé, il est parfois complété pour être plus inclusif :

Q pour « queer » ou « en questionnement (soit sur son orientation sexuelle, soit sur son identité de genre, soit les deux) » : LGBTQ ou LGBTQQ ;
I pour « intersexe » : LGBTI, LGBTQI. Dans les principes de Yogyakarta, « LGBTI » est utilisé ;
A pour « asexuel » “agenre” ou “aromantique” et P pour « pansexuel » ;
2S pour « two spirit » ou bispiritualité, en particulier au Canada
Pour éviter ce sigle à géométrie variable, le terme parapluie « altersexuel » est parfois utilisé. « Allosexuel » a également été utilisé comme traduction commode de queer dans les années 2000, notamment au Québec, mais il s’est trouvé déprécié dans cet usage sous l’influence de l’anglais, où allosexual est plutôt utilisé par opposition à asexual. D’autres locuteurs utilisent le terme « LGBTQ+ » ou créent des sigles, comme QUILTBAG. En Belgique, le mot « holebi », emprunté au flamand (de « homoseksueel, lesbisch en biseksueel »), est également employé. Le terme MOGAI (de l’anglais « Marginalized Orientations, Gender identities, And Intersex »), visant à être plus inclusif, est également parfois utilisé.

Le terme « gay », qui signifie stricto sensus un homme homosexuel, est parfois utilisé par métonymie pour désigner l’ensemble des personnes LGBT.

* (initialement baptisées : Constitution, Histoire, Lois, Obligations, Ordonnances, Règlements et Usages de la Très Respectable Confrérie des Francs-maçons acceptés)

2 Commentaires

  1. Bonjour à tous,
    le sujet ne devrait pas exister chez nous, lors de notre réception ne nous dit on pas nous devons accepter nos ennemis s’ils devaient être dans l’assemblée? Ne devons nous pas être bienveillants? accepter tous les F:. et S:. quelques soit leur religion, couleurs…
    J’ai fait mon coming out et là c’est parti en vrille, au point que j’ai du changer de loge
    le débat est loin d’être clos et même si nous sommes une société d’Hommes, certains ont oublié les fondamentaux de la Franc maçonnerie

  2. La sexualité fait partie de la sphère privée.
    Le problème n’est donc pas fondamentalement quelle orientation sexuelle a tel ou tel frère.
    Le véritable problème est pourquoi utiliser sa sexualité tel une bannière ?
    Si un frère est adepte du libertinage ou du sado-masochisme, va t’il de la même manière l’afficher ouvertement ?

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