ven 19 avril 2024 - 16:04

De la Perpendiculaire au Niveau

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Comment passe-t-on de la Perpendiculaire au Niveau ? Nous devrions le découvrir par nous-mêmes. L’Apprenti en route vers le « Compagnonnage » effectue cinq voyages, utilisant de nombreux outils ; le dernier, cependant, est à mains nues.

Mais que veut dire cette expression ? Il peut s’agir de son ego, pour lequel le travail d’ébauche indiquerait de le réduire, il pourrait s’agir de ses propres vices, pour lesquels l’engagement pourrait être de les transformer en vertus.

Si la pierre était vraiment malmenée. nous sommes prêts à continuer avec un travail plus « fin », celui du Compagnon.

Le Vénérable Maître a pour tâche de surveiller le lissage des pierres du chantier.

La parole refusée à l’Apprenti est désormais accordée, mais en vain, car l’intellect, le raisonnement, l’érudition, la culture n’ont pas leur place au Second Degré : paradoxalement on utilise des mots pour « dire » qu’ils ne servent à rien.

La parole est l’outil de l’Apprenti. Toute question non posée est une occasion manquée. Ceux qui ne demandent pas continuent d’être assis dans le Cabinet de Réflexion, morts stériles.

Dans la chambre de Compagnon, le “je”ne compte pas, le “nous” compte. Les cinq sens comptent et parmi eux le mot n’apparaît pas.

Ici on nous demande d’apprendre à voir avec les yeux de l’autre, à écouter avec les oreilles de l’autre, à sentir avec le nez de l’autre, à goûter avec la bouche de l’autre, à toucher avec la main de l’autre. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire partie de sa réalité et partager.

Ici on nous demande de dominer les sens : non de les réprimer ; se libérer de leur domination, apprendre à les utiliser avec talent et savoir, et interpréter ce qu’ils racontent – sans parler. En fait, ce qui compte, c’est le cœur, instrument et objectif à la fois, auquel il est demandé de partager, métaphoriquement et réellement, de l’arracher de sa poitrine et de l’offrir à l’autre.

La main griffe sur la poitrine, et n’avons pas besoin d’en dire plus.

L’Augmentation de Salaire est aussi symboliquement liée aux deux Colonnes que l’on retrouve à l’entrée du Temple qui représentent celles de gauche et de droite, respectivement “B” et “J”, placées à l’entrée du Temple de Salomon.

C’est au pied des colonnes respectives, en effet, que les ouvriers, chacun selon son degré d’habileté, recevaient leur salaire. D’où le terme le plus utilisé, Augmentation de salaire, ou de Diplôme ou de Lumière, d’un pigiste d’Apprenti à Compagnon d’Art puis à Maître.

La tradition veut que dans la construction du Temple de Salomon, tant les tailleurs de pierre qui travaillaient dans les carrières que les bâtisseurs plaçaient des symboles sur les pierres qui permettaient ensuite aux surintendants de définir le travail effectué par chaque travailleur et de définir leur salaire. Tradition qui s’est répétée au fil du temps et dans diverses œuvres monumentales, comme les cathédrales.

Aujourd’hui encore, on retrouve dans ces œuvres, des symboles démontrant ce qui a été réalisé par les francs-maçons. Même en “Franc-Maçonnerie Spéculative“, l’Augmentation de Salaire doit correspondre à un travail réel effectué en atelier sur la Pierre Brute et ne doit pas être uniquement une conséquence du temps passé en loge.

Dès lors, une plus grande connaissance des symboles maçonniques, des rites, et des résultats de l’engagement sur soi doit correspondre à chaque passage de degré.

L’Augmentation de Salaire est donc comparable à l’initiation et à l’élévation au grade de Maître. Sinon, cela pourrait ressembler à un simple “intermède” d’attente au moment fatal du passage à la Chambre du Milieu. Il faut donc que la même intensité et empathie soit recréée, re-proposée.

Les degrés de connaissance qui nous sont attribués à l’extérieur ne coïncident pas toujours avec ce qui se passe à l’intérieur

Celles-ci ne visent pas et ne doivent pas viser à réaliser de simples hiérarchies mais doivent être le résultat de notre engagement réel.

Cependant, nous sommes toujours des hommes qui vivons dans un monde réel, qui nous conditionne et nous pousse vers des solutions pas toujours optimales. Il faut avoir de l’humilité pour être plus conscient de la façon dont nos progrès formels ne sont pas toujours aussi solides et fermes en nous.

Ce n’est que lorsque l’apprenti sera prêt que son salaire sera augmenté et, devenu Compagnon, il devra à nouveau travailler profondément sur lui-même, pour pouvoir corriger les mauvais sentiments et pensées résiduels.

Si vous avez laissé suffisamment de temps à l’Apprenti et à votre partenaire pour maîtriser les instincts, si vous n’avez pas été trop pressé de le “promouvoir” et si les Maîtres ont fait leur travail avec conscience et sérieux, vous obtiendrez un excellent Apprenti et un excellent Compagnon : que s’il a bien travaillé et qu’il a été assidûment « suivi », il deviendra un nouveau professeur, qui pourra être un exemple pour les sentiments et les pensées qui l’animent ; il est devenu un homme qui sait affronter la vie avec amour et désintéressement, qui a appris à penser indépendamment de toute coercition et en harmonie avec les lois de l’éthique, soucieux de cette « aude savante » de Kant.

Il faut toujours se rappeler que la franc-maçonnerie est héritière de la pensée d’Erasme, Giordano Bruno, Locke, Hobbes, et des Lumières comme Kant, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot ; tout cela conduit à lutter contre la superstition, les préjugés et certaines formes d’absolutisme d’origine dictatoriale ou cléricale et aussi à professer la raison, la liberté, l’égalité, la fraternité, la démocratie, le droit d’être citoyens et non sujets.

Il faut souligner que la tolérance doit avoir une place privilégiée dans l’esprit du maçon car, comme le dit Voltaire

la tolérance n’a jamais déclenché de guerre civile, l’intolérance a couvert la terre de carnage ;

c’est pour cette raison qu’on n’affirmera jamais assez qu’il faut que le Maçon sache lutter contre les coercitions et les tergiversations obscures de tout pouvoir obscurément absolutiste, afin de se présenter au monde dans l’intégralité de la valeur humaine ; valeur initialement placée par Dieu dans chaque cœur.

C’est avec cette prise de conscience que nous pourrons, dans notre existence, apprendre à être meilleurs en nous-mêmes et envers les autres. Il est important de comprendre et de pénétrer le vrai sens des rites initiatiques, en changeant ses attitudes même dans le monde profane, en essayant de transmettre des principes maçonniques, sans penser à être meilleur que les autres ou pire que ceux qui transforment leur savoir en arrogance.

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