De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano
Ce qui attire l’homme vers le ciel, ce sont principalement les étoiles. Ces lumières au milieu de l’obscurité qui surprennent et émerveillent les humains depuis des millénaires. Elles ont été la seule carte sûre pour ceux qui parcouraient le monde par la terre et par les mers. Mais aussi, pour tous ceux qui, comme les marins, cherchaient la route vers la terre nouvelle ou tout simplement le retour à la maison. Mais aussi, pour ceux qui, comme les Mages, ont suivi l’Etoile pour trouver un être divin.
Aujourd’hui encore, nous regardons les étoiles, de manière profane, car elles suggèrent la bonne marche à suivre lorsque, par exemple, nous étudions la position qu’occupent les constellations au moment de notre naissance ou lorsque, même quotidiennement, nous lisons notre horoscope.
Le ciel étoilé, parmi tous les spectacles de la nature, est celui qui est le plus capable de nous secouer profondément, stimulant la réflexion sur notre nature et sur le “sens” de notre existence.
Cela est peut-être dû au fait que, contrairement à d’autres spectacles naturels, le ciel est ressenti comme inaccessible, comme le “dernier horizon” au-delà duquel, comme la haie dans “L’infini” de Leopardi , nous ne pouvons que nous aventurer avec la pensée.
La sensation d’inaccessibilité et d’extension illimitée dans l’espace et le temps génère en nous un mélange de sentiments d’admiration, pour la grandeur et l’immanence du Cosmos, et, en même temps, d’angoisse, au moment où nous confrontons notre limitation à l’infini du ciel, qui nous surplombe, qui dans les moments de fatigue semble même nous écraser, mais peut-être du point de vue maçonnique pouvons-nous dire qu’il nous enveloppe, accueille toute la terre et, avec elle, nous-mêmes.
Il m’arrivait parfois, par les clairs soirs d’été, de lever les yeux vers le ciel en pensant aux innombrables soleils et aux mondes infinis de l’Univers, en imaginant combien et quels êtres étranges pouvaient se trouver dans tant d’infini faisant la même chose.
On ne sait pas, on ne saura jamais ce que sont les étoiles, ou plutôt ce qu’elles signifient. Il est certain qu’elles sont quelque chose de plus et peut-être de différent que de simples accumulations gazeuses. Plus que le « quoi », l’homme s’intéresse au « pourquoi ». Et à ce stade, les questions sont nombreuses.
Est-il possible que la création soit une construction parfaite mais sans but précis ? Peut-être les astres sont-ils les dépositaires discrets et silencieux de ces secrets. Ils représentent l’élément « vivant ».
Il s’agit d’une vie comprise comme évolution et mouvement ; donc mobilité dans le temps car ils ont leur propre durée et, dans l’espace, les gaz qui les composent se dilatent.
Insérés dans des espaces sidéraux vides, ils constituent sa matière vitale, de la même manière que les arbres et les fleurs animent l’environnement naturel sur terre. En un sens, les étoiles sont au cosmos ce que les plantes et les animaux sont à la terre.
Les légendes qui accompagnent les astres sont belles et romantiques : les Grecs voyaient dans le plus grand la nymphe Callisto, aimée de Zeus et le fils Arcade dans le moindre, transformés en constellations par la jalousie d’Héra. Mais les Arabes virent plutôt dans la Petite Ourse un petit cercueil et dans l’Étoile Polaire un meurtrier condamné à l’immobilité éternelle.
Les Romains, quant à eux, appelaient le Grand Char Septem Triones, les sept bœufs qui labourent lentement le ciel autour de l’étoile polaire.
Les constellations ne sont plus de simples récits mythologiques d’édification, mais deviennent des symboles capables de faire vibrer les accords justes dans le cœur de l’observateur.
Deux choses remplissent l’âme d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et croissantes, au fur et à mesure que la réflexion s’y attarde : le ciel étoilé au-dessus de moi, et la loi morale en moi.
Kant – Critique de la raison pratique
Un franc-maçon ne peut s’arrêter ni à la lecture scientifique de la voûte céleste ni à l’interprétation religieuse, mais pas même à celle artistique-poétique-musicale. Quelle relation établir, alors, avec les étoiles ? Comment les regarder ? Que pouvons-nous y voir ?
Le ciel reproduit sur la voûte du temple qui n’est en fait pas un lieu délimité mais le cosmos tout entier dans le ciel , représente la nuit et les étoiles visibles.
La voûte étoilée est le symbole ultime de l’idéal de fraternité, chaque frère est enveloppé par le même macrocosme, unis les uns aux autres par les mêmes lumières et le même mystère, par le même secret ; le frère de Loggia est égal, par idéal de fraternité, au frère d’un autre Orient, égal au frère de toute autre langue, physiquement trop éloigné pour être rencontré dans la vie profane.
Le temple de la franc-maçonnerie n’est pas complet : on travaille à ciel ouvert dans le temple sans toit, qui ne dépend pas seulement de l’incomplétude de la construction : aujourd’hui il manque, il sera construit demain, peut-être.
L’œuvre est sous les étoiles parce que la connexion avec ce monde sombre et mystérieux, mais si fantastiquement lumineux, doit être plus significative.
La voûte est tantôt visible tantôt cachée, mais le ciel étoilé est là, il est là, qu’on le voie ou qu’il reste caché : le jour il n’est pas visible, mais il est là. Lors d’une soirée d’hiver très froide mais claire, il est là : on le voit. Par une soirée d’été étouffante et morne, il est à peine visible, mais il est là. Par une soirée brumeuse ou nuageuse, ce n’est pas visible, mais c’est là.
Dans les minutes maçonniques, il est indiqué que
les francs-maçons se rassemblent sous le point géométrique connu des seuls Fils de la Veuve.
Que signifiera jamais cette déclaration ? Le point géométrique est par définition une abstraction graphique, il n’a pas de frontières, il est sans extension, l’idée exprime donc une « dimension » qui, bien que réelle, est cachée et ne peut être connue que de ceux qui savent ; c’est donc à la fois un symbole et un bâtiment.
La forme rectangulaire et les colonnes de notre temple préfigurent la terre et ses limites, en contraste avec le ciel étoilé du plafond découvert, qui dépeint l’infinité du cosmos, comme un système ordonné et harmonieux, une conception parfaite de l’école pythagoricienne, une métaphore de l’Infini, comme lieu d’ascension de l’homme franc-maçon, visant à la recherche de l’Infini spirituel.
Ce dépassement de la voûte nous invite à élever notre pensée jusqu’aux étoiles les plus proches, afin de conquérir la vérité et de trouver la bonne voie qui nous permette d’éclairer nos œuvres.
En définitive, pour le franc-maçon, l’Infini est le but qu’il doit viser, et son but est le Grand Architecte de l’Univers, le lien entre la réalité et l’irréalité de nos vies.
Le ciel étoilé était, est et sera un signe, un symbole qui oriente notre chemin et notre vie.
De la table d’Émeraude :
Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire des miracles d’une seule chose. Et comme toutes choses sont et viennent d’un, par l’intermédiaire d’un, ainsi toutes choses naissent de cette seule chose par adaptation.
nous ne pouvons que nous aventurer avec la pensée. le grand Architheque
Chaleur douce a nos connaissance secrète ou pas elle sont digne
Voir l’article “Singuliers pluriels” à propos de l’emplacement de la loge : https://450.fm/2021/06/29/singuliers-pluriels/
Lorsque les francs-maçons travaillent sous la voûte étoilée, peut-être que ce n’est pas que “Le temple de la franc-maçonnerie ne soit pas complet et qu’il manquerait le toit”, mais qu’ils ne sont pas encore dans le Temple?