Mes Très Chères Sœurs, Mes Très Chers Frères,
Je n’ai jamais eu l’intention de consacrer cet édito – qui tombe à l’entre-deux tours de la présidentielle – à la nécessité de défendre une conception libérale de nos institutions, en rappelant que chaque initié(e) s’est engagé(e) à respecter l’autre à l’égal de soi-même. À quoi bon faire la leçon à celle ou à celui que sa passion aveugle et qui n’est pas en mesure, selon le mot de Disraeli, de « voter comme un gentleman » (à son époque, les ladies ne votaient pas), c’est-à-dire non plus pour ses convictions mais dans l’intérêt supérieur du pays ?
Non, je m’en tiendrai aujourd’hui au franc-maçon que je fus toujours, cherchant des paroles vivantes qui s’enracinent dans mon cœur et qui m’enrichissent et ce, jusque dans des livres éclairants. Irène Mainguy, dans la conférence qu’elle a donnée à l’Académie maçonnique, ce 16 avril, sur le thème : « Les Francs-Maçons et leur rapport à l’écrit », a cité Marcel Proust, qui n’était évidemment pas Maçon, pour ses propos puissamment évocateurs :
« La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas ».
ET, DANS LA MÊME VEINE :
« Tant que la lecture est pour nous l’incitatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire. Il devient dangereux au contraire quand, au lieu de nous éveiller à la vie personnelle de l’esprit, la lecture tend à se substituer à elle, quand la vérité ne nous apparaît plus comme un idéal que nous ne pouvons réaliser que par le progrès intime de notre pensée et par l’effort de notre cœur, mais comme une chose matérielle, déposée entre les feuillets des livres comme un miel tout préparé par les autres et que nous n’avons qu’à prendre la peine d’atteindre sur les rayons des bibliothèques et de déguster ensuite passivement dans un parfait repos de corps et d’esprit[1]. »
La littérature ne vaut que si nous y frottons notre être. Tout le monde le ferait si c’était sans effort. Loin de toute facilité, quand nous rédigeons nos planches, ayons conscience que c’est dans le creuset de la pensée que se forgent vaillamment notre liberté et le sens de notre travail !
[1] Préface trop oubliée de Marcel Proust à la traduction qu’il a faite, au Mercure de France, en 1906, de Sésame et les Lys de John Ruskin (Sesame and Lilies, 1865). Ce texte a paru isolément sous le titre : Sur la lecture, et plusieurs éditions en sont disponibles sous forme imprimée ou numérique.
Pour écouter intégralité du livre »Sur la lecture » de Proust dit par Dussolier : https://youtu.be/y3ffva04xkE
Merci, Très Chère Solange,
En effet, lire en fermant les yeux : quel luxe !
Christian.
Conscience que nos planches sont un vénérable outil a ce levé vers une véritable pensé solide et juste je consacre mes efforts déterminant a l aide pour les frères et soeur et les profanes très fraternellement
Tous les efforts sont louables.