jeu 25 avril 2024 - 12:04

ITALIE : Un Franc-maçon libre dans une loge libre

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Parole signifie culture, cheminement de l’homme de sa condition naturelle à la maîtrise de lui-même et de ses relations avec le monde.

Cette acceptation a encore plus de sens pour la Franc-Maçonnerie, qui procède, au fil du temps, à la recherche de la « Parole Perdue » et en saisit et revit chaque jour les échos et les significations, sans se leurrer pour l’atteindre et la posséder de la concevoir comme intégrale et définitive et obtenue par révélation ; mais, en même temps, sans jamais renoncer à en poursuivre le sens profond.

La franc-maçonnerie s’est donc créée, vit et se diffuse à travers la « tradition » de son contenu : chaîne initiatique, mais surtout enchaînement verbal, transmission de messages. Il y a le “secret” que les naïfs croyaient caché, des mystères menaçants et au lieu de cela ce n’est rien d’autre qu’une incitation à apprendre et à interpréter librement le “verbe”.

La tradition perdue, donc, à travers le langage des symboles, qui à son tour demande à être communiqué non seulement intuitivement, mais aussi avec la translittération du mot, avec l’approfondissement de l’analyse de la même tradition, même si cela devait paraître de la trahir ou de la tromper.

C’est de là que nait la prédilection initiatique du “silence” et en même temps la nécessité d’un aménagement non dogmatique, mais gnostique de la tradition exprimée depuis des siècles, en tout temps et en tout pays, par les Constitutions de l’Ordre et de ses Communions individuelles, des Rites et des Symboles.

D’autre part, il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas d’improvisations, ou d’innovations folles avec des distorsions, comme le « rococo », nées de l’extrême décomposition du maniérisme ; de telles altérations peuvent conduire à la perte du message ésotérique de la franc-maçonnerie, en déviant le sens de la recherche intérieure que nous avons supposé suivre.

La franc-maçonnerie ne doit donc pas être dogmatique, faire germer au fil du temps des “cumuls” rigides, des échafaudages contraignants, qui réduiraient les initiations individuelles à une sorte de forme catéchétique, loin du véritable esprit de l’institution elle-même.

La recherche du bien-être matériel a fait perdre à l’individu de vue sa nature complexe, physique et spirituelle ; elle lui a fait oublier que ces éléments constitutifs doivent être valorisés harmonieusement et dans la juste mesure, en évitant que l’un l’emporte sur l’autre. C’est seulement dans cet équilibre que l’Homme existe.

La rupture de cette symétrie l’a poussé à s’éloigner de ses propres racines, représentées par la Nature et la Tradition.

Tant que chaque pas en avant, chaque progrès ne contredisait pas la Tradition, il y avait un point de repère qui lui donnait le sens de l’orientation et de l’équilibre ; mais quand le « fossé » s’est créé entre celle-ci et le progrès, ce fut le début de la tragédie.

Avec son patrimoine de sagesse, avec tout son bagage de culture et de spiritualité, elle l’a maintenu à la barre du progrès, l’a rappelé à l’humilité et aux valeurs éternelles de l’humanité.

Quand, par contre, il poussa le progrès à dépasser la tradition, il cessa de l’attendre, son isolement, son assujettissement et son asservissement à la séduction du bien-être matériel commencèrent, devenant de plus en plus sujet et instrument de forces négatives loin de son besoin inné de transcendance spirituelle.

Cet univers, qui de tout temps était son royaume, bien que tourmenté par l’individu, est devenu le territoire de prédateurs sans scrupules et de maniaques avides de pouvoir.

Le cosmos coordonné par le Grand Architecte de l’Univers, subissant des manipulations et des violences continuelles, est devenu la prison de l’homme.

La nature est devenue son ennemie, alors qu’il est devenu un adorateur de lui-même et de son propre bien-être consumériste, égoïste et intolérant, méprisant et renversant tout ce qui entrave son bien-être matériel.

Mais voici la Raison à son secours qui, en ôtant de ses yeux le bandeau des préjugés et de la superstition, peut le libérer de l’esclavage de l’ignorance, mais ne peut pas le rendre heureux.

Au cours des derniers siècles, la Franc-Maçonnerie, avec les Frères Benjamin Franklin, avec la Constitution américaine, Goethe, Lessing, Dunant et encore plus tôt Frédéric II de Prusse, a exalté la Raison, prêchant l’égalité et la tolérance entre les races, les différentes religions, les différents idéaux, constituant le vrai point de départ du progrès moral de l’humanité.

Or, il faut que la Franc-Maçonnerie fasse redécouvrir et redécouvre en elle-même le sens profond de son essence, rituellement symbolisé dans la “Chaîne d’Union”, qui à la fin des Travaux de Loge, unit les énergies spirituelles de tous les Frères, les recueille, les sublime et les offre à toute l’Humanité.

A la dégradation morale, au cancer de l’égoïsme, au monstre de l’incommunicabilité, les francs-maçons doivent opposer la “Lumière initiatique”, qui implique la mort d’une existence passée dans l’erreur et la renaissance à une nouvelle vie, pleine de solidarité, comme le fit le Frère Schweitzer.

Aux paradis artificiels qui démolissent tant de jeunes existences, il faut opposer les oasis de vrai bonheur que sont nos Loges. Aux fantasmes et jeux de pouvoir qui réjouissent aujourd’hui tant nos vies profanes, il faut opposer « le Silence de l’Apprenti et la Sagesse du Maître ».

La Franc-Maçonnerie exprime une voie alternative à la société d’aujourd’hui : avec discipline et hiérarchie, avec les différents droits et devoirs dans les trois degrés d’Apprenti, Compagnon et Maître, avec la ritualité, la tradition, le caractère sacré du comportement dans le Temple et en dehors de celui-ci. Il représente la plus grande sagesse et signifie l’amour entre des hommes libres imprégnés de sentiments de tolérance et de fraternité.

Que veut être le message destinés aux Frères dans ce moment historique actuel que nous vivons ?

Pour répondre aux problèmes existentiels de l’homme, il faut affirmer que le progrès ne dépend pas seulement de la science. Il faut aider l’individu, pour qu’émerge un nouvel humanisme, revendiquant son droit de vivre en paix et en harmonie avec lui-même et avec ses semblables, le préservant des dangers qui découlent du développement incontrôlé de la technologie.

Les Frères d’aujourd’hui, comme ceux de demain, doivent comprendre que la Force doit être dirigée par l’Intelligence et réfléchie par l’Amour… à travers l’utilisation correcte et appropriée de la Parole.

Le concept de retrouver la « Parole Perdue », omniprésent dans la Franc-Maçonnerie avec toutes ses implications eschatologiques et magiques, est fascinant, mais il faut dépasser le symbolisme d’un niveau interprétatif immédiat, étant donné qu’il s’agit d’un corpus de connaissances, d’expériences et de pratique “initiatique”.

Il est urgent de redécouvrir “La Parole Perdue” qui équivaudrait à se redécouvrir soi-même et la vraie nature de l’homme – Dieu, c’est-à-dire prendre conscience que la divinité et l’individu sont une seule et même chose.

De ce concept naît la prise de conscience de la nécessité de retrouver l’état édénique perdu, où l’homme – Dieu créa avec le verbe “géométriser”, le Monde qui était un Paradis et “les dieux marchaient bras dessus bras dessous avec les hommes”.

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