dim 13 octobre 2024 - 09:10

Les dogmes, ça s’impose.

Les dogmes, ce sont des croyances durcies ou sacralisées ; le processus continue et nous devenons d’obtus prosélytes. Comment éviter cela ?

Nous nous construisons tous une belle histoire personnelle,  belle parce qu’exempte de contradictions, et qui s’emboîte à merveille dans l’histoire du monde que nous nous sommes également fabriquée. Les deux histoires sont à base de simples et clairs enchaînements cause/effet …cet aspect mécanique a sans doute joué dans le succès, à l’époque des Lumières, des théories du Grand Horloger.

Nos belles histoires reposent sur nos croyances, elles-mêmes forgées à partir d’échantillons statistiques solides, ou juste notre envie d’y croire. La vérité est un concept qui n’a pas place dans cette partie de notre monde intérieur, et d’ailleurs les neurosciences ont montré que la fonction de mémorisation du cerveau inclut un automatisme de simplification (  un genre de logiciel de compression d’image ), qui comporte une routine d’élimination des dissonances cognitives et autres incohérences.

L’homme :  un animal qui fait des dogmes, disait Gilbert Keith Chesterton.

Les dogmes, ce sont des croyances durcies ou sacralisées, par exemple parce qu’on pense que l’angoisse serait insupportable si elle se révélaient fausses. La peur de mourir et de ce qui se passe ensuite est un grand pourvoyeur de dogmes.

Si le dogme permet de vivre, pourquoi pas, mais pourquoi voit on si souvent des personnes qui inlassablement cherchent à imposer leurs dogmes aux autres ?

Si on croit en un dieu capable de punir, pourquoi vouloir faire le boulot à sa place ?

La première explication qui vient est l’égo et son désir de pouvoir. Peut-être ne sommes nous que des reptiles évolués, mais gardant chevillée au corps la pulsion de soumettre et dominer le monde y compris nos semblables ?

Nos combats pour la survie, lorsque nous étions chasseurs-cueilleurs, ont peut-être laissé dans nos gènes et nos hormones une agressivité atavique, nous portant à l’esprit de contradiction lors de débats.

Mais une raison complémentaire pourrait être celle-ci : nos histoires intérieures citées ci-avant se retrouvent en opposition avec celles des autres, et comme nous tenons à nos histoires et à leurs dogmes intouchables, notre besoin de cohérence nous pousse à chercher à imposer nos points de vue aux autres, par tous les moyens.

Alors, que pouvons nous faire pour respecter la liberté de penser d’autrui ?

Le premier remède, comme souvent, c’est la connaissance. Informons nous et diffusons les savoirs concernant les biais systématiques qui affectent notre jugement, concernant les dernières avancées des sciences humaines, entraînons nous à accepter la complexité et les contradictions du monde et des idées . Tant pis pour le  rasoir d’Ockham : c’est un principe et non un dogme !

En passant, notons que ce n’est qu’à ce prix que nous comprendrons et respecterons correctement notre environnement.

En résumé :

  • Notre évolution darwinienne nous porte probablement à soumettre et dominer, et à arborer un esprit de contradiction lorsque nous débattons
  • Mais le fonctionnement de notre cerveau nous amène vraisemblablement aussi à vouloir imposer nos idées aux autres
    • Par recherche de simplisme et de manichéisme ( une seule vérité : la mienne )
    • Et par besoin fort de cohérence des histoires qu’on se raconte ( ou des « films qu’on se fait » )

Conclusion : faisons l’effort d’accepter la complexité et l’inhomogénéité du monde, et la coexistence de points de vue opposés.

« La bouse de vache est plus utile que les dogmes. On peut en faire de l’engrais. »

( Mao Zedong )

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.

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