On m’avait demandé d’arrêter avec nos politiques, mais le problème est que ces derniers n’arrêtent pas. Ce n’est pas comme s’ils venaient de pourrir le quotidien de millions de personnes avec des mesures coercitives et contraignantes prises à la va-vite et sans concertation préalable. On devrait pourtant être habitué, depuis quelques temps. Le Grand Vizir Iznogoud, source intarissable du génie politique des marcheurs ne procède pas autrement…
Deux de nos sémillants dirigeants s’étaient engagés « les yeux dans les yeux » à ce que le dispositif de passe sanitaire ne soit pas utilisé pour tous les actes de la vie quotidienne. Et puis, le 12 juillet dernier, patatra, le robot ménager en chef dit exactement le contraire. Et ce, à la surprise générale, car tel est le bon plaisir du prince… Une fois de plus, nous allons tous subir les effets des caprices des sales mioches au pouvoir, pour notre SE-CU-RI-TE.
Je ne suis pas épidémiologiste, et il ne m’appartient certainement pas de me prononcer pour ou contre la vaccination. C’est à un médecin de le faire pour son patient. Le reste n’est que bruit.
Toutefois, du point de vue de l’éthique, l’imposition unilatérale de mesures sécuritaires et autoritaires sans s’être préalablement renseigné sur la faisabilité de l’application desdites mesures me paraît plus que dangereux. On n’impose pas des résultats sans se donner préalablement les moyens de les atteindre. Ou alors on est un pignouf (ou un énarque, ce qui revient au même). Et si on agit ainsi en connaissance de cause, la décision relève de la légèreté blâmable, voire de la faute. Et l’exhibition forcée de données relevant du secret médical à des tiers n’ayant pas habilitation à y accéder constitue aussi une faute grave. Je serai curieux d’avoir l’avis des juridictions compétentes à ce propos… Notons que toute la population va subir ces examens incohérents (et ces discriminations inutiles) pour environ 22 000 contaminations quotidiennes.
Et là, je pose cette autre donnée pour relativiser : chaque année, 300 000 femmes tombent enceintes, et ces dernières ne peuvent être vaccinées contre quoi que ce soit. Par conséquent, pas de passe pour elles. Elles vont donc, pour chaque acte quotidien, y compris les examens médicaux inhérents à leur état, devoir subir les tests antigéniques bientôt payants… C’est fou comme les femmes enceintes sont les grandes perdantes dans cette histoire ! A croire que nos dirigeants ne les aiment vraiment pas.
Attention toutefois, je ne m’inscris absolument pas dans l’analogie écoeurante que certains font avec la Deuxième Guerre mondiale et le port de l’étoile jaune. Ce n’est absolument pas le même registre. Et faire cette analogie est un crachat à la mémoire des victimes de la Shoah, indigne de ce que nous voulons représenter.
Mais plutôt que d’aborder ces histoires de passe sanitaire et taper sur nos dirigeants (et de toute façon, leur bêtise va plus vite que mon rythme d’écriture), je me suis penché sur un sujet plus léger et plus facile pour moi: la fin du monde.
« Nous autres civilisations savons que nous sommes mortelles » s’exclama Paul Valery face aux boucheries de la Première Guerre mondiale. Et ces temps de pandémie gérée à la Française ont bien failli avoir raison de nous tous. Je me suis même demandé si nos institutions maçonniques tiendraient le coup, malgré le couvre-feu de 18 heures…
La fin du monde n’a pas eu lieu, me dit-on. Et telle la Guerre de Troie, elle n’aura pas lieu. Certes, je me réjouis que nous retrouvions une activité presque normale, comme « avant ». Aller au théâtre, au cinéma, en Loge, voyager, ça m’avait manqué. Par contre, les contrôles de sac et autres mesquineries, non. Au point que j’en viens à me demander si je vais continuer de fréquenter les musées, j’en ai marre de me faire fouiller et contrôler comme un criminel. Et avec le passe sanitaire, ça ne va pas s’arranger…
En fait, je crains que ce ne soit Houellebecq qui ait raison : le monde d’après sera comme celui d’avant, mais en pire. On continue de surconsommer, de puiser dans les ressources, et surtout, de mal les répartir. Ou de les vendre à la Chine. Cette course au profit à court terme sera catastrophique à moyen et court terme. Comme nous perdons nos savoir-faire, nos entreprises industrielles ferment, au profit d’autres, localisées en des endroits moins regardants sur le droit du travail ou de le devoir de préservation de l’environnement. Pas de fin du monde ? Je ne suis pas sûr que ce soit l’avis de ceux qui ont perdu leur outil de travail, leur usine, leur PME ces derniers temps. Et le pire, c’est qu’on le savait ! Ainsi, déjà dans les années 90, Pierre Bourdieu avait prévu les ravages que causeraient les décisions politiques orientées vers le profit à tout prix de quelques uns. Il avait ainsi anticipé les mouvements indigénistes, les révoltes des oubliés de la mondialisation (les fameux Gilets Jaunes) et les autres crises que nous traversons. Son œuvre est terrifiante de clarté, mais sa voix ne fut qu’un cri dans le désert.
Et pendant que nous glosons, des espèces disparaissent. Pour elles, il s’agirait plutôt de leur fin dans le monde… Avec la chute de la biodiversité, c’est notre fin à long terme que nous programmons.
Hans Jonas avait énoncé dès les années 70, face au commencement de la prise de conscience des dégâts de l’industrialisation le fameux principe dignité : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre ».
Or, de récents papiers issus du GIEC (non officiels, car il s’agit de versions de travail pour un rapport à paraître en 2022) sonnent l’alarme : l’humanité n’est pas prête à endurer le changement brutal à venir.
En fait, nous sommes devenus la seule espèce vivante capable de jouer avec sa propre survivance. Le XXe siècle naissant a vu l’émergence de la guerre moderne : les armes automatiques, les armes à longue portée, les armes aéroportées et bien sûr les gaz de combat. Le même siècle a vu l’avènement de deux singularités particulièrement puissantes : Auschwitz (et plus largement, la Shoah) et Hiroshima. Tout cela avait été décrit par Gunther Anders, dans son obsolescence de l’Homme.
Je me demande ce qu’Anders aurait pensé de la télé-réalité, des influenceurs (y compris celui de la rue du Faubourg Saint Honoré), de l’écologie politique ou de l’Europe de Bruxelles (j’exagère, il n’y a pas que du mauvais à Bruxelles… Enfin, je suppose, je cherche encore). La gestion des crises récentes et les bourdes commises n’aident pas à penser autrement, il est vrai.
Parlant de bourde, le fondateur de l’aïkido, Morihei Ueshiba O-Sensei expliquait volontiers à ses élèves que l’échec était la clé du succès et que chaque erreur nous apprenait quelque chose. Avec les différents fiascos que nous avons contemplés en témoins impuissants, nous devrions donc être des gens superbement instruits, non ? Je vous laisse méditer sur la question.
La fin du monde n’aura pas lieu, certes. La planète, la vie n’ont pas besoin de nous et se réinventeront sans l’humanité. Je vous invite à lire l’excellent ouvrage d’entretien de l’artiste Enki Bilal pour compléter mon propos.
Mais qu’en est-il de nous, de notre civilisation ? Nous avons inventé des armes de destruction massive : l’arme nucléaire, l’arme bactériologique, les réseaux sociaux ou les normes européennes. Des boute-feu en mal de notoriété appellent à la croisade contre les mahométans et réciproquement. D’autres appellent à se replier et prendre les armes, les survivalistes. Abstraction, pas chez nous ? Hum, quid des dégradations de temples ou des projets d’attentats par des sympathisants de mouvements d’extrême-droite ?
Certes, nous goûtons une liberté presque retrouvée et fragile (et mise à mal par une décision technocratique inepte). Mais de sombres forces attendent le bon moment pour nous assaillir. Nous avons échappé à cette fin du monde, mais échapperons-nous à la prochaine ? La fin de notre monde n’a pas encore eu lieu, mais peut-être que pour que nous puissions continuer à vivre une vie digne d’être vécue comme le dit Hans Jonas, il est peut-être temps d’en finir avec ce monde et de se donner les moyens d’en créer un autre, plus juste, plus propre, avec une meilleure répartition des ressources. D’ailleurs, n’était-ce pas le projet de nos prédécesseurs, ceux-là même qui rêvaient de liberté, d’égalité, de fraternité ? Ceux qui se sont battus pour abolir l’esclavage, obtenir le droit de vote pour tous, ou le droit aux femmes de disposer de leurs propres corps ? Nos combats ont souvent été des combats d’avant-garde, peut-être est-il temps de reprendre ces bonnes vieilles habitudes ?
D’où ces mots qui me viennent, tout droit issus du Cabinet de Réflexion : VIGILANCE & PERSEVERANCE.
Je vous embrasse et vous souhaite de bonnes vacances.
Cher Bruno,
Merci de votre commentaire, auquel je vais répondre. Il ne s’agit en rien de minimiser la pandémie, dans mon propos, mais d’attirer l’attention sur la dégradation irrémédiable de l’environnement et les catastrophes à venir, à côté desquelles la Covid ne sera, je le crains, qu’une vaste rigolade.
Concernant la vaccination ou les questions médicales, n’étant pas médecin, je ne me prononcerai pas sur la question. La vaccination est une question d’ordre médical, mais aussi civique, qui reste personnelle. Et pour la vaccination des femmes enceintes, celle-ci leur est désormais ouverte dès le premier trimestre, avec les questions médicales que cela peut poser.
Par contre, l’utilisation faite du passe vaccinal pose de très graves problèmes d’éthique, comme la communication à un tiers non compétent de données médicales, la remise en cause du droit d’aller et venir et la création d’une société à deux vitesses, induisant de facto des inégalités entre citoyens. Je vous invite à consulter les travaux du Défenseur des Droits, Mme Claire Hédon, qui a alerté sur la question: https://defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2021/07/extension-du-passe-sanitaire-les-10-points-dalerte-de-la-defenseure-des et l’excellente analyse de Gérard Biard (de Charlie Hebdo), qui va dans le même sens: https://charliehebdo.fr/2021/07/societe/bug-democratique/
Last but not least: merci pour la rectification, cette donnée de 750 000 femmes enceintes ne faisant que renforcer mon propos. Si l’on met en perspective avec les 20 000 nouveaux cas à ce jour (source France Info), ce sont donc 750 000 femmes qui vont devoir subir les discriminations induites par l’utilisation abusive du passe sanitaire, en plus des problèmes qu’elles subissent au quotidien (santé, charge mentale, emploi, discrimination, mise au placard etc.).
On ne peut qu’être surpris par le manque de rigueur d’un pamphlet antigouvernemental.
Je fais partie depuis longtemps des opposants au président de la République et de sa politique ultralibérale à l’encontre des moins favorisés, MAIS, je considère que dans la situation présente, il n’a que trop tardé.
Depuis plusieurs semaines, presque des mois, une modélisation a été effectuée par l’institut Pasteur sur l’évolution de la contamination et surtout la prégnance du variant Delta. En quelques semaines, ce dernier a estompé tous les autres et surtout a accru le nombre de personnes contaminées. Les mesures qui vont être décidées dans les prochains jours surviennent, alors que les contaminations explosent.
Pour en revenir, au présent article, il est d’une légèreté sur sa rigueur, je ne vais prendre qu’un simple exemple chiffré, il est mentionné 300.000 femmes qui tombent enceintes chaque année, déjà le terme « tombe » me choque, car j’espère qu’aujourd’hui, le choix d’attendre un enfant est un acte délibéré. (Nos prédécesseurs ont été les pionniers dans la lutte pour la contraception et l’avortement.)
300.000 naissances par an affirme-t-il, dans notre pays (je passe sur les naissances gémellaires), alors que la réalité est de plus de 750.000 !!!
Et cela pour prétendre que ces femmes ne peuvent pas être vaccinées !!!
C’est tout à fait faux, ELLES SONT PRIORITAIRES, dès la 16e semaine d’aménorrhée, constat mettant à mal l’affirmation qu’elles ne peuvent donc pas avoir de pass sanitaire. Les personnes exclus du protocole de vaccination sont rarissimes.
Il est donc regrettable de minimiser l’impact du covid 19 pour le mettre en parallèle avec d’autres fléaux très importants aussi. Il faut agir ici et maintenant
Contre la Covid, nous en avons les moyens et contre le réchauffement climatique, la famine etc, nous devons nous en donner les moyens
Sans Pass sanitaire, on trépasse (du moins certains les plus fragiles ceux que nos valeurs somment de protéger)