ven 26 avril 2024 - 02:04

ESPAGNE : Le Diable joue-t-il de la musique ? Luis Antonio Muñoz en a fait un livre…

De notre confrère espagnol lne.es (La Nueva Espana) – Journaliste Saul Fernández

“Dans le monde du rock, chaque fois que le diable est de la partie, le groupe vend plus de disques”.
“Mozart était un franc-maçon et une grande partie de sa musique est conditionnée par son appartenance à la franc-maçonnerie”

Le musicien madrilène Luis Antonio Muñoz (1971) a publié l’année dernière “Histoire occulte de la musique” (La sphère des livres). Il s’agit d’une étude historique des adorateurs du malin, maçons ou “Illuminati”, tous ceux qui se sont attelés à étudier le côté le plus obscur de la musique. Lors de la venue de Luis Antonio Muñoz, au Festival Celsius 232 de littérature fantastique, de science-fiction et d’horreur, il a évoqué la présence du mal dans les partitions.

LES RELATIONS :

Templiers, Francs-maçons et les livrets musicaux

Pour certains, la musique du Diable est celle qui résonne lorsque vous mettez le disque à l’envers.

Pourtant, presque toutes les images que nous avons du Diable en musique viennent du monde du rock. Les motivations viennent des origines. Pour être très schématique, dans le monde du rock, mentionner le Démon est vendeur. Chaque fois que le diable est impliqué, le groupe vend plus de disques.

Les majestés sataniques. (les groupes les plus célèbres)

L’exemple type est représenté par les Rolling stones. Un Démon qui crée une esthétique à la fois sur les pochettes des albums et sur le contenu lui-même.

Parlons du “Heavy Metal”.

Autre exemple “Black Sabbath”. Leur premier album est très lugubre et ouvre une porte vers le Malin. Ce qui se passe, c’est que les gens restent dans le monde du rock, mais ne savent pas quelle est l’histoire de toute cette relation, entre la musique et le démon.

Les premiers rapports du Diable avec la musique remontent au Moyen Âge. Il y a une notion que les théoriciens de l’époque reliaient au Malin : la laideur. Les mauvaises sonorités qui étaient liées au mal.

  • Mais la musique a rapproché les âmes de Dieu. N’est ce pas?

– Remarquez que Saint Augustin met en garde contre le plaisir excessif que peut engendrer la musique. En d’autres termes, le problème survient car certains tenants de la foi suggèrent que lorsque la musique passe de la prière à Dieu (n’importe quel dieu) il à un acte agréable. Un pape avait même recommandé de ne pas faire de polyphonie, parce que la polyphonie était si belle qu’elle transcendait le sens du plain-chant traditionnel. Alors, attention au trop beau et passons au plus simple qui est vraiment la prière. Et cela rejoint d’autres concepts comme celui qui s’appliquaient aux enfants difformes au Moyen Âge : les enfants du Diable. L’association entre la laideur et l’influence du Diable a également affecté la musique. Il y a des intervalles qui, par une question conventionnelle, étaient considérés comme laids.

  • Comme le “diabolus in musica”.

– Voilà. C’est un triton qui était esthétiquement considéré comme laid et même désagréable.

  • Ce qui frappe, c’est que le Démon n’était pas musicien.

– Il n’était pas musicien, mais dans certains procès inquisitoriaux la voix de Satan est décrite, ainsi que les instruments dont il jouait : en Italie et en Espagne, la guitare ; et en Angleterre, avec la harpe. Ce qui en découlait, ce n’était pas que le Démon était un musicien, mais plutôt que l’acte de jouer pour le plaisir était une influence démoniaque. Dans la procédure inquisitoriale, bien sûr, il y avait de la torture et sous la torture on disait bien évidement ce que le bourreau voulait entendre.

  • Est-ce que la musique diabolique à un moment donné a été la “bonne” ?

– Peu de gens ont osé faire la suggestion suivante : “appelons cela “bonne” ou “mainstream” et j’adhère à celle-ci parce qu’elle appartient au Diable. Cela n’a jamais été fait. Cependant, cette approche a créé des courants esthétiques, certains très forts. Je parle, par exemple, de Goethe et de son « Faust ». Sur ce dernier, de nombreuses œuvres ont été écrites, offrants différentes lectures du démoniaque. Il y a environ 550 opéras sur Faust. Surtout aux XVIIIe et XIXe siècles. Il y en a même un qui se nomme “Si Faust était Faustine”.

  • Tout le monde a-t-il voulu vendre son âme au diable?

– Le thème original de “Faust” vient de la nécromancie médiévale. C’est que Goethe qui lui donne une dimension philosophique le mêlant au christianisme. Faust ne veut pas être éternel, ce n’est pas son objectif principal. Ce que Faust veut, c’est la connaissance, mais pour l’avoir, il a besoin de temps, il sacrifie pour cela son âme et pour cette raison, il est puni comme Prométhée.

  • Qu’étudiez-vous maintenant?

– Aujourd’hui, je travaille sur Goethe, qui appartenait aux “Illuminati” de Bavière. Toutes les analyses de ses oeuvres l’ont toujours été faites de manière universitaire.

  • Que voulez-vous dire?

– Lorsque une œuvre est étudiée, elle ne l’est pas à partir des croyances de l’auteur. Le grand public ne sait pas vraiment que Mozart était franc-maçon. Pourtant, une grande partie de sa musique est conditionnée par son appartenance à la franc-maçonnerie et les relations qu’il a eues dans les dernières années de sa vie : il est passé par les principales loges à Vienne et en Allemagne. Il y rencontra beaucoup de monde qui, en plus d’être francs-maçons, appartenaient à l’ordre des “Illuminati”.

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