Article de notre confrère le www.sudouest.fr
La franc-maçonnerie a été éprouvée par la crise sanitaire mais tente de rebondir avec notamment des rituels réinventés.
Avec une activité suspendue ou réduite, la franc-maçonnerie a été éprouvée par la crise sanitaire mais tente de rebondir avec ici des rituels réinventés, là une émission de radio, ou en s’interrogeant sur la société post-Covid. Trois confinements dont un avec fermeture totale des temples. Et un couvre-feu de plus de six mois. Voilà qui a fortement empêché les francs-maçons de se réunir en « tenues », ces rencontres rituelles et d’échanges à huis clos entre « frères » et « soeurs » d’une même loge qui sont l’essentiel de la vie maçonnique et ont lieu habituellement en soirée.
Depuis le début de la crise du Covid, « les loges maçonniques ont eu une activité contrariée », résume Georges Sérignac, grand maître du Grand Orient de France (GODF), principale obédience. Roger Dachez, historien de la franc-maçonnerie « va jusqu’à parler de « désastre »»…
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Des effectifs en légère baisse
La crise sanitaire a eu un autre effet : les “initiations” – cérémonie lors de laquelle un nouveau franc-maçon est accueilli – ont pour partie été stoppées. Sylvianne (prénom modifié) en a fait les frais, elle qui devait être “initiée” dans une loge du GODF au printemps 2020. “On m’a dit que c’était un moment très fort, où un lien direct doit se créer avec les frères et soeurs de la loge. Ça ne peut se vivre qu’en leur présence”, dit-elle. L’horizon de septembre lui a été promis.
A cela s’ajoutent des décès dus au Covid parmi les plus âgés – la pyramide des âges étant assez supérieure à 50 ans en franc-maçonnerie. Si bien que les effectifs, en hausse ces dernières années, diminuent. Au GODF, plus grosse obédience avec quelque 55.000 membres, Georges Sérignac observe pour 2020 une “baisse d’1,8 %”, “pas très significative” selon lui “dès lors que les initiations vont probablement pouvoir avoir lieu cette année”. Idem à la GLDF (un peu moins de 34.000 membres), qui enregistre une perte de 600 membres, en raison du retard d’initiations. Des effectifs en baisse de “3 ou 4 %” mais beaucoup d’initiations en attente sont aussi constatés à la GLMF (5.300 membres).
“On n’a pas vu un départ important des loges, parce que l’économie est encore perfusée. Mais avec la fin des aides financières, on est en droit de craindre une désertion plus massive d’une certaine proportion de francs-maçons dans les prochaines années”, met en garde Roger Dachez. La cotisation peut atteindre 400 euros l’année. La visioconférence a permis de maintenir le lien. Ou de travailler des “planches” (exposés). Mais Georges Sérignac est catégorique : “à distance, ce n’est pas de la pensée franc-maçonne”. C’est plutôt “un cercle philosophique, citoyen, ou politique”. « Le rituel ne se met pas en visio. Une tenue, c’est un espace concret dans lequel tout le monde doit être en communion », abonde Georges Voileau (Droit Humain, 16.000 membres).
Un autre outil a permis “de continuer le travail”, affirme Elise Ovart Baratte, conseillère à la GLMF, à l’origine du lancement d’une émission hebdomadaire, “Pierres de touche”, sur RadioDelta, une webradio maçonnique. Chroniques, débats : 53 émissions ont été été diffusées à ce jour, faisant notamment participer des frères et soeurs de toutes obédiences. Enfin, la réflexion sur la société post-Covid anime plusieurs obédiences. Le GODF a produit un Livre blanc («Après ») sur de nombreux sujets – “dette Covid”, “libertés individuelles et collectives”, “repenser la solidarité”… La GLDF a intitulé le sien “Le futur de nos loges”.
“La crise nous pousse aussi à nous demander comment agir sur des enjeux concrets tels que les enjeux écologiques et environnementaux, la démocratie… “, souligne Edouard Habrant. “Les repères sont remis en cause mais les fondamentaux sont là », assure un “frère” à la GLDF à Lille, alias “Vordonis”, 66 ans.
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Cette crise sanitaire a nettement touché nos loges, nous avons souvent une majorité de frères et soeurs ayant atteint un certain âge, par conséquent encore plus victimes des formes graves de Covid qui devaient se protéger..
Il a donc fallu revoir nos façons de travailler, si la visoconférence a été un élément intéressant, avec le risque d’exclure les frères et soeurs moins geeks que d’autres, elle ne peut en aucun cas remplacer l’égregore, la fraternité qui circule sur nos colonnes, lors des présences en tenue.
Et surtout, elle a empêché ce moment de partage plus ou moins formel que sont les agapes, un moment souvent aussi fort que la tenue et qui pour moi en esrt indissociable. Ce temps de libération où la parole circule vers l’autre permettant de mieux connaître et apprécier les frères et soeurs de la Loge.
Notre devoir aujourd’hui est d’aller vers les frères et soeurs qui ont été éloignés et les inciter au retour éventuellement en palliant aux difficultés matérielles qu’ils peuvent rencontrer.