C’est une expression que l’on entend souvent sur les colonnes “Un-e franc-maçon-ne doit savoir gérer ses émotions” ; et si on demande comment, la réponse “raisonnable” fuse : “Etre Maître de soi” ! Le problème c’est que ce n’est pas si simple !
La fraternité ? L’alpha et l’oméga de cette Voie maçonnique superbe qui est en train de prendre forme dans notre Franc-maçonnerie latine du XVIIIème siècle. Nous en sommes les bagagistes plus ou moins éclairés. Mais cela importe peu. Si nous ne portons pas le bagage, nous aurons failli et notre serment ne se révèlera que de paille !
Quel que soit notre voyage vers nous-même, il partira nécessairement de ma relation à l’autre : je l’aime ou/et je comprends ce qu’il dit ? Plus notre équipement sera partagé, plus nous avancerons sur ce beau chemin. Mais que portes-tu dans ton bagage quand tu es en tenue ? Cet article va pouvoir t’accompagner, je l’espère, sur le chemin de la fraternité, celui qui conduit à la Voie.
La raison ? Une affaire qui date !
Chaque jour ou presque, un article sur la raison ! C’est vrai que nous sommes dans le pays de Descartes ! Nous en sommes pétris. On dirait maintenant que nous en sommes «pétrifiés» avec la part belle réservée à l’économie et au déferlement des technologies dans tous les domaines. Il semble bien que nous passions à côté de l’essentiel, le développement qualitatif de l’Être.
Notons tout de même, qu’en plein XVIIIe, Voltaire affirmait qu’il sanglotait devant un beau coucher de soleil, et Jean-Jacques Rousseau rêvait de l’amour éperdu pour la Nouvelle Héloïse.
Si, en qualité de franc-maçons, nous sommes et restons des gardiens sourcilleux de l’approche rationnelle, nos textes, rituels et autres, ne sont-ils pas trop secs ? Ils ne nous incitent pas à nous laisser aller dans les pays enchantés de l’intuition, de l’imagination et des émotions.
Quelle place donnes-tu aux émotions, dans ton développement ?
L’affectif, cause perdue pour les Francs-Maçons ? Ce serait dramatique pour notre mouvement.
Depuis les travaux de Salovey et Mayer, en 1990, l’intelligence émotionnelle est pourtant aussi importante dans la réussite sociale que l’intellect et la raison ! Ils nous apprennent qu’elle est plus pertinente dans l’approche des problèmes humains, essentielle dans les échanges, omniprésente dans les relations entre nous.
Martin Seligman, chercheur en psychologie et professeur à l’Université de Pennsylvanie, distingue six valeurs multimillénaires et qui pourraient bien caractériser les sociétés humaines. Il s’agit de sagesse/connaissance, courage, humanité, justice, tempérance, transcendance. Il est intéressant de croiser ces valeurs purement humaines avec celles de la Voie maçonnique.
Au revoir le QI, bonjour le QE(Quotient émotionnel) !
N’oublions pas, avec les conclusions du père de la psychologie positive, Martin Seligman, dans ces années 90, que nos valeurs s’appuient sur un socle émotionnel !
D’ailleurs, la psychanalyse, et quoi que tu en penses, affirme que la raison n’est que rationalisme ; en vérité ce sont les désirs et les peurs qui mènent, en sourdine, la danse.
Conclusion : le développement du potentiel de l’Homme, passe autant, sinon plus, par son intelligence émotionnelle, que par sa rationalité.
Qu’est-ce à dire ? L’essentiel, ne serait-il pas d’acquérir la capacité de nommer ses propres émotions et d’identifier les émotions de l’autre ?
Sublime