ven 22 novembre 2024 - 10:11

Face à l’insécurité affective, une solution : un symbole !

Les suites d’un deuil, la vie après un divorce, s’organiser après un licenciement, assumer un diagnostic d’une maladie grave, voilà quelques situations pouvant générer une insécurité affective, elle-même capable de produire des signes cliniques variés comme des angoisses, des troubles du sommeil, un état dépressif, l’apparition de conduites addictives invalidantes et tant d’autres malaises. Bien souvent, le premier recours est dans l’ordre du symbolisme.

Si un soutien médical ou psychothérapique peut s’avérer indispensable, bien souvent, en particulier au début de l’apparition des troubles, spontanément les personnes concernées utilisent un symbole de protection.

Pour comprendre cette pratique, rappelons que dans la vie de tous les jours, chaque être humain se doit de satisfaire des besoins fondamentaux ; ceux-ci ont été formalisés dans les années 40 par le psychologue Abraham Maslow (1er avril 1908 – 8 juin 1970) et l’on a coutume de présenter ces besoins fondamentaux sous le nom de Pyramide des besoins de Maslow ; ce sont par ordre de priorité :

1 – Les Besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer)

2 – Les Besoins de sécurité  (du corps, de l’emploi, de la santé, de la propriété…)

3 – Les Besoins d’appartenance et de soutien affectif  (amour, amitié, intimité, famille, sexe)

4 – L’Estime  (confiance, respect des autres et par les autres, estime personnelle)

5 – L’Accomplissement personnel  (morale, créativité, résolution des problèmes…)

Une des manières de satisfaire le besoin de sécurité affective se retrouve dans la fonction de la pensée symbolique dont on sait maintenant qu’elle apparaît dans la toute petite enfance.

Dans « La formation du symbole chez l’enfant », Jean Piaget décrit ce moment décisif du développement cognitif de l’enfant quand apparaît la capacité de symbolisation.

Tout se passe comme si la pensée symbolique permettait l’acceptation d’une distanciation affective grâce à la présence de l’objet symbolique.  Pour l’enfant, la distanciation affective concerne bien sûr essentiellement la mère et aussi le père. 

Dans les situations d’insécurité affective, la pensée symbolique favorise indirectement l’utilisation des symboles dits de protection qui ont aussi pour fonction de redonner confiance et de rassurer.

Les principaux symboles de protection :

Ils permettent de se protéger de l’insécurité affective ne serait-ce que d’une façon ponctuelle lors des crises d’anxiété ou d’angoisse liées à la solitude affective ressentie ; ils sont nombreux et variés, selon les usages, les cultures, les époques, les religions et je ne pourrai citer que les principaux. Dans la pratique religieuse catholique, la Mère Marie et certains saints sont invoqués, à l’aide d’ex-voto, pour rechercher une protection.

En Islam, la tristesse et l’angoisse provoquées par la solitude affective sont l’œuvre de Satan ; la protection sera acquise par la récitation d’une sourate ; dans ce cas, on voit bien que c’est l’écrit qui est le support symbolique !

Dans la pensée animiste, le trouble ressenti est lié à l’influence des djinns qui perturbent l’environnement du sujet ; la correction qu’effectuera le guérisseur sera basée sur l’utilisation d’objets symboliques utilisés comme objets sacrificiels et/ou comme éléments repoussoirs.

Bien que dans l’usage courant, certains emploient le terme de fétichisme pour désigner le recours aux objets de protection, le fétichisme recouvre une autre pratique mystique plus complexe dans laquelle le fétiche est une représentation d’un Dieu ; il s’incorpore dans le culte où il est parfois vénéré.

LE PARAPLUIE :

Les plus anciennes superstitions relatives au parapluie datent des premiers Égyptiens, pour qui cet objet, fabriqué avec art à l’aide de papyrus et de plumes de paon, était empreint de signification religieuse. Ces premiers parapluies n’étaient absolument pas destinés à protéger de la pluie (phénomène rare et véritable bénédiction dans l’Égypte aride), mais servaient de parasols contre l’implacable soleil qui sévissait toute la journée.

Les Egyptiens croyaient que la voûte céleste était formée par le corps de Nut, la déesse des cieux (3000 ans av-JC). Son corps arqué formait une sorte de pont au-dessus de la terre, ne touchant le sol que par l’extrémité des orteils et des doigts.

Les parapluies fabriqués par l’homme représentaient donc la déesse Nut en miniature, sous laquelle seuls les nobles étaient autorisés à s’abriter. L’ombre formée à l’extérieur par l’un de ces parapluies était sacrée et, pour le commun des mortels, le seul fait d’y pénétrer, même involontairement, était un sacrilège, un présage de mauvais augure. (Cette croyance était inverse chez les Babyloniens, qui considéraient comme un honneur de poser ne serait-ce qu’un pied dans l’ombre formée par le parasol du roi.)

Si l’ombrelle est un symbole solaire, le parapluie est associé à l’ombre , au repli sur soi et symbolise le besoin de protection, la crainte de la réalité, le manque de dignité et d’indépendance.

Emblème royal autrefois réservé à l’usage des princes et des rois, le parasol est en Asie le symbole du pouvoir souverain assimilé au pouvoir céleste : le dais représente le ciel, son manche l’axe cosmique auquel s’identifie le souverain.

De même l’atapatra des boudhistes est un symbole de royauté spirituelle.

Au Laos, le parasol sert de lien entre le ciel et l’homme et lors des funérailles on en place un au sommet d’une colonne pour permettre à l’âme de s’échapper vers le ciel.

En Inde, le parasol est l’insigne de la royauté et du Vishnou ;  les tantristes comparent les chakras situés le long de la colonne vertébrale à des parasols.

Assimilé au parasol, le baldaquin des musulmans est en rapport avec le paradis.

Dans la province française il était d’usage pour les grands-parents, durant la floraison des arbres, de faire vivre à leurs petits-enfants une allégorie de la relation à Dieu :  la mère ou la grand-mère plaçait  des fleurs dans une petite ombrelle que l’enfant devait vite mettre au dessus de sa tête ; ainsi les fleurs tombaient en pluie sur la tête de l’enfant et la mère ou la grand-mère expliquait qu’ainsi l’Esprit Saint lui accorderait sa protection ainsi qu’ un Don ! Ensuite l’enfant pouvait ramasser toutes les fleurs pour les mettre dans l’eau du bain.

LE FER A CHEVAL :

C’est devenu un classique porte-bonheur dont l’origine remonte à l’empire romain ; on dit que cette fonction n’est possible que s’il a été forgé à la main et s’il possède sept trous. D’autres légendes se sont greffées sur cet objet qui pour nous maçons peut être relié à la symbolique de Tubalcaïn avec l’influence de la Terre et du Feu..

LES GARGOUILLES :

Symbole puissant de protection, objet d’architecture utilisé pour évacuer l’eau des toits des églises à partir du XIIème siècle, la gargouille a été incorporée dans la symbolique par les compagnons bâtisseurs qui leur a donné un style très particulier par un travail de sculpture sur pierre ; le Mal représentant le « pire ennemi » dans la religion chrétienne, il fallait un moyen d’éloigner celui-ci des églises, Maisons de Dieu.

Les gargouilles ont ce but appréciable de faire fuir tout esprit malin ou être démoniaque, selon l’époque. Les gargouilles étaient donc les gardiens du Bien, et par extension des églises. Leur aspect terrifiant n’était visible en fait que pour rappeler à l’hérétique, au non-chrétien, aux ennemis de Dieu dans leur ensemble que la protection divine était déjà sur le bâtiment. La légende raconte que les gargouilles hurlaient à l’approche du Mal, qu’il soit visible (sorciers, magiciens, démons incarné) ou invisible.

LE LIERRE :

Symbole de protection pour les femmes, d’attachement jusqu’à la mort. Avec son feuillage toujours vert, l’éternité et l’immortelle renommée.

LE NOMBRE SEPT :

Le mystère ou la plénitude. Le sept a toujours eu une vertu magique, protection contre la mort.


Le MANTEAU
:

Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, le manteau est la protection nécessaire pour affronter les intempéries. Il est le plus important de tous les vêtements lorsqu’on est exposé aux aléas du monde extérieur. Dans les rêves, il représente donc la sécurité affective des amis ou de la famille. Parfois on le cherche ou on le porte, dans d’autres cas il est troué, usé ou décousu ; autant de symboles s’appliquant directement aux relations que l’on entretient avec ses proches.

Les SEINS :

Mamelles de la femme, les seins sont avant tout le symbole de la maternité : celle de l’Alma Mater qui viendra nourrir avec amour les enfants qu’elle a mis monde. Associés au stade oral et à l’allaitement (même si le biberon en est bien souvent devenu leur substitut), les «nichons» figurent également le lieu de refuge et de protection que constitue le giron maternel et familial où l’enfant viendra naturellement se «nicher». Gaïa, déesse de la Terre était dite «déesse à la large poitrine».

Dotée d’un large bassin (la fécondité) et d’une forte poitrine (la nourriture), la femme mythique demeure celle qui assumera pleinement son rôle de reproductrice.

Fortement érotisés de nos jours par la pensée masculine, ies seins concourent à l’ambivalence de la féminité. Gonflés de lait, plats, flasques ou tombants, ils traduisent en rêve notre rapport à la féminité et au giron maternel. Rêver de tétons mettra l’accent sur l’aspect nourricier et l’oralité. Notons que selon la symbolique traditionnelle droite/gauche (masculin/féminin), le sein droit concernerait les garçons et le sein gauche les filles.

LE BLEU :

Couleur divine, véhicule les impressions de vérité, immortalité, fidélité, chasteté, loyauté, justice, tolérance, équilibre, contrôle de soi, générosité, bonté.

Couleur de la communication, de la créativité et de la tranquillité. Identifié à l’air, ses attributs sont la spiritualité, la contemplation, la passivité.

Le bleu favorise également la méditation et le repos.

Le bleu clair est l’inaccessibilité, le merveilleux, l’évasion.

LE VERT :

Régénération spirituelle, espérance, dualité, renouveau, vengeance mais aussi vigueur sexuelle, besoin d’épanouissement, d’estime, de valorisation, de connaissance, charité, et par antinomie dégradation morale, folie et désespoir sont les symbole représentées par la couleur verte.

Son rapport évident à la nature fait d’elle la couleur de l’harmonie et lui permet de créer une ambiance rassurante, un sentiment de confort.

Lorsqu’elle est teintée de jaune (tel les yeux d’un serpent), ses attributs sont la putréfaction et une influence néfaste.

LA KHAMSA OU MAIN DE DIEU :

C’est un des rares symboles utilisés aussi bien par les chrétiens, les juifs et les musulmans (surtout chiites).

LES TALISMANS ET AMULETTES :

Ce sont des objets très simples, de différentes matières ( métal, bois, roche, par exemple) sur lesquels sont gravés des symboles et qui ont différentes fonctions selon ce qui est souhaité : fonction porte-bonheur, fonction de protection contre les mauvais esprits, etc.  Le symbole le plus utilisé semble être le pentagramme . Généralement, les talismans sont individualisés et réalisés spécialement pour un individu donné avec une fonction précise.

LES PENTACLES :  

Si les talismans sont très personnels, les pentacles sont habituellement plus anonymes ; ils sont le plus souvent inscrits dans un cercle ; leur attrait provient de la puissance symbolique du symbole utilisé : les plus connus sont les pentacles avec le caducée de Mercure ou avec la Svastika qui en magie blanche, symbolise l’image de la longévité, de la fortune et du bonheur, et en magie noire, la mort.

LES GRIS-GRIS :

D’une manière générale on peut dire, à la suite de Paul HAZOUME, que “le gri-gri est un symbole que la foi rend efficace“. Le gri-gri se porte sur soi ; il peut être placé dans un lieu particulier. Dans la pensée animiste, il y a une inter-relation entre le gri-gri et celui qui le porte ou à qui il est destiné , ce qui explique que son action peut être bénéfique ou maléfique.

En conclusion :

De par son mode d’émergence au monde, l’être humain fait très tôt l’expérience de la séparation affective source d’angoisse, d’anxiété et parfois de profonds désordres de la personnalité.

Progressivement, il constatera que, dans le monde adulte, l’insécurité affective devient permanente et qu’on peut “l’amadouer”.

Spontanément, chacun se rend compte de la possibilité d’utiliser certains symboles dont l’évocation est capable de ramener l’être inquiet ne serait-ce que momentanément, dans une situation de protection affective, source de repos de l’esprit.

J’aurai l’occasion dans d’autres articles d’aller un peu plus loin dans cette réflexion en abordant les concepts d’ UPC et de ZDC qui éclairent la permanence de l’utilisation des symboles.

1 COMMENTAIRE

  1. L’image de titre que j’avais proposée n’ayant pas été retenue, sûrement pour des raisons de droit à l’image, l’image de remplacement choisie par la rédaction pose un problème. Elle peut s’interpréter comme l’illustration du faible poids de la franc-maçonnerie par rapport à la raison associée au sentiment ! Comme d’une part, ce n’est pas mon opinion, et que d’autre part ce n’est pas le sujet de l’article, je me désolidarise de ce choix. Mieux vaudrait ne rie pas mettre d’image !

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Alain Bréant
Alain Bréant
Médecin généraliste, orientation homéopathie acupuncture initié en 1979 dans la loge "La Voie Initiatique Universelle", à l'orient d'Orléans, du GODF Actuellement membre d'une loge du GODF à l'orient de Vichy Auteur sous le pseudonyme de Matéo Simoita de : - "L'idéal maçonnique revisité - 1717- 2017" - Editions de l'oiseau - 2017 - "La loge maçonnique" - avec la participation de YaKaYaKa, dessinateur - Editions Hermésia - 2018 - "Emotions maçonniques " - Poèmes maçonniques à l'aune du Yi King - Editions Edilivre - 2021

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