ven 19 décembre 2025 - 11:12

Les racines secrètes et occultes du nazisme : voyage dans l’ombre de l’histoire

Article inspiré par lejournaldesarts.fr

Le nazisme, ce régime totalitaire qui a plongé le monde dans l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, est souvent perçu à travers le prisme de la politique, de l’économie et de la propagande. Pourtant, derrière les discours enflammés d’Adolf Hitler et les structures impitoyables de la SS, se cachent des racines bien plus obscures : un mélange enivrant d’occultisme, de mysticisme racial et de doctrines ésotériques nées au tournant du XXe siècle.

Ces influences, souvent reléguées au rang de mythes ou de curiosités historiques, révèlent une fascination profonde pour l’invisible qui a nourri l’idéologie nazie. À Vienne, berceau de ces idées troubles, une exposition actuelle au Leopold Museum met en lumière cette « modernité cachée », explorant comment le spiritisme, la théosophie et l’ariosophie ont pavé la voie à l’une des plus sombres pages de l’humanité.

Les origines ésotériques : de la théosophie à l’ariosophie

Helena Blavatsky

Au cœur de ces racines occultes se trouve la théosophie, un mouvement spirituel fondé en 1875 par Helena Blavatsky, une mystique russe qui prônait une sagesse universelle mêlant religions orientales, occultisme et science. Blavatsky, avec ses écrits comme La Doctrine Secrète, imaginait une humanité guidée par des maîtres invisibles et des races primordiales. Cette doctrine, popularisée en Europe, s’est infiltrée dans les cercles intellectuels viennois autour de 1900, où elle a croisé le chemin de théories racialistes et antisémites.

Jörg Lanz von Liebenfels

C’est dans cette effervescence que naît l’ariosophie, une branche ethno-nationaliste de la théosophie, imprégnée d’eugénisme et de suprémacisme aryen. Jörg Lanz von Liebenfels (1874-1954), un occultiste viennois et ancien moine cistercien, en est le fer de lance. Fondateur du Nouvel Ordre Templier – une organisation religieuse eugéniste et racialiste –, il développe dans son ouvrage Théozoologie ; ou la science relative aux hommes-singes de Sodome et à l’électron divin l’idée d’une race aryenne divine, supérieure aux « hommes-singes » inférieurs. Son périodique antisémite Ostara, lu par un jeune Adolf Hitler durant ses années viennoises, propage ces visions délirantes d’une pureté raciale mystique.

Guido List

Parallèlement, Guido List (1848-1919), un écrivain viennois, élabore l’armanisme, une théorie des cinq races historiques où les Aryens, descendants d’une lignée divine, doivent reconquérir leur suprématie. Ces idées, mêlant runes anciennes, swastika (symbole hindou détourné) et mythologie germanique, influencent profondément les occultistes autrichiens et allemands. Elles transforment l’occultisme en un outil idéologique, où le spirituel justifie la haine raciale.

Les sociétés secrètes : des cercles ésotériques au parti nazi

La croix gammee en forme de roue solaire utilisee par la societe de Thule et leparti des travailleurs allemands.

Ces doctrines ne restent pas confinées aux salons intellectuels ; elles s’infiltrent dans des sociétés secrètes qui deviendront les incubateurs du nazisme. Le Reichshammerbund, l’Ordre Teutonique et surtout la Société Thulé – fondée en 1918 à Munich – en sont les emblèmes. Inspirée par l’ariosophie, la Thulé prône un pangermanisme mystique, voyant dans les Aryens les héritiers d’une civilisation perdue (Thulé, l’île mythique des Hyperboréens). Ces groupes, aux rituels empreints de paganisme germanique, contribuent directement à l’émergence du Parti nazi en 1919.

Karl Wilhelm Diefenbach

Des figures comme Karl Wilhelm Diefenbach (1851-1913), un peintre symboliste et théosophiste végétarien, incarnent cette fusion entre art et occultisme. Fondateur de la communauté Humanitas en banlieue viennoise en 1898, il produit des œuvres comme Sphinx (1897-1907) ou Ecce Homo (1890), où le Christ cosmique symbolise une élévation spirituelle vers des sphères supérieures. Ces tableaux, imprégnés de corps astral et de réincarnation, illustrent comment l’occultisme séduit les artistes et intellectuels, pavant la voie à des interprétations racialistes.

D’autres pratiques, comme le spiritisme – popularisé par Hippolyte Léon Denizard Rivail (Allan Kardec) dans les années 1850 – ajoutent une couche de mysticisme. Des photographes comme Adolf Ost et Friedrich Strnischtie capturent des « esprits » invisibles, tandis que des performances hypnotiques, telles celles de la danseuse Magdeleine Guipet, explorent les frontières entre le visible et l’inconnu.

L’Influence sur le nazisme : mythes et réalités

Adolf Hitler (1889 – 1945)

Si Hitler lui-même n’était pas un occultiste fervent, son exposition à ces idées via Ostara et d’autres lectures a imprégné son Weltanschauung (vision du monde). Des hauts dignitaires nazis, comme Heinrich Himmler (chef de la SS, obsédé par les runes et les châteaux médiévaux) ou Rudolf Hess (adepte d’astrologie et de biodynamie), embrassent pleinement ces racines. Himmler fonde même l’Ahnenerbe, une organisation pseudo-scientifique chargée d’exhumer les « preuves » d’une supériorité aryenne à travers l’archéologie et l’occultisme.

Pourtant, l’exposition viennoise démystifie ces influences : elle distingue les doctrines spirituelles pures (comme la théosophie de Blavatsky) des dérives ethno-nationalistes. Elle révèle un aspect « sombre et peu connu » de l’histoire viennoise, où l’occultisme, initialement émancipateur, se corrompt en outil de haine. Les curateurs, Matthias Dusini et Ivan Ristic, soulignent ce glissement :

« Ces sociétés secrètes comme le Reichshammerbund, l’ordre Teutonique et la société Thulé, qui ont toutes trois contribué à l’émergence du parti nazi. »

Cependant, l’exposition peine parfois à rendre accessible cette iconographie hermétique, rendant le parcours ardu pour les non-initiés.

Leopold Museum de Vienne

Une exposition audacieuse : « Modernité Cachée » au Leopold Museum.

Actuellement au Leopold Museum de Vienne (jusqu’au 18 janvier 2026), l’exposition « Modernité cachée. La fascination pour l’occulte dans les années 1900 » ose plonger dans ces abysses. À travers des peintures, photographies et textes, elle trace le fil rouge de l’occultisme viennois vers le nazisme. Malgré une prédominance de textes sur les images – et un manque de supports multimédias comme des sons ou vidéos –, elle est saluée pour sa richesse et son courage. Elle invite à réfléchir : comment des quêtes spirituelles ont-elles pu engendrer une idéologie destructrice ?

Les leçons d’un passé obscur

Les racines occultes du nazisme ne sont pas de simples anecdotes ; elles rappellent comment le mysticisme, quand il épouse le racisme, peut justifier l’inhumain. Dans un monde où les théories conspirationnistes resurgissent, cette exposition nous exhorte à la vigilance. En explorant ces ombres, nous honorons la lumière de la raison, veillant à ce que l’histoire ne se répète pas. Vienne, avec son passé tourmenté, nous offre ainsi un miroir essentiel pour comprendre les dangers de l’irrationnel.

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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