(entre l’être suprême jeanne d’arc et Victor Hugo !)

« Tu frappes à la porte de la sagesse, une voix demande :
qui est là ?
Tu réponds : Moi. Et la porte ne s’ouvre pas.
Tu frappes à la porte de la sagesse, une voix demande :
qui est là ?
Et tu réponds encore : Moi. Ne soit pas étonné si la porte ne s’ouvre pas.
Tu frappes à la porte de la sagesse, une voix demande :
qui est là ?
Tu hésites mais tu réponds : Toi. Enfin, la porte s’ouvre et tu entres dans la sagesse »
Message de Sagesse caodaïste
La Franc-Maçonnerie, du fait de sa naissance dans le contexte de la Réforme protestante (Anglicane et Calviniste à la recherche d’un modus vivendi, à l’exclusion des autres dénominations à ses débuts), sera toujours en porte-à-faux avec la question religieuse : soit un rationalisme et un anticléricalisme virulents, soit une orientation spirituelle qui ferait considérer l’Institution comme un groupe répondant à une orientation cléricale. Pour échapper à ce dilemme, la Maçonnerie se lancera dans plusieurs aventures de création et d’accompagnement de véritables nouvelles Eglises, ou sectes, qui disparaîtrons ou se poursuivrons jusqu’à nos jours.

Les deux exemples connus, sont la création des Théophilanthropes durant la Révolution Française de 1789 qui disparaîtra avec l’accession au pouvoir de Bonaparte et le soutien de la mise en place des caodaïstes, troisième religion au Vietnam durant le temps de la colonisation française et toujours vivante aujourd’hui, tant au Vietnam que dans les différentes diasporas vietnamiennes, avec une participation de membres européens, très souvent Maçons ou proches de la Maçonnerie. C’est à cette dernière création que nous allons nous intéresser.
I- D’UN BOUDDHISME RENOVE, DU SPIRITISME ET DE LA FRANC-MACONNERIE, LA NAISSANCE ET LE PASSAGE SUR LES FONDS BAPTISMAUX D’UNE NOUVELLE RELIGION.

Il est intéressant pour nous de constater qu’au Vietnam, dans les années 1920, la naissance d’un grand nombre de sectes, à partir du spiritisme, du nationalisme vietnamien et de la présence de plus en plus affirmée de courants marxistes. Par rapport au caodaïsme, sa naissance est due à une évolution sociologique importante : la création d’une classe moyenne indigène, scolarisée, occupant des fonctions administratives dans l’empire colonial et aspirant plus à une promotion égalitaire qu’à l’indépendance, avec une volonté d’une spiritualité unifiée et tolérante, tout en conservant les différences entre ces courants.

C’est sur la base du spiritisme que le caodaïsme va se constituer. A cela rien d’extraordinaire : existe depuis longtemps un spiritisme vietnamien extrêmement puissant, inter-religieux, qui va être renforcé par tout un courant spirite européen qui est l’un des résultats de la première guerre mondiale et son cortège de défunts avec lesquels se fait le désir de communiquer. Y compris dans la Maçonnerie où ce courant était représenté de façon forte, tant en France qu’au Vietnam. La relation entre les deux structures va très vite s’opérer à partir de l’appartenance laïque du milieu administratif commun et souvent par opposition aux colons qui bloquent toute évolution et sont les soutiens d’un catholicisme intransigeant, alors que l’immense majorité de la population est bouddhiste. Les loges militaires vont soutenir également l’Église naissante en comprenant qu’elle n’est pas hostile fondamentalement à la France, et par nature anti-communiste. Donc, une étrange naissance sous le patronage de la Maçonnerie, du spiritisme et des services de renseignements français !

Ce fut au début de l’année 1926 (« Binh Dân ») que fut fondé le caodaïsme, bien qu’existaient déjà des cercles médiumiques qui s’en rapprochaient auparavant. Mais, depuis 1919, un homme, Phu Ngô Van Khieu, se passionna pour le spiritisme lié au taoïsme. Avec de jeunes médiums, il évoquait les esprits supérieurs (« Cao-Tien »). Parmi les esprits contactés, s’en trouvait un qui se nommait Cao Daï. Cette évocation des esprits était quelque chose de courant dans le milieu des fonctionnaires annamites, comme l’était l’horoscope dans le peuple avec, pour les deux groupes sociaux, un enracinement dans le culte des ancêtres. Phu Ngô Van Chieu était délégué administratif, en 1919, au poste de Phu Quoc, île située dans le golfe de Siam. Fait très intéressant, il sera affecté ensuite au deuxième bureau du gouvernement de Cochinchine, ce qui ne sera pas sans conséquences sur la nouvelle religion durant l’histoire à venir du Vietnam.
Le nom de Cao Dai, découvert dans les séances de spiritisme, étonna les personnes présentes, mais Phu Ngô Van Chieu crut y reconnaître un surnom de Dieu qu’il convenait de représenter sous une forme tangible : Cao Daï lui donna l’ordre de le représenter par un œil symbolique au sein d’un triangle. Bien entendu, la copie du symbole du Grand Architecte de l’Univers est évidente ! Bientôt les fonctions administratives de Phu Ngô Van Chieu le rappelèrent à Saïgon où il fit des adhérents à la foi nouvelle, groupe recruté dans les milieux occultistes locaux. Le 24 décembre 1925, à l’occasion de noël, Cao Daï, l’ « Être Suprême », se révéla aux spirites, en langue annamite.

Phu Ngô Van Chieu, devenu médiateur entre les hommes et Cao Daï, était un produit typique du fonctionnaire indigène installé par l’administration coloniale française. Il était né le 28 février 1878 à Cholon-ville (« Binh Tay ») dans un milieu modeste et devient boursier au collège de Mytho. Au bout d’un travail forcené, il passe avec succès le concours de secrétaire du gouvernement, ce qui était alors le couronnement des études complémentaires franco-indigènes et la reconnaissance de la fidélité au gouvernement français. De 1899 à 1902, il est affecté au service de l’immigration. Passionné de religion et de spiritisme, il rejoint alors un groupe de jeunes bouddhistes qui avaient l’habitude de « faire tourner les tables ».

Après la révélation de Cao Daï, une autre conversion va avoir lieu : celle de Lê Van Trung, ancien mandarin cochinchinois, membre du conseil de gouvernement et spirite à l’occasion. Cao Daï, le « Grand Maître », par le truchement des médiums ; va le désigner pour devenir le Pape du caodaïsme, alors que Phu Ngô Van Chieu, habitué à la solitude, va se tenir à l’écart d’un mouvement qui, sortant de son cercle habituel, va devenir très rapidement une religion locale importante : les oratoires caodaïstes vont se répandre à Cholonville, Congtoc, Lôcgiang, Tândinh, Thuduc et Cântho. Deux médiums sont affectés à chaque oratoire pour recevoir les enseignements du Grand Maître.
Le 7 octobre 1926, vingt-huit dirigeants du caodaïsme, soucieux de se maintenir dans la stricte légalité, feront une déclaration officielle adressée au gouverneur de Cochinchine. A cette déclaration était jointe une liste d’adeptes comportant la signature de deux cent quarante-sept présents à la cérémonie ayant consacrée la naissance officielle du caodaïsme. Les autorités coloniales françaises verront favorablement la naissance de ce mouvement religieux issu des élites et cadres intermédiaires qu’ils sont en train de mettre en place et qui apportent leur soutien au régime colonial. De surcroît, la naissance de cette croyance et de son soutien est une manière de combattre l’influence de l’Église Catholique puissante dans le nord et le bouddhisme avec ses tendances nationalistes et, enfin, les groupes marxistes qui s’installent peu à peu dans les milieux universitaires en France ou sur place. Le renseignement français militaire va y voir un intérêt direct pour faire barrage aux influences anticoloniales et, les mouvements laïques, où la Franc-Maçonnerie joue un rôle capital, va apporter son soutien et ses conseils à la religion naissante, et ainsi en être l’un des éléments fondateurs dans l’esprit. Maçonnerie où est encore bien présente des courants spirites et un anticléricalisme virulent. Certains Maçons français vont s’y joindre et militer pour une plus grande ouverture des loges aux vietnamiens, surtout ceux qui sont membres du caodaïsme, constituant ainsi un pont entre les deux structures, allant pour certains Maçons jusqu’à considérer que le caodaïsme soit une sorte d’Eglise asiatique de la Maçonnerie qui met à l’honneur les religions mais aussi les hommes et les femmes célèbres, comme Victor Hugo, spirite, et Jeanne d’Arc !

Les dirigeants de la « Grande Voie » vont organiser trois missions de propagande à l’intérieur du pays : une pour les provinces de l’est, une pour celles du centre et une pour celles de l’ouest. En moins de deux mois, plus de vingt mille personnes, parmi lesquelles de nombreux notables, vont se convertirent. La fête de l’avènement du caodaïsme eut lieu les 14,15, et 16 du dixième mois de l’année Binh Dan (18,19 et 20 novembre 1926) dans la pagode Tu-Lam-Tu, située à Gô-Ken (Tây-Ninh). Le Gouverneur Général de l’Indochine ainsi que les grands fonctionnaires européens y furent invités. On y remarquait aussi la présence du capitaine Monet, connu comme spirite. Les loges maçonniques dans l’armée encouragèrent la naissance de cette nouvelle religion qui, d’une certaine façon, présentait un rempart contre les séditions possible. Le renseignement lui fut particulièrement favorable ! Ce fut durant la fête d’installation que furent promus le sacerdoce caodaïste et le nouveau code religieux. En mars 1927, le « Saint-Siège » du caodaïsme va être installé au village de Long-Thânh dans la province de Tây-Ninh, sur une surface de cent hectares. Le choix de ce lieu est, théoriquement, dicté par l’Esprit Supérieur, malgré l’opposition virulente de certains milieux, catholiques notamment. A cette époque, le caodaïsme compte un demi-millier d’adeptes et à qui il veut offrir le perfectionnement dans la « Grande Voie », en ayant en perspective le bien moral et spirituel de l’humanité.
II- EVOLUTIONS ET DERIVES.

Comme souvent dans l’évolution d’un mouvement religieux, la belle unité de départ va se fissurer et des scissions vont avoir lieu : « La religion de la Vraie Vérité », en 1930, et « L’Union de toutes les sectes caodaïstes », en 1934, par exemple. En fait, les statistiques, montreront qu’en 1948 existaient onze sectes de la communion caodaïste ! Les diverses sectes vont constituer des temples à leur tour et prendre des titres comme « Cardinal Législatif » ! Des troubles éclateront entre les différents groupes et c’est ainsi que, très vite, vont se mettre en place des services d’ordre qui, peu à peu, constitueront la future armée caodaïste. Les autorités françaises ne verront pas de façon négative la constitution de cet embryon d’armée, car elle assure l’ordre dans les régions qu’elle contrôle et n’a aucune velléité subversive. D’autre part, les gouvernements de gauche en France, radicaux et socialistes, faciliteront très largement la mise en place du caodaïsme par hostilité aux missions catholiques et par sympathie pour les idées religieuses, philosophiques et libérales proches de la Franc-Maçonnerie. Souvenons-nous qu’il s’est passé la même chose en Algérie où, paradoxalement, l’Islam sera encouragé par les administrateurs laïcs pour faire barrage à l’Église catholique. Ces sympathies laïques et maçonniques seront un handicap pour les caodaïstes quand, après la défaite de 1940 et le début de l’occupation japonaise de l’Indochine en accord avec Vichy et l’amiral Decoux, nommé par Pétain sans pouvoirs réels, va restaurer l’influence de l’Église catholique du nord, au détriment des bouddhistes majoritaires, des caodaïstes et autres sectes. Cela aura deux conséquences indirectes : soit une collaboration avec le Japon vers lequel il convient de se tourner pour être « plus asiatique », soit rejoindre les maquis communistes qui commencent à s’organiser sérieusement, soutenus par la Chine de Mao Tse Tung et de certains courants américains anti-colonialistes ou visant le remplacement des Français en Indochine. L’amiral Decoux fait fermer les sanctuaires de Tây-Ninh et des autres provinces et fait déporter aux Comores les dirigeants caodaïstes. Jusqu’en 1945, les Japonais vont encourager la levée de troupes chez les caodaïstes, sans grand succès d’ailleurs.

A la libération, les caodaïstes vont être rejetés provisoirement par le nouveaux gouverneur, Thierry d’Argenlieu (1), nommé par le général de Gaulle. Mais, devant l’amplitude des mouvements révolutionnaires, le rôle des caodaïstes va revenir à l’honneur : pour contrôler certaines régions, les Français vont s’appuyer sur eux, comme ils le feront avec les catholiques du nord ou les Hoà Haho (2). L’artisan de l’utilisation de courants minoritaires, et souvent violemment opposés, contre les communistes sera le général Raoul Salan. Dans ses mémoires (3) il écrit : « Je sais que les sectes ont tendance à exagérer et qu’il devient indispensable de réfréner leurs appétits.Les Hoà Hao tiennent les riches provinces de Chau Doc, Long Xuyen et Can Tho, au sud du Bassac, bras du Mékong, les caodaïstes assurent l’ordre dans les provinces de Tay Ninh et de Gia Dinh au nord-ouest de Saïgon, tandis que les Binh Xuyên (4) protègent Saïgon-Cholon et la route du cap Saint-Jacques. Les sectes nous aident et j’en ai encore besoin sur le plan militaire. Des accords ont été passés et je veille à ce qu’ils demeurent valables. C’est au militaire français que les sectes obéissent, car il les paie, les habille, les arme. Ce que réclame le président Huu (5), l’absorption pure et simple par ses services, et même l’élimination, ne saurait se concevoir en ce moment. Il faudra bien que le gouvernement vietnamien digère les sectes, mais les détruire serait une faute car elles sont farouchement anti Viet-Minh. Je m’oppose à toute intervention brutale et, en accord avec le gouverneur général Gautier, je décide d’accroître la surveillance dans le seul domaine militaire où j’ai des moyens de pression. Un plan d’action est mis au point avec mes grands subordonnés qui sera appliqué par ma mission de contrôle et de liaison »

Dans les zones contrôlées par les caodaïstes, le Viet-Minh n’aura qu’une influence négligeable. Après Diên Bien Phu, les caodaïstes, du fait de leur principale implantation géographique, vont jouer un grand rôle politique. Les Français vont mettre en place l’Empereur Bao Daï, qui tient à préserver l’unité de l’Indochine sera impuissant contre les personnages qui manifestent une hostilité très nette pour les caodaïstes et ce qu’ils représentent, en sachant qu’ils sont un atout pour l’équilibre de la situation. Leur ennemi mortel est Ngô Dinh Diêm (6), mandarin catholique, hostile aux Français et pro-américain. Le projet de liquidation des sectes, acte particulièrement aveugle, va amener à la défaite : elles représentaient près de deux millions de personnes farouchement anti Viêt-Minh et leur formation avait contribué à la pacification du sud. Les Américains, à partir de 1965, vont mettre en marche leur immense machine de guerre, mais vont laisser carte blanche à Diêm, totalement ignorants de la subtilité de la situation vietnamienne.
Les caodaïstes vont être persécutés avec violence. L’un des bras séculiers de cette lutte sera Nguyên Huu Tho, avocat, ex-ministre délégué à la présidence sous Diêm (1954-1957). Il fera exiler le pape caodaïste Pham Cong Tac qui mourra au Cambodge, mais il changera de camp et deviendra président du Front de Libération Nationale. Il échappera par miracle à un attentat perpétré dans la région de Chodoc. Des persécutions auront lieu aussi contre les Hoà Hao et les bouddhistes majoritaires dans le pays. L’une des conséquences, devant le danger qu’ils courraient, fut que de nombreux caodaïstes furent obligés soit de s’exiler soit de se joindre aux révolutionnaires, en apportant leurs compétences et. Nous pouvons constater que les sectes eurent, jusqu’à Diêm, une bonne efficacité. Ce qui amènera à tenter de poursuivre ces exemples indochinois par l’armée, dans la création des Harkis en Algérie. Mais ceci dans un contexte totalement différent, face à un peuple qui avait une culture religieuse globalement semblable.
III-ALORS LE CAODAÏSME ET LA FRANC- MACONNERIE ?
Très vite, dès la naissance de la nouvelle religion, les Maçons seront intéressés par sa philosophie. Un certain nombre y adhéreront, tandis que des vietnamiens vont rejoindre la Maçonnerie. Un délégué français, Gabriel Godron, sera même choisit comme représentant du caodaïsme en France et de nombreux lieux de culte vont s’ouvrir dans l’hexagone, là où vivent des communautés vietnamiennes. Le caodaïsme est présent également dans le monde entier, au gré des déplacements de populations indochinoises. Il est toléré dans sa pratique au Vietnam actuel par un gouvernement qui connaît les influences commerciales et politiques de ce groupe religieux à-travers le monde !
La doctrine caodaïste se veut concilier toutes les sensibilités religieuses, mais aussi à s’adapter à tous les degrés de l’évolution spirituelle :
1° Au point de vue moral, elle rappelle à l’homme ses devoirs envers lui-même, sa famille, la société qui est une famille élargie, puis envers l’humanité qui est la famille universelle. Cet aspect amenant, bien entendu, la pratique de la tolérance.
2° Au point de vue philosophique, elle prêche le mépris des honneurs, de la richesse, du luxe, pour chercher dans la spiritualité la pleine quiétude de l’âme. La liberté de conscience est aussi une croyance de base.
3° Au point de vue cultuel, elle demande la reconnaissance d’un Principe fédérateur, que le concept de G.A.D.L.U maçonnique peut le mieux à qui ressembler. Il est symbolisé par le triangle, symbole de la perfection et de la composition des énergies divines dans lequel figure « l’oeil ardent de l’Eternel ».
4° Au point de vue spirituel, elle confirme, d’accord avec d’autres religions et avec les systèmes de philosophie spiritualiste, l’existence de l’âme.
5° Au point de vue initiatique, elle communique à ceux de ses adeptes qui en sont dignes, les enseignements qui leur permettront d’accéder à une forme de sagesse intérieure et extérieure, qui se traduit par la fraternité humaine et le respect de la nature sous toutes ses formes.
Le rituel caodaïste est riche et complexe, laissant une place importante à la méditation et au silence. Gabriel Gobron, dans son ouvrage (7) résume les buts du caodaïsme en écrivant : « Sur ce terrain splendide de la fraternité humaine, les disciples du Christ et les fils d’Hiram, les adeptes du Bouddha, de Confucius, de Lao Tseu et les fervents de la théosophie, du spiritisme, de l’occultisme, se rencontrent unis dans leur volonté commune de construire le Temple de l’Humanité ». Noble perspective mais lourde tâche !
Nos Frères vietnamiens et quelques vieux nostalgiques de l’Indochine fréquentent toujours nos loges et le caodaïsme. Ils entretiennent la flamme de cette étrange rencontre…
NOTES
(1) L’amiral Georges Thierry d’Argenlieu (1889- 1964) : combattant de la France Libre, il sera nommé, par le général de Gaulle, Haut-Commissaire en Indochine Française (1945-1947). Catholique convaincu (il appartient à l’ordre des Carmes) il va mettre en œuvre un soutien très mal jugé par l’administration laïque du Vietnam et soutenu par les colons qui sont ralliés au catholicisme. Cette situation amènera les milieux laïcs et maçonniques au soutien du caodaïsme. De retour en France après son échec de réimplantation de la France et l’erreur politique grave du bombardement d’Haïphong, il se consacrera à sa vie religieuse monacale. Il avait réputation d’être dur pour les autres et pour lui-même : on le disait porteur d’un cilice !
(2) Hoà Hao : Secte basée sur le bouddhisme populaire, fondée en 1939 par Huynh Phu Sô (1919-1947). Le Viet Minh considérera le « bonze fou » comme un dangereux illuminé et il sera exécuté par eux. La secte continue à fonctionner dans le Vietnam actuel.
(3) Salan Raoul : Fin d’un Empire. Tome II. Le Viêt-Minh mon adversaire. Paris. Ed. France-Empire. 1971.
(4) Binh Xuyên : Secte fondée dans les années 1920, difficilement qualifiable : Confrérie, action politique, ou groupement semi-religieux ? Les membres s’appelaient « Frères » et respectaient un code d’honneur. Ils jouèrent un rôle politico-militaire durant les guerres vietnamiennes et l’Empereur Bao Dai confia à l’un des membres la direction de la Sureté. Bien entendu, Diêm va s’attaquer à eux pour les détruire et ce, avec l’appui de la CIA. Voulant jouer la division il proposera aux caodaïstes et Hoà Hao leur aide. Ce qu’ils refuseront par solidarité entre les sectes.
(5) Nguyên Huu Tho (1910-1996) : Ministre de la République du Vietnam (1969-1976), il deviendra Président de l’Assemblée Nationale de 1981 à 1987. Il est intéressant de noter que son ralliement au régime communiste après sa collaboration temporaire avec Diêm et sa persécution des sectes ne soit pas mentionnée par le gouvernement officiel actuel !
(6) Ngô Dinh Diêm (1901-1963) : Premier Ministre de la République du Vietnam de 1954 à 1955. Il deviendra Président de la République en 1955. Très largement soutenu par les Américains au départ, ces derniers seront obligés de l’évincer face à son comportement dictatoriale et sa volonté d’imposer le catholicisme contre les communistes, le bouddhisme et les sectes. Il sera assassiné le 2 novembre 1963 à Saïgon.
(7) Gobron Gabriel : Histoire et philosophie du caodaïsme. Paris.Ed. Dervy. 1949. (Page 1456)
BIBLIOGRAPHIE
- Ouvrage collectif : Regards sur l’Indochine. Paris. Association des auditeurs du Centre des hautes-études sur l’Afrique et l’Asie modernes (ARRI). 2004.
- Brocheux Pierre : Indochine, la colonisation ambigue. Paris. Ed. La Découverte. 2004.
- D’Ainval Christiane : Les belles heures de l’Indochine française. Paris. Ed. Perrin. 2001.
- Dalloz Jacques : Dictionnaire de la guerre d’Indochine. Paris. Ed. Armand Colin. 2006.
- D’Argenlieu Georges Thierry : Chroniques d’Indochine : 1945-1947. Paris. Ed. Albin Michel. 1985
- Goscha Christopher : Indochine ou Vietnam ? Paris. Ed Vendémiaire. 2015.
- Greene Graham : Un Américain bien tranquille. Paris. Ed. 10/18. 2003.
- Joyaux François : Nouvelle histoire de l’Indochine française. Paris. Ed. Perrin. 2022.
- Meyer Charles : La guerre d’Indochine. Paris. Ed. Tallandier.1999.
- Namba Chizuro : Français et Japonais en Indochine (1940-1945). Propagande et rivalité culturelle. Paris. Ed. Karthala. 2012.
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