jeu 24 avril 2025 - 07:04

Avons-nous encore besoin de Dieu ? Une réflexion profonde dans un monde en mutation

De notre confrère Arte

Dans un monde où la modernité semble souvent s’opposer aux traditions, la question de la foi et de l’existence de Dieu reste un sujet brûlant qui traverse les cultures et les continents. Le récent documentaire d’Arte, Avons-nous encore besoin de Dieu ?, diffusé dans le cadre de la série 42 – La réponse à presque tout le 25 novembre 2024, plonge avec audace dans cette interrogation universelle.

Réalisé par Thomas Wagner et disponible en replay jusqu’au 8 décembre 2027, ce reportage de 26 minutes invite à une réflexion nuancée sur la place de la spiritualité à l’ère de la sécularisation, tout en mettant en lumière des paradoxes saisissants. Voici une exploration détaillée des thèmes abordés, enrichie d’analyses et de perspectives pour nourrir le débat public.

Un recul de la foi en Europe, une exception mondiale

Le documentaire ouvre sur une constatation troublante : en France et en Allemagne, la foi religieuse est en net recul. Seulement environ 40 % de la population de ces deux pays se déclare croyante, un chiffre qui contraste avec la tendance globale. À l’échelle planétaire, plus de 70 % de l’humanité reconnaît l’existence d’un ou plusieurs dieux, selon les estimations présentées. Cette dichotomie soulève une première question : la sécularisation européenne est-elle un modèle universel ou une anomalie culturelle ?

Cette baisse de la pratique religieuse en Europe occidentale pourrait être attribuée à plusieurs facteurs : l’essor de la science, l’éducation laïque, et une méfiance croissante envers les institutions religieuses marquées par des scandales. Pourtant, cette tendance ne se reflète pas ailleurs. En Afrique, en Asie et dans une grande partie des Amériques, la foi reste un pilier central de la vie sociale et personnelle. Le reportage souligne ainsi une fracture entre un Occident de plus en plus rationnel et un reste du monde où le spirituel conserve une influence dominante. Mais cette fracture est-elle vraiment aussi nette qu’il y paraît ? Certains pourraient arguer que la spiritualité, même sous des formes non institutionnalisées, persiste dans les sociétés sécularisées à travers des pratiques comme le bien-être ou la quête de sens.

La souffrance comme argument contre la divinité

L’un des points forts du documentaire réside dans son exploration des arguments sceptiques. La guerre, la souffrance et la misère, omniprésentes dans l’histoire humaine, sont présentées comme des preuves potentielles de l’absence d’un dieu bienveillant. Comment concilier l’idée d’un créateur omniscient et miséricordieux avec les atrocités qui ponctuent notre quotidien ? Cette question, vieille comme la philosophie elle-même, est revisitée avec des exemples contemporains : conflits armés, crises humanitaires, et inégalités flagrantes.

Pourtant, cette approche soulève des critiques. Si la souffrance est utilisée pour nier l’existence de Dieu, ne pourrait-on pas aussi l’interpréter comme un test ou une épreuve, comme le suggèrent certaines traditions théologiques ? Le reportage, en se concentrant sur une vision matérialiste, risque de simplifier un débat qui a occupé des penseurs pendant des millénaires. Il aurait pu, par exemple, explorer davantage les réponses apportées par des théologiens ou des philosophes comme Leibniz, avec sa théorie du « meilleur des mondes possibles », ou encore les perspectives existentialistes de Kierkegaard, qui voient dans la souffrance une occasion de transcendance.

Le besoin humain de croire : une constante universelle

Au-delà des arguments rationnels, Avons-nous encore besoin de Dieu ? s’interroge sur une réalité psychologique et sociale : pourquoi l’être humain ressent-il ce besoin viscéral de croire, même face à l’adversité ? Le documentaire suggère que la foi répond à des besoins fondamentaux : donner un sens à l’existence, offrir un espoir face à la mort, ou encore structurer les communautés. Cette analyse trouve un écho dans les travaux de sociologues comme Émile Durkheim, qui voyait la religion comme un facteur de cohésion sociale.

Mais cette nécessité de croire évolue. Dans les sociétés modernes, des alternatives laïques émergent : le développement personnel, les ideologies politiques, ou même les communautés en ligne. Le reportage aurait pu creuser cette transition, en examinant si ces substituts suffisent à combler le vide laissé par le déclin religieux. Par exemple, les mouvements écologistes ou humanitaires ne reprennent-ils pas, à leur manière, des rôles autrefois dévolus aux religions ?

Une diversité de perspectives

L’un des mérites du documentaire est d’éviter les jugements hâtifs. Il donne la parole à des voix variées : athées convaincus, croyants fervents, et agnostiques perplexes. Cette pluralité reflète la complexité du sujet. Par exemple, un intervenant pourrait souligner que la science, bien qu’expliquant de nombreux phénomènes, ne répond pas aux questions existentielles comme « Quel est le sens de ma vie ? ». À l’inverse, un autre pourrait arguer que la foi, lorsqu’elle devient rigide ou dogmatique, alimente les divisions plutôt que l’unité.

Cette approche équilibrée invite à un débat public. En 2025, alors que les tensions géopolitiques et les crises climatiques s’intensifient, la quête de sens pourrait redevenir un moteur social. Le reportage suggère que, même dans un monde sécularisé, la spiritualité pourrait se réinventer sous de nouvelles formes, peut-être plus individualisées et moins institutionnelles.

Limites et perspectives d’avenir

Malgré sa richesse, le documentaire présente des limites. Sa durée de 26 minutes, bien que concise, contraint l’approfondissement de certains aspects. Par exemple, il ne s’attarde pas sur les différences entre les grandes religions monothéistes et les spiritualités polythéistes ou animistes, qui dominent dans de nombreuses régions. De plus, la focalisation sur l’Europe et les statistiques globales occulte parfois les dynamiques locales, où la foi peut être revitalisée par des contextes spécifiques, comme les mouvements religieux en Amérique latine ou en Afrique subsaharienne.

À l’avenir, il serait fascinant d’explorer comment les jeunes générations, nées dans un monde numérique, perçoivent la question de Dieu. Les réseaux sociaux et les algorithmes influencent-ils nos croyances autant que les sermons d’antan ? Une suite au reportage pourrait aussi examiner les implications politiques de la foi, notamment dans les débats sur la laïcité ou les droits des minorités religieuses.

Conclusion : une question toujours ouverte

Avons-nous encore besoin de Dieu ? ne prétend pas apporter une réponse définitive. Au contraire, il ouvre un espace de dialogue dans une société souvent polarisée entre rationalité et spiritualité. En ce 14 mars 2025, alors que les défis mondiaux s’accumulent, cette interrogation prend une résonance particulière. La foi, qu’elle soit religieuse ou séculière, semble répondre à un besoin humain profond de connexion et de sens. Peut-être que la vraie question n’est pas de savoir si nous avons besoin de Dieu, mais de quelle manière nous choisissons de donner un sens à notre existence collective.

Ce reportage d’Arte, disponible en replay jusqu’au 8 décembre 2027, mérite d’être visionné et discuté. Il rappelle que, malgré les avancées scientifiques et les bouleversements sociaux, l’humanité reste attachée à ses grandes questions métaphysiques. À vous, lecteurs, de poursuivre cette réflexion.

2 Commentaires

  1. Pour moi, DIEU n’existe pas : ce à quoi on pourrait me dire : “tu ne crois pas en Dieu alors ?”et je répondrai ; « si, je crois en Dieu ; mais je crois en Dieu comme je crois par exemple qu’il va faire beau demain : de même qu’il se peut qu’il fasse beau demain, de même il se peut que Dieu “soit ” ; mais dans les deux cas, je n’en suis pas sûr , ni concernant le temps ni concernant Dieu ». Si ma croyance en Dieu était une certitude, ce ne serait plus une croyance, ce serait du Fanatisme ; ce constat est vrai pour toutes les croyances d’ordre philosophique. En FM nous sommes amenés à pratiquer le DOUTE CONSTRUCTIF de ce en quoi nous croyons ; c’est ce doute constructif qui nous fait réfléchir et grandir dans la tolérance vis à vis des autres et dans la profondeur de nos convictions. Pour aller plus loin dans la réflexion et confirmer l’inexistence de Dieu : Baudelaire a écrit, je cite : “Dieu est le seul être qui pour régner n’a pas besoin d’exister ». C’est parfaitement vrai : si Dieu “est” , il est bien évidemment incréé ; Jésus n’a-t-il pas dit d’ailleurs à Pilate :”Mon Royaume n’est pas de ce Monde ” (donc il règne puisqu’il parle de son Royaume). Par ailleurs l’affirmation : « Dieu, personne ne l’a jamais vu » est clairement énoncée dans l’Évangile selon saint Jean, chapitre 1, verset 18. Le Royaume de Dieu est du domaine de l’invisible ; beaucoup de choses sont du domaine de l’invisible: l’AMOUR par exemple est invisible : on n’en prend conscience que par ses manifestations; il en est de même du divin . Les chrétiens n’affirment ils pas que, pour eux, DIEU EST AMOUR. La recherche intime du divin en soi et hors de soi à un nom : c’est la GNOSE (à ne pas confondre avec le gnosticisme ou les mouvements gnostiques passés ou actuels) qui a donné son nom à la CONNAISSANCE, plus reconnaissable étymologiquement d’ailleurs dans son contraire qui est l’I- GNO RANCE….et arrêtons de parler de la CO-NAISSANCE qui est un simple jeu de mots ; (à notre naissance, on était tout seul !).
    Pour conclure cette brève réflexion : Que l’AMOUR soit !!!

  2. C’est un titre accrocheur mais que ça pour un reportage d’arte qui nous a habitué à des reportages fouillés et profonds.
    Il aurait été aussi judicieux de parler d’autres sources, livresques, par exemple comme le célèbre livre d’Olivier Bennassies et Michel Yves Bollore: “Dieu, la science les preuves” qui démontrent au contraire la non dualité de la science et de la croyance en Dieu.Comme quoi tout est question de perspectives en sciences sociales et non d’exactitudes…. A approfondir donc.

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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