De notre confrère italien calabriainchieste.it
« Unis nous pouvons réécrire notre histoire »
La lettre est signée par La Pesa, Vasselli, Anania, Greco et Cassa : « La force de notre fraternité est toujours venue de la capacité à travailler ensemble, à se respecter et à se soutenir mutuellement »

Une assemblée constituante du Grand Orient d’Italie pour réécrire l’histoire de la Franc-Maçonnerie italienne. C’est la proposition de la liste « Palingenèse Traditionnelle » dans une lettre ouverte envoyée aux nombreux « frères » disséminés dans toute l’Italie.
La voici, dans son intégralité :
« Très chers frères,

Aujourd’hui, nous nous trouvons face à une situation de conflit extrême qui menace notre unité, notre sentiment commun et l’histoire même du Grand Orient d’Italie . Notre appel du 3 novembre aux parties concernées de « prendre du recul », de s’asseoir à une table de discussion modérée par une personnalité impartiale, n’a pas été entendu et est tombé dans l’oreille d’un sourd… et les conséquences sont là, sous les yeux de tous.
Expulsions, litiges électoraux, affaires civiles, plaintes pénales, chaînes Telegram anonymes – fréquentées également par des laïcs et des journalistes – où les pires accusations contre certains Frères sont écrites par d’autres Frères, « enquêtes scandaleuses » internationales , implication d’obédiences maçonniques étrangères par certains médias, demandes de mise sous séquestre et auditions devant la Commission antimafia, messages sur les réseaux sociaux et dans les chats avec des tons et des épithètes qui frôlent, voire dépassent, les normes du Code pénal.
Tout cela provoque une fracture toujours plus profonde au sein de notre Communion, rendant de plus en plus difficile le retour à la sérénité et à l’harmonie.
La victime innocente de cette situation est l’ image publique du Grand Orient d’Italie, cette même image que nous avons défendue avec force au fil des années contre des attaques extérieures bien connues et qui reçoit aujourd’hui sa blessure la plus grave à cause d’attaques internes. Une réputation bâtie à force de travail et de dévouement, fondée sur des valeurs d’intégrité, de respect et de croissance spirituelle , est aujourd’hui ternie par des divisions internes et des luttes de pouvoir qui n’ont rien à voir avec les principes qui nous ont toujours guidés.

Sans parler de la nécessité d’éviter la perte de crédibilité au niveau international envers les Obédiences maçonniques étrangères qui, ces dernières années, lors des différentes Conférences européennes et mondiales et à la Confédération maçonnique interaméricaine , avaient toujours considéré le Grand Orient comme un exemple vertueux de la manière dont la croissance numérique pouvait se combiner avec la qualité du travail ésotérique réalisé.
Aujourd’hui, ils pourraient songer à s’éloigner d’une communion querelleuse, comme on le ferait avec un voisin trop querelleur et bruyant, avec le risque, à certains égards de plus en plus concret, d’être condamnés à disparaître progressivement de la scène internationale malgré la restitution, en mars 2023, de la prestigieuse reconnaissance de la Grande Loge Unie d’Angleterre .
La décision de convoquer une Grande Loge pour annuler les élections « puisque les défauts et les irrégularités survenus dans les procédures […] rendent opportun de répéter le processus électoral pour garantir l’expression correcte du vote et la participation maximale », avec la conséquente « convocation immédiate de nouvelles élections […] afin de restaurer la sérénité et la certitude dans la Communion », n’est rien d’autre que la certification de cet état de fait .
Mais cette même décision pourrait ne pas être exemptée d’un contrôle judiciaire ultérieur, entraînant encore davantage notre Ordre dans un tourbillon d’ incertitude et de division.
Mais sommes-nous vraiment sûrs que convoquer de nouvelles élections dans un climat invivable et irrespirable soit la solution ? Sommes-nous sûrs de vouloir que le Grand Maître du Grand Orient d’Italie soit élu par un tribunal ? Sommes-nous certains que le succès électoral, quel que soit le moyen utilisé et à n’importe quel prix , puisse réellement apaiser les esprits et convaincre les vaincus de ne pas se sentir victimes d’un abus grave et répété, les légitimant à mettre en place de nouvelles formes d’opposition, de réaction et de protestation, encore plus graves que celles mises en œuvre jusqu’à présent ?
D’autre part, la solution ne peut pas non plus être judiciaire : pour chaque décision favorable il y a toujours un appel, après chaque sentence il y a toujours un appel. Si nous continuons sur cette voie, nous risquons de créer un cercle vicieux de disputes et de recours , qui éloignera encore plus notre Ordre de sa véritable essence.

Il est douloureux de constater à quel point les divergences, plus apparentes que réelles, ont mis en crise notre cohésion et notre esprit de collaboration . Nous croyons cependant fermement qu’il existe encore une place pour une solution qui peut nous aider à surmonter ces difficultés et à rétablir l’harmonie qui nous a toujours distingués.
Cette solution ne peut venir que du dialogue , d’une discussion équitable et d’une reconnaissance mutuelle des raisons de chacun, dans un contexte de respect et de volonté de reconstruction .
Nous proposons donc la constitution d’une « Assemblée constituante » , inspirée de l’exemple de la « Commission des 75 » – mentionnée à plusieurs reprises dans de nombreux discours – qui, dans une Italie divisée et déchirée après la Seconde Guerre mondiale, a réussi à rédiger l’une des plus belles Constitutions du monde. Un moment de discussion ouverte et constructive où chacun peut exprimer des idées, des préoccupations et des propositions, travaillant ensemble pour établir une nouvelle base de compréhension qui nous permet d’avancer ensemble.
Ce processus ne doit pas être une simple formalité, mais plutôt une opportunité de repenser notre structure, nos règles et notre façon de fonctionner, dans le but de créer un Ordre plus solide, plus équitable, plus juste et plus solidaire .
L’Assemblée constituante pourrait avoir les objectifs suivants :
- Écouter les voix de toutes les parties concernées et promouvoir un dialogue sincère et respectueux, qui place les intérêts de l’Ordre au centre et non les intérêts d’une partie quelconque .
- Identifier les véritables causes des divergences et proposer des solutions partagées , fondées sur des principes d’équité, de transparence et de justice.
- Redéfinir les objectifs et les stratégies du Grand Orient d’Italie pour assurer une cohésion et une détermination renouvelée, posant les bases d’un avenir plus stable et plus harmonieux.
- Rétablir un climat de confiance mutuelle et de collaboration , renforçant les liens entre tous les Frères et redonnant à notre Ordre la dignité et le prestige qu’il mérite .
La proposition est concrètement réalisable, également d’un point de vue réglementaire, avec l’élection d’un Conseil composé de trois membres indiqués par chacune des parties concernées et d’un Grand Maître “de transition”, qui restera en fonction pendant le temps strictement nécessaire pour soumettre à une prochaine Grande Loge extraordinaire certaines propositions de réforme constitutionnelle déjà avancées par la liste “Palingenesis traditionnelle” et considérées comme essentielles pour résoudre la crise actuelle :
- Abrogation de la soi-disant « listes bloquées » pour éviter de créer une concentration excessive du pouvoir entre les mains d’un seul groupe, pour accroître la profondeur ésotérique, intellectuelle et culturelle des candidats individuels, pour favoriser le dialogue avec toutes les composantes du Grand Orient d’Italie ainsi que le contrôle en amont des aspects de gestion ;
- Suppression du double mandat du Grand Maître et réduction de la durée du mandat à trois ans , en analogie avec ce qui est prévu pour les MM.VV.;
- Suppression de l’apanage du Grand Maître car « les métaux doivent rester hors du Temple ».
Ce n’est qu’après l’approbation de ces réformes, ainsi que du moratoire sur toutes les procédures maçonniques en cours et celles conclues ces derniers mois , que l’on pourra sérieusement penser à organiser de nouvelles élections dans un climat de “sérénité et de certitude” retrouvée, sinon le nouveau processus électoral lui-même – encore plus s’il est précédé par d’éventuelles décisions très graves qui rompent des liens anciens et qui vont à l’encontre de l’histoire même du Grand Orient d’Italie – sera vécu par une partie significative des Frères comme une énième tentative de modifier une saine compétition électorale afin de maintenir le statu quo . Nous invitons donc chacun à participer avec un esprit constructif et ouvert , prêt à s’impliquer pour le bien commun . Ce n’est que par le dialogue et la compréhension mutuelle que nous pourrons surmonter cette crise et construire un avenir plus fort et plus cohérent. La force de notre fraternité est toujours venue de notre capacité à travailler ensemble, à nous respecter et à nous soutenir mutuellement , comme nous l’ont enseigné les Cinq Points de Maîtrise . Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons surmonter cette phase critique, en renouvelant notre engagement envers nos idéaux et notre avenir, l’avenir du Grand Orient d’Italie. Unis, nous pouvons réécrire l’histoire de ces derniers mois . “
La lettre est signée par Pasquale La Pesa, Augusto Vasselli, Giovanni Anania, Giovanni Greco et Matteo Cassa.