mer 05 février 2025 - 07:02

Ils ont laissé les « motos » à l’extérieur du Temple… les Widows Sons

Samedi 18 janvier, les Widows Sons se sont retrouvés dans le Temple Lafayette, au Grand Orient de France rue Cadet à Paris pour leur première Tenue de Garage. Pour l’occasion, une centaine de participants avait répondu présent pour cette première cérémonie d’un genre unique. Tout le monde connait le Rituel de la Grande Loge des Voyous de Pierre Dac, mais connaissez-vous le Rituel de Garage des Frangins Bikers ? Il y a fort à parier que non.

J’y étais et j’atteste que ce Rituel vaut celui du Frère Dac. Comme chacun le sait, le secret des travaux est tenace chez les maçons, vous n’en saurez donc pas plus aujourd’hui sur ce fameux Rituel. A vous de venir participer à la prochaine manifestation ouverte aux profanes.

A défaut de Rituel, les Frères Motards nous offrent les photos de la journée, et surtout… une partie de la magnifique Planche que chacun a pu savourer (lire ci-dessous).

On vous l’aura dit et répété, prévoyez pour l’an prochain, les places seront chères. Tout le monde voudra venir.

« Laissons nos motos à l’extérieur du temple »

C’est un immense bonheur que de pouvoir vous livrer ce soir une planche sur la moto. Partager avec vous cette passion qui est la mienne, déconstruire les représentations du monde biker et vous immerger, un peu, dans cet univers codifié qui selon moi, objectivement bien sûr, est l’un des derniers espaces de liberté à préserver. Et il m’aura fallu quelques années à maçonner pour que je découvre enfin, le trait d’union entre cette passion et mon parcours initiatique, une association de motards Franc-Maçon : les Widows sons, autrement dit : les fils de la veuve.

La moto est une échappatoire, un espace de liberté, une parenthèse silencieuse, un voyage. Et le mien dure depuis plus de 20 ans. La moto peut être pratiquée par des motards ou des Bikers. Le biker s’écarte du motard traditionnel à bien des égards. En général, il chevauche une moto type custom. Un custom permet d’avoir une position de conduite droite ou plus en arrière afin de pouvoir voyager de manière décontractée, sans penser que la vitesse soit une priorité. Le plaisir de rouler, de prendre le temps de profiter du voyage. Il est en général identifiable au premier coup d’œil car il a choisi de vivre hors des conventions. Même si les cheveux longs et la barbe sous toutes ses formes ne sont plus présents de façon quasi-permanente, les tatouages sont toujours très répandus et reflètes son goût esthétique ou son attachement culturel. Sa tenue se compose d’un pantalon de type jean ou cuir, d’un blouson de cuir, complété d’un gilet (ou cut) lui aussi en cuir ou en jean devant être porté directement par-dessus le blouson. Des bottes de type Moto, Santiags ou rangers, selon le style choisi, complètent sa tenue. A cela s’associe foulards, chaines, colliers, bagues selon les goûts et l’humeur. Les patchs qui ornent leurs blousons sont autant de signes de reconnaissance et d’appartenance, comme les couleurs des clubs affichées dans le dos des gilets pour les membres des Clubs ou Associations. Si certains d’entre eux vivent en marge, ils sont pour la plupart complètement intégrés à la société. Le biker peut avoir, en plus de sa vie singulière de biker, une vie civile tout à fait régulière, une vie de famille, un travail. Les bikers des temps modernes ne sont plus des marginaux en rupture avec la société, même si le biker a toujours cette farouche volonté d’indépendance et un esprit de rébellion.

(…)

Sinon, le biker est un homme en quête de liberté et qui considère que l’on vit dans une société liberticide, pas qu’en France mais dans le monde entier. Lorsque l’on rogne petit à petit sur les libertés individuelles, il faut s’attendre à ce que des hommes et des femmes aient de plus en plus envie de montrer qu’ils sont libres et qu’ils veulent vivre en clan avec des gens qui leur ressemble. Pour certain c’est à dose homéopathique, s’habiller en loubard juste le week-end pour aller faire de la moto et pour d’autres, ça devient quasiment vital et on a des types qui sont très bien et qui devienne tout à fait antisociaux.

La moto pour les bikers est une soupape de liberté, alors à plus ou moins grande échelle, certain ne font ça que le week-end mais enfin c’est déjà pas mal d’avoir deux jours d’air par semaine et puis il y en a d’autre qui vive comme ça. C’est un mode de vie qui permet de se libérer d’un certain nombre de contraintes oppressantes.

L’interdiction de la cigarette, le port du casque, le port des gants maintenant, le contrôle technique qui démarre, les limitations de vitesses et tout un carcan qui étouffe une partie de la population qui souhaite montrer une forme de rébellion. Ce n’est pas juste le rebelle de la société mais c’est beaucoup plus profond avec en toile de fond, cette envie viscérale de liberté.

Il faut qu’il y ait des règles pour les transgresser, c’est lorsqu’il y a des règles qu’il y a de la jouissance à les transgresser mais une société qui n’en a plus ou des fausses, peuvent conduire certain à revenir à des valeurs premières, à se réfugier.

Dans un monde devenu liberticide, dur, insensible et globalement fermé aux individualités anticonformistes, être un biker c’est donc affirmer, afficher une volonté rebelle et libre qui refuse de se déployer sous la pression d’une société trop bien-pensante.

(…)

Je suis un biker, un Franc-Maçon, un pirate sans doute, un poil rebelle mais progressiste, humaniste et je suis surtout soucieux de mes libertés et de celles de mes frères et sœurs humains et je suis depuis quelques années devenu un Widows Sons, membre du Chapter Parisis.

Alors qui sont les WS ? L’association des Widows Sons est née aux Etats Unis en 1998. Elle poursuit rapidement son développement en Europe en s’implantant tout d’abord aux Pays Bas, et ensuite dans différents pays. Elle voit le jour en France en 2010. Son objectif : pratiquer la solidarité et l’entraide envers toute personne en situation de faiblesse morale, physique ou matérielle avec la moto comme vecteur de cohésion. Son fondateur, le F∴ Carl Davenport de Chicago, s’est réveillé un dimanche matin pluvieux avec les mots “Widows Sons” profondément implantés dans sa tête. Les mots ont tourné dans ses pensées pendant plusieurs semaines et ont finalement fait apparaitre l’image d’une belle femme avec un regard pâle sur son visage.

Il sut immédiatement que le regard provenait de la peur et d’une douleur intense. Pendant plusieurs semaines, il s’est promené avec cette image dans la tête et les mots « Widows Sons ». L’image et les mots tournaient dans ses pensées chaque nuit avant de s’endormir. L’image n’apparaissait pas assez clairement pour la distinguer complètement, mais elle était toujours présente, pendant qu’il dormait, pendant qu’il conduisait sa moto et à divers moments de la journée.

L’image s’est alors peu à peu précisée et sa signification s’est peu à peu révélée à lui. La belle femme était veuve, son visage pâle et tendu par la douleur et la peur à cause de sa perte et de l’incertitude de son avenir. Au fur et à mesure qu’il réfléchissait et s’appuyait sur ses expériences maçonniques, il comprenait ce que l’image représentait. Lorsqu’un Maître Maçon est appelé à la Grande Loge d’en haut, ou l’orient éternel, sa veuve a toujours un regard profond de douleur et en même temps pleine de peur à cause du voyage inconnu qu’elle va maintenant entreprendre seule.

Le Frère Carl avait toujours voulu former un club de moto maçonnique. Il pensait que cela porterait bien nos valeurs. Et pendant cette période, il avait commencé à dresser une liste des Frères intéressés. Tout était maintenant en place pour la formation de la Widows Sons International Motorcycle Association.

C’est à ce moment-là que tout le concept, s’est mis en place dans sa tête. Le club de motards devrait s’appeler les Widows Sons et ils devraient aider et assister les veuves des maçons dont les visages étaient “blanc pâle à cause de la douleur de leur perte et de la peur de leurs futurs voyages seuls”.

Alors arrêtons-nous un instant sur le logo, sur nos couleurs visibles sur nos cuts car nous maçons, aimons les symboles et vous pourriez me reprocher, légitiment, de ne pas vous en parler.

D’abord, il est utile de préciser que ce ne sont pas les patchs ou le logo que nous portons qui nous unit, ce qui nous unit, c’est le fait que nous sommes d’abord des maçons, puis des fils de veuves et bien sûr des bikers.
Le triangle ou pyramide de pierre représente les 3 degrés de la maçonnerie. Les 3 pointes du triangle représentent les 3 Petites Lumières ou 3 Cierges Ardents qui font partie de l’ameublement de chaque Loge Maçonnique.

L’Œil qui voit tout dans la pyramide représente la vigilance du Grand Architecte de l’Univers. Cela nous rappelle que nous sommes toujours surveillés ou observés, et nous invite donc à être exemplaire en public ou en compagnie de nos frères. Dans les pointes du triangle se trouvent des symboles représentant 3 joyaux d’officiers ; l’équerre, le fil à plomb et le niveau. Ces outils de travail sont également représentatifs des 3 Petites Lumières et de leurs interprétations maçonniques.

Le Soleil levant au sommet de la pyramide est représentatif du fait qu’il existe des loges maçonniques en tous points du globe. On peut vraiment dire que “le soleil ne se couche jamais sur la franc-maçonnerie”.

Les ailes représentent la liberté personnelle et la liberté qui est un idéal que les francs-maçons ont embrassé depuis les débuts de notre ancienne et noble fraternité.
Les mots « nous nous réunissons sur le niveau et nous nous quittons sur l’équerre » ont été ajoutés pour rappeler à nos frères non-motard que les Fils des Veuves sont avant tout des Maçons, et que nous devons être accueillis et traités comme tels. Nous espérons que cela aidera nos frères à surmonter les préjugés ou les idées préconçues qu’ils pourraient avoir concernant ceux qui conduisent des motos.

La phrase stimule également la curiosité des non-maçons qui voient notre logo et peuvent les amener à s’enquérir de sa signification. Cela nous permet de répondre sur sa nature maçonnique et de les informer sur la franc-maçonnerie et notre fraternité.
En France, nos associations locales organisées en Chapters sont constituées de femmes et d’hommes appartenant à différentes obédiences de la Franc-Maçonnerie française. Pour préserver notre anonymat et parce que nos couleurs et donc notre appartenance sont affichés en gros sur nos cuts, nous utilisons un nom de route en rapport à notre histoire personnel ou ayant une signification symbolique. Comme dans nos loges, Il existe des offices, des fonctions et classiquement on trouve bien sûr un président, un secrétaire et un trésorier mais il y a d’autres fonctions plus originales ou qui peuvent faire écho à ce que l’on pourrait trouver en loge.

Un gardien des membres par exemple qui veille sur les autres SS∴ et FF∴ du Chapter ou de l’association et qui s’occupe des nouveaux (prospect). Pour moi, c’est un peu l’équivalent de l’Hospitalier. Il y a un Sergent d’Armes qui veille à notre sécurité comparable à un couvreur et un road Captain qui sent la route qu’il faut prendre et qui la montre, c’est lui qui mène les convois lors des runs et organise les déplacements. Je dirais qu’il est à mi-chemin entre le maitre des cérémonies et le maitre des banquets. Ces fonctions ne sont pas toutes électives, chaque F ou S peut être nommé ou désigné. Le processus d’intégration est également progressif un peu comme en maçonnerie avec une période ou le cut est vierge de patch, je dirais que c’est l’apprentissage, puis une période avec seulement 3 patchs (le nom du Chapter, le pays d’appartenance et le nom de notre association) puis la distribution de tous les derniers patchs incluant le nom de route : le membre est alors fullpatchs.

Concrètement, nous agissons donc en faveur des personnes en détresse, des enfants malades, des handicapés. Nous coordonnons des maraudes et nous distribuons des biens de première nécessité, nourriture, vêtements et produits d’hygiène. Nous participons à des collectes pour des organismes, tels que les restaurants du Cœur ou la Banque Alimentaire. Nous organisons des spectacles, tel que le Biker Comedy Club. Le Biker Comedy Club est un gala d’humoristes donné chaque année à Paris au profit d’un ou plusieurs enfants malades. Nous mettons en place des baptêmes à moto à destination de jeunes ou d’adultes handicapés ou en situation de précarité en relation avec des structures tels que les ADAPEI ou le Secours Populaire. Bref, notre organisation est clairement caritative, opérative.

(…)

Nous sommes une association de motards humaniste maçonniques et qui participe à donner une autre image de notre ordre et est un formidable outil, selon moi, d’extériorisation.

Un Widows met en œuvre ses outils maçonnique dans le monde réel, dans le concret, il sort d’une approche spéculative pour être opératif. On est loin de la fraternelle affairiste d’une corporation puisqu’ici, point de business mais un triptyque fantastique qui nous réunit : maçonnerie / Moto / caritatif

On a tendance parfois à oublier le sens de notre engagement lorsque l’on est maçon. Personnellement, lorsque j’enfile mon cut, enfourche ma moto, rejoint mes FF Widows pour réaliser des actions concrètes, je me sens bien, utile et aligné avec mes engagements et le serment que j’ai prêté le jour de mon initiation.

Un dernier symbole, le crâne… et pour donner une dimension encore plus personnelle à cette planche. Le crane est un symbole qui m’est cher, je me le suis tatoué à plusieurs reprises, je l’ai dans la peau. On le découvre le jour de notre initiation puis à chaque tenue mais il est aussi très présent dans le monde biker alors quelques mots à ce sujet puisque ce symbole me suit depuis de nombreuses années et participe de la culture biker selon moi.

Le crane est le symbole de l’égalité humaine. Le crane symbolise l’égalité et la fraternité humaine qui doivent prévaloir chez les motards et tous les êtres humains, quel que soit leur origine, leurs croyances, leur religion ou leur marque de moto. Un crane ne dit rien sur le genre, l’orientation sexuelle, la couleur de peau, la religion, la catégorie sociaux professionnel. Le crane signifie : transformation, nouveau cycle, dans certaines cultures aussi : pouvoir, force, invincibilité. Les indigènes mexicains par exemple ont les cranes comme symbole de vie. Rien de tout cela n’est donc associé au mal, au contraire, un vrai motard apprécie le bien, l’union, la famille, les amis, la nature, les animaux, la liberté l’égalité et la fraternité.

Et finalement, je crois profondément que nous sommes, nous, motard, biker, au milieu de quelques autres, les derniers gardiens de la liberté.

J’ai dit.
Un membre du Chapter Parisis

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.
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