mar 10 décembre 2024 - 10:12

Comment pratiquer dans la Loge, la Circumambulation maçonnique ?

De notre confrère universalfreemasonry.org

La circumambulation est l’une des parties les plus anciennes et les plus intégrales du rituel maçonnique. Quelle est l’origine et la signification de cette pratique universelle ? La circumambulation (du latin circum ambulatio, c’est-à-dire « marche autour ») consiste à tourner autour d’un symbole ou à l’intérieur de celui-ci. C’est un rite que l’on retrouve dans de nombreuses religions et croyances.

La circumambulation maçonnique autour de l’autel est l’une des plus anciennes cérémonies de la Franc-Maçonnerie. L’explication rituelle est assez simple et l’acte permet bien sûr une inspection continue et prolongée du candidat par les frères. Mais cette explication a été évidemment conçue pour s’adapter à la loge et a été composée par des hommes qui avaient perdu la connaissance authentique de la véritable signification de la cérémonie de contournement de l’autel, de sorte que peu de frères sont aujourd’hui convaincus que la simple explication rituelle transmet toute la vérité.

La circumambulation védique, originaire d’Inde, est une pratique religieuse consistant à marcher autour d’un lieu sacré en signe de vénération et de piété. La circumambulation védique ou « marcher sur le chemin » est une forme de vénération profonde dont les origines remontent à l’Inde ancienne, où faire trois circumambulations était un moyen d’honorer une personne très respectée.

Des moines bouddhistes accomplissent le rituel de Pradakshina à Borobudur, Java central, Indonésie – (Crédit photo : Heri nugroho)

Dans la Pradakshina (circumambulation jaïniste), nous gardons toujours les objets sacrés sur notre droite. Par conséquent, nous faisons trois fois le tour du lieu saint en le gardant sur notre droite, c’est-à-dire en faisant le tour de notre gauche vers notre droite. En faisant le tour, nous nous rappelons que les choses saintes sont précieuses, qu’elles sont notre guide et qu’un jour nous serons plus dignes des raffinements qu’elles nous offrent. Cette contemplation du lieu saint (autel), ou de l’objet saint, nous aidera à surmonter notre attachement aux choses matérielles, notre souci des apparences extérieures et à atteindre l’amour fraternel (à surmonter la haine). Trois circumambulations devraient également nous rappeler qu’il existe trois remèdes pour surmonter nos attachements et nos passions : la pensée juste, la parole juste et la vision juste (nous devons rechercher le bien en toute chose). Par conséquent, nous devrions également réfléchir à la manière d’acquérir un esprit juste, une parole juste et des vues justes. Certains ont l’impression de faire le tour de la création elle-même.

Jeune moine bouddhiste
Jeune moine bouddhiste devant des bougies allumées, feu, méditation, ombrelle.

Dans le rituel bouddhiste japonais, la circumambulation s’accompagne généralement de la récitation de sutras et de la dispersion de pétales.

La circumambulation islamique est pratiquée autour de la Kaaba à la Mecque, du rocher du mont Moriah à Jérusalem et dans de nombreux mausolées et sanctuaires où les sages de l’islam sont vénérés.

Que ce soit dans une loge maçonnique, dans une autre culture ou dans une église, la circumambulation est une humble imitation de la forme de culte de ces hommes anciens pour qui le soleil dans le ciel et le feu sur l’autel de pierre étaient des représentations de Dieu.

L’homme ancien imitait ce qu’il respectait, vénérait ou craignait. Bien qu’il ait pu imiter le soleil en allumant un feu sur l’autel, il ne pouvait imiter le mouvement du soleil que par son propre mouvement. Dans l’hémisphère nord, le soleil semble se lever à l’est, traverser le ciel vers le sud, puis disparaître à l’ouest. C’est pourquoi, dans son culte, l’homme primitif faisait circuler son feu sur l’autel d’est en ouest en passant par le sud , et d’ouest en est en passant par le nord, imitant ainsi la plus grande représentation de Dieu qu’il ait connue.

Depuis ce passé ancien jusqu’à nos jours, les hommes ont tourné autour ou à l’intérieur de leur lieu saint d’est en ouest en passant par le sud, bien que beaucoup, sinon la plupart, oublient la raison de leurs mouvements.

Les bouddhistes modernes, par exemple, fidèles à la tradition ancienne qui consiste à enfermer un arbre sacré dans une palissade, enferment l’autel dans une barrière. Cette barrière sert à délimiter la frontière entre l’espace sacré et le monde profane. L’espace sacré le plus bas possède quatre portes d’entrée, Nord, Sud, Est et Ouest, et est entouré par le chemin principal, le chemin circumambulatoire. L’orientation des portes (est, sud, ouest et nord) et la direction de la circumambulation rituelle correspondent à la direction du soleil : du lever au zénith, au coucher du soleil et pendant toute la nuit.

J’espère que vous apprécierez que dans nos simples circumambulations maçonniques, nous montrons du respect envers les croyances de nos ancêtres d’il y a longtemps, ainsi que celles de nos frères en Inde, en Asie et dans toute la Perse.

5 Commentaires

  1. Au rite écossais rectifié, la circumambulation se pratique d’Est en Ouest en passant par le Midi dans les trois premiers grades et et par le Nord au quatrième grade (allumage des flambeaux par le Vénérable Maître ou le Député Maître).

  2. CIRCUMAMBULATION
    Dans la gestuelle circumambulation, il existe une pratique particulière : Marquer les Angles. Qu’est-ce à dire ?
    Historiquement, l’usage de « marquer les angles » est d’origine anglaise, qui, selon plusieurs auteurs historiens, se traduit par « squaring the lodge ». Cette habitude actuelle était totalement inconnue de la tradition maçonnique française jusqu’au milieu du XXème siècle. Même en Angleterre, cette pratique ne se fait pas en permanence ni par toutes les Loges anglaises, seulement pour les réceptions et en compagnie exclusive du 1er et du 2ème diacres. Elle n’a jamais fait partie des usages maçonniques au Rite Français, le plus ancien dans notre pays, ni dans le Régime Écossais Rectifié qui l’ignore, ainsi qu’au sein d’autres Rites. De plus, aucun texte officiel et historique n’en fait mention jusqu’en 1950.
    Pourquoi ? Probablement parce que la maçonnerie française, se relevant difficilement du traumatisme de la guerre, a voulu un « retour aux sources » qui s’est manifesté un peu partout en France sous diverses formes. Ainsi, c’est vers 1953 que le marquage des angles se manifeste au REAA. Quant au GODF, grâce au F René Guilly, il se crée en 1955 le « rite français moderne rétabli », qui voit, pour certains Ateliers, une volonté d’appel à une plus grande rigueur et donc l’application du marquage des angles. Mais il faut signaler que jusqu’à maintenant, aucun auteur maçonnique n’a donné d’explication symbolique à cette façon de faire, se contentant de parler de rigueur ou d’embellissement de la cérémonie. Par conséquent, cette pratique n’existe que depuis un peu plus de 60 ans.
    Au RAPMM, Robert Ambelain, dans aucun de ses Rituels ne mentionne cette coutume ; c’est donc bien un transfert de Maçons initiés dans un autre Rite qui les a poussés à exécuter cette gestuelle particulière. À mon avis, et très personnellement, je pense que cela n’a que très peu d’importance de marquer ou pas les angles.
    Par contre, ce qui est important est la circumambulation : elle se fait toujours au RAPMM, pour les 3 premiers Degrés, dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis longtemps. Cette circulation dans un lieu sacré désigne le point central du Temple ; à M-M, le centre est au Naos, où se trouve l’Autel des Serments, qui est le point le plus sacré où les Serments prononcés prennent toute leur importance. Si dans une église catholique romaine, on circule dans l’autre sens (Chemin de Croix par exemple), c’est parce que l’Église est apostolique, c’est à dire qu’elle suit le précepte de l’évangélisation, elle sort du cercle intérieur pour transmettre une croyance ; ainsi pour sortir de ce cercle, on circule dans le sens opposé. En Maçonnerie, à mon sens, on ne devrait jamais sortir du cercle intérieur.
    En fait, si l’on voulait être Traditionnel, on ne devrait circuler qu’en rond, puisque Temple, venant du latin templum, veut aussi dire cercle ! D’ailleurs, dès un certain degré, les Tenues ne se font qu’en cercle, ne se font plus en carré ; et il n’y a plus de pavé mosaïque, plus d’Autel central, plus de tapis de Loge, plus de Colonnette, il y a juste le centre d’un cercle défini par une corde sans nœud, délimitant sa surface.

    • Merci pour cet article et pour les échanges qu’il suscite, toujours aussi stimulants. Concernant l’idée d’une référence solaire pour la circumambulation, j’avoue qu’elle me laisse un peu perplexe. En effet, si la franc-maçonnerie aspire à l’universalité, il me semble réducteur de calquer ses pratiques sur une vision propre à l’hémisphère nord. Pour nos frères de Nouvelle-Zélande, par exemple, la course solaire s’effectue en sens inverse de celle enregistrée dans l’hémisphère nord.

      De mon point de vue, la circumambulation pourrait davantage s’expliquer par une symbolique liée à la dextre (et la senestre), un registre qui touche davantage à l’hermétisme qu’à l’astronomie.

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Erwan Le Bihan
Erwan Le Bihan
Né à Quimper, Erwan Le Bihan, louveteau, a reçu la lumière à l’âge de 18 ans. Il maçonne au Rite Français selon le Régulateur du Maçon « 1801 ». Féru d’histoire, il s’intéresse notamment à l’étude des symboles et des rituels maçonniques.

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