ven 13 septembre 2024 - 23:09

Simulacre de démocratie dans les Convents maçonniques

Chaque année, les Obédiences organisent leurs grand-messes afin de redonner une légitimité aux Officers élus, à commencer par leur chef, j’ai nommé le Grand Maître ! Tout cela s’appuie sur un principe hautement démocratique, si cher à la France, notre belle terre des Droits de l’Homme. Ainsi, notre structure maçonnique répond parfaitement à ce vieux concept post révolutionnaire du pouvoir par le peuple et pour le peuple.

Celui ou celle qui a déjà assisté à un Convent sait que chacun est muni d’une « zapette » servant à valider ou invalider les choix proposés par le Président du Convent et tout son collège d’Officiers élu démocratiquement lui aussi. Tout cela est donc conforme au principe républicain.

Pouvons-nous en conclure que la Franc-maçonnerie est une organisation démocratique ?
Le sujet est-il clos ?

Lors des Convents, une problèmatique surgit. Les représentants de loges votent des dizaines de motions, des propositions… sans en connaître vraiment les tenants et aboutissants. Tout cela finit par devenir un simple simulacre de démocratie.

Comme se plaisent à l’affirmer certains dirigeants de ma connaissance, la Loge est un « ventre mou ». Les décisions ne sont pas démocratiques, puisque le débat réel n’a pas lieu au sein des Loges tout au long de l’année. La plupart des problèmes est mis sous le tapis et tout le reste se vote à coups de zapettes entre deux autres textes de moindre importance. En résumé, la démocratie est étouffée par elle-même. Trop de démocratie tue notre démocratie maçonnique. Faire monter sur une scène durant 1 minute le défenseur d’une idée, avant de la faire voter… puis passer au second… est-il réellement un processus sain pour débattre dans une assemblée d’humains ?

Pour prendre un parallèle, chacun sait que les États-Unis représentent la plus grande démocratie du monde. Tout ou presque fait l’objet d’un vote au Sénat.

C’est ainsi que la pizza est devenue au pays de l’oncle Sam un légume en 2011.

Oui oui, vous avez bien lu, un légume ! Pourquoi la pizza est-elle devenue légume me direz-vous… car 32 millions d’enfants déjeunent à la cantine chaque midi (60% des élèves), cela représente un marché colossal. Pour le bien-être des petits estomacs américains, dans un souci d’équilibre alimentaire bien évidement, la loi oblige les cuisines des chérubins à leur servir des légumes. Ainsi, le fameux ketchup Heintz (dont le gendre de la famille n’est autre que John Kerry) a pu augmenter considérablement ses parts de marché grâce à ce tour de passe-passe. Comme la pizza est garnie de ketchup, elle devient « tout naturellement » un légume, CQFD. La démocratie a permis de faire voter par les sénateurs le changement d’affectation culinaire des pizzas, incroyable non ?

Alors, quel est le rapport entre la pizza et nos Loges ? Pour répondre, on pourrait affirmer que les deux systèmes, dits démocratiques se ressemblent beaucoup. On consulte, on discute mais au final, le groupe dirigeant reste au pouvoir et se passe le maillet de génération en génération. C’est ainsi que depuis 3 siècles, des maçons financent l’immobilier des Temples grâce à leurs capitations, sans que quiconque trouve à redire sur cette formidable accumulation de patrimoine qui ne sert en aucune manière la communauté maçonnique (ni aucune autre cause d’ailleurs). Nous pouvons aussi parler des avantages dont profitent les représentants démocratiquement élus (avions, restaurants, hôtels…). Tout cela a un coût qui rend, année après année les capitations de plus en plus onéreuses et par conséquent, de moins en moins accessibles aux classes qui peinent à boucler les fins de mois.

Alors quelle est la solution, car il en existe !

Nous avons évoqué la pseudo démocratie des USA, parlons maintenant d’une réelle démocratie avec nos voisins helvètes. La Suisse est une démocratie directe. Les citoyens disposent non seulement du droit de vote, normal en démocratie, mais aussi du droit de voter sur des questions concrètes encore nommé votation. La Suisse est gouvernée par un Conseil fédéral, un collège de 7 membres. 7 conseillers fédéraux, 26 gouvernements cantonaux, 2172 conseils communaux et 5,5 millions d’électeurs président aux destinées de la Suisse. Une confédération qui rend ce pays hautement démocratique et chacun peut aujourd’hui comparer le résultat avec la nôtre.

Alors comment réformer la démocratie maçonnique ?

Rien de plus simple, réduisons toutes les fonctions inutiles et coûteuses de nos Obédiences. Instaurons une démocratie directe avec un débat permanent chaque mois au sein des Loges sur les questions de l’Obédience. Il suffit ensuite que chaque membre transmette son vote par voie électronique depuis son téléphone, sur son accès privé. Ainsi, les décisions viendront réellement de la base. Plus de palabres en haut lieu, moins de dépenses en déplacements. Les discussions se feront dans les Loges et l’exécutif aura pour mission de mettre en œuvre le résultat des votes permanents.

Seulement, cela implique quelques changements dans les mentalités.

Changements à la tête, car vous imaginez bien que les dirigeants actuels et leurs dignes successeurs ne seront pas les promoteurs d’un tel projet. Ce serait dévaloriser la fonction du chef, si chère à notre pays (pourtant régicide) et surtout, cela réduirait les avantages de la fonction et probablement la gloire qui en résulte. Avouons-le tout net, le Français est en guerre perpétuelle contre son chef, il peste, il grogne… mais il reste un veau* bien docile. (* Comparaison de Charles de Gaulle en juin 40)

La démocratie est le plus long des processus, car il lui faut de la patience. C’est pourquoi, il faudra à la base, une certaine période d’acclimatation pour s’impliquer dans les décisions de gestion. Il suffit de voir la difficulté à gérer une simple Loge lorsque le Vénérable se transforme en Homme-orchestre. Il est évident que la démocratie n’est pas innée pour tous, il faut du courage et de l’énergie.

En conclusion, la question qui se pose ressemble à : « Quelle maçonnerie voulons-nous pour ce XXIe siècle ? »

Les Rituels et la spiritualité maçonniques s’évanouissent peu à peu de nos travaux de Loges pour laisser la place à des causeries de comptoirs de café du commerce, la défiance envers l’ordre devient de plus en plus puissante, la maçonnerie est en recherche de sens et d’utilité, car tout le monde sait qu’elle n’est plus le moteur intellectuel ni social de notre société.

Il est donc bon de s’interroger sur son devenir et l’intérêt qu’elle va représenter pour les générations futures. Une chose est certaine, il y a de quoi se réunir pour en parler. Ce sera d’ailleurs le premier pas vers la démocratie.

Le débat est ouvert…

11 Commentaires

  1. Je vais mettre les pieds dans le plat : Que sont les obédiences sinon des syndics pour loges ? Quand une copropriété en a assez de son syndic, elle en change. La Maçonnerie est exactement pareille ; si votre obédience ne vous plaît plus, changez en ! La liberté est simplement là.
    Et honnêtement, parler de démocratie dans un ordre initiatique, c’est faire rentrer le profane là où il n’aurait jamais dû rentrer. Que les grands maîtres ne soient pas élus au suffrage universel, honnêtement ça change quoi par rapport à la démarche initiatique qui a lieu en loge ?
    Il est bon de relire de temps en temps les Constitutions de ce bon pasteur Anderson (sans oublier Désaguliers) qui rappelait à quoi servait une obédience et le Grand Maître. Le problème n’est pas l’élection d’un grand maître mais plutôt l’importance qu’on lui apporte. Mes enfants diraient que c’est “largement sur évalué” et je pense qu’ils auraient raison. Après on peut comprendre que certains y attachent de l’importance ; ça claque, ça brille, ça impressionne ; c’est simplement accorder à une obédience une place qu’elle n’a pas. Rien ne vaut le travail en loge…
    Vraiment, relisez Anderson et vous verrez que la maçonnerie est beaucoup plus simple que ce qu’elle est devenue…
    Ah, autre chose : si vous ne prenez plus de plaisir en maçonnerie, changez en…

  2. A partir du moment ou il n’y a plus une loge une voix, alors le principe même de démocratie vole en éclat. Et la suite on la connait. Petits arrangements, enflement des chevilles (je représente la région quoi !!!), et pour finir, une copie de la GLNF ou de la GLUA. Le modèle grand-oriental ne doit pas bouger dans son fonctionnement. Qu’il y ait des problèmes entre le législatif et l’exécutif, et entre la plèbe (les loges) personne ne le nie. Mais cette vision sur le modèle anglo-saxon de la maçonnerie n’a rien à voir avec le modèle de la maçonnerie libérale adogmatique. Si ce modèle changeait, personnellement j’en partirai et en tout cas, le combattrai de toutes mes forces.

    • reponse a briand…une loge , une voix…15 secondes de formule de politesse , 45.secondes pour s’exprimer …et quand il y a aura 1600 ou 1800 F et S ? Ce système est a bout de souffle ..
      C’est matériellement impossible de continuer ainsi..en outre c’est extrêmement coûteux …
      1 .2 million pour l’obedience , 1 .2bmillion a la charge des.loges en remboursements de frais …on cherche des économies ..c’est le premier poste a sabrer..
      Godf 54 000 membres 1400 députés ..France assemblée nationale 76 millions d’habitants ,577 députés ……en proportion c’est comme si on avait 1 360 000 députés a l’assemblée nationale …c’est absolument absurde …

  3. Il est clair que cet cet article parle du convent du GODF… il y a des solutions…

    1 permettre des votes de vœux via le portail du GODF… l’opinion de l’orateur nous importe peu.

    2 comme il s’agit de définir des règles, supprimer le système de tenue au 3eme.

    3 et surtout, faire sauter le sacro saint principe de une loge une voix qui aboutit a une aberration démocratique… quand il y aura 1600 FF on mettra 15 secondes pour la politesse, 15 secondes pour s’exprimer.

    c’est a dire instaurer une démocratie représentative, soit 1 délégué par département.

    limiter les discours de militantisme politique qui ne sont rien d’autre que des incantations qui ne mènent nulle part, sauf à donner l’envie de quitter ce qui devient un parti politique.

    Pour les dignitaires du GODF, ce que j’écris est carrément blasphématoire ce seront les finances qui vont mal qui obligeront à en venir là.

  4. Cet article prône un alignement du mode de vote en FM sur ce qui se pratique dans dans le monde profane en sufrage direct.
    Curieux de vouloir faire entrer dans le temple le chao qui règne dans la société « extérieure » , alors que justement, une de nos finalités consiste à nous créer un espace hors du temps « historique » pour y pratiquer l’Art Royal.
    Il me semble que la mise en application des idées de cet article condamnerait irrémédiablement la FM à mort.
    J’ai été le député de ma loge GLDF durant des années, sans jamais avoir le sentiment de trahir l’esprit des frangins de ma loge , ni même celui de ne pas comprendre la portée des questions auxquelles je devais répondre par oui ou par non avec la zapette…

    • Mon Très Cher Jean-Louis,
      Nous n’avons pas fait la même lecture de ce texte. En effet, la transparence dans la gestion d’une organisation humaine (initiatique ou non) serait source de chaos profane ? Quelle drôle d’idée que de faire l’amalgamme entre les deux ! Le mot qui me vient immédiatement à l’esprit est « sophisme ».

      Tout d’abord, les travaux de Loge s’effectuent en effet dans un espace sacré, hors du temps et de l’espace physique, nous sommes donc d’accord sur ce point.
      En revanche, la gestion politique qui est faite de la Loge ou de l’Obédience n’a absolument rien de sacrée ! Que les votes s’effectuent durant une suspension de travaux ou au 3° degré n’y changent absolument rien. Les décisions prises sont du domaine profane et non de la pratique rituelle.

      Quant à la zapette en question, il ne m’a pas paru lire que cette zapette était sacrée ou profane, j’ai lu que toute cette organisation dite démocratique, se veut équitable, mais qu’il en ressort qu’après 3 jours de Convent, les décisions validées restent totalement abstraites et déconnectées de l’échange et du dialogue entre les membres. Je connais des obédiences ou les convents font voter 150 textes… et pourtant les décisions essentielles de gestion appartiennent à d’autres instances plus discrètes (genre Souverain Sanctuaire ou Suprême Conseil…). En résumé, ce n’est pas nécessairement la forme le problème. Il faut peut-être repenser l’esprit de nos organisations à l’aune de l’évolution de la société. Si nous imaginions une organisation non verticale, non basée sur l’obéissance (racine du mot Obédience), ce serait déjà un premier pas. L’avenir nous donnera rapidement le tempo et si la Franc-maçonnerie à longtemps nourri la Société de ses réflexions, il y a fort à parier que pour le futur, ce soit le contraire.

      Très Fraternellement

      Franck Fouqueray
      Directeur de la Publication

      • MTCF Franck,

        Nos lectures du texte proposé n’est pas si différente.
        Et je fondais ma réponse précédente justement sur mon expérience des convents de la GLDF et des « tensions » parfois importantes qui peuvent règner lors des votes,
        Ces moments, pour nécessaires qu’ils soient, n’ont rien à voir avec voir ni avec le sacré ni avec le spirituel que revêtent nos travaux en tenues, dans l’enceinte des temples .
        Et ma crainte serait , en ramenant la prise de décision au niveau de la loge par une discussion , un choix puis un vote, de voir se créer des clans entre les « pour » et les « contre » qui ne manqueraient pas de défendre chacun leurs points de vue.
        C’est celà qui me semble hautement préjudiciable à « l’initiatique » qui doit rester notre fond de commerce protégé.
        Quand à la démocratie, peut-on réellement y prétendre lorsqu’on a prêté des serments et fait alégeance à un ordre?
        Il me suffit que les décisions prises le soient dans un réel esprit de bienveillance et de progrès pour la l’Art.
        Ce n’est que mon avis, et je conçois aisément qu’il ne soit pas partagé , nottament dans d’autres obédiences que la mienne, mais également au sein de « ma chapelle ».

  5. des votes ont lieu au convent , et ils ne sont pas respectés au final! Dans les loges bleues , on présente une décision prise en dehors du conseil des officiers , ce sont quelques “hauts grades ” qui décident de tout . Alors non la franc -maçonnerie chez moi n’est pas démocratique !

  6. Il serait opportun que les articles présentés ici soient signés par les auteurs es-qualité, c’est à dire en précisant, la loge, l’orient et l’obédience d’appartenance de l’auteur, éventuellement le rite pratiqué. Cela constituerait un éclairage intéressant sur le propos.

    • Mon Très Cher Yvan,
      C’est très insolite de demander à nos chroniqueurs de fournir un CV avant de publier un article… lorsqu’on se présente soi-même avec un pseudo !

      Pour ce qui est de l’idée par elle-même, un beau et bon texte écrit par Yvan d’Alpha ou par Victor Hugo reste un bon texte (idem pour un mauvais texte). Le journal est un support d’informations et d’idées, pas un tribunal ou l’auteur doit justifier de sa moralité ou de sa provenance. Donc non, nos auteurs resteront discrets ou secrets selon les cas et surtout, selon leur choix.

      Très Fraternellement

      Franck Fouqueray (qui est mon vrai nom)
      Directeur de la Publication

  7. Il est quelque peu stupide de confondre la démocratie profane et les votes en maçonnerie.d abord parce que tous les membres n y participent pas,pas les apprentis ! Se les mettre en la plénitude de leurs droits dont le vote est parti intégrante.De plus dans nos loges les membres sont choisis par cooptation ils doivent avoir en commun le partage de certaines valeurs celles de l’obédience ce qui n’est pas le cas de la société profane . En franc-maçonnerie l’initiatique doit dominer le suffrage et non pas l’inverse point il n’y a rien de commun entre des candidatures et des fonctions qui appartiennent au monde profane.
    De plus quand on voit ce qu’on fait de la démocratie dans le monde profane et qu’on s’assoit sur le vote des Français il y a de quoi réfléchir sur la société profane y compris dans le pays des droits de l’homme

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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