De notre confrère freemasonscommunity.life
Les trois principaux symboles des anciennes confréries francs-maçons étaient la Bible, l’équerre et le compas. Dans la loge médiévale, on les trouvait toujours sur la table du maître et on les appelait les « trois grandes lumières ». Les anciennes conférences déclarent que la Bible a été donnée à la Confrérie pour gouverner sa foi ; l’équerre pour aligner ses actions ; le compas pour la maintenir dans les limites de ses capacités avec tous les hommes, en particulier avec un frère.
Ainsi, dans ces symboles, encore conservés et vénérés par la Fraternité d’aujourd’hui, comme le mobilier de la loge, nous reconnaissons les idées identiques, qui constituent la base de la maçonnerie moderne.
Au centre de ce groupe de symboles est placé le Carré (Norma, la loi) « pour mettre au carré nos actions », c’est-à-dire la Loi Morale.
La conscience de soi et la liberté de l’esprit sont les prérogatives spéciales qui appartiennent à l’homme seul parmi tous les êtres créés. Tout le reste de la nature obéit à des lois éternelles et immuables ; mais la volonté de l’homme appartient à une sphère différente, dans laquelle les idées de cause et d’effet, telles qu’elles se trouvent dans le monde matériel, n’ont aucune autorité. L’homme n’est soumis qu’aux lois qu’il se donne à lui-même.
Quel usage l’homme doit-il donc faire de cette autonomie privilégiée du gouvernement de soi-même, pour se montrer digne de cette haute prérogative ? Quel principe doit-il régir ses actions ? Sur quelle base doit-il construire les lois qu’il se donne ?
Il ne peut y avoir qu’une seule réponse simple à ces questions, à savoir : « agir de manière à ce que le principe de ses actions soit élevé au rang de loi de la nature ; agir seulement de la manière dont il pense que Celui qui a donné à la nature ses lois immuables l’aurait contraint à agir, s’Il avait choisi d’introduire la contrainte dans le royaume de l’esprit, afin de réaliser son dessein. »
Ce principe de la loi morale acquiert dignité et sainteté, à travers l’idée de la Déité, symbolisée par la Bible en conjonction avec le Carré.
Si la nature n’était qu’un ensemble de phénomènes accidentels et transitoires, sans organisme interne, il serait indifférent que l’homme, en tant qu’être libre, cherche à agir en harmonie avec elle, ou que, selon son bon plaisir ou son caprice, il empiète de force sur ce monde de phénomènes qui lui semble étrange.
Mais sous toute la diversité de ce monde de phénomènes, il y a une unité, – sous le changeant, l’immuable, – sous le tout, un ordre éternel, – l’Absolu, la Déité, – devant qui nos vues et nos contemplations du temps et de l’espace, ne sont rien.
Lorsque nous nous élevons à cette idée et que, sous son influence, nous appliquons le Carré, nous assumons alors le caractère de collaborateurs libres de l’édification du système moral du monde. Par conséquent, la loi morale est nécessairement une loi sainte et son maintien ne requiert aucune incitation, aucune crainte de punition, ni même l’espoir d’une récompense. Celui qui se laisse influencer par ces motifs égoïstes se défait de la dignité d’homme libre et tombe au niveau d’un misérable esclave ou d’un mercenaire vénal, alors qu’il devrait être maître de lui-même, faisant le bien pour le seul plaisir de faire le bien et trouvant ainsi une récompense suffisante.
L’individu ayant adopté ces idées et voyant par son intermédiaire une multitude d’êtres formés et doués comme lui, doit reconnaître en eux des collaborateurs du système moral du monde ; il doit lui être évident que le royaume de l’esprit, comme celui du monde matériel, est aussi un grand tout organique, avec lequel il n’est en relation qu’en tant que membre individuel. S’il veut donc rester fidèle à ses principes et vraiment honorer l’équerre, il doit agir en réciprocité avec ces êtres, ses semblables et ses égaux, et non seulement ne pas les gêner dans leurs desseins (nous avons ici l’idée de justice), mais encore faire siens leurs desseins (idée d’amour), et ainsi, il parvient finalement à l’idée de l’humanité, comme unité supérieure, dont la relation est symbolisée par le compas, instrument avec lequel l’architecte décrit les cercles de son plan et définit les relations existant entre les parties séparées et le tout.
Nos « trois grandes Lumières » nous renvoient ainsi à l’idée de l’homme individuel comme sujet libre de la loi morale, ennobli par l’idée de la Déité et rappelé à sa destinée par l’idée de l’humanité universelle.
Il ressort clairement de l’explication donnée dans l’ancien rituel que la Bible n’est pas ici censée être la source d’un credo religieux positif, car comme l’équerre et le compas, elle est explicitement mentionnée comme signifiant quelque chose d’autre, et en effet elle signifie une grande lumière qui rayonne sur la franc-maçonnerie, c’est-à-dire une idée dont la connaissance nous est nécessaire si nous voulons agir avec justice, et cette idée est l’idée de la Déité.
Il s’ensuit donc que la Fraternité ne peut pas interroger l’individu sur son idée de la Divinité, car elle n’utilise pas la violence envers la conscience, ni ne tolère l’hypocrisie ; la croyance religieuse de l’individu est laissée à lui-même comme une affaire privée, qu’il doit régler avec sa propre foi et ses propres capacités de compréhension.
On entend parfois dire que seuls les adeptes d’une certaine religion sont aptes à être francs-maçons, mais cela est en contradiction directe avec la doctrine pure de la maçonnerie. Il est certainement vrai que la partie pratique de la doctrine chrétienne, l’amour universel de l’homme, enseigné pour la première fois par le Christ, est aussi l’essence de la maçonnerie, et nous pouvons donc dire en effet que celui qui ne reconnaît pas cette doctrine ne peut pas être maçon ; mais ce serait simplement une tautologie et cela ne signifierait rien de plus, sinon que celui qui ne comprend pas les fondements de la maçonnerie ne peut pas coopérer à son édification.
Mais quel droit avons-nous d’aller plus loin et de dire que celui qui n’est pas extérieurement accepté dans la communauté des chrétiens ou qui ne croit pas à la vérité de tous les principes historiques et spéculatifs enseignés par l’Église, ne peut pas être notre frère, même s’il a adopté la partie pratique de la doctrine chrétienne et s’en conforme réellement ?
Oserions-nous dire qu’il n’est pas digne de notre amour fraternel ? Ne serait-ce pas là une falsification, une mutilation de la doctrine chrétienne pratique elle-même ? Ne substituerions-nous pas ainsi à l’humanité universelle que nous devons aimer l’image posthume d’un nouveau peuple élu ? En quoi consiste donc le progrès du judaïsme vers le christianisme, sinon en ce qu’il a renversé toute barrière, tout obstacle à l’amour du prochain, en ce qu’il a ouvert nos cœurs à tous ?
En quoi consisterait donc la supériorité du christianisme sur le judaïsme, s’il avait simplement changé la forme ou modifié la position de ces barrières, mais les avait laissées intactes ?
Ou bien, pouvons-nous dire que celui qui ne reconnaît pas extérieurement le Christ, le Messie, n’est pas apte à cet amour universel enseigné par lui ?
Ce christianisme pratique est-il donc quelque chose qui a de la valeur ou de l’autorité, simplement parce qu’à un moment ou à un endroit donné, il a été inventé ou conçu, et que, par conséquent, seul peut le recevoir celui qui reconnaît la suprématie et la vocation particulière de Celui qui l’a prononcé le premier ?
Sa vérité dépend-elle de la légitimité de son premier enseignant, de la vérité d’un fait historique particulier et de la croyance en ce fait ?
L’homme n’est-il donc qu’une plante sauvage qui, bien que gardée avec tendresse et soin, ne peut produire aucun fruit digne de ce nom, à moins qu’une question plus digne ne soit greffée sur elle ?
Non, mes frères, non 1
La loi morale chrétienne et la loi de la franc-maçonnerie ne sont pas une invention, mais la découverte d’une vérité aussi vieille que l’homme lui-même. Elle était inscrite dans le cœur du premier homme, bien que l’homme n’ait appris à la lire qu’au cours du temps. On peut la comparer à un ancien palimpseste fané, dont un moine ignorant s’est servi comme parchemin pour transcrire ses légendes, et que quelque futur chercheur heureux a réussi à restaurer et à déchiffrer.
Dire que celui qui ne croit pas au Christ historique ne peut pas adopter sa doctrine et est inapte à la pratiquer, c’est dire autant que celui qui ne croit pas à Johannes Guttenberg ne peut jamais lire un livre !
Ou que celui qui ne croit pas en Christophe Colomb ne peut pas croire à l’existence de l’Amérique !
Ou que celui qui ne croit pas à Pythagore ne peut jamais percevoir que le carré décrit sur l’hypoténuse d’un triangle rectangle équivaut à la somme des carrés décrits sur les deux autres côtés !
Ou que celui qui ne croit pas aux anciennes corporations de bâtiment et n’est pas architecte, ne pourra jamais être franc-maçon !
Ces vues sont confirmées par deux documents anciens de notre Fraternité. Dans les soi-disant Constitutions d’York, la troisième obligation ordonne que « vous serez amicaux envers tous les hommes et, autant que vous le pourrez, que vous entreteniez une véritable amitié avec eux et que vous ne les entrayez pas en conflit parce qu’ils sont d’une religion ou d’une opinion différente ». Et la quatrième obligation est ainsi formulée : « Vous devez en particulier être toujours fidèles les uns aux autres, vous instruire et vous aider mutuellement dans cet art, et aussi faire entre vous ce que vous voudriez que les autres fassent envers vous. Si un frère commet une faute ou commet une injustice, tous doivent l’aider à réparer sa faute, jusqu’à ce qu’il se soit amendé ».
Dans le soi-disant Examen d’un Maçon sous Henri VI, parmi les « Arts de la Maçonnerie » est mentionnée « l’habileté de devenir bon et parfait, sans l’aide de la peur et de l’espoir ».
Ainsi, ces anciens francs-maçons enseignaient et pratiquaient un art plus noble, une morale plus pure que celle qui était enseignée et pratiquée dans les mystères d’Éleusis, dont Sophocle ne pouvait que dire : « O trois fois heureux celui qui contemple cette consécration, il descend réconforté dans le monde inférieur. Seuls ceux-là sont autorisés à y demeurer, car tous les autres n’attendent que l’horreur ! »
Ces faits devraient nous convaincre que nous n’avons aucune raison d’avoir honte de nos véritables ancêtres dans la culture de l’humanité et en tant qu’enseignants dans l’art de vivre, que nous ne perdons rien de notre valeur intérieure en renonçant à nos prétentions d’être les héritiers des mystères égyptiens et éleusiniens, ou de compter parmi nos ancêtres les constructeurs du Temple de Salomon.
En conclusion, nous citerons encore un passage de l’Examen auquel nous avons déjà fait allusion, qui, dans sa simplicité même, parlera plus fortement à nos cœurs que n’importe quel flot d’éloquence rhétorique qui pourrait être employé :
« Q. Les francs-maçons s’aiment-ils profondément les uns les autres, comme on l’a dit ? R. Oui, en vérité, et il ne peut en être autrement ; car les hommes bons et sincères, se sachant tels, s’aiment toujours d’autant plus qu’ils sont plus bons. »
La franc-maçonnerie est l’une des institutions les plus sublimes et les plus parfaites qui aient jamais été créées pour l’avancement du bonheur et du bien général de l’humanité ; elle crée, dans toutes ses variétés, une bienveillance universelle et un amour fraternel. Elle offre des attraits si captivants qu’elle inspire à la Fraternité l’émulation d’actes de gloire qui doivent commander, dans le monde entier, vénération et applaudissements, et qui doivent donner droit à ceux qui les accomplissent à la dignité et au respect. Elle nous enseigne les doctrines utiles, sages et instructives sur lesquelles seules se fonde le vrai bonheur ; elle nous offre en même temps les chemins faciles par lesquels nous obtenons les récompenses de la vertu ; elle nous enseigne les devoirs que nous devons à notre prochain, de ne jamais lui nuire dans aucune situation, mais de nous conduire avec justice et impartialité ; elle nous ordonne de ne pas divulguer le mystère au public, et elle nous ordonne d’être fidèles à notre mission, au-dessus de toute mesquinerie et de toute dissimulation, et dans toutes nos vocations d’accomplir religieusement ce que nous devons faire.
DUC DE SUSSEX.
George Helmer FPS
PM Norwood90 GRA
PZ Norwood18 RAM
MBBFMN3622