Cet ouvrage vous invite à une plongée érudite dans l’histoire et les déviations de la franc-maçonnerie, où Jean Baylot appelle à un retour aux sources authentiques et spirituelles.
Et qui mieux que le sociologue Michel Maffesoli, connu et reconnu pour ses travaux sur le postmodernisme et les phénomènes de la vie quotidienne, Professeur émérite à la Sorbonne (Université Paris Descartes), ayant exploré des thèmes variés tels que l’imaginaire, les tribus modernes, et la sociologie de l’ombre et les concepts tels que la “néo-tribalité” et le “réenchantement du monde”, pour le préfacer.
La Voie Substituée est un ouvrage historique et érudit qui explore la franc-maçonnerie et ses déviations au fil de l’histoire. Jean Baylot*, un dignitaire de la franc-maçonnerie traditionnelle, montre comment l’engagement profane de cette institution, au nom de l’humanisme, l’a éloignée de sa Règle originelle. Ce livre est une somme de références essentielles pour ceux qui s’intéressent à l’histoire maçonnique.
Michel Maffesoli introduit l’ouvrage en contextualisant l’importance de l’ouvrage dans l’étude des déviations de la franc-maçonnerie et en soulignant la pertinence du travail de Jean Baylot. Il décrit comment l’auteur s’intéresse à la “contamination politique” et à la “voie substituée” de la franc-maçonnerie. Michel Maffesoli met en avant l’érudition de Jean Baylot, qui, à travers une étude minutieuse des documents historiques, dévoile les mécanismes par lesquels la franc-maçonnerie a été influencée par des mouvements politiques et sociaux externes, tels que les Illuminati et le Carbonarisme.
L’introduction discute également de la façon dont certaines loges maçonniques ont dévié de leur mission initiale, en particulier à travers la perte de spiritualité et l’adoption de positions progressistes et rationalistes. Ces changements ont souvent conduit à des tensions internes et à des accusations de charlatanisme.
Michel Maffesoli conclut en soulignant l’importance de préserver le sacré au sein de la franc-maçonnerie, un thème central dans l’œuvre de Baylot.
La réédition de La voie substituée est un événement significatif pour la communauté maçonnique. Ce livre fournit un témoignage vivant et une analyse approfondie des défis et des transformations de la franc-maçonnerie, offrant des perspectives précieuses pour les chercheurs et les praticiens de cette tradition séculaire.
Dans « La brève histoire de l’Ordre des Illuminés », Jean Baylot explore les origines et l’histoire des Illuminati, souvent associés aux théories de conspiration modernes. Baylot clarifie les faits historiques et démystifie certains mythes. Puis ses « Techniques de séduction et maléfices de la société secrète » examine les méthodes utilisées par les sociétés secrètes pour attirer et manipuler leurs membres, en particulier dans un contexte maçonnique.
L’auteur discute ensuite des Philadelphes, un groupe influent dans l’histoire maçonnique, et de leur impact sur les perceptions publiques et internes de la franc-maçonnerie et analyse aussi analyse les figures françaises préromantiques qui ont influencé la franc-maçonnerie non traditionnelle.
De Filippo Michele Buonarroti, qu’il qualifie de « premier révolutionnaire professionnel », il en détaille tous les aspects de sa vie ainsi que son rôle dans l’art royal – influences, pratiques et idéologies.
Dans la troisième partie « La percée », Jean Baylot explore les moments de vulnérabilité de la franc-maçonnerie face aux influences politiques et fait une comparaison entre la franc-maçonnerie et les thèmes de l’Énéide, mettant en lumière des parallèles symboliques. S’y ajoute une fine analyse de l’affaire Misraïm, un scandale important dans l’histoire de la franc-maçonnerie. Avec « L’envahissement », quatrième partie, Jean Baylot examine la transition de la franc-maçonnerie des rituels sacrés à l’engagement public et politique et dans son chapitre « Un test de la Grande Loge nationale de France » [sic] – page 333 –, discute d’un événement crucial pour la Grande Loge nationale de France et ses implications pour la franc-maçonnerie.
Enfin, cinquième et dernière partie, dans « La capture », il porte un regard sur l’échec d’une tentative d’influence royale sur la franc-maçonnerie puis détaille les cas de deux hauts militaires et leur relation tumultueuse avec la franc-maçonnerie. De nombreux chapitres tels que « La montée de l’antiathéisme » (évolution de l’opposition à l’athéisme au sein de la franc-maçonnerie est examinée) ; « L’influence des proscrits d’Angleterre » (impact des exilés anglais sur la franc-maçonnerie française) ; « Les exemples étrangers ou la fiction de la « maçonnerie latine » (comparaison entre les influences étrangères et la perception d’une franc-maçonnerie spécifiquement latine) ; « Portraits de conquérants » (portraits de figures historiques influentes dans la franc-maçonnerie) ; « L’affaire de la Commune » (analyse de l’impact de la Commune de Paris sur la franc-maçonnerie), etc., enrichissent la position de l’auteur.
La conclusion offre une synthèse des découvertes et réflexions finales de Jean Baylot.
Elle est suivie d’une bibliographie et d’un index des noms cités, facilitant la recherche de noms et de sujets spécifiques dans le livre.
Cet ouvrage est un outil précieux pour comprendre les transformations et les défis historiques de la franc-maçonnerie, offrant une perspective critique et érudite sur ses déviations et évolutions.
*La biographie de Jean Baylot
Né à Pau, Jean Baylot (1897-1976) effectua sa scolarité au Collège de l’Immaculée Conception. Diplômé de l’École Supérieure du Bois de Paris, il participa à la Première Guerre mondiale en tant que volontaire de 1917 à l’armistice de 1918. Employé des Postes à Bordeaux puis à Paris, il gravit les échelons jusqu’au poste de chef de division. Syndicaliste actif, il devint secrétaire général de la Fédération postale CGT en 1923.
En 1921, il rejoignit le Grand Orient de France et reçut la lumière au sein de la loge « Fraternité des Peuples », gravissant ensuite rapidement les degrés maçonniques. Affilié à la loge « Les Amis de l’Humanité » en 1929, il y occupa des positions influentes et invita des figures politiques notables telles que Maurice Thorez.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Jean Baylot s’engagea dans la Résistance, rejoignant ensuite l’administration préfectorale à la Libération. Il fut préfet de plusieurs départements – Basses-Pyrénées (1944-1945), Haute-Garonne et Bouches-du-Rhône – avant de devenir préfet de Police de Paris (1951-1955).
Élu au Conseil de l’Ordre du GODF en 1938, il y siégea également dans les années 1950, occupant le poste de grand maître adjoint. Sa quête spirituelle le conduisit à fonder des loges dédiées au Rite Écossais Rectifié, notamment « Rectitude » à l’orient de Marseille en 1948 et « L’Europe Unie » à l’orient de Paris en 1953, accueillant les frères persécutés d’Europe de l’Est.
Dénonçant le noyautage communiste au sein du GODF, il se rallia au général de Gaulle et fut élu député du XVe arrondissement de Paris, de 1958 à 1962. Toutefois, ses positions politiques lui valurent des votes de défiance et il rejoignit la Grande Loge Nationale Française en 1959.
Jean Baylot continua à jouer un rôle majeur dans la franc-maçonnerie, fondant des ateliers et occupant des postes de haute responsabilité jusqu’à sa retraite. Sa passion pour la maçonnerie et son engagement inlassable en ont fait une figure emblématique de la tradition maçonnique en France. Il est aussi le fondateur de la loge nationale de recherche de la Grande Loge Nationale Française – appelé depuis peu aussi « loge du grand maître » – qui a a été consacré le jeudi 29 octobre 1964, sous le titre distinctif du célèbre architecte gothique du XIIIe siècle, Villard de Honnecourt et portant, à la matricule, le n° 81.
Dans le cadre du soixantième anniversaire de sa fondation, la Loge nationale de recherche « Villard de Honnecourt » est heureuse de vous inviter à participer à six journées (5 nuits) merveilleuses de découverte de la ville d’Istanbul (Turquie) en compagnie du grand maître, du 31 octobre au 5 novembre 2024.
Jean Baylot reçut pour La voie substituée, le Prix de l’Académie Albéric Rocheron en 1969.
Un prix annuel, créé en 1942, décerné « à l’ouvrage d’histoire, d’étude ou de critique littéraire qui aura le mieux fait ressortir les rapports existant entre la littérature d’une époque et le caractère de son temps ».
/!\ Disponible à compter du 13 juin prochain chez DETRAD.
La voie substituée
Jean Baylot – Préface Michel Maffesoli – Éditions Dervy, 2024, 608 pages, 24,90 €
Je pense que l homme s est discrédité ( l alcool desinhibe seulement il ne fait pas mentir) cf hiram.be
https://www.hiram.be/maffesoli-completement-bourre-sur-une-radio-complotiste/
Pour en savoir plus sur les raisons qui amenèrent Jean Baylot à écrire son livre et la manière dont il fut accueilli à l’époque, je vous invite à lire l’article de Francis Delon, – 1968, Jean Baylot et ʺLa Voie Substituéeʺ, Les Cahiers Villard de Honnecourt, n°114, 2020, pp. 39-59. Notons également que c’est l’historien Jean Bossu qu’il avait fait rentrer à la GLNF en 1961 qui lui fournit les sources historiques nécessaires à son ouvrage.
Ainsi, Joannis Corneloup, Ancien Grand Commandeur du Grand Collège des Rites et ancien directeur du Grand Collège des Rites, auquel il avait envoyé son livre lui adressa le commentaire suivant:
Corneloup son ancien condisciple au sein des instances dirigeantes du G.O.D.F., persista tout d’abord, en le remerciant pour sa dédicace, « à lui donner le titre de Frère avec la même persévérance » qu’il avait apportée à lui dénier pour lui substituer « celui d’ami ».
S’il souscrivait bien souvent aux jugements portés sur les faits, il se permettait néanmoins de souligner la rédaction pathétique de certains passages (« Le choc cérémonial qui parfois, sur le tard, rappelle à la tradition ceux qui l’avaient négligée »).
Il ne pouvait, en revanche, n’être qu’en désaccord avec la thèse exposée qu’il aurait acceptée « plus aisément si au lieu d’écrire le titre au singulier, [Baylot] l’avait mis au pluriel : LES VOIES substituées ».
En effet, si Corneloup convenait « que le GODF (et d’autres) [s’était] écarté de la voie traditionnelle », il soutenait, en revanche, que « les fondateurs de la Grande Loge de Londres et de Westminster [avaient] déjà emprunté une voie substituée » par rapport à la Maçonnerie opérative. D’ailleurs, « l’impitoyable censeur [qu’était] Dermott [l’avait] proclamé fort clairement dans Ahiman Rezon quand il [avait] écrit que cette création [n’avait] pas été une renaissance, mais une rupture ». Ce jugement avait d’ailleurs été justifié par Guénon « par des considérants irréfutables fondées sur des règles traditionnelles », ce qui ne l’empêchait pourtant pas de « considérer comme capitale l’innovation (et la substitution) de 1717-1723, et de la juger bénéfique ».
En outre, « 1812-1815[avait] marqué une nouvelle bifurcation prise celle-là par la GLU d’Angleterre, une nouvelle substitution. Mais, avant elle, il y [avait] eu toutes celles des divers rites, dits “Écossais”, dont la GLU (après la GL de 1717) [n’avait] cessé de proclamer l’irrégularité. Parmi ces voies substituées, celle du Rite Écossais Rectifié [était] marqué des sceaux de ceux qui [avaient] contribué à son établissement : celui (nettement politique) de Joseph de Maistre et celui (mystique et martinésiste) de Willermoz ».
Corneloup tenait enfin à rassurer son « Frère et ami » Baylot sur son prétendu « isolement au G.O. car très nombreux [étaient] les maçons qui [l’épaulaient] ou tout au moins [l’approuvaient] » même s’il reconnaissait que « le mouvement de retour vers les rites et symboles [n’était] certes pas aussi général et aussi accentué qu’il le [souhaitait] “.