(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)
Aucun de nous ne ressemble à un autre. C’est pourquoi faire société implique une conscience du dépassement de soi. Et, par construction, c’est tellement plus riche que de tourner autour de son propre nombril. Ce n’est pas minorer le prix de nos singularités que de vouloir conjuguer nos différences. Il ne s’agit pas de les réduire pour définir à toute force un espace public. Dans cette optique, il m’a toujours paru qu’un socle commun, solide, reconnu par tous les acteurs, tous les citoyens, ne devait entraver ni l’essor ni l’expression de tout ce que recèlent les personnalités, dans leur plus belle extension.
La société doit être par excellence le terrain de nos libertés.
Ce n’est pas revendiquer une passive et par là même médiocre tolérance, aussi poussée soit-elle, confinant souvent à une indifférence polie, que de prôner l’efflorescence des choix les plus variés, sans contrarier le sort des uns ou des autres ; c’est bien plus encore éprouver le respect de la diversité inhérente à nos cultures humaines et, par la suite, aux individus ou aux groupes qui les composent. Le respect, voici la notion centrale, la clé de la vie civile, de la vie civilisée. Sans heurter la pudeur de personne, sans imposer cette vision du monde que chacun de nous porte en soi avec plus ou moins de détail – en s’y noyant parfois, au sens figuré comme au sens propre.
L’autre est à fréquenter. Il est fécond, non seulement de ce dont il nous instruit sur lui-même, mais de l’apprentissage de nous-même qu’il aiguise, le frottement de nos différences affinant l’affirmation de nos singularités. L’harmonie ne signifie pas celle d’un orchestre dont les instruments joueraient constamment ensemble, mais bien celle d’un jardin dont les fleurs s’ouvrent et se sourient les unes aux autres.
La première nécessité pour y parvenir est d’en rabattre au plan du pouvoir. Dominer ici n’a pas de meilleur sens que dans sa forme pronominale – en assujettissant ses passions –, sachant que partager s’entend également d’un partage qui veille à l’équilibre des choses, sans devoir, d’ailleurs, mêler à tout instant ses intérêts avec ceux des autres. Il ne s’agit point de tout mélanger. Par une sorte d’idéalisme infantile, de telles intentions s’en iraient bien vite en brouet d’andouilles. Il s’agit, en revanche, de ménager l’essentiel, c’est-à-dire de prendre soin les uns des autres avec bienveillance, de façon que chacun puisse, de lui-même, tirer profit de ce qu’il est.
À titre d’exemple, on peut dire que la Loge est un creuset où ne se fond que l’amour de l’humanité mais où se purifie le métal de chacun. Par le fruit simultané de ses vertus initiatiques, c’est un laboratoire appliqué du vivre-ensemble.
On peut parler de travail collaboratif et de travail corroboratif (voir la définition https://www.cnrtl.fr/definition/corroboratif) ; l’adjectif corroboratif est utilisé en droit mais il est de plus en plus utilisé pour dsigner une activité cognitive collective qui permette d’ atteindre ce que notre soeur Solange évoque de façon informelle c’est à dire la capacité d’obtenir une réflexion rigoureuse et crédible au simple ajout des collaborations individuelles. En pédagogie, c’est aussi une technique qui vise à conforter les acquisittions. En loge cela concernerait avant tout, à mon humble avis, le travail en commission. Cela supposerait naturellement un minimum de formation. D’un point de vue le concep est généralement rattaché aux travaux du philosophe Karl Popper
Merci, MTCF Alain, de tes deux fort utiles compléments d’information. Le rattachement au concept de corroboration chez Karl Popper, peut être fait, même si le philosophe se situait dans la perspective de son interrogation sur la scientificité d’une théorie et reléguait ainsi la notion de vérification, en s’appuyant sur les confirmations, en l’absence de réfutation. Cette position épistémologique peut, en effet, trouver sa place dans le champ expérienciel des Loges comme méthode de validation. J’avoue que je n’avais jamais pensé à cette application qui me semble, à la réflexion, non seulement judicieuse mais particulièrement appropriée.
On peut parler de travail collaboratif et de travail corroboratif (voir la définition https://www.cnrtl.fr/definition/corroboratif) ; l’adjectif corroboratif est utilisé en droit mais il est de plus en plus utilisé pour dsigner une activité cognitive collective qui permette d’ atteindre ce que notre soeur Solange évoque de façon informelle c’est à dire la capacité d’obtenir une réflexion rigoureuse et crédible au simple ajout des collaborations individuelles. En pédagogie, c’est aussi une technique qui vise à conforter les acquisittions. En loge cela concernerait avant tout, à mon humble avis, le travail en commission. Cela supposerait naturellement un minimum de formation. D’un point de vue le concep est généralement rattaché aux travaux du philosophe Karl Popper
Merci, MTCS Solange & MTCF Alain, de vos lectures fraternelles, généreuses et encourageantes.
Une petite question pour Alain : tu évoques “la méthodologie du travail corroboratif” : je me suis demandé si tu n’avais pas plutôt à l’esprit celle du “travail collaboratif”, au sens où plusieurs personnes créent des synergies entre elles et renforcent leur coordination, privilégiant la communication, le partage du savoir et la mise en commun des compétences, sans être entravées par le cloisonnement hiérarchique — à moins, qu’en bon médecin que tu es, tu emploies l’adjectif dans la perspective d’un “remède corroboratif”, comme on disait autrefois, c’est-à-dire d’une thérapeutique qui tonifie, qui stimule, qui donne des forces, avec ces bonnes vertus qu’on prêtait au “cordial”, justement, cette potion revivifiante qui était censée faire du bien… au cœur. Au demeurant, ce peut être les deux (collaboratif & corroboratif) !
Tribises,
Christian.
En loge, on apprend que la force est plus que l’addition de celle des francs-maçons présents ; c’est la fraternité nourrissant ceux qui participent aux travaux. Le franc-maçon se doit d’être, comme le dit Rainer Maria Rilke dans ses Sonnets à Orphée, «dans cette nuit de démesure, la force magique au carrefour des hommes et le sens de leur rencontre singulière.» La force n’a de valeur que si elle est sûre d’elle afin de s’exprimer d’une façon tranquille. Vient alors le temps de la douceur, qui n’est autre que la force tranquille de retour dans le monde profane qui convainc et s’assure une victoire définitive si elle est exercée dans le respect de l’autre.
MTCF Christian, je partage à 100% cette manière de voir la démarche maçonnique, ! Faire de la loge, le lieu d’apprentissage d’une sagesse collective qui reprenne les acquis des approches traditionnelles universelles pourrait être une réelle spécificité de la franc-maçonnerie du futur ! Cela supposerait d’intégrer la méthodologie du travail corroboratif dans la dynamique du travail maçonnique !
Au japon, la politesse en tant que marque de respect est “chevillée” au corps dès l’enfance. Elle se donne à voir par des courbettes codifiées (Ojigi) échangées entre soi et les autres.
L’adhésion en conscience au formalisme de la gestuelle rituelle est une marque de respect d’une façon d’être franc-maçon.
450.fm/2021/08/30/respects-je-suis-votre-oblige/