Il est bien difficile de distinguer l’homme d’église Jean Calvin, de l’homme tout court ! C’est bien le même homme, le théologien, qui, conduit (aveuglé ?) par sa foi, participa en 1534 à “l’affaire des Placards”, à savoir l’attaque violente, à Paris et à Amboise, par voie d’affiche (placard) de la religion catholique (jusqu’à la porte de la chambre royale !) et…. de la religion luthérienne.
Même si l’affaire a été menée par le pasteur Antoine Marcourt, elle était pilotée par Jean Calvin dans son but de réforme. En 1553, toujours conduit par une foi exclusive, il faisait brûler vif le théologien Michel Servet !
Certes, chacun a sa part d’ombre, cette zone opaque en nous-mêmes où siègent notre intuition, nos croyances et non-croyances, c’est à dire l’incertitude qui y devient certitude ! Lorsque cette alchimie personnelle n’est pas contenue, contrôlée, par définition elle déborde, et peut gravement entamer la raison !
Jean Calvin n’a pas été à l’abri de ce processus banalement humain : puisque nous ne connaissons pas notre origine (le premier homme n’avait pas nombril, nous montre les gravures religieuses !) notre cerveau compense grâce à notre imaginaire… grand producteur de mythes et de légendes. Ainsi avons-nous inventé les dieux puis Dieu ! Ainsi avons-nous inventé les religions ! Ainsi les religions ont-elles depuis toujours nié leurs « concurrentes » ! Ainsi sont nés les bûchers, les guerres…
Le mérite de Calvin “l’humaniste”, comme celui de tous les croyants voulant améliorer la condition humaine, a été de tenter de faire cohabiter sa foi et sa raison, au profit de l’homme et non de la seule adoration de Dieu. Il déboucha ainsi sur une éthique « économique » (sa morale personnelle) à double intention : la glorification du travail (les francs-maçons se reconnaissent ici !) et l’instauration du prêt bancaire (reprise des méthodes templières).
On peut ainsi dire que Calvin a été associé à l’essor du capitalisme (le bien ou le mal de l’homme, selon les points de vue !) et partant, au développement d’une “démocratie croyante” et de la culture…donc sur fond de protestantisme (le principe de laïcité n’existant pas encore). A preuve, les divisions qui s’opérèrent dès lors dans son mouvement (arminiens et gomaristes) et qui débouchèrent sur le presbytérianisme, en Angleterre et en Ecosse (Anderson était presbytérien). Il y aurait aujourd’hui 45 millions de Calvinistes dans le monde (dont 450 000 en France).
Il n’a jamais été dit que Calvin avait joué la carte de l’enrichissement personnel : il a toujours privilégié l’intérêt général à l’intérêt particulier. Mais en favorisant le système capitaliste, il est bien normal, que l’argent ait « imprégné » son mouvement, comme il imprègne encore aujourd’hui tous les cultes ! C’est une raison, entre autres, qui motiverait le catholicisme à maintenir le célibat des prêtres, leur mariage et donc la multiplication des familles qui coûterait soi-disant trop cher au Vatican…et risquerait de voir éparpiller ses biens !!).
Reste à savoir si la foi a été un moteur ou un frein sur le parcours de Jean Calvin. Ne serait-il pas parvenu à ces mêmes progrès sociaux, s’il avait été athée ? La même question se pose pour les « grands hommes » qui ont été ou sont animés par « la foi maçonnique » : Fleming n’aurait-il pas découvert la pénicilline, s’il n’avait pas été franc-maçon ?
Foi et raison : un bon sujet de réflexion sur les grandeurs et misères humaines! La franc-maçonnerie nous donne cette chance de pouvoir voyager sur les sentiers de l’intelligence collective !
Le doute est la certitude du maçon.
C’est la diversité des fleurs qui fait la beauté d’un jardin !