jeu 09 mai 2024 - 21:05

3 raisons de visiter la cathédrale de Bordeaux : par Laurent Ridel

De son site Internet decoder-eglises-chateaux.fr

1) C’est l’une des plus grosses cathédrales du sud de la France. Avec ses 124 m de long, avec ses voûtes culminant à 35 m, ses proportions voisinent celles de Notre-Dame de Paris. Les murs extérieurs, en cours de nettoyage, retrouvent leur blancheur légèrement dorée.
 2) C’est la seule cathédrale dédiée à saint André dans un pays où les églises Notre-Dame sont reines. Amusez-vous à comptabiliser le nombre de figurations du saint dans ou sur le monument : l’apôtre se reconnaît à sa croix en X, instrument sur lequel il fut crucifié. Je vous aide : il s’en trouve jusqu’au-dessus de votre tête, sur cette clé de voûte. 
3) Le clocher de la cathédrale est isolé : il est désolidarisé de l’église. Les Bordelais l’appellent la tour Pey-Berland, du nom de l’archevêque qui l’a commanditée. Oui, Pey est un prénom ! Avis à ceux et celles qui recherchent à prénommer leur futur enfant. La configuration isolée de la tour est censée ne pas déstabiliser la cathédrale. Rappelez-vous mon infolettre de noël dans laquelle je recensais les tours qui essayaient de concurrencer celle de la cathédrale de Strasbourg ; elles ont toutes fini au sol ou en fumée. On ne peut donc que donner raison à la prudence de Pey Berland.  Montez dans cette tour au matin : vous bénéficierez d’une vue originale sur la cathédrale qui bénéficiera, sous cet angle, de la lumière du soleil levant.
Les danses macabres
Les morts ne s’ennuient pas à la fin du Moyen Âge. Ils dansent ! Dans quelques églises de France, vous pouvez en effet trouver des peintures appelées « Danse macabre ».
Des squelettes vêtus de guenilles entraînent dans une farandole des personnages aux costumes variés : un évêque en mitre, un soldat en armure, un noble en pourpoint. Tous semblent pris dans une danse éternelle, leurs visages exprimant une étrange sérénité. Apparues au XIVe siècle en France et dans les pays germaniques, ces « Danses macabres » seraient liées à l’impact meurtrier de la Peste noire. Possible, mais l’âge d’or de ces représentations — le XVe siècle — est assez postérieur à la grande épidémie. Il faut plus largement y voir un goût de l’époque pour le macabre. 
Le message ne laisse par contre aucun doute : mieux qu’une société communiste, la mort met tout le monde à égalité. Peu importe votre rang ou votre richesse, elle vous accueillera dans sa danse. L’historien Robert Fossier se demande si ces représentations ne cachent pas une critique sociale. Les peintres, de condition modeste, savouraient le fait de montrer surtout des puissants malmenés et de les confronter à leur double, dépouillé d’habits prestigieux et des attributs du pouvoir. Vous vous souvenez de l’expression « Memento Mori », déjà abordée dans cette infolettre ? Eh bien, ces danses sont comme un « Memento Mori » en couleurs, une piqûre de rappel sur la fragilité de notre existence. Alors, à quoi bon accumuler des biens et des titres ? La Danse macabre invite le chrétien à l’humilité et à se tourner vers Dieu. Dans la grande farandole de la vie, dansez, riez, vivez ! Mais n’oubliez jamais cette leçon universelle. 
Où voir des danses macabres ?
Très peu sont conservées :église Saint-Germain de la Ferté-Loupière (Yonne)chapelle Sainte-Apolline à Brianny (Côte-d’Or)église Saint-Orien de Mesley-le-Grenet, près de Chartres. (Photo 1 et 3 ci-dessus)église Notre-Dame de Kermaria-an-Isquit à Plouha (Côtes-d’Armor). église Notre-Dame de Kernascléden (Morbihan). abbatiale de la Chaise-Dieu (Haute-Loire). Photo 2 ci-dessus.  Les Bretons et les Bourguignons sont donc gâtés. Si vous en connaissez d’autres, signalez-les-moi. 
La question de la semaine
Dominique : Je reviens d’un petit voyage en Alsace et à Ribeauvillé, en face de l’église catholique Saint-Grégoire, se trouve un petit jardin avec des sépultures. Il semble que ce soit des ecclésiastiques et chose étrange, des ancres de bateau leur sont dédiées. Les Alsaciens sont bien loin des activités maritimes, aussi je m’interroge. 
Moi : Avec votre photo, on se régale au point de vue symbolique. En plus d’être un symbole marin, l’ancre est un symbole chrétien. Elle l’est devenue à l’appui d’un passage du Nouveau Testament. Saint Paul écrit dans sa lettre aux Hébreux (6,19) : « Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et solide ». L’ancre illustre donc une des 3 vertus théologales du chrétien : l’espérance (les deux autres étant la foi et la charité). Toutes trois sont, selon le christianisme, des dons de Dieu.  Ne confondez pas espérance et espoir : l’espérance repose sur la certitude d’avoir été choisi par Dieu, par amour, et donc de ressusciter. L’espoir est plus incertain dans sa réalisation. Sur la pierre tombale, l’ancre figure comme élément d’un trophée, c’est-à-dire un groupe pêle-mêle d’objets. Il existe des trophées pour l’art, pour la guerre… Le vôtre est bien sûr sur le thème du christianisme. Outre l’ancre, on reconnaît une palme (symbolisant la victoire sur la mort), un livre (une Bible), une écharpe (l’étole du prêtre) et une coupe à hostie (un ciboire).  Rien d’étonnant à cet amoncellement d’objets religieux : le trophée décore — si mon latin ne me trompe pas — la tombe d’un chanoine honoraire. 

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