jeu 09 mai 2024 - 13:05

Lieu symbolique : Auroville, ville internationale expérimentale ou foyer sectaire ?

Auroville, « la ville de Sri Aurobindo » mais aussi « la ville de l’Aurore », est une ville expérimentale fondée en 1968 avec l’appui du gouvernement indien et de l’UNESCO.

Elle est située près de Pondichéry, dans le sud de l’Inde, et a été conçue comme un lieu de vie communautaire, où les résidents cherchent à transcender les barrières sociales, culturelles, politiques et économiques pour créer une société harmonieuse basée sur les principes de paix, de développement durable et d’unité humaine.

Le nom « Auroville » fait référence à Sri Aurobindo, un philosophe, yogi et poète indien, dont les enseignements sur l’évolution de la conscience humaine et l’unité sont à la base de l’idéologie d’Auroville. Le terme aurore symbolise également un nouveau commencement, une nouvelle vision de la vie et de la société qui se veut être un espoir pour l’avenir.

La structure de gouvernance d’Auroville est unique en ce sens qu’elle est non hiérarchique et cherche à impliquer tous les résidents dans le processus décisionnel. Les Auroviliens, comme on appelle les résidents, travaillent ensemble dans divers domaines tels que l’éducation, l’écologie, l’agriculture durable et les technologies vertes, ainsi que dans des projets artistiques et culturels.

Logo d’Auroville

Le Matrimandir, situé au centre d’Auroville, est une grande sphère dorée entourée de douze jardins représentant les qualités de la vie souhaitées dans Auroville. Il est considéré comme l’âme de la ville et est un lieu de méditation et de paix intérieure, ouvert à tous quelle que soit leur origine ou leur croyance.

Bien que confrontée à divers défis et parfois à des critiques, Auroville continue d’être une expérience sociale vivante et un modèle pour ceux qui recherchent des alternatives aux structures sociales traditionnelles, en mettant en pratique des idées avant-gardistes sur l’harmonie sociale, l’égalité et l’intégration spirituelle.

Auroville, quelle vision pour l’avenir ?

Auroville continue d’expérimenter et d’innover dans le domaine de la vie communautaire durable et de la spiritualité intégrale, dans l’espoir de servir de modèle pour la société future. Sa vision à long terme est de devenir une ville de 50 000 habitants, vivant dans un équilibre entre progrès spirituel et matériel, tout en contribuant positivement aux défis globaux de l’humanité.

Auroville représente un effort unique de réalisation d’une utopie concrète, où les idéaux de paix, d’harmonie, de développement durable et d’unité humaine sont explorés et mis en pratique au quotidien.

Qui était Sri Aurobindo ?

Sri Aurobindo Ghose (1872–1950) était un philosophe, yogi, gourou, poète et nationaliste indien qui a exercé une influence profonde sur la pensée spirituelle et la culture indiennes. Né à Calcutta (aujourd’hui Kolkata), il a été éduqué en Angleterre et est retourné en Inde en 1893. Il a d’abord été impliqué dans le mouvement pour l’indépendance de l’Inde, mais après une série d’expériences spirituelles intenses, il s’est retiré de la politique et s’est concentré sur le développement de sa pratique et de sa philosophie spirituelles.

Sri Aurobindo a développé une approche spirituelle appelée “yoga intégral“, qui vise la transformation de la vie humaine en une vie divine. Selon sa vision, la spiritualité n’est pas seulement une quête individuelle pour l’illumination ou la libération (moksha), mais aussi une évolution collective vers une plus grande conscience qui pourrait transformer le monde. Il a enseigné que l’évolution humaine est loin d’être terminée, et que l’humanité peut progresser au-delà de son état mental actuel vers une conscience supramentale, marquant le début d’une nouvelle ère pour l’humanité.

En 1926, il a fondé avec sa compagne spirituelle, Mirra Alfassa, connue comme « La Mère », l’Ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry, qui est devenu un centre d’étude et de pratique du Yoga Intégral. “La Mère” a ensuite été la force motrice derrière la création d’Auroville en 1968, une communauté internationale inspirée par les enseignements de Sri Aurobindo et dédiée à la réalisation de l’unité humaine.

Sri Aurobindo était également un poète prolifique et un critique littéraire. Ses œuvres majeures comprennent des écrits philosophiques comme “La Vie Divine”, “La Synthèse du Yoga”, et des commentaires sur les Upanishads, la Bhagavad-Gita et le Rig-Veda. Il a également écrit un poème épique, “Savitri”, qui explore les profondeurs de la spiritualité et de la vision intérieure.

Sri Aurobindo est décédé le 5 décembre 1950, laissant derrière lui un héritage durable de spiritualité intégrale qui continue d’inspirer les gens du monde entier.

Et Mirra Alfassa, dite « La Mère » ?

Mirra Alfassa était une figure spirituelle influente du XXe siècle, associée de près à Sri Aurobindo. Née à Paris en 1878, elle a eu une éducation artistique et s’est intéressée à la spiritualité dès son plus jeune âge. Après avoir exploré diverses voies spirituelles et occultes en France, elle a rencontré Sri Aurobindo à Pondichéry en 1914 et a rapidement reconnu en lui un guide spirituel avec lequel elle pourrait réaliser sa quête d’une conscience supérieure.

Elle s’est établie définitivement à Pondichéry en 1920 et est devenue une collaboratrice essentielle de Sri Aurobindo, prenant en charge l’organisation de l’Ashram de Sri Aurobindo et guidant les disciples dans leur pratique du Yoga Intégral. Après le retrait de Sri Aurobindo en 1926, elle est devenue la leader de la communauté de l’Ashram et a continué à développer et à diffuser ses enseignements.

« La Mère » était non seulement une guide spirituelle mais aussi une visionnaire qui a travaillé à l’incarnation de la spiritualité dans la matière, ce qu’elle et Sri Aurobindo appelaient la descente du “Supramental” dans le monde physique. Elle a eu la vision d’une société idéale où les individus pourraient vivre au-delà des divisions sociales, économiques et nationales, dans une harmonie qui favorise la croissance spirituelle et matérielle.

En 1968, elle a fondé Auroville, une ville expérimentale dédiée à la réalisation de l’unité humaine. « La Mère » a conçu Auroville comme un lieu où les gens pourraient rechercher la conscience divine sans l’obstacle des conventions sociales et nationales. La charte d’Auroville, écrite par « La Mère », énonce les principes fondamentaux de cette communauté internationale. Les buts avoués sont donc loin de présenter toutes dérives sectaires…

Mirra Alfassa est décédée en 1973, mais son influence perdure, notamment à travers Auroville et l’Ashram de Sri Aurobindo, qui continuent de suivre ses enseignements et de pratiquer le Yoga Intégral, et grâce à ses nombreux écrits et entretiens qui restent une source d’inspiration pour de nombreuses personnes intéressées par la spiritualité et le développement de la conscience.

Mirra Alfassa et le Mouvement Cosmique

Mirra Alfassa a eu une période de sa vie fortement influencée par ses interactions avec Max Théon et les enseignements du Mouvement Cosmique. Cette phase de sa vie est cruciale pour comprendre son évolution spirituelle et la formation de ses propres idées et pratiques spirituelles.

Max Theon.

Max Théon, peut-être né Louis-Maximilien Bimstein (1848-1927), personnage énigmatique, sans doute Polonais juif kabbaliste et occultiste, qui a développé une philosophie et une pratique spirituelles nommées le Mouvement Cosmique. Ce mouvement se concentrait sur l’exploration des dimensions cachées de l’existence, la compréhension des lois cosmiques, et l’atteinte de niveaux supérieurs de conscience. Théon prétendait avoir accès à des connaissances secrètes et anciennes qui lui permettaient d’explorer les mystères de l’univers.

Mirra Alfassa a rencontré Max Théon et sa femme Alma Théon au début du 20e siècle, lorsqu’elle s’est intéressée aux courants ésotériques et mystiques qui étaient populaires à cette époque en Europe. Elle s’est rendue à Tlemcen, en Algérie, où les Théon avaient établi un centre pour le Mouvement Cosmique. Là, Mirra a participé activement à leurs études et pratiques, absorbant l’enseignement ésotérique qui a sans doute influencé sa propre quête spirituelle.

« La Mère » et la Fraternité de Louxor

Blason HBL

La Fraternité de Louxor (The Hermetic Brotherhood of Luxor) connue sous le nom de Fraternité de la Lumière ou Ordre de la Lumière, est un groupe ésotérique ou une société secrète qui s’inscrit dans la tradition de l’occultisme occidental. Cette fraternité est souvent associée à l’étude de l’ésotérisme, de la spiritualité, de l’hermétisme, et de la magie cérémonielle, avec un intérêt particulier pour les anciennes traditions égyptiennes, suggérant en cela une continuité directe avec les pratiques spirituelles de l’Égypte ancienne. Elle est également fondée par Max Théon. Bien que Mirra Alfassa soit principalement associée au Mouvement Cosmique de Théon, les principes et les pratiques de la Fraternité de Louxor partageaient des similarités avec ceux du Mouvement Cosmique, mettant l’accent sur l’initiation et les études occultes. Il est probable que l’expérience de Mirra avec le Mouvement Cosmique ait inclus une exposition aux idées et aux pratiques de la Fraternité de Louxor, compte tenu des liens étroits entre les deux.

Illustrations Wikimedia Commons

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour mon TCF je reste un peu sur ma fin au regard de la question du titre de l’article. Il y a t-il finalement dérive sectaire transformant Auroville en foyer sectaire ?
    Pour connaitre une amie qui a vécue pendant des périodes de 4 mois 4 années de suite (2015 à 2019) à Auroville et gardé beaucoup de contacts qui continuent d’y vivre, il semble que ces toutes dernières années le 1er ministre Indien est en train de détruire Auroville y compris physiquement par une grande route qui traverse de part en part cette Ville expérimentale … Merci pour cette article qui fait découvrir cette expérience …

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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