sam 23 novembre 2024 - 09:11

Autour des mystères de la franc-maçonnerie : “le premier Roi des Belges était franc-maçon”. Entretien avec Gérard Monseu

De notre confrère belge rtbf.be – Par Nicolas Rondelez

Ce week-end à Thuin aura lieu une conférence ouverte au public. Une conférence avec pour thème la franc-maçonnerie. Le Grand Maître du Grand Orient de Belgique répondra à toutes les questions du public. Ne vous y précipitez pas. Toutes les places sont d’ores et déjà réservées. Sans doute parce que le mouvement franc-maçon intrigue et que tout le monde aimerait en savoir plus sur cette nébuleuse maçonnique. Pour le profane, le mouvement est perçu comme secret, mystérieux. Un secret qui fait planer des doutes. On prête aux francs-maçons le pouvoir de diriger, dans l’ombre, toute la société.

Gérard Monseu est un ancien échevin carolo. Mais c’est en sa qualité de franc-maçon qu’il était l’invité de la rédaction de Vivacité Charleroi. Entretien.

La rédaction : Gérard Monseu, les francs-maçons, qui sont-ils ? Que font-ils ? Pourquoi tant de fantasmes et de mystères ? La franc-maçonnerie est née en Angleterre au XVIIIᵉ siècle. Ça reste un mystère pour beaucoup. En quelques mots, vous la définiriez comment ? C’est quoi être franc-maçon ?

Gérard Monseu : C’est une association d’hommes libres, probes et libres, qui travaillent d’abord à la construction de soi-même dans le but de mettre les vices au cachot, mais en même temps d’essayer de promouvoir un idéal fantastique qui permettrait d’améliorer la vie en société, de travailler au bonheur de l’humanité.

Il y a beaucoup de fantasmes autour de la franc-maçonnerie. Elle tirerait les ficelles de la société. On l’entend beaucoup. Est-ce que vous dirigez le monde ?

Non, absolument pas. Et nous n’avons d’ailleurs pas cette vocation. Et je n’ai jamais vu dans l’arrière-cuisine d’une loge que l’on rêvait à une quelconque révolution. Au contraire, nos obligations, c’est de respecter les lois démocratiques d’un pays. Mais, au travers des conférences que nous pouvons entendre, nous pouvons, chacun d’une manière individuelle d’ailleurs, bénéficier d’une information où il n’y a jamais de mot d’ordre. Donc on écoute le conférencier, on se bâtit son opinion, mais il n’y a jamais une instruction qui est donnée en disant la loge ou la franc-maçonnerie pense ceci ou cela. Maintenant, c’est vrai que globalement, parfois vous avez une communication qui est faite par le Grand Maître, qui d’ailleurs s’appuie sur d’autres obédiences pour notamment prendre une position sur les problèmes liés à l’immigration ou encore à la guerre en Ukraine par exemple.

Mais comment vous expliquez alors tous ces fantasmes autour de la franc-maçonnerie ?

Je pense que c’est dans notre histoire puisqu’effectivement, malheureusement le Vatican ne nous a pas vus d’un bon œil. Assez rapidement, il y a eu des instructions qui ont été données parce que le Vatican ne considérait pas qu’il soit possible que des personnes de religions différentes puissent se côtoyer. Ils considéraient qu’il n’y avait qu’eux qui disposaient de la vérité. Or, moi, j’estime qu’il faut toujours se méfier des gens qui disent connaître la vérité. Au contraire, il faut la rechercher. Et c’est à partir de là que vous avez eu ce quiproquo, parce que finalement l’objectif était tout à fait sain. Mais malheureusement, il y a eu ces réactions qui ont été terribles, notamment au XIXᵉ siècle, puisque là on a parlé d’hérésie, d’église, de Satan et une interdiction formelle pour les chrétiens de participer à la vie d’une loge.

Les francs-maçons, c’est une société secrète ?

Discrète. Discrète pour différentes raisons, parce qu’il est vrai qu’un dictateur ou un fasciste ne va pas nous aimer et je vous avoue que c’est réciproque. Non, il n’y a rien de secret dans la franc-maçonnerie. Quand vous avez une initiation, ce que vous vivez, les messages particulièrement humanistes qui vous sont communiqués, vous en avez votre propre ressenti. Je ne saurais pas vous le communiquer. C’est ce que j’ai perçu à ce moment-là, c’est dans ma vie personnelle, au travers de ma sensibilité, de mon caractère. Et vous-même, si un jour vous étiez initié, vous ressentiriez autre chose et c’est quelque chose d’incommunicable.

Et concrètement, alors, qu’est-ce que vous faites lorsque vous vous réunissez ? Vous êtes habillés comment ? Et vous faites quoi ?

Contrairement à ce qu’on peut penser, nous n’avons pas de toge. Nous sommes habillés en civil. La seule chose, c’est de porter le tablier et les gants blancs. Et il y a un rituel pour démarrer la réunion qui permet un peu de se dégager des problèmes de la vie quotidienne et de rentrer en nous-même. Mais fondamentalement, c’est écouter une conférence qu’on appelle une planche. Et ça se fait d’une manière extrêmement respectueuse, c’est-à-dire qu’on n’interrompt pas le conférencier, on l’écoute et on peut effectivement par après lui adresser une question suivant une manière définie de la poser. Parce que la parole circule, on doit la demander, on se lève, on questionne. Il ne s’agit pas de recommencer la conférence à la place du conférencier.

Donc, c’est un club en quelque sorte ?

Non, non, non, il ne faut absolument pas confondre. J’ai été membre du Rotary dans ma vie. Mais il y a vraiment une différence avec la franc-maçonnerie. La franc-maçonnerie ou un club service, ce n’est pas du tout la même chose. Mais effectivement, à partir de l’audition d’une conférence, vous vous forgez une opinion. Mais comme je vous l’ai dit tantôt, il n’y a aucun mot d’ordre. Mais ça permet éventuellement, après, dans la vie profane, de répandre un peu l’enseignement que vous-même vous avez pu percevoir.

Est-ce que vous pouvez nous dire qui est franc-maçon, à Charleroi ?

Absolument pas. C’est une règle qu’il faut nécessairement observer. Il peut toujours y avoir au travers d’une indiscrétion un souci, par exemple sur son lieu de travail, et donc ce serait extrêmement dommageable.

Est-ce que vous pouvez nous dire qui était franc-maçon ?

Tout à fait. Donc là, il y a des listes qui sont bien connues. Je peux vous dire par exemple, que le premier roi des Belges l’était. Par exemple.

Comment on fait pour devenir franc-maçon ?

Il y a différentes possibilités. Soit si vous êtes réellement intéressé par rejoindre l’obédience à ce moment-là, vous adressez une lettre au Grand Orient de Belgique, si tant est que c’est cette obédience-là qui vous intéresse, puisqu’il y a des loges féminines, des loges mixtes également. Donc c’est une façon de faire : vous adressez directement à la rue de Laeken où vous déposez une lettre. Une autre possibilité, ce sont les francs-maçons eux-mêmes qui estiment qu’une personne dispose, entre guillemets, des qualités requises pour pouvoir rejoindre un atelier. Donc on lui fait, si je puis dire, l’appel de phares. Moi j’ai eu le bonheur de parrainer trois profanes avec beaucoup de bonheur. Je ne me suis pas trompé en leur faisant cet appel de phares.

Donc il y a des femmes, aussi ?

Absolument. Vous avez la Grande Loge Féminine de Belgique, mais vous avez également des loges mixtes. Et le Grand Orient a cette particularité depuis peu de présenter trois chapitres. C’est-à-dire que vous avez un chapitre purement masculin, un chapitre mixte et un chapitre féminin. Et donc depuis peu, vous avez des loges mixtes qui sont reprises au tableau du Grand Orient de Belgique.

Vous le disiez, il y a un roi qui était franc-maçon. Il y a donc beaucoup de gens influents. C’est un bon moyen de se faire des relations ?

Non, absolument pas. Ce qui m’a surtout impressionné, c’est la liberté de parole. On ne remet pas en cause votre opinion. Il n’y aura pas de critique de ce que vous pensez. Évidemment, votre pensée doit être exprimée en observant la courtoisie. Bien entendu, on ne s’agresse pas. Mais ce qui est vraiment impressionnant à vivre en franc-maçonnerie, c’est la fraternité. Je puis vous dire que parfois, je suis allé plancher – tenir une conférence, ndlr – à l’extérieur. Je ne connaissais absolument pas les personnes qui me recevaient. Mais un jour, plus tard, on est venu me chercher à la gare de Jemelle et immédiatement on s’est reconnu et on s’est embrassé. On a conversé comme si nous nous connaissions depuis 40 ans.

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