mar 30 avril 2024 - 05:04

Les Confréries : Traditions, Transmission, Fraternité

Une confrérie, c’est quoi ?

« Confrérie, association pieuse, d’assistance mutuelle et d’entraide, souvent associée ou confondue avec les corporations du Moyen Âge. (De nos jours, les confréries de métier maintiennent d’anciennes traditions festives [Saint-Vincent, Saint-Fiacre, Sainte-Anne], ainsi que certaines cérémonies.)

    * Ensemble de personnes unies par un lien professionnel, corporatif ou autre. (En ancien français confrérie, du latin médiéval confratria =  con + fratria = avec des  frères) »[1]

En quelque sorte, la confrérie est l’ancêtre de l’association soumise à la loi de 1901. Le mot Confrérie reste en usage pour respecter le terme de l’époque. Les confréries étaient, sont et restent des « associations pieuse composées de laïcs. »

Tout commença avec ce que l’on appela la Querelle des Investitures en février 1075, au cours d’un synode, quand le pape Grégoire VII (1073-1085) dépose prélats simoniaques et clercs mariés.

Photo prise et appartenant à Albert Besselse Nazaréens de la Confrérie de La Carretería. Semaine Sainte à Séville.

« Quiconque à l’avenir recevra de la main d’un laïque, un évêché ou une abbaye, ne sera pas compté parmi les évêques et les abbés. De même, si un empereur, duc, marquis ou comte, ose donner l’investiture d’un évêché ou de quelque autre dignité ecclésiastique, qu’il sache que nous lui interdisons la communion du Bienheureux Pierre. »

Une véritable révolution était en gestation, tant en France que dans les territoires italiens et allemands. L’impulsion partit des cités italiennes en Lombardie et des rives de l’Arno. La tendance était de ramener tout corps de la cité, et à rendre publics et électifs les offices devenus seigneuriaux. Ces mouvements de révolutions communales eurent pour conséquence, et pour principe, la résurgence des corporations.[2]

Les ghildes ancêtres des Confréries ?

À partir de ce moment-là les hommes de l’art commencèrent à se réunir autour du « verre » de l’amitié. La coutume voulait que trois cornes remplies de bière soient vidées au cours de la soirée : une pour les dieux, une pour les Braves d’antan, une pour les parents et défunts amis.

Alacoolwiki — Travail personnel Bannière représentant une tête de veau mangeant un poisson. Elle est surmontée des inscriptions « Confrérie Rochelaise » autour d’une cocarde révolutionnaire et « Liberté, égalité, tête de veau ». En bas : « Tête de veau 2004 ».

Cette dernière était « la coupe de l’amitié ». Ces réunions se nommaient « Ghildes » qui signifie réunion de marchands, de bourgeois, d’artisans. Par extension on appelle Ghilde toute association commerciale.

Les ghildes étaient donc des sortent de banquets, auquel chacun apportait son écot. Il y avait déjà plus que la participation financière ou partage des frais, il y avait aussi une promesse faite collectivement, de s’entraider et de se défendre l’un l’autre.

À chaque groupe, association ou ghilde, peu importe le nom donné, un patronage était attribué. Soit un dieu, un héros, un saint. Ces associations prenaient forme avec des statuts, des règlements et une contribution annuelle.

            Un costume traditionnel porté lors des réunions, appelées chapitres, par les dignitaires, donne un lustre particulier aux événements. La bannière portée en exergue affiche fièrement le nom et les couleurs de la Confrérie. Les cérémonies se déroulent selon un rituel établi et respecté et le Grand Maître clôturera en procédant à l’adoubement des nouveaux intronisés.

En résumé, une confrérie fédère des personnes venant de milieux très divers, sans tenir compte de la religion, des opinions politiques, de l’éducation ou de la culture.

Au fil des temps les hommes et les femmes qui forment ces assemblées unissent leurs énergies à la promotion, à la pérennité et la valorisation d’un produit ainsi qu’à la promotion de la région dont le produit est issu.

Il existe aujourd’hui en France, plus de 1900 confréries qui se répartissent en quatre groupes :

Les confréries :

  • De Viticulteurs ou confréries bachiques
  • De Gastronomes
  • Des Arts de la table
  • De Produits du terroir

Quoi de commun entre les Confréries et la franc-maçonnerie ?

Certes, pas question pour les Francs-maçons de promouvoir un produit ou une région mais des valeurs fondamentales communes comme la solidarité, la fraternité, la transmission d’une philosophie, d’un savoir, et tout cela en s’appuyant sur les trois piliers qui portent l’édifice maçonnique : Traditions, transmission, fraternité.

TRADITIONS

La tradition désigne la transmission d’un contenu culturel à travers l’histoire.

Du latin « tradito, trader » à travers et « dare » donner faire passer à l’autre.

Notion de lien, de liant, la volonté de transmettre à l’autre.

La tradition est alors une mémoire en un mot une conscience collective.

Une tradition peut désigner un mouvement religieux ou une pratique symbolique particulière avec les traditions populaires.

Nous ne parlerons pas ici de traditionalisme qui aurait plus une connotation opposée au progressisme.

Il s’agit plus du devoir de transmission.

En F:.M :. Comme en confrérie nous mettons tout en œuvre pour maintenir la tradition, le souvenir, la mémoire ainsi qu’une solidarité entre chacun.

Les traditions elles, sont le témoin fort et vivace d’une partie de notre histoire.

En F:. M:., l’objectif est non seulement de promouvoir des valeurs mais aussi et surtout de marcher sur le chemin qui conduit à la spiritualité, à la connaissance de soi et du monde, s’appuyant le plus souvent sur la religion.

Un point de divergence entre confrérie et FM, bien que bon nombre de membres des confréries soient très souvent des FM. Preuve que les deux démarches avoisinent.

Cependant le lien entre la Maçonnerie et les confréries est très étroit, l’institution Maçonnique doit probablement et sous toutes réserves, son existence à une confrérie de maçons bâtisseurs qui voyageaient de par le monde et partageaient des secrets liés à leurs métiers dans la plus grande tradition.

Ensuite la F:.M:. dite spéculative, s’est organisée par et autour de personnes d’origines diverses qui recherchaient un espace de liberté pour exprimer leur quête de tolérance réciproque, de libre pensée, de connaissance et d’union.

C’est dire que de très nombreux maçons nous ont précédés par leurs traditions et la F :.M :. se perpétue.

Sont-ce les corporations qui ont transmis leur savoir et nous ont donnés les outils, les symboles et le rituel ou les FM, qui les leur ont empruntés, outils symbolisant parfaitement les éléments nécessaires à leur cheminement : la règle, pour ne pas s’égarer sur les sentiers de l’erreur, l’équerre, pour une tenue correcte en toute circonstance tant morale que physique, l’un entrainant l’autre, le compas, pour ne jamais perdre la notion de centre et tenter d’ouvrir son esprit vers l’infini.

En confrérie l’objectif est aussi de lutter contre l’individualisme et le repli sur soi-même.

Le but est de partager un savoir, une convivialité, s’entraider mais aussi se souvenir, ne pas oublier une tradition gastronomique, une tradition culturelle du terroir et raviver des traditions de la vie quotidienne.

Le pilier beauté s’adapte parfaitement à la tradition qui porte en elle toute la beauté de la culture et de la connaissance qui se perpétuent au fil des temps.

TRANSMISSION. Transmettre, devoir fondamental du Franc-Maçon. Personne n’oblige le profane à transmettre ce qui lui est enseigné. Il n’en est pas de même pour le Franc-Maçon dont c’est un des Devoirs. Son instruction ne lui appartient pas, il se doit de la transmettre par ses actes, par son comportement et par ses pensées. Comme disait Épicure pour les philosophes et que je reprends à notre compte : « pour entrer en FM il faut changer de mode de penser ».

Le passage du savoir, se fait la plus fidèle qui soit.

Ici encore on retrouve trois piliers garants de la fidélité de la transmission :

  • Pureté : « nous avons laissé nos métaux à la porte du temple », jamais phrase plus vraie, lorsqu’on évoque le mot de pureté. Garder la pureté demande une grande objectivité et une grande fidélité. Aucune projection par rapport à soi-même, pas d’identification. Ne jamais oublier que « JE EST UN AUTRE ». Un FM ayant vécu sa renaissance ne doit plus être le même qu’avant. À l’aide du maillet et du ciseau il a ôté les scories qui lui voilent la lumière, un coin du voile s’est levé, il doit transmettre avec le plus de clarté, et le plus de sincérité possible.

Pourquoi la pureté ? Le thésaurus ne souffre aucune infidélité dans son contenu. Il s’agit là d’un trésor, celui de l’institution maçonnique.

  • Oralité, La FM travaille selon la transmission orale. C’est en dire la fragilité. L’oralité tient de la matière vivante et demande de ce fait une grande rigueur méthodologique. Rigueur qui nécessite l’utilisation de la règle et de l’équerre et surtout une grande objectivité. Les métaux doivent rester à la porte du temple ? aucune projection, aucune référence à soi-même sans interprétations, sans divergence au risque d’une déperdition ou d’une déviance du sens.  La maîtrise de celui qui transmet doit être sans faille, sans emballement dans une grande neutralité interprétative.

L’écueil de la transmission orale restera toujours la fragilité du transmetteur, de l’émetteur. Il suffit de prendre l’exemple de la chaîne d’union le jour de la transmission des mots de passe !

  • Modernité. Ce qui est moderne par définition est récent. Quid alors du rituel ? Quel qu’il soit depuis des siècles pas un mot n’a changé et aucun d’eux ne semble démodé. Preuve que les rituels sont intemporels, à nous FM de les rendre vivant ici et maintenant. Les mots véhiculent une symbolique adaptable à toutes les situations, adaptable à tous les temps, à tous les modes et à toutes les modes…

Ici ce sera le pilier force qui va soutenir la transmission et donner la force au transmetteur de maîtrise à la fois son langage, ses passions, et la pureté de ses dires.

FRATERNITÉ

La Fraternité, c’est tout d’abord pour moi un vouloir vivre ensemble…qui résume tout, écouter, s’entendre, respecter l’autre, voir l’aimer…oui un vouloir vivre ensemble.

Charles DU BOS avait coutume de dire « Ne pourrait-on même soutenir que c’est parce que les hommes sont inégaux qu’ils ont d’autant plus besoin d’êtres frères »

Les solidarités spontanées ont longtemps été entretenues par la nécessité de l’entraide. L’évolution des mécanismes économiques et sociaux, en développant souvent un sentiment d’autosuffisance, a donné naissance à de véritables comportements d’autarcie sociale. Les solidarités naturelles en ont souffert et l’indépendance assumée au nom de l’individualisme est devenue enfermement.

Un nombre croissant d’individus se retrouvent maintenant confrontés au doute, dans un environnement caractérisé par l’affaiblissement de la vie collective et l’absence de perspectives. Le vouloir vivre ensemble est remis en question.

On vérifie le désarroi que crée cette crise du lien social à chaque étape de la vie.

Les confréries dans ce contexte retrouvent tout leur sens et leur mission se justifie par le lien qui lie les membres entre eux.

La Fraternité ou le vouloir vivre ensemble…sommes-nous prêts à vouloir vivre avec certaines personnes, le miroir, mon miroir, un constat.

Créer une confrérie, une belle aventure entre des femmes et des hommes qui vivent une passion commune, souhaitent partager avec l’autre, et transmettre des valeurs, une éthique et une véritable fraternité.

Dans les réunions des Confréries qui s’appellent chapitres, un point commun clôture les travaux tout comme en FM. Chez les uns ils chanteront l’hymne de leur confrérie chez les autres ils feront une chaîne d’union. Chacun se retrouve uni à travers des mots ou à travers une gestuelle.

Pour y parvenir, la volonté d’un traitement global des problèmes doit dorénavant inspirer les décideurs publics : il est en effet de plus en plus admis que la mise en synergie de l’ensemble des politiques publiques, action sociale, culture, éducation, habitation, transport, santé, sport devient indispensable pour renforcer la vitalité de notre contrat social.

Nous avons peut-être oublié que la force du pacte social ne reposait pas seulement sur la capacité de l’état à répondre à une quête de liberté, mais que, plus fondamentalement, la République devait tendre vers la réalisation d’un projet de société fondé sur le respect de l’autre épuisant dans chacun de nous les conditions de réussite.

En réalité, la Fraternité est l’affaire de tous, celle des pouvoirs publics, certes mais aussi, à l’évidence celle de la société dans la totalité de ses composantes de chacun d’entre nous en tant que citoyens et de chacun d’entre nous mes F:. A l’extérieur du temple, dans les confréries, sur nos lieux de travail, avec nos amis, dans nos loisirs tout simplement dans le monde profane.

Etre en confrérie ou être Fraternité, c’est être à l’écoute, au service, dans le partage plus que dans l’accaparement de biens, dans la justice, la dignité pour le citoyen, pour l’Homme avec un grand H.

Ce vouloir vivre ensemble, résume tout, écouter, entendre, respecter l’autre, voir, comprendre, aimer…oui une véritable volonté de vivre ensemble.

« Mes F:. N’oublions jamais que l’Amour Fraternel, comme l’enseigne les constitutions d’Anderson est la base, la pierre angulaire, le ciment et la gloire de notre vieille confrérie »

Le lien, le liant qui nous unis, j’aurai envie de dire, pour le meilleur et pour le pire…

« Que l’amour Fraternel unisse tous les anneaux de cette chaine »

« Efforçons-nous de rapprocher tous les H dans la Fraternité de notre chaîne universelle »

Le pilier Force semble adapté à la fraternité, telle que la vivent les membres des confréries et les FM.

Travail à deux plumes : Dom∴ Ang∴, GO Rite Français. & Mag Aimé, GLFF REAA


[1] Dictionnaire Larousse

[2] Edmond Outin, Magali Aimé : La France Conviviale aux éditions Dervy, Paris 2010

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Magali Aimé
Magali Aimé
Un parcours atypique conduit Magali Aimé de son Sud natal à Paris pour y découvrir le monde de la communication et du journalisme. Elle a collaboré à différents supports : Gault Millau, Côté Sud, Génération Santé, La Marseillaise. Elle enseignera dans des écoles de communication à Paris et à Aix- en-Provence. C’est à Paris qu’elle sera initiée il y a quinze ans, à la Grande Loge féminine de France. Auteure aux éditions Dervy depuis 2009 avec Les vignes de la Franc-Maçonnerie, Femme et Franc-maçonne. Publications : - Premier Surveillant que faire avec les Compagnons ? - Dervy 2015 - Quelle musique en Loge ? Dervy 2017
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