dim 24 novembre 2024 - 17:11

Est-il nécessaire de croire que tous les Francs-maçons sont nos frères ?

Du Blog de la GLIF – Par Gérard Lefèvre

Notre TCF Gérard Lefèvre nous présente des réflexions historiques sur le sentiment de fraternité, en particulier en Franc-maçonnerie, et sur leur actualité. Il écrit :

Ils sont « frères » parce qu’ils s’isolent du monde “profane” (de pro fanum, qui signifie à l’extérieur du temple). Ils se distinguent par des signes de reconnaissance, un vocabulaire distinct et un langage maçonnique authentique. La fraternité serait-elle le véritable “secret” des francs-maçons.

Une société sélective mais … universelle ?

Il est vrai que la franc-maçonnerie est une organisation sélective qui recrute ses membres par cooptation et pratique des rites initiatiques se référant à un secret maçonnique et à l’art de bâtir.

Cependant, il est important de noter que tous ceux qui se disent francs-maçons ne sont pas nécessairement membres d’une même obédience ou partagent les mêmes valeurs.

En effet, la franc-maçonnerie est une organisation très diversifiée qui a connu de nombreuses scissions et dissensions au fil des siècles.

Elle se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme une « association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de morale illustré par des symboles » ou comme un « ordre initiatique ».

Ses membres sont attachés, inébranlablement à ce principe fondamental de la Maçonnerie que tous les Maçons répandus sur la surface de la terre ne forment qu’un seul peuple de Frères.

Auteur de l’une des plus remarquables apologies de l’ordre maçonnique, en 1744, Joseph Uriot, l’affirme clairement : « Lorsque nous sommes rassemblés, nous devenons tous frères ; le reste de l’univers nous est étranger : le prince et le sujet, le gentilhomme et l’artisan, le riche et le pauvre y sont confondus, rien ne les distingue, rien ne les sépare ; la vertu les rend égaux : elle a son trône dans nos loges, nos cœurs sont ses sujets, et nos actions le seul encens qu’elle y reçoive avec complaisance. »

Cette fraternité est bien celle de la clôture du temple, des amis choisis, qui se reconnaissent comme frères.

La fraternité est-elle un vain mot ?

La fraternité est un concept important qui a été mis en avant dans la devise de la République française, “Liberté, Égalité, Fraternité”. Cependant, il est vrai que la fraternité peut être difficile à définir et à mettre en pratique.

Dans un article de la revue Études, Agnès Mannooretonil soutient que la fraternité est souvent mal définie dans le droit et dévitalisée par l’individualisme, ce qui la rend difficile à réaliser.

Cela dit, le pape François a déclaré lors d’une rencontre sur la fraternité humaine que « croire que l’autre est frère, dire à l’autre ‘’Frère’’ n’est pas un vain mot, mais la chose la plus concrète que chacun de nous puisse faire. »

En somme, la fraternité est un concept important qui peut être difficile à réaliser, mais qui reste une valeur fondamentale pour de nombreuses personnes.

La « fraternité » a-t-elle un sens entre hommes et femmes ?

Il est juste que la question de la fraternité s’élargit à la dimension du genre, c’est-à-dire à la possibilité d’une présence féminine en loge.

En effet, l’adelphité est un terme qui regroupe à la fois la fraternité et la sororité (La sororité est un concept féministe qui se développe en réaction à la notion de fraternité), sans dimension ni mention genrée, et désigne la solidarité entre ses semblables, qu’ils soient hommes, femmes ou non binaires.

Ce terme est de plus en plus présent dans certains milieux militants, en particulier les milieux féministes et queers (Personne dont l’orientation ou l’identité sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants). Il permet d’exprimer ce que le mot “sibling” exprime en anglais, c’est-à-dire les mots “frère” ou “sœur” ou “frère et sœur”. L’adelphité permet également d’entretenir un sentiment d’appartenance à une même communauté, sans que la binarité (homme ou femme, frère ou sœur) entre en compte.

Logiquement, la question de la fraternité s’élargit alors à la dimension du genre, à savoir la possibilité d’une présence féminine en loge. En d’autres termes, la fraternité peut-elle se conjuguer au féminin ?

Si la loge est une société d’hommes qui se reconnaissent comme frères, quelle place accorder aux « sœurs » même si dans la société environnante, elles sont d’éternelles mineures passantes de l’autorité de leur père à celle de leur mari, selon les textes anciens de la franc-maçonnerie (par référence au Code civil de 1804 qui plaçait les femmes sous l’autorité de leur père, puis de leur mari) ?

La réponse est emblématique de la conception qu’ont eue les francs-maçons de la Fraternité.

Ne pas confondre « fraternité » et amalgame.

Pour Bonneville (Nicolas de Bonneville, né le 13 mars 1760 à Évreux et mort le 9 novembre 1828 à Paris, est un libraire-imprimeur, journaliste, écrivain et franc-maçon français), c’est une évidence car « dans cette Société universelle, la Franc-maçonnerie, on n’ignore pas que tout s’y confond, Juif, Musulman, Anglais, Germain, Espagnol, etc. » soutient-il, « or c’est précisément ce que les francs-maçons ont toujours voulu éviter. »

Tous les Francs-maçons croient-ils que nous sommes tous Frères ?

Leur fraternité est éminemment sélective et leur Art Royal est un art de la distinction : du frère par rapport au profane, des élus par rapport aux frères servants, des citoyens de la République universelle par opposition à ceux qui ne sont pas dignes d’intégrer la chaîne d’union, des hommes de couleur aux blancs, des hommes aux femmes, fussent-ils frères et sœurs… En sortira une conception militante de la fraternité radicalement différente.

Selon Pierre Benoit, la fraternité est une valeur qui doit être vécue et apprise dans tous les temps éducatifs, y compris à l’école. Elle est liée à l’idée de don et commence là où termine l’empathie. Elle ne doit pas être réduite à son aspect affectif, émotionnel, mais doit être comprise comme une relation fraternelle en éducation. Elle est liée à la dignité et au respect, il s’agit d’accueillir l’autre en soi.

Pour François d’Assise, la fraternité n’est pas un don statique, une fin en soi. Elle se nourrit et grandit en se nourrissant de la charité. Et cela apporte toujours la paix.

La Fraternité : une valeur à vivre.

En somme, la fraternité est une valeur qui doit être vécue et apprise dans tous les temps éducatifs, y compris à l’école. Elle ne doit pas être réduite à son aspect affectif, émotionnel, mais doit être comprise comme une relation fraternelle en éducation. Elle est liée à la dignité et au respect, il s’agit d’accueillir l’autre en soi. Toutefois, elle n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen pour atteindre la paix et la charité.

1 COMMENTAIRE

  1. Fraternité, utopie des peuples.
    Karl Marx aurait peut-être dit que la fraternité est l’opium des peuples.
    On y croit sans y croire; pure abstraction qui pourtant donne de l’espoir à beaucoup!

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