mer 04 décembre 2024 - 09:12

Réforme dévoile « Le mystère concernant les esséniens »

Notre confrère reforme.net – Louis Fraysse

Jésus lui-même aurait été l’un d’eux mais la Bible, pourtant, ne les mentionne jamais. Parmi leurs traits distinctifs, figurent en bonne place l’ésotérisme et l’attente de la venue d’un messie. Encore aujourd’hui, leur identité reste nimbée de mystère, à se demander pourquoi le romancier Dan Brown, auteur du sulfureux Da Vinci Code, ne leur a pas consacré un ouvrage. Eux, ce sont les esséniens, un mouvement juif datant du tournant de notre ère. Bienvenue, lecteur, dans leur monde.

Afin de lever le voile sur le mystère des esséniens, nous avons interrogé l’historien Michael Langlois, bibliste au Centre de recherche français à Jérusalem. Qui étaient donc les esséniens ? Pour en savoir plus, direction la Judée, au tournant de notre ère. La Judée (aujourd’hui en Israël/Palestine) est justement une région qui intéresse particulièrement l’historien juif Flavius Josèphe (v. 37- v. 100). Retenez ce nom.

Le pouvoir des sadducéens

Flavius Josèphe est bien connu des chrétiens pour une chose en particulier : il est l’un des seuls auteurs du début de notre ère à mentionner le Jésus historique. Mais revenons aux esséniens. Auteur de la fin du premier siècle, Flavius Josèphe consacre deux œuvres à la Judée, La Guerre des Juifs et les Antiquités judaïques“Dans le portrait qu’il dresse de la société judéenne, Flavius Josèphe écrit que le judaïsme y est divisé en trois mouvements principaux : les sadducéens, les pharisiens, et les esséniens, note Michael Langlois. Les esséniens sont donc une mouvance juive au tournant de notre ère.”

Qu’est-ce qui distingue ces trois branches du judaïsme ? “Les sadducéens sont proches du pouvoir sacerdotal, le pouvoir des prêtres, celui du temple de Jérusalem, explique Michael Langlois. C’est à l’époque un pouvoir très fort – on pourrait sans doute comparer l’envergure du grand prêtre de Jérusalem avec celle du pape à Rome. Les sadducéens ont aussi pour caractéristique de ne reconnaître que cinq livres dans le “canon” juif. Il s’agit du Pentateuque, ou Torah de Moïse.”

Esséniens et pharisiens

Mais le pouvoir du temple n’est pas exempt de critiques au sein du judaïsme… “Comme le protestantisme aujourd’hui, le judaïsme d’alors est fragmenté, souligne Michael Langlois. Pharisiens et esséniens n’ont de cesse de dénoncer les abus de pouvoir, la complaisance ou l’enrichissement des prêtres sadducéens. Pharisiens et esséniens ont aussi en commun de reconnaître d’autres livres que le Pentateuque, comme par exemple les livres prophétiques, le livre de Josué, le livre des Rois ou encore les Psaumes.”

Ce n’est pas tout ce qui rapproche ces deux mouvements. “Contrairement aux sadducéens, pharisiens et esséniens croient en la résurrection corporelle ainsi qu’en la venue du jugement dernier. Plus précisément, ils croient en la fin des temps, qui sera suivie selon eux d’un jugement et d’une résurrection pour les élus. Ils attendent la venue du messie.”

Célibat et vie en communauté

Il est plus difficile, compte-tenu de la rareté des sources qui nous sont parvenues, de définir ce qui différencie clairement les esséniens et les pharisiens. “Précisons une chose : les sources dont nous disposons insistent bien sur le fait que le mouvement essénien n’est pas homogène, il semble qu’il ait été lui-même composé de différentes branches, précise Michael Langlois. Ce qui caractérise les esséniens, par rapport aux pharisiens, c’est que certains d’entre eux vont prôner une vie de pureté, de détachement, d’ascèse même. Certains groupes décident de vivre reclus, en communautés de célibataires. Ces derniers se détachent alors de leurs biens matériels, en font don et partent vivre en communauté, où ils se mettent au service les uns des autres.”

Les esséniens, par ailleurs, ont un intérêt marqué pour l’ésotérisme. Ils pratiquent l’astrologie, la divination, la prophétie ou encore l’angélologie. Cette dimension ésotérique a été récupérée par plusieurs mouvements depuis, y compris de nos jours. C’est le cas de “l’Église essénienne chrétienne” ou “Nation essénienne”, groupe surveillé de près par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Un mouvement baptiste

Les esséniens, poursuit Michael Langlois, ont en commun une dernière pratique. “Ils sont, à proprement parler, un mouvement baptiste, dans le sens où ils pratiquent le baptême. Et le baptême, au sens étymologique, c’est une immersion. Les sources anciennes nous disent qu’ils pratiquent un bain quotidien, une sorte de rite de purification, hérité des ablutions rituelles que l’on trouve déjà dans l’Ancien Testament. L’archéologie a retrouvé la trace de leurs bains, appelés baptistères ou mikvés en hébreu.”

Critiques du pouvoir du temple, adeptes d’ésotérisme et vivant parfois en communautés isolées, voilà qui étaient les esséniens. Mais les sources sont si rares à leur sujet que l’on est soudain pris d’un doute : est-on sûr qu’ils ont vraiment existé ?

Lire l’article n°2

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