dim 24 novembre 2024 - 08:11

Une goutte creuse une pierre, non pas par la force, mais en tombant

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Cette phrase, presque vieille comme le monde, avait à l’époque latine un sens majoritairement négatif, car elle indiquait les effets néfastes d’une action, même légère, mais répétée et continue dans le temps.

Une goutte d’eau, en effet, est capable de creuser une pierre, un marbre ou un rocher et de les éroder si elle tombe régulièrement et toujours au même endroit pendant des années.

Dès ce premier pas vers le seuil du Temple et, donc, avec le début de mon voyage initiatique, j’ai plutôt interprété l’action de cette petite goutte comme la volonté de fer d’atteindre un objectif, non pas en fonction de sa force, mais en raison de sa persévérance ou de sa résilience, ou de sa capacité à garder sa motivation intacte aussi longtemps que nécessaire.

Dans la franc-maçonnerie, j’ai souvent entendu parler d’ homme de besoin et d’homme de volonté , deux expressions différentes pour exprimer deux états de conscience profondément différents.

Je crois avoir traversé et vécu les deux : d’abord comme laïc motivé à entrer dans l’institution, puis comme adepte, s’engageant sur le chemin de la réalisation.

La volonté n’est donc pas seulement une pulsion spontanée ou rationnelle, mais est quelque chose d’intrinsèque à l’essence de l’individu, puisqu’elle forme, avec la conscience, son moi. Et pas seulement le moi empirique, expérimental, mais aussi le moi profond, puisque la volonté et la conscience ne sont rien d’autre que l’énergie.

Saint Augustin a déclaré :

Les homines sont volontaires.Les hommes sont la volonté.

Ils ont une conscience de soi qui ne s’exprime qu’à travers la volonté et pour cette raison, ils ont la possibilité de progresser.

Les hommes dans le besoin , ayant entrepris le voyage initiatique, soit se perdent, soit s’arrêtent : ils ne sont pas en mesure d’approfondir les enseignements qui leur sont proposés pour atteindre le meilleur de leur potentiel, en fonction de leur propre niveau d’évolution.

Tout le monde n’a pas le même niveau d’évolution, ce qui n’a rien à voir avec le niveau culturel. Les chemins tracés pour chacun de nous sont différents et les moyens qui nous sont donnés pour les suivre sont différents ; c’est pourquoi vous devez trouver le vôtre. Chacun doit s’efforcer de réaliser son plein potentiel.

Le Maître Sage devra montrer au néophyte “son chemin”, pour lui faire éviter de prendre les chemins trop difficiles, de cette façon il ne se découragera pas, pour qu’il persévère et atteigne le but.

La présence du Grand Architecte de l’Univers contribue au développement du libre arbitre, de l’errance sans limites et de la recherche d’un idéal sans imposition de méthode et incarne le modèle idéal de perfection de chaque concept et élément humain.

La finalité de la Franc-Maçonnerie exprime une manière de vivre et de penser qui se situe à la rencontre du rationnel et du spirituel.

Partant de l’hypothèse que l’homme jouit d’une totale liberté intérieure, de son pouvoir de décision pour entreprendre des actions, pour embrasser des idées, pour prendre des décisions sans l’influence d’un pouvoir déterminant immanent, on comprend la notion de volonté pour un franc-maçon.

Toute forme de limitation de la pensée est contraire aux valeurs latomistes.

N’oublions pas que celui qui frappe à la porte du Temple est avant tout un homme né libre et de bonnes mœurs et qu’en entrant dans la famille maçonnique, il s’engage à travailler « selon la détermination de sa propre volonté », mais en suivant les enseignements qui lui viennent des données.

La franc-maçonnerie n’est pas une imposition, elle utilise la raison et la liberté pour forger des hommes libres dotés d’une forte conscience de soi.

Le chemin initiatique ne peut être affronté ou suivi sans volonté. C’est elle qui soutient le néophyte pour qu’il obtienne le but fixé : la Sagesse qui devient Sagesse et se transforme en Connaissance.

Cicéron a dit :

Voluntas est, quae quid cumratione désiré.

La volonté est cette impulsion de ceux qui ont tendance à désirer quelque chose avec le soutien de la raison.

Et c’est pourquoi l’aspiration à la Sagesse requiert un engagement personnel et constant dans l’acquisition de l’éthique et de la conscience.

Tant le développement que la conquête de chaque étape du processus initiatique, de l’initiation formelle à l’initiation réelle, sont motivés par la passion, façonnés par la raison et nécessitent des choix, en prenant des positions qui se produisent par la volonté, résultat de la délibération et, par conséquent, d’un désir.

Sans ce processus, le choix ne serait qu’une impulsion dictée par le sentiment qui se révélerait probablement instable et de courte durée.

Le chemin initiatique du franc-maçon est marqué par la recherche d’un savoir sans limites en termes de contenu et de méthode et par l’empreinte du rapport entre volonté et devoir.

Le premier est l’élément actif, dynamique et vigilant, capable d’orienter le but pour que l’objectif puisse être atteint, grâce à l’exercice du libre arbitre.

Et c’est là qu’intervient la détermination qui, appuyée par le sens critique, la vertu éthique et la force de la morale, permet de réaliser le plus maçonnique des devoirs, le travail sur soi.

D’où l’interprétation positive de la goutte qui perce la pierre non pas avec force, mais avec un goutte-à-goutte continu. Les plus grands alliés pour devenir un bon franc-maçon sont en effet la persévérance et la constance.

Une action insignifiante, comme la chute d’une goutte, peut changer les choses de manière significative. Une exhortation tout aussi ordinaire, à rappeler qu’avec régularité et dévouement, des changements importants peuvent être réalisés.

Fort de cet encouragement, je souhaite à tous les Frères un travail heureux et fructueux… sur eux-mêmes !

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