sam 04 mai 2024 - 12:05

Légendes et fantômes de l’Ouest. Angers, cité des démons et des sociétés secrètes

De notre confrère news.dayfr.com

De l’Ordre du Croissant fondé par le “bon Roi René”, aux demeures gravées de symboles alchimiques, en passant par les sociétés secrètes et les fantômes qui hantent les rues du centre ancien, Angers (Maine-et-Loire) fascine.

Celle dite la « ville noire », à cause de ses maisons de schiste et ses toits d’ardoise, ou la « ville blanche » à cause de ses constructions Renaissance en tuffeau, a toujours inspiré les amateurs d’ésotérisme.

Probablement parce que la ville tire son origine d’une sépulture érigée par les premiers chrétiens, à l’emplacement d’un ancien étang asséché, que des fouilles ont récemment mis au jour. Ces nécropoles, construites à partir du IVe siècle, accueillit les premiers évêques de la ville.

La Tapisserie de l’Apocalypse

A IXe siècle, Angers connaît la menace viking. Pour lui résister, le roi de France Charles II le Chauve décide d’installer un représentant sur le promontoire qui domine le Maine. Ces « comtes » prendront peu à peu leur indépendance et fonderont de puissantes dynasties. Le dernier d’entre eux, les Plantagenêts, régnera même sur l’Angleterre ! Chacun peut encore voir aujourd’hui les impressionnants vestiges de son palais à l’intérieur de la forteresse construite par la reine Blanche de Castille, Mère Saint Louis.

Mais c’est un Valois, frère du roi Charles V, qui fit entrer dans les murs du château d’Angers son plus beau joyau : la tenture ou tapisserie de l’Apocalypse. Cette œuvre exceptionnelle a été réalisée par Hennequin de Bruges à partir d’enluminures illustrant l’Apocalypse (terme grec désignant la Révélation) de saint Jean.

Il est composé de six panneaux qui forment au total un ensemble long de près de 140 mètres et représente le dernier livre de la Bible. Il rassemble plus de 200 personnages, animaux, plantes, objets et prophétise l’histoire chrétienne à travers une véritable forêt de symboles ésotériques.

Lieu incontournable, le château des ducs d’Anjou est souvent comparé aux “kraks” des chevaliers, ces édifices fortifiés construits en Palestine et en Syrie par les croisés. Mais c’est le XVe siècle qui lui donnera toutes ses lettres de noblesse et en fera l’un des centres culturels et savants les plus importants d’Europe. Et ce, sous l’influence d’un personnage qui reste encore dans les annales de la ville, le « bon roi René ».

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Prince de la Forteresse Noire

Ce mécène, amateur d’art, de peinture, de musique et de littérature était aussi le prince de l’ésotérisme. Auteur de plusieurs ouvrages sur l’occultisme, il s’est particulièrement intéressé à la quête templière du Saint Graal. Alchimiste, on trouve parmi ses protégés un médecin-astrologue juif, Jean de Saint-Rémy, grand-père de Nostradamus (auteur du célèbre ouvrage Les Prophéties) et spécialiste de cabale (magie ésotérique).

Membre de l’ordre de la Toison d’or, le roi René fonda son propre ordre, celui du Croissant, que l’on peut encore voir à l’angle de la rue Saint-Aignan et de la rue des Filles-Dieu, le « Logis de l’estignier ». Au-dessus de la porte, on peut déchiffrer les armoiries et la devise des chevaliers : « Los en crescent » (les louanges vont en augmentant), surmontée d’un « escarboucle », un écu orné de huit rayons de fleur de lys courant autour un cercle.

Créé en 1448, l’Ordre du Croissant assurait la protection des Angevins. Mais c’était surtout une société secrète, qui célébrait des cérémonies rituelles en hommage à son saint patron, Maurice, moine-soldat, mort en martyr, qui a donné son nom à la cathédrale d’Angers.

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Le spectre du Haut Pressoir

Dans la ville, les histoires de fantômes sont rares mais terrifiantes. C’est le cas de celui de l’ancien « château du diable » qui se dressait autrefois derrière l’église de la Madeleine, rue du Haut Pressoir. Aujourd’hui, il ne reste rien de cette maison maudite, que l’on disait hantée par le fantôme de son dernier propriétaire. Jusqu’à sa destruction en 1978, seuls les mendiants osaient encore fréquenter ce lieu maudit.

René Rabault, natif d’Angers, a réuni dans son livre La tour du diable, les faits mystérieux qui se sont déroulés dans cet univers sombre et clos. Tout a commencé avec le richissime Armand Langotière qui, au 19e siècle, habité par le goût du morbide, décide de transformer une demeure familiale ordinaire en un château néo-gothique. Dans la foulée, il tombe amoureux d’une jeune fille qui, sans doute rebutée par son comportement bizarre, préfère entrer en religion et rejoindre le couvent situé de l’autre côté de la route étroite. Du haut de sa tourelle, l’amant rejeté qui voue une attention pathologique à sa beauté se met à épier les nonnes et harcèle sa bien-aimée de messages. Mais ce qui n’aurait pu rester que l’étrange obsession d’un esprit malade va bientôt dégénérer en une sombre histoire de sorcellerie dont tout le quartier va souffrir.

Fasciné par l’irrationnel, Langotière se plonge dans les œuvres de magie noire pour reconquérir la femme de son cœur. Il grave sur les murs de son château des images obscènes de diablotins et de jeunes femmes. Sur la terrasse de la plus haute tour, il anime « pour le plaisir » un mannequin gigantesque qui représente le diable et terrorise le quartier. Personne ne trouve la blague drôle.

Déjà soupçonné d’avoir déguisé la mort de son père en suicide, retrouvé pendu, Langotière est bientôt victime de la rumeur qui l’accuse d’inceste avec sa sœur cadette. Chassé par les voisins, il revient mourir chez lui en 1870, à l’âge de 48 ans. Mais une malédiction pèse désormais sur sa famille, victime de morts suspectes, de drames, de folies et de hantises qui ne prendront fin qu’avec la disparition en 1956 de le dernier descendant…

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