jeu 09 mai 2024 - 19:05

Lieu symbolique : Les rues de la loge en France

En France, hier et aujourd’hui encore, plusieurs villes comptent des rues portant le nom de Loge/loge.

Lyon, 5e arrondissement.

Les répertorier fut un véritable calvaire. Bref, un travail de Romain ! Nous en avons trouver quelques-unes, notamment à Béziers, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice et Perpignan. Toulouse ne nous gratifiant que d’un chemin. Qui ne fut pas de croix (occitane), celui-ci.

Et si vous connaissez d’autres lieux portant le doux nom de loge, n’hésitez pas à nous faire remonter l’information, afin de mettre à jour nos fiches… Et, comme vous le savez, les maçons aiment bien les fiches !

Mais comment définir le terme loge, d’un point de vue profane, alors que pour l’initié(iée) cela semble évident. Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) nous propose ceci. De ce que nous entendons par loge, nous en proposons quelques extraits :

1. Construction rudimentaire servant d’abri ;

2. Local de faibles dimensions dans lequel s’enferme ou est enfermé une personne ou un animal. Loge d’un moine, loge qui enferme un fou (cf. cellule), loge d’un animal féroce dans une ménagerie ;

3. Petit logement situé à l’entrée d’un immeuble réservé au service du concierge, du portier ;

Théâtre Montparnasse, Paris 14e arr., loge d’artiste.

4. ARCHIT. Galerie aménagée à l’un des étages d’un édifice, formée de colonnes supportant des arcades et ouverte sur l’extérieur.

– Petite pièce aménagée dans les coulisses d’une salle de spectacle où un acteur ou une actrice peut notamment se préparer au spectacle, se reposer, s’habiller.

– Chacune des cellules faisant office d’atelier où les élèves des Beaux-Arts, les candidats au grand prix de Rome s’enferment pour concourir ;

Loge – Temple La Fayette – Crédit photo GODF

– Lieu de réunion des corporations de marchands ;

Lieu de réunion des francs-maçons ; par métonymie, association de francs-maçons réunis sous la présidence d’un vénérable.

Avec 450.fm, soyez aux premières loges, avec, par ordre d’apparition sur scène :

Béziers (Hérault)

Depuis 1944, le nom de “Loge” s’explique par le siège de la loge maçonnique se trouvant à proximité depuis 1881. Auparavant, la rue se nommait ‘’rue du bœuf’’, sans doute à cause de l’abattoir proche.  

Se définissant comme profane, le toulousain Paul Pistre, professeur ayant a longtemps enseigné l’histoire au lycée Déodat-de-Séverac dans la ville rose, ancien combattant du 22e BNA (1939-1945), infatigable artisan du rapprochement de l’Église et de la franc-maçonnerie qui s’est endormi dans la paix du Seigneur à Toulouse en juillet 2021 à l’âge de 98 ans qui a rédigé et édité pendant une trentaine d’années la revue Lettre aux catholiques amis des maçons et à qui nous devons notamment Les Francs-Maçons du Midi, maçonnerie biterroise et sociabilité urbaine, du XVIIIe siècle à nos jours (Éd. Mare Nostrum, 1995) n’hésite pas à déclarer que « Béziers a longtemps constitué une forteresse du Grand Orient ».

Béziers, rue de la Loge – Google Earth.

Il est difficile de connaître très précisément l’apparition de la maçonnerie à Béziers. Il en est toutefois fait mention dès la fin des années 1740. On trouve des traces concrètes qu’après 1770 en recensant, avant 1789, cinq loges, dont deux militaires, issues de régiments en garnison.

Lyon (Rhône)

La rue de la Loge est une rue pavée du quartier du Vieux Lyon dans le 5e arrondissement de Lyon en France. D’orientation est-ouest, elle relie le carrefour formé par la rue Juiverie et la montée du Change à la place du Change où se trouvait l’ancienne loge du Change, devenue temple du Change, un lieu de culte protestant. Elle sert de tenant septentrional à la rue de Gadagne.

Lyon, vVue sur la rue depuis l’est et la place du Change vers les escaliers de la montée du Change, en 2014.

De son odonymie – branche de la toponymie qui s’intéresse aux noms de voies, notamment rues, avenues, boulevards, impasses, etc., et plus généralement aux noms d’espaces publics ouverts (places, esplanades, squares, etc.) – nous retenons ceci : À la Renaissance, l’angle de la rue et de la rue de Gadagne s’appelait le « puits de la porcherie », les banquiers Laurent Capponi et Pazzi y avaient un bureau. La rue doit son nom actuel au temple du Change également connu sous le nom de « loge du Change », nom attesté depuis au moins 1810.

Le tracé de la rue remonte au Moyen Âge. Une partie importante de la rue est composée de la façade nord du temple du Change. Quant au reste de la rue il est composé d’immeubles de la période renaissance. La rue possède quelques beaux immeubles dont la « maison des Lions », construite par le fileur, marchand puis bourgeois et conseiller du roi Jérôme Lentillon en 1640.

Marseille, rue de la Loge passant sous le pont reliant les deux bâtiments de l’Hôtel de ville.

Marseille (Bouches-du-Rhône)

La rue de la Loge est une voie du 2e arrondissement de la ville. Située dans le quartier Hôtel-de-ville elle part de la rue Bonneterie, dans le prolongement de la rue Coutellerie, et rejoint l’avenue de Saint-Jean. Elle traverse les deux places situées de part et d’autre de l’Hôtel de ville, place Villeneuve-Bargemon et place Jules-Verne, ainsi que la rue Henri-Tasso qui monte vers la place de Lenche. Elle a la particularité de passer sous le pont reliant les deux bâtiments de l’Hôtel de ville (pavillon Puget et pavillon Bargemon).

Une des deux tours en U.

Cette rue doit son nom à la présence dès la fin du Moyen Âge de la « loge des marchands » (corporation des négociants et armateurs, pré-configuration de la Chambre du commerce créée en 1650). Celle-ci occupait en particulier le rez-de-chaussée de l’Hôtel de ville, le pouvoir politique occupant le premier étage accessible seulement par une passerelle depuis le bâtiment voisin.

La rue compte quelques bâtiments remarquables et lieux de mémoire : l’Hôtel de ville avec son pont en arc reliant les pavillons Puget et Bargemon, l’arrière des cinq immeubles Pouillon, l’une des deux tours en U dessinées par une équipe d’architectes réunis autour de Gaston Castel.

Montpellier, rue de la Loge.

Montpellier (Hérault)

La rue de la Loge est une importante artère historique et commerciale de la ville de Montpellier située dans le centre historique, l’Écusson. Cette rue piétonne très animée permet de joindre la rue Foch à la place de la Comédie, en passant par les halles Castellane (à l’architecture de type Baltard) et la place Jean Jaurès. Son ancien nom au Moyen Âge est en occitan « carrièira daurada », ce qui signifie “rue dorée“. Il était dû à plusieurs orfèvres et argentiers établis dans cette rue. Aujourd’hui son nom est dû à la Grande Loge des marchands, bâtie par Jacques Cœur vers 1447 à l’angle de la rue de l’aiguillerie, aujourd’hui détruite. En sous-sol, nous pouvons découvrir un remarquable lieu de mémoire avec la crypte de l’ancienne église Notre-Dame-des-Tables détruite en 1794 et où est installé le musée de l’histoire de Montpellier.

Créateur : Michèle et Denis Maurin – Droits d’auteur : © le Comté de Nice en images.

Nice (Alpes-Maritimes)

Au XIVe siècle, le palais communal et sa loge était au sommet de la rue du Château, (aujourd’hui, montée Auguste Kerl) ; la rue de la loge (aujourd’hui, partiellement rue Saint Joseph), y conduisait.

Nice, côté Est – Créateur : Michèle et Denis Maurin – Droits d’auteur : © le Comté de Nice en images.

À l’angle de la rue Droite est accroché au mur, un boulet du siège de Nice en 1543 par les troupes françaises de François Ier allié aux turcs, et pendant lequel l’héroïne niçoise, Catherine Ségurane, en niçois Catarina Segurana, qui vécut au XVIe siècle, s’illustra. Elle est une figure emblématique du Pays niçois et reste est l’expression d’un fort sentiment patriotique et identitaire.

Perpignan (Pyrénées-Orientales)

Elle fut la capitale du royaume de Majorque au cours du XIIIe siècle, et son centre médiéval présente une importante influence catalane. Autant sur la rue de la loge, nous ne bénéficions d’aucune information, autant pour la place de la Loge, dans le cœur historique, nous trouvons une abondante littérature…

Perpignan, rue de la Loge.
Perpignan, place de la Loge.

À l’origine, il y avait une succession de plusieurs petites places : la place dels richs homens (des hommes riches) devant la maison des consuls (hôtel de ville); la place de la llotja del consolat de mar (loge du consulat de mer), par extension Plaça de la Llotja, qui vit le jour au XVe siècle après l’édification de la loge de mer ; enfin, la place du poids du roi, pes del rei, où se trouve la Vénus au collier de Maillol. Ce cœur de la cité, s’il a perdu le pouvoir économique généré surtout par l’industrie drapière au Moyen Âge, concentre toujours le pouvoir politique.

Évocation de la Loge de Mer de Perpignan et du port de Collioure. Retable de la Trinité (1489).

La Loge de Mer de Perpignan est un édifice civil de style gothique catalan construit à partir de la fin du XIVe siècle et achevé au XVIe siècle. Pendant le Moyen Âge, la place de la Loge était le centre civique de la ville, et cumulait les différents pouvoirs locaux : tribunal de commerce (Consulat de mer), pouvoir municipal (Consulat : mairie), et Députation locale de la Generalitat : palais de la députation.

Perpignan, Loge de Mer en 1489. Dessin de Grimm dans le livre de Pierre Vidal.

La Loge de Mer fait partie des huit premiers édifices des Pyrénées-Orientales classés comme monuments historiques en 1840. La loge est un bâtiment rectangulaire de 25 m x 10 m.

À Toulouse (Haute-Garonne), c’est le Chemin de la Loge

Toulouse (31), chemin de la Loge.

Long de 1912 mètres, le chemin de la Loge, en occitan camin de la Lòtja, est une voie publique de Toulouse, chef-lieu de la région Occitanie, dans le Midi de la France. Le chemin de la Loge, aménagé en 1916, tient son nom d’une maison de maître, de laquelle dépendaient deux métairies, qui était dite la Loge. Pour en savoir plus, si tel est votre désir, vous pouvez feuilleter le fort volume (1174 pages) de l’historien et archiviste Pierre Salies (1922-2002) Dictionnaire des rues de Toulouse (Éd. Milan, 1989).

7 villes dont 4 en région Occitanie ont une rue de la Loge…

Sources : https://mybeziers.fr/ ; CNRTL ; Wikipédia ; Wikimedia Commons ; http://www.lecomtedenice.fr/ – Créateur : Michèle et Denis Maurin – Droits d’auteur : © le Comté de Nice en images

3 Commentaires

  1. Le Camp des Loges est un lieu situé dans la Forêt domaniale de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).

    Il peut s’agir :

    du camp militaire accueillant la Direction régionale du Génie en Île-de-France,
    d’un centre d’entraînement utilisé par des clubs sportifs professionnels,
    de la station de la ligne 13 Express du tramway d’Île-de-France.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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