ven 26 avril 2024 - 02:04

Énigmatique Voûte étoilée Eugène-Beaune à Montbrison

De notre confrère le-pays.fr

La Voûte étoilée Eugène-Beaune fête ses 30 ans ce 2 mai à Montbrison. Le Grand Orient de France a fait l’honneur au Pays de l’accueillir dans ses locaux. Plongée dans les secrets de l’obédience, de la loge, et de son temple maçonnique.

C’est un cul-de-sac sans nom. 400 mètres à vol d’oiseau séparent le quartier résidentiel du beffroi de Notre-Dame. Porte classique. Décor neutre. Voisins indifférents. Qui penserait au mystère dans ce théâtre de l’ordinaire ? Le Grand Orient tient pourtant ici conseil 24 fois l’an, le premier mardi et troisième vendredi de chaque mois.

« Cercle philosophique et culturel »

L’obédience n’est pas seule à fréquenter le temple. L’espace, propriété de la Grande loge Nationale Française, abrite neuf « tenues » hebdomadaires. À l’étage, une petite salle sert aux agapes, mais c’est au rez-de-chaussée, une fois chassés les bruits urbains, que chavirent les non-initiés. Exceptionnellement tolérés dans l’antichambre et le temple.

« Vous paraissez surprise… », s’amuse le vénérable. La soixantaine grisonnante, petites lunettes et voix posée, le Montbrisonnais nous reçoit sous couvert d’anonymat.

Élu « président » pour un an (reconductible deux fois), il explique n’avoir rien à cacher. « Nous sommes d’abord une association loi 1901. » Véridique. Les formalités enregistrées au Journal Officiel remontent au 12 juin 1992. À l’époque, le « Cercle philosophique et culturel Eugène-Beaune » a son siège chez un certain Bernard, à Saint-Just-Saint-Rambert.

Les buts poursuivis sont nobles : « recherche de la vérité, étude de la morale, pratique de la solidarité, perfectionnement intellectuel et social de l’humanité… »

La loge connaît de belles heures. Le nombre de frères et sœurs atteint les 35. Puis les années Covid distendent les liens : renoncement des plus âgés, tenues en visio… L’effectif s’étiole. « Certains maçonnent aujourd’hui sous d’autres cieux », glisse délicatement le vénérable.

28 frères et sœurs à Montbrison

L’homme a rabattu l’un des sièges claquettes du temple pour étirer ses longues jambes. Les fauteuils occupent deux des quatre murs latéraux, tels des stalles abbatiales. Sol en damier, plafond étoilé : le vide central paraît échouer aux pieds de l’estrade. Tout, partout, n’est que symbole : autel, soleil, lune, triangles rituels, principes géométriques.

28 adhérents se retrouvent ici « sur les colonnes » : 25 frères (dont certains élus de la République) et… trois sœurs. Car la loge est mixte depuis 13 ans. Professions et milieux sociaux s’y croisent indifféremment. La franc-maçonnerie recrute large, y compris sur le plan géographique. Ses membres viennent de Montbrison mais aussi de Boën-sur-Lignon, Saint-Marcellin-en-Forez, Givors, Lyon.

« N’importe qui peut entrer en maçonnerie. Il suffit de se manifester en ligne. »

Les nouveaux usages auraient supplanté la cooptation. On postulerait aujourd’hui comme on ferait dépôt d’une candidature en entreprise, avec lettre de motivation, sachant, tout de même, trois prérequis non négociables : disposer d’un casier judiciaire vierge, n’offrir aucune prise aux idées fascistes ou nationalistes et faire preuve d’assiduité. « C’est primordial », insiste le vénérable.

Il existe trois grades symboliques dans la franc-maçonnerie : celui d’apprenti (contraint au silence), de compagnon et de maître.

Ce serait oublier les enquêtes menées sur le compte des « impétrants » et le « passage sous le bandeau », défendant l’accès au cercle (les aspirants se présentent aveuglés face à l’assemblée, il leur est ainsi impossible de connaître l’identité des frères et pour les présents de déchiffrer leurs traits). « C’est une cérémonie qui marque à vie », murmure le vénérable.

Quels autres rituels ? L’huître se ferme. Le Montbrisonnais tient à dédiaboliser les usages, mais joue de parcimonie.

« La fantasmagorie du secret est inimaginable. Certains vont jusqu’à penser que nous pratiquons des sacrifices ! Des trucs farfelus. »

VÉNÉRABLE MONTBRISONNAIS (Loge du Grand Orient)

Le vénérable dénie au Grand Orient le moindre aspect sectaire. « La prise de parole est très réglementée. Il n’y a jamais d’invective. Chaque frère se place dans une position d’écoute. Les avis peuvent diverger, mais l’autre n’a jamais tort. Les concepts “Liberté, égalité, fraternité” forment notre devise ( auxquels on pourrait ajouter celui, plus récent, de laïcité, N.D.L.R. ). N’importe qui peut démissionner et quitter l’obédience. » Seule demeure alors la clause de confidentialité. Car le silence, ici plus qu’ailleurs, a valeur d’or. 

Laetitia Cohendet

On recense 250 obédiences (courants d’idées) dans la franc-maçonnerie en France. Le temple montbrisonnais, propriété de la Grande loge Nationale Française, sert à l’usage de plusieurs d’entre elles : le Grand Orient, mais aussi le Droit humain. La loge Eugène-Beaune est à la recherche de nouveaux locaux, le bâtiment n’étant pas accessible aux personnes handicapées.

Deux questions soumises au vote des frères de l’Hexagone occupent les réflexions du Grand Orient à l’année. Celles-ci sont choisies parmi un ensemble de thématiques : bioéthique, revenu universel, laïcité, Europe et jeunesse.

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