sam 20 avril 2024 - 00:04

Le sens de la maladie dans l’univers initiatique

Il n’est pas nécessaire d’être médecin pour prendre conscience des interférences entre la maladie et le processus initiatique !

Cette première approche a pour objectif de soulever le voile d’un aspect particulier de l’univers initiatique.

Ce billet rentre dans le cadre des réflexions qui ne peuvent manquer à l’occasion du Ramadan, de la semaine sainte et de Pessa’h (débuté le 5 avril).

En franc-maçonnerie, si nous travaillons de midi à minuit c’est aussi en relation avec la souffrance (voir un développement sur ce sujet).

Il est clair que cela ne concerne que celles et ceux qui sont intimement convaincues de la réalité du processus initiatique.

Cette précision est importante parce qu’il ne faut pas croire que cela aille de soi. Si on s’intéresse par exemple à la franc-maçonnerie, toutes les francs-maçonnes et tous les francs-maçons ne sont pas sur le même niveau de conviction par rapport au sens qu’ils donnent de la réalité initiatique.

Pour un certain nombre, l’initiation est assimilée au démarrage d’un processus d’acquisition d’une connaissance , pour d’autres il s’agit d’une réelle entrée dans un monde fantastique ; cette re-naissance s’annoncant riche de transformations.

L’univers initiatique ne se limite naturellement pas à la franc-maçonnerie ; il comprend bien d’autres démarches ; des aventures mystiques, occultistes, alchimistes, animistes ou chamaniques, pour ne citer que les plus connues, appartiennent aussi à cet univers.

Pour celles et ceux qui vivent l’initiation comme une “renaissance”, la relation entre la maladie et l’initiation se comprend dans la mesure où dans les deux cas on retrouve le moi profond. Dans l’usage des mots, ne parle-t-on pas de mort et de renaissance en imaginant que l’initiation implique l’émergence d’un être nouveau ?

Dans cet univers initiatique la maladie a un sens ; bénéfique ou perturbante, mais toujours elle questionne !

Si d’un point de vue médico-psychologique, l’initiation peut s’analyser comme un transfert, et la maladie comme un désordre fonctionnel, dans une approche initiatique la maladie apparaît comme le stade nécessaire et indispensable où l’auto-transformation est en œuvre.

Ce stade que l’on pourrait rapprocher de l’épreuve de la terre est inhérent au processus initiatique.

Quatre types de situations initiatiques dans lesquelles la maladie intervient peuvent être décrits !

La maladie est déniée et la perturbation du raisonnement qui est observée est vécue comme un exercice normal ; pour le sujet en cause, tout va bien et si on semble insinuer qu’il y a un problème, c’est qu’on ne le comprend pas ou qu’on veut du mal à la personne en cause.

On retrouve ce mode de fonctionnement dans tout ce qui implique un délire ou un fétichisme.

La maladie a constitué un élément essentiel du processus initiatique. En surmontant l’épreuve qu’elle a constituée, la personne concernée a pu accéder à un niveau de conscience supérieur.

Globalement, on retrouve cette définition de la maladie que l’on doit à Nelly Sevin, psychothérapeute : « La maladie est un message émis par le corps pour que l’on prenne conscience qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans notre façon de penser, d’agir ou de prendre soin de soi. »

La maladie est un élément de l’initiation. Ce qui est vécu comme une maladie par d’autres personnes est intégré comme une composante de l’initiation ; la maladie et la mort qui s’en suivra sont inhérentes au processus initiatique.

C’est par exemple le pouvoir attribué à la folie en Afrique. La personne considérée comme folle est dotée d’un pouvoir qui lui donne sa place sociale ; elle seule a accès à certaines connaissances ; il faudra donc bien prêter attention à ce qu’elle dit et à ce qu’elle fait !

Le pouvoir de guérir la maladie, considéré comme le témoin de la qualité initiatique.

Dans le paragraphe précédent, la personne malade possède des dons qui lui permettent d’accéder au statut d’initié ; dans un autre cas de figure, on reconnaîtra l’initié-e à sa capacité de guérir, par exemple par l’imposition des mains pour soigner les brûlures ou les dermatoses.

Mais celui qui sait maîtriser la maladie sait aussi rendre malade ! On retrouve là, la difficile limite entre un pouvoir bénéfique et la capacité maléfique.

Ce pouvoir de guérir ou de manipuler la maladie (en jetant des sorts par exemple) donne un statut d’initié-e qui sous-entend la capacité d’accéder à un niveau de connaissance supérieure.

On retrouve cette qualité de l’initié-e dans une lecture médicale particulière du Tarot de Marseille.

Ces différentes intrusions de la maladie dans le processus initiatique se retrouvent dans l’univers initiatique de façon plus ou moins subtile ; ce n’est pas un sujet qui est facilement abordé car il se heurte parfois avec les connaissances rationalistes du monde médical. On l’a vu dernièrement en ce qui concerne la maladie covid ou dans l’approche des obligations vaccinales.

En loge, c’est un sujet que l’on aborde en petit comité ou lors des agapes ; on apprend ainsi qu’un tel ou qu’une telle possède un « pouvoir » ! Et c’est ainsi que se développe parfois une activité de consultation.

Cette interprétation de la maladie comme une composante de l’univers initiatique est une réalité anthropologique qui coexiste avec l’univers scientifique. On comprend bien que cela nécessite une grande prudence et beaucoup de retenue.

Le principal intérêt de cette lecture du processus initiatique est de permettre d’expliquer la grande variété des approches du processus initiatique et l’absence d’homogénéité qui ne favorise pas l’agrégation.

La relation entre souffrance, maladie et initiation est un classique et nombreuses sont les citations qui relèvent la proximité entre ces trois termes !

La franc-maçonnerie est peut-être la moins homogène des approches de l’initiation ; historiquement, socialement et intellectuellement nous marquons une réelle réticence à assumer la logique du processus initiatique et notre côté bon vivant ne nous rend pas très crédible !

Mais cela n’interdit pas des engagements sincères et authentiques de soeurs et de frères qui sont en demande d’une telle orientation.

Pour aller plus loin :

2 Commentaires

  1. Faut-il considérer que l’initiation est une histoire de fou , de malade , sous-tendue par le mythe que la maladie permet d’accéder à l’initiation ?

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Alain Bréant
Alain Bréant
Médecin généraliste, orientation homéopathie acupuncture initié en 1979 dans la loge "La Voie Initiatique Universelle", à l'orient d'Orléans, du GODF Actuellement membre de la RL "Blaise Diagne" à l'orient de Dakar - GODF Auteur sous le pseudonyme de Matéo Simoita de : - "L'idéal maçonnique revisité - 1717- 2017" - Editions de l'oiseau - 2017 - "La loge maçonnique" - avec la participation de YaKaYaKa, dessinateur - Editions Hermésia - 2018 - "Emotions maçonniques " - Poèmes maçonniques à l'aune du Yi King - Editions Edilivre - 2021

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