jeu 28 mars 2024 - 22:03

Droits-de-l’hommisme, horresco referens ?

(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent les 1er et 15 de chaque mois.)

Voici le printemps. J’ai été initié au printemps. Il y a bientôt quarante printemps. Le monde ne ressemble pas à ce que j’en espérais, il y a quarante ans ni même cinquante, au demeurant. Il a, certes, beaucoup changé, mais, « en même temps » (sans révérence particulière envers l’un des plus prestigieux pratiquants de la locution ou de l’allocution, comme on voudra), donc, en même temps, dans les territoires reculés de l’Inde ou de la Chine, de l’Afrique et peut-être dans nombre d’autres contrées dont je mesure moins bien l’évolution, le poids de la pauvreté voire de la misère ne s’est guère allégé. Les systèmes d’éducation et de santé y respirent beaucoup plus mal encore que chez nous…

Des traditions autoritaires sévissent un peu partout et notre Occident – qui n’est, certes, pas exempt de lourdes responsabilités ni de dérives inquiétantes mais qui demeure à peu près le seul à disposer de ressources d’autocritique et de démocratie – notre Occident se voit mis en cause et, peut-on dire, au ban d’un bloc assez fourni de nations, par de fort nombreux autocrates de tout poil, de tout képi ou de tout turban, manipulant leurs peuples, non sans s’en accaparer les richesses, récusant bien entendu la moindre justice internationale, avec l’âpre satisfaction d’avoir muselé la leur.

Ceux-là mêmes déclenchent des hurlements de leur part et de grandes clameurs chez leurs affidés, dès lors qu’on les chatouille un peu, n’hésitant pas à supprimer par le glaive, non seulement, leurs opposants mais ces dangers publics qui osent modestement porter leur plume dans les plaies béantes de leurs régimes. Ils menacent la terre entière avec une véhémence éhontée, au prétexte de poursuivre une lutte légitime contre les prétendues valeurs rampantes du colonialisme, nourrissant le sombre espoir de continuer à subjuguer, dans un assourdissant silence, toutes les minorités voire les majorités qu’ils tiennent sous leur implacable férule.

Je vous l’avoue humblement : au bas mot et c’est bien le moins, je suis un droits-de-l’hommiste, un de ces affreux partisans de la scandaleuse ingérence humanitaire, soutenant sans ciller et avec une indécence sans limite les aides d’urgence qui se mobilisent au service du bien commun. Je fais partie de ces prétentieux excessifs qui se font du souci pour cette humanité humiliée, abominée, déchiquetée en raison de son appartenance sexuelle ou de son genre, de sa langue ou de son opinion, de sa culture ou de sa religion voire simplement écrasée parce qu’elle aspire à une vie libre et digne.

Contre tous les usurpateurs forcenés qui méprisent, asservissent et martyrisent leurs populations, je crois pouvoir me dresser en franc-maçon. Y a-t-il une contradiction ?  Droits-de-l’hommisme, horresco referens ?

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Christian Roblin
Christian Roblin
Christian Roblin est le directeur d'édition de 450.fm. Il a exercé, pendant trente ans, des fonctions de direction générale dans le secteur culturel (édition, presse, galerie d’art). Après avoir bénévolement dirigé la rédaction du Journal de la Grande Loge de France pendant, au total, une quinzaine d'années, il est aujourd'hui président du Collège maçonnique, association culturelle regroupant les Académies maçonniques et l’Université maçonnique. Son activité au sein de 450.fm est strictement personnelle et indépendante de ses autres engagements.

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