Quatorze numéros… déjà ! De « La Lumière », thème du premier cahier de la « Revue d’études & recherche maçonniques » de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française, que de chemin parcouru.
Pour les Sœurs et Frères qui ne connaissent pas encore Les Cahiers de L’Alliance, ceux-ci proposent un regard différent sur les grands sujets intemporels de la pensée maçonnique comme sur les défis auxquels la tradition spirituelle est aujourd’hui confrontée. Ils s’adressent à un large public soucieux d’approfondir sa recherche spirituelle et de parfaire sa culture. Le Maçon étant un cherchant, ne doutons pas qu’il trouvera dans ces toujours très beaux cahiers sur le plan qualitatif, de quoi étancher sa soif naturelle de savoir.
Cette cinquième saison des Cahiers est placée sous le regard de Ludwig van Beethoven (1770-1827) ce « génie passionné de fraternité ». Même s’il n’était pas Maçon, ce compositeur, pianiste et chef d’orchestre allemand comptait beaucoup d’amis membres de cette sociabilité.
La mort, c’est l’arrêt de la vie. Pour le Maçon, c’est là où tout commence…
La thématique est « La Mort au présent face à l’éternel Orient ». Notons tout d’abord que le terme Mort est écrit, ici, avec un ‘’M’’ majuscule. La Mort, représentation allégorique, prend alors l’aspect d’un squelette armé d’une faux. On dit aussi la Faucheuse, voire la grande Faucheuse).
Est-ce pour faire un pied de nez à l’Orient Éternel que les rédacteurs utilisent le terme d’éternel Orient. Du nom de cette association de fait regroupant les anciens grands maîtres qui ne s’accrochent pas à la chaire du roi Salomon et descendent de charge afin de se trouver en toute fraternité.
La mort a toujours été un vaste sujet. Y compris pour les philosophes qui traitent de cette thématique sous plusieurs angles, tels Platon, Épicure ou encore Spinoza. Les approches sont donc différentes et la conceptualisation n’est pas la même. Ainsi, en philosophie, il n’est pas admis de façon absolue que la mort soit la fin de la vie. A-t-elle-même une réelle fin ? N’est-il pas inscrit au fronton du mausolée/dolmen sous lequel repose le fondateur de la doctrine spirite Allan Kardec la devise : « Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la Loi ».
Revenons à ce numéro 14 de février 2023 où la page quatre est consacrée à la façon dont les Cahiers sont perçus dans la presse maçonnique. Pas moins de 11 sites, blog, journaux et magazines sont référencés comme ayant fait, en quelque sorte, l‘éloge desdits Cahiers. Suit ensuite, après le sommaire, la brève présentation de l’Alliance, une Grande Loge créée au printemps 2012 et accueillant à ce jour 15 000 Frères et 700 loges. Une obédience s’inscrivant dans le courant de la Franc-Maçonnerie de tradition spirituelle initiatique dont elle partage les fondements et les valeurs.
Sa démarche a pour vocation d’accompagner ceux qui la rejoigne dans leur quête de spiritualité sans renier leur propre famille de pensée. Il ne vous a pas échappé non plus que de six maisons des rites, la GL-AMF est récemment passée à sept – nombre supposé porter bonheur car sacré, par exemple, dans de nombreuses religions, entre autres –, en ouvrant ses portes au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm.
Un brin satirique l’avant-propos de Fred Picavet, Grand Maitre, intitulé « On ne badine pas avec la mort ». Paraphrasant le nom de la pièce de théâtre en trois actes d’Alfred de Musset, publiée en 1834 dans la Revue des deux Mondes « On ne badine pas avec l’amour ». Si Musset fait dans cette pièce une critique de l’éducation religieuse, celle-ci apprend aux jeunes filles à refuser l’amour, à ne pas céder à la tentation qu’il représente pour ne pas se détourner de Dieu.
Où l’on nous parle de la Camarde, un terme tiré de l’occitan que certains découvriront, et qui est une figure allégorique et anthropomorphique de la Mort représentée généralement sous les traits d’un squelette ou d’un cadavre décharné.
La mort étant un sujet qui fascine toutes les sociétés et qui, depuis toujours, donne lieu à de nombreuses recherches anthropologiques, le professeur de philosophie Gaston-Paul Effa, quant à lui, et son « Les morts ne sont pas morts », nous apporte son regard éclairé sur la vision africaine de la vie et de la mort qui sont indissociables. Nous retenons aussi la très belle interview de Jean Dumonteil, directeur de rédaction auprès de Marie de Hennezel, psychologue, psychothérapeute et écrivaine, connue pour son engagement à l’amélioration des conditions de la fin de vie.
Son « Face à la mort, nous sommes frères » remet, en quelque sorte, l’église au milieu du village. Où notre société qui escamote la mort ne peut toutefois pas l’ignorer, n’hésitant pas à citer François Mitterrand dans la préface de son ouvrage La mort intime (Éd. Robert Laffont, 1995) :
« Comment mourir ? Nous vivons dans un monde que la question effraie et qui s’en détourne. Des civilisations, avant nous, regardait la mort en face ? Elle dessinait pour la communauté et pour chacun le chemin du passage. Elle donnait à l’achèvement de la destinée sa richesse et son sens. Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère. Point, ils ignorent qu’ils tarissent ainsi le goût de vivre d’une source essentielle. » Tout est dit !
François-Xavier Tassel, praticien de l’urbanisme qui a enseigné la sociologie du travail au CRA-CNAM de Reims et par ailleurs Grand Orateur du Grand Chapitre du Rite Français nous invite à un décryptage de la mort dans nos sociétés. Une véritable sensibilisation quant au rites funéraires comme manifestation de la civilisation.
Les autres textes que nous devons à des plumes connues, telles celles de Pierre Pelle Le Croisa, Jacques Trescases, Gaël de Kerret ou encore Jean Dumonteil, nous font vraiment prendre conscience,
de l’approche paléontologie avec la découverte de rites funéraires comme élément important pour déterminer le degré d’éveil social d’un hominidé à l’approche philosophique des Lumières en Europe, que la mort n’est pas la fin…
Gardons à l’esprit notre batterie de deuil « Gémissons, Gémissons mais Espérons », à couvrir par une batterie d’Espérance « Espérons, Espérons en confiance, Espérons en confiance et en sérénité ! »
Le sommaire : Avant-propos : On ne badine pas avec la mort, Fred PICAVET:Les morts ne sont pas morts, Gaston-Paul EFFA:Face à la mort, nous sommes frères, Marie de HENNEZEL/La mort pour décrypter la société, François-Xavier TASSEL/La mort est le sens de la vie, Pierre PELLE LE CROISA/Réflexions d’un initié sur la mort, Jacques TRESCASES/Du songe à la mort : une lecture des Tenues funèbres, Gaël de KERRET/La Franc-maçonnerie ou l’amour de la mort, Jean DUMONTEIL
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Les Cahiers de l’Alliance N°14 – La Mort au présent face à l’éternel Orient / Collectif – GL-AMF, 2023, 116 pages, 20 €
Les illustrations de cet article ne sont pas celles reproduites dans ce 14e volume, mais issues de Wikimedia Commons.