sam 20 avril 2024 - 07:04

19/02/23 : Dunkerque, son Carnaval et son célèbre jet de harengs

Pour un Franc-Maçon, du moins nous semble-t-il, alors que certains en font fi, l’histoire et la culture ont toutes leurs importances.

Affiche officielle 2023

C’est pourquoi, nous souhaitons, au sein de notre rubrique cultures et fêtes populaires, vous faire découvrir, cette fois-ci, le Carnaval de Dunkerque qui a commencé le 7 janvier dernier et se terminera le 16 avril prochain. Une tradition bien ancrée dans notre territoire. Mieux connaître notre culture, nos us et coutumes, c’est encore mieux connaître notre beau pays de France.

Le Carnaval de Dunkerque, c’est trois mois de réjouissances.

Le Carnaval de Dunkerque est l’ensemble des festivités qui ont lieu dans l’agglomération dunkerquoise aux alentours de Mardi gras.

Mardi gras est une période marque la fin de la « semaine des sept jours gras » (autrefois appelés « jours charnels »). Il est suivi par le mercredi des Cendres et le Carême, pendant lequel les chrétiens sont invités à « manger maigre » , traditionnellement en s’abstenant de viande.

On distingue :

  • Les bandes : les carnavaleux défilent dans les rues derrière la musique (la « clique »), conduite par un tambour-major.
  • Les bals : les carnavaleux se retrouvent la nuit, dans les grandes salles de l’agglomération, pour faire la fête en mêlant chansons carnavalesques, à la musique contemporaine et tout ça au profit d’associations (les corsaires…).

C’est aussi à cette période que l’on peut entendre parler le patois dunkerquois de façon très appuyée. Le dunkerquois est un patois français influencé par un substrat flamand encore parlé de nos jours à Dunkerque et sa périphérie (Malo-les-Bains, Rosendaël, Coudekerque, Saint-Pol-sur-Mer, …).

C’est du flamand (langue sœur du néerlandais parlée traditionnellement en Flandre française) mais n’est pas une variante locale du picard (parlé dans le reste de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie).

La naissance du carnaval

Les origines du carnaval dunkerquois remontent au début du XVIIe siècle. Le premier document officiel connu parlant de ces festivités est daté du 16 janvier 1676. Dunkerque est alors un port de pêche à la morue en Islande. Ces expéditions durent six mois et sont risquées. De nombreux hommes n’en reviennent jamais. Face à ce danger, les armateurs paient aux pêcheurs une partie de leur solde avant le départ. Une assurance pour les familles. Ils leur offraient également une fête (la « Foye »), l’occasion de se défouler avant d’affronter la mer. De la Foye naîtra la « Visschersbende » (bande des pêcheurs en flamand). Elle se déroulait à l’origine sur trois jours, entre le lundi gras et le mercredi des cendres, marquant le début du Carême. La tradition est restée, ce sont les 3 joyeuses.

Tromboniste au Carnaval de Dunkerque – La clique

Et aujourd’hui, que sont devenues les 3 joyeuses ?

À l’origine, toutes les festivités se déroulaient dans une auberge. Petit à petit, vers la fin du siècle, les pêcheurs et leurs familles se déguisèrent et envahirent les rues de la ville. Aujourd’hui, la passion continue. Participer au carnaval constitue une fierté pour les Dunkerquois. Des dizaines de milliers de personnes assistent à la fête et participent à la folie qui s’empare de toute la ville. Les « bandes », qui se déroulent en général le dimanche après-midi, consistent en un immense défilé où chacun reprend les chants traditionnels. Chacun apporte son entrain, son imagination à la folie ambiante et se sent garant de l’âme dunkerquoise : c’est ainsi que le « masquelour » avance fièrement, la poitrine bombée, la tête droite, le parapluie brandi bien haut.

Lancer de harengs

Le jet de harengs

À la bande de Dunkerque, les carnavaleux s’arrêtent toujours devant l’hôtel de ville où le maire et son conseil municipal lancent des harengs fumés, enveloppés dans un film protecteur, sur les carnavaleux, ce qui ne manque pas de déclencher une énorme bousculade. Au sommet du jet de harengs, le maire lance également un homard en plastique. Le lancer du homard est un clin d’œil à l’ancien maire de Dunkerque : Michel Delebarre.

En effet, son prédécesseur s’appelait Claude Prouvoyeur, et les carnavaleux, au moment du jet de harengs, chantaient en chœur « Prouvoyeur, des kippers (harengs fumés en dunkerquois) ! ». Une fois M. Delebarre élu au poste de maire, les carnavaleux, souhaitant conserver une rime traditionnelle, se sont mis à chanter « Delebarre, des homards ! » ; le carnavaleux chanceux qui l’attrape peut ensuite l’échanger contre un vrai. Le maire actuel, P. Vergriete, a choisi de lancer des frites, toujours dans le même esprit.

Le hareng, une espèce de poissons appartenant à la famille des Clupeidae.

Historiquement, le lancer de harengs a débuté après la Seconde Guerre mondiale. La municipalité, voulant célébrer la rénovation de l’hôtel de ville dont il ne restait que les briques en 1945, consulta Jean Minne qui proposa de lancer des harengs car c’en était la saison.

Cette année, le jet de hareng se tiendra le dimanche 19 février 2023, à 17 heures à la mairie.

Le chahut

Au signe donné par le tambour major, les cuivres entament une chanson entraînante. Les premières lignes se bloquent et retiennent derrière elles les milliers de carnavaleux qui poussent et sautent.

Le Rigodon, final du Carnaval

C’est le point d’orgue de la journée (vers 19h) qui rassemble les carnavaleux autour d’une place centrale. Les chahuts s’y succèdent à un rythme infernal, jusqu’à ce que s’élève de toutes les gorges la « Cantate à Jean Bart », hymne que les Dunkerquois chantent main dans la main, genoux à terre et chapeau bas, en hommage au vaillant corsaire.

La cantate à Jean Bart

Jean Bart (1650-1702), en flamand Jan Bart ou Jan Baert, né et décédé dans cette même ville de la Flandre française qu’est Dunkerque, , est un corsaire célèbre pour ses exploits au service de la France durant les guerres de Louis XIV. Rappelons que le terme corsaire est à distinguer de piraterie qui, elle, n’obéit à aucun pouvoir. Alors que le corsaire a un navire armé par des particuliers, avec l’autorisation du gouvernement afin d’attaquer les navires d’autres pays.

Tout le programme

https://www.ville-dunkerque.fr/decouvrir-sortir-bouger/le-carnaval-de-dunkerque

À écouter aussi l’hommage à Co-Pinard II, au Carnaval de Dunkerque

Sans compter son incontournable championnat du monde du cri de la mouette… Dunkerque, un carnaval qui tient son (ha)rang !!!

Sources : histoire-a-sac-a-dos.com, tourisme-nordpasdecalais.fr, Wikipédia, Wikimedia Commons, ville de Dunkerque

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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