Se repérer – analyser – se projeter – anticiper
Pour beaucoup « Matières à penser » est l’émission de fin de semaine de Antoine Garapon sur France Culture qui s’ouvre avec la désormais célèbre musique de « Requiem pour un con » de Serge Gainsbourg. Mais pas que…
Depuis le printemps 2016, MATIÈRES à penser est aussi une remarquable et belle revue, en couleur, traitant de thématiques qui ne peuvent laisser les Sœurs et les Frères indifférents.
Le sous-titre d’ailleurs « se repérer – analyser – se projeter – anticiper » éveille en nous curiosité, désir et envie d’aller plus loin.
Ce dernier opus qui compte parmi leurs contributeurs des plumes bien connues du monde maçonnique dont, à titre d’exemple, Pierre Pelle Le Croisa – prix littéraire IMF 2019, catégorie « Symbolisme » pour Les langages symboliques de l’ésotérisme maçonnique (Éd. Dervy, 2018)
ou Jean-Claude Mondet – prix littéraire IMF 2018 catégorie « Symbolisme » pour La Genèse : Volume de la connaissance sacrée (Éd. Numérilivre, 2017), a pour thématique Apocalypse(s).
Cette belle collection, connue aussi sous l’abréviation MAP, qui possède déjà 28 numéros à son actif,
rend d’abord hommage à un auteur et un collaborateur discret et dévoué de la revue. Georges Bertin dont « les nombreux livres, études et séminaires témoignent de son regard sur notre société ».
450.fm avait d’ailleurs, ici même, rendu hommage à notre Frère Georges, le 2 février 2022 avec notre texte Notre Frère Georges Bertin (1948-2022) est passé à l’Orient Éternel et avait aussi rendu compte de son dernier ouvrage, le 18 octobre 2021, Mystères de l’Apocalypse de Jean. Un merveilleux livre qui nous entretenait, fort justement, d’apocalypse…
Commençant par une tribune de l’animatrice d’ateliers d’écriture Nadine Auzas-Mille, coauteure avec Michel Auzas-Mille de l’ouvrage Les 22 Portes aux (Éd. Cosmogone, 2007), auteure d’Envol de Plumes – L’atelier d’Écriture, Une Co-Naissance (Édilivre, 2012) et de Ces Mots qui nous font Signe – Itinéraires d’Écriture (Éd. du Cosmogone, 2022), celle-ci nous définit ce qu’il faut entendre par apocalypse. Et d’en donner l ‘étymologie. Comme quoi partant de cette science de l’origine des mots et allant vers la langue des oiseaux cette révélation va nous mettre sur la voie. Et cette voie, c’est l’initiation…
S’il est vrai que l’apocalypse est un écrit du judaïsme ou du christianisme ancien contenant, généralement sous forme de visions, des révélations notamment sur la fin des temps, nous nous retenons, bien souvent, que l’Apocalypse de saint Jean, dernier livre canonique du Nouveau Testament, contenant les révélations faites à son auteur – selon la tradition, saint Jean l’Évangéliste, exilé dans l’île de Patmos.
Mais, dans la Bible, il est vrai que les grands textes apocalyptiques sont rares et dans l’Ancien Testament, nous n’avons que le Livre de Daniel, texte écrit en hébreu et en araméen et décrivant les événements se déroulant de la captivité du peuple juif à Babylone sous Nabuchodonosor II, le roi de Babylone entre 605 et 562 av. J.-C., jusqu’à l’époque séleucide sous Antiochos IV, entre 175 et 163 av. J.-C.
Pour le Maçon plus particulièrement, quand nous parlons d’apocalypse, comment ne pas faire référence à l’ouvrage de l’ancien professeur de l’université de Rennes Claude Guérillot (OE) dont Les Degrés de l’Apocalypse (Éd. Vega, Coll. Voies Traditionnelles, 2007, rééd. Dervy, 2021) où il abordait les XVII e et XIXe degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté, connus sous les noms de Chevalier d’Orient et d’Occident et de Sublime Écossais ou Grand Pontife.
De ces révélations, de ces apocalypses – ne serait-ce pas d’ailleurs la révélation de secrets divins ? – chacun apporte sa pierre. À commencer par la publication de La Lettre du Crocodile de mars 2022 qui saluait le départ pour l’Orient Éternel de Georges Bertin. Un texte que nous devons à Sylvie et Rémi Boyer retraçant le parcours littéraire si riche que Georges Bertin nous a laissé en héritage. Ces nombreuses publications nous accompagnerons toujours. Puis vint les témoignages de Lauric Guillot, professeur émérite à l’université d’Angers et de Cécile Bryon-Portet, professeur de sociologie de l’université Paul Valéry Montpellier 3 qui nous apporte leurs regards qui restera à jamais dans nos cœurs. J’avais eu la chance et le bonheur de le rencontrer aux Imaginales Maçonniques & Ésotériques d’Épinal…
Après le chapitre intitulé « Georges Bertin, pérennité de son œuvre », trois autres chapitres constituent l’ossature de cet ouvrage.
Le premier « Déclinaisons et réflexions sur le texte de Georges Bertin » dans lequel nous trouvons les apports de l’artiste peintre et écrivain Michel Auzas-Mille avec « L’initiation selon Georges Bertin dans l’Apocalypse de Jean », propos suivis d’« Une lecture croisée de l’Apocalypse de Jean et du Coran » de David Frapet, historien des institutions dans les domaines de la mystique et de la théologie comparée. Puis l’imam, écrivain, poète Hocine Atrous – diplômé en langue et études coraniques de l’université Abd el Kader de Constantine en Algérie et en Histoire des religions de l’université Lyon 2, impliqué dans le dialogue inter-religieux et auteur de Les 99 Noms de Dieu dans la tradition musulmane (Éd. du Cosmogone, 2017) – s’attaque aux « noms divins dans l’Apocalypse de Jean », où il n’en recense pas moins de dix-neuf : L’alpha et l’oméga, le Seigneur Dieu, celui qui est qui était et qui vient, le Puissant-sur-tout, le Maître, le Saint, le Véritable, Celui qui Siège sur le Trône, le Vivant, etc.
Le second chapitre intitulé « Exégèses du texte de saint Jean » nous vaut les très beaux papiers de Jean-Claude Mondet et sur « L’Apocalypse de Jean, un itinéraire spirituel », « Christologie de l’Apocalypse selon Jean » de Michel Armengaud, auteur entre autres de L’Atlantide : mythe ou réalité ? (Diffusion Rosicrucienne, 2017) – et enfin « La mystique des couleurs de l’Apocalypse » de Pierre Pelle Le Croisa.
Enfin « Apocalypse(e), sujet d’inspiration » clôt l’ouvrage. Nous y trouvons les contributions du professeur de philosophie de Guillaume Dreidemie, directeur adjoint du Campus Lyon St Irénée depuis septembre 2021, de Constantin Mihai, docteur ès lettres à l’Université Craiova et à l’Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3, spécialisé en histoire intellectuelle roumaine et en anthropologie de l’Imaginaire, de Chaoying Durand-Sun, docteur ès lettres, du poète et peintre lyonnais Roland Dauxois et de Stéphane Grobost, chercheur indépendant (formation Science Po Droit et Sciences de l’Éducation) qui travaille dans la médiation culturelle et le webjournaliste, et, enfin, de l’ingénieur-géologue Claude Valsardieu, docteur ès sciences d’État. Tous nous apportent leurs lumières sur des sujets aussi divers qu’inspirants tel le poète franco-uruguayen symboliste Jules Laforgue (1860-1887), le poète romantique, emblématique en Roumanie, Mihai Eminescu (1850-1889) et l’image christique dans ses œuvres, le peintre et graveur allemand associé aux mouvements de l’expressionnisme Otto Dix (1891-1969) ou encore de l’artiste plasticien contemporain allemand Anselm Kiefer.
Trois volumes en un pour cette dernière livraison de MATIÈRES à penser. Qui est et reste une idée de revue, mais aussi et surtout pour tous les cherchants une revue d’idées structurantes… Si précieux par les temps qui courent !
MATIÈRES à penser – se repérer – analyser – se projeter – anticiper
Apocalypse(s) – Collectif – Éditions du Cosmogone, #25-28, Année 2022, 322 pages, 28 €
Nous devons certaines illustrations de cet article à Wikipédia.